samedi 15 novembre 2014

Gangsters légaux d’Europe.




On recense, en France, 20106 centenaires.
Mais la Cour des comptes recense 674 014 comptes bancaires de centenaires.
Cette étonnante longévité financière, 33 fois supérieure à l'autre, a une cause simple : des avoirs de défunts sont déposés chez d'honnêtes assureurs, d'honnêtes banquiers, à qui la loi prescrit de rechercher les ayants droit. Las ! Malgré des recherches acharnées, les investigations infatigables que vous imaginez, 4,5 milliards "d'avoirs non réclamés" restent dans leurs poches. Et l’on apprend que ces mêmes banques ont passées brillamment les « crash tests », car elles placent un quart de leurs avoirs dans les paradis fiscaux.
Ce n'est là qu'amuse gueule, lecteur.

Ce qui doit intéresser tout citoyen, tout salarié, à qui Sapin et Hollande arrachent en ce moment un mois de salaire en impôt pour le reverser aux patrons en crédit d'impôt (pacte de responsabilité), c'est l'affaire du Luxembourg. Il s'agit d'un système, d'une combine, entre cet Etat et les plus grandes multinationales d'Europe et d’ailleurs, permettant à ces dernières, en transférant leurs profits au Luxembourg, de le conserver net d'impôts. Cinquante huit multinationales françaises, toutes les premières bien sur, se retrouvent aux côtés d'lkea, de Deutsche Bank, de Pepsi Cola et de tous les magnats de la finance, dans 548 accords appelés « tax rulling ».
Le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) a enquêté sur la base de 28000 pages de dossiers confidentiels et découvert que plus de trois cents multinationales, ont échappé à la fiscalité de leur pays d'origine, en faisant transiter par le Grand-Duché de Luxembourg des sommes colossales. L'enquête évoque plusieurs centaines de milliards de dollars.
Petit problème : Jean-Claude Juncker a été, sans discontinuer depuis 1982, ministre, puis Premier ministre au Luxembourg. C'est d'ailleurs en sa qualité de ministre des Finances du Grand-Duché qu'il fut choisi comme président de l'Eurogroupe de 2005 à 2013... Durant toute la période où fut monté ce système de blanchiment fiscal des profits, un même homme dirigeait et l'Etat du Luxembourg et l'Eurogroupe, réunion de tous les ministres des Finances d’Europe : Jean-Claude Juncker.
Il était donc en même temps le superviseur des « tax rulling » et, comme on dit en Sicile, le capo di tutti i capi pour les ministres des impôts de tous les Etats.

« Le manque à gagner pour les recettes des Etats se compte en centaines de milliards d'euros alors que Jean-Claude Juncker qui préside aujourd'hui la Commission européenne, supervise les budgets des Etats membres et impose l'austérité aux peuples européens » déclare Pierre Laurent, dirigeant du PCF et président du Parti de la gauche européenne (PGE).
Parfaitement juste !
Les institutions de l'Union européenne, créées par le traité de Maastricht de 1992, apparaissent au grand jour pour ce qu'elles ont toujours été : un instrument exclusivement au service des capitalistes et des spéculateurs.
C'est pourquoi on ne manquera pas de s'interroger sur la suite du communiqué du président du PGE : « et L'UE doit impérativement mettre un terme au dumping fiscal consacré dans ses traités, notamment celui de Maastricht ».
Si le dumping fiscal a été consacré par le traité fondateur de l'Union européenne, n'y a-t-il pas une contradiction à appeler cette même Union européenne pour lutter contre celui-ci ?... A moins qu’il ne s’agisse d’un prétexte pour préserver le statu quo, une position habituelle de l’ « ancien » PC stalinien et ne pas rompre avec l’UE, ses traités et sa politique exclusivement en défense de ses capitalistes.
Dans le plus pur style des Mafias.

A bientôt (et merci à Michel Sérac et Dominique Ferré).

vendredi 14 novembre 2014

Contre les dogmes !



