mardi 9 octobre 2018

L’animal un citoyen comme les autres ? ou Le temps des industriels charcutiers végétariens.




 Nouvelle version de la Cène.
Bientôt, les vaches françaises pourront mourir joyeusement : en vertu d’une loi votée en mai dernier par l’Assemblée nationale, chaque abattoir sera doté d’un responsable du bien-être des animaux, qui veillera à ce que les bêtes soient bien « étourdies » — c’est-à-dire électrocutées ou gazées — avant leur exécution…
Sous la pression d’associations, plusieurs grandes compagnies de cirque (Joseph Bouglione en France, Barnum aux États-Unis…) ont récemment cessé d’utiliser des animaux dans leurs spectacles, et des chaînes de supermarché ont retiré de leurs étagères les œufs des poules élevées en cage. Quant aux librairies, leurs rayons se couvrent de livres vantant les mérites du régime sans viande.
À certains égards, l’animal constitue un obstacle, il faut l’héberger, le nourrir, le soigner, etc…, pour l’industrie agroalimentaire qui n’aura aucun scrupule à s’en détourner si elle trouve une matière première plus rentable…
Investi par les fonds de pension et les start-up de la foodtech, le secteur du simili-carné est en plein développement. Avec l’argent de Google, des scientifiques américains s’emploient à cultiver des steaks in vitro à partir de cellules souches, un projet salué avec enthousiasme par PETA. Tandis que le souci d’une alimentation végétarienne se développe, de nouveaux produits apparaissent dans les épiceries : des saucisses à base de pois, des jambons « sans viande mais riches en protéines »… Ces mixtures qui ont l’apparence, la texture et prétendument le goût de la viande sont souvent concoctées par des multinationales de la boucherie ou de la charcuterie, comme Fleury-Michon, qui a créé en 2016 la gamme Côté végétal, Herta (Le bon végétal), Aoste (Le végétarien) ou Le Gaulois (Le Gaulois végétal). Et elles n’ont pas grand-chose de naturel. Pour préparer son cordon bleu « végétal » (vendu par une grande enseigne 67 % plus cher que son équivalent carné), le volailler Le Gaulois doit par exemple mélanger pas moins de quarante ingrédients, dont la maltodextrine (support d’arôme et agent de charge permettant d’augmenter le volume d’une denrée), le poireau et le blanc d’œuf en poudre, la gomme de xanthane (gélifiant), la carraghénane (épaississant et stabilisant), les protéines de soja réhydratées, le citrate de sodium (conservateur régulateur d’acidité, aromatisant), etc… L’engouement végétarien peut paradoxalement générer une nourriture de plus en plus artificielle, renforçant ainsi la mainmise de l’agro-industrie sur la chaîne alimentaire.
Ceci est un extrait d’un article, très documenté du Monde Diplo par Benoît Bréville.  
Vive donc le vé…quelque chose ?  Et bon appétit ! Confiance, vous serez peut-être bientôt herbivore bio-industriel ! En attendant je mange de la viande.