mardi 9 octobre 2018

A Gênes, et ailleurs : Les ponts s’effondrent… mais pas les profits.



« Ce n’est pas la fatalité qui fait s’écrouler les ponts », dit l’architecte génois Renzo Piano, « Il s’agit encore moins d’incriminer les intempéries. Projeté en 1963, inauguré en 1967, le pont Morandi de Gênes est depuis toujours objet de questions et de controverses quant aux conditions de sa réalisation. »
Peu à peu des indices accablants sont apparus : ce pont était vieux et mal entretenu à tel point que sa démolition avait été envisagée en 2009. Si des réparations avaient été effectuées en 2016, elles ne répondaient pas à ce qui était attendu pour sécuriser le viaduc.
L'accident, tôt ou tard, était devenu inéluctable. Interviewé par les médias italiens, le procureur de la République a aussi affirmé que le drame n'était pas une fatalité et qu'une erreur humaine pouvait l'expliquer. De plus, le trafic avait plus que triplé ces trente-cinq dernières années. Etait-il prévu pour de telles charges ? Mais ce sont surtout les interventions de maintenance qui ont manqué tout au long de ces décennies. Il y a des lustres que tous savaient, dénonçaient l’état structurel inquiétant, alarmant. On n’a fait que mettre des cautères sur une jambe de bois, passant outre les innombrables avertissements d’experts, ingénieurs, chercheurs, élus, associations de riverains.
Les informations laissent ainsi apparaître une incurie : celle des responsables de l'entretien de ce pont construit en plein milieu de la ville et emprunté tous les ans pas des dizaines de millions de véhicules soit  la société Autostrade et sa maison mère Atlantia, propriété du groupe Benetton.
 D'autres ponts en Italie seraient ainsi dans le même état, notamment en Sicile et en Calabre où sévit une corruption considérable, notamment à travers le secteur des travaux publics.
Il faudra bien aller au-delà pour trouver les vrais responsables. Le drame de Gênes est révélateur d'un abandon progressif des services publics en Europe. « La farce des funérailles d’Etat, alors que c’est l’Etat le responsable de nos malheurs » a été dénoncée par le père d’une victime.
Est-ce seulement une catastrophe italienne ? Non, tous les gouvernements privatisent et démantèlent les services publics.
Les ponts s’effondrent… mais pas les profits.