Le N° 1248 de Courrier International, dans son document « à la une » se penche sur les « Athées leur chemin de croix », à travers plusieurs articles de presse internationale. L’introduction indique : « Alors que, selon le rapport du think tank américain Pew, les minorités religieuses n'ont jamais été aussi opprimées dans le monde, l'athéisme peut être très difficile à vivre. Obtenir un mariage laïque en Inde ou élever ses enfants sans référence à Dieu aux Etats-Unis relève du parcours du combattant. En Arabie Saoudite comme en Colombie, les jeunes athées sont mis au ban de la société, mais en Europe, ils s'organisent. Certains inventent même de nouvelles liturgies athées. »
Quand on sait qu’en Europe seule la France est une République laïque et au plus près la Turquie était il y a peu encore dans ce cas grâce à Ataturk, on comprend que le journaliste dans sa première phrase mette au même rang athées et minorités religieuses. Quant aux athées qui inventent même de nouvelles liturgies, ils doivent être aussi étrangers aux athées que certains de nos laïques « ouverts » sont étrangers à notre laïcité définie en 1905.
Mais l’édito de Jean-Hébert Armengaud me fait aussi quelque peu sursauter, on a l’impression que sa conclusion essaie de rééquilibrer le jugement des articles cités. Je cite :
« En 2012 une enquête menée sur les cinq continents estimait que le nombre d'athées représentait 13 % de la population mondiale (et 23 % des sondés se déclaraient sans religion). Un chiffre en augmentation : à mesure que les peuples s'enrichissent, ils se détournent des dieux. » A peu près autant que les hindouistes, moitié moins que les musulmans, plus du tiers des chrétiens.
« Alors, demain, la fin des religions ? On en est encore loin et, dans certains pays très religieux, les athées sont toujours brimés sinon harcelés. Une aberration puisque l'incroyance comme la foi sont avant tout des sentiments intimes et personnels. »  Sphère publique laïque, sphère privée incroyance et foi, c’est la République laïque selon la loi de 1905.
« Mais ce serait compter sans les hiérarchies religieuses qui instrumentalisent cette intimité - jusqu'à verser, parfois, dans le fondamentalisme. Comme le disait Voltaire -qui était croyant-, la religion est une foi simple en Dieu et non la croyance en des dogmes ou des superstitions encouragés par l'Eglise.
A priori, les athées, qui s'appuient sur le rationalisme, ne devraient donc pas effrayer grand monde. C'est oublier que les impies ne sont pas immunisés contre la tentation extrémiste. Il existe en effet un athéisme agressif. Le satrape sanguinaire Enver Hoxha a fait de l'Albanie communiste un "pays athée'' pourchassant toute pratique religieuse ». On a bien dit toute République laïque ne peut être laïque, si elle est athée ou religieuse, puisqu’elle ne respecte plus la sphère privée. L’Albanie n’était pas laïque, donc pas de respect de la sphère privée.
« Beaucoup plus près de nous, des scientifiques et intellectuels britanniques s'en sont pris à la foi comme à un virus totalement incompatible avec la science ». Là on ne peut que leur donner raison, la science basée sur la raison, la connaissance et l’expérimentation, est incompatible avec la foi qui est basée sur une croyance.
« Jusqu'à demander, comme le biologiste Richard Dawkins, la condamnation du pape Benoît XVI pour crime contre l'humanité (pour avoir couvert des affaires de pédophilie) ». D’après notre légalité le pape sachant que ses collègues outrepassaient les lois, il aurait du les traduire en justice, sinon il est justiciable lui aussi. Ne rajoutons pas à son débit les affaires d’enfants vendus en Espagne, en Irlande et autres, et des « charniers » d’enfants de filles mères en Irlande, actuellement en commission d’enquêtes.
« Les religions ont suffisamment de problèmes avec leurs fondamentalistes sans que les athées en rajoutent... »
Ce qu’il faudrait surtout, alors que le choix des articles permet de se faire une opinion, c’est que les journalistes qui rapportent tout cela ne se « perdent » dans leurs analyses.

A bientôt.

mardi 4 novembre 2014

« La fraude des pauvres est une pauvre fraude ».



Dans une étude sur l’évolution du pouvoir d’achat des Français, réalisée pour le magazine 60 millions de consommateurs dans son numéro 497 d’octobre 2014, on apprend que les Français auraient perdu en cinq ans plus de 4 % de pouvoir d’achat soit 1 500 euros par an.
Cette dégradation du pouvoir d’achat est due en particulier à la hausse considérable des dépenses de loyer, chauffage, eau, gaz, électricité, carburants.
En 2013 déjà, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) constatait que la part des dépenses contraintes des plus modestes stagnait : « Ils n’ont, non seulement plus de gains de pouvoir d’achat à dépenser sur les postes qu’ils jugent les moins nécessaires, mais une partie d’entre eux semble également se contraindre sur les dépenses d’alimentation. » Ce que constate aussi le Secours Populaire.
Le nombre de personnes  sous le seuil de pauvreté (60% du niveau médian, soit 964 euros) a augmenté de près de 10% en 10 ans, atteignant 8,6 millions. Le niveau des impayés ne cesse d’augmenter dans cette population.

C’est le moment choisi par les politiques pour attaquer les chômeurs et le peuple « assisté » : « La fraude sociale : ce sport national qui plombe notre économie » ; « Fisc, Sécu, chômage : ce que les fraudeurs nous coûtent » ; « Fraudeurs de la Sécu. Ceux qui ruinent la France » ; « La France des assistés. Ces “allocs” qui découragent le travail » … Manuel Valls a affirmé à la City que « la France a fait le choix d’un chômage de masse très bien indemnisé ». Cette affirmation est pour le moins surprenante quand on sait que plus de la moitié (54,4 % très exactement) des 5 570 000 chômeurs officiellement recensés en France ne reçoivent aucune indemnisation. Si l’on compare les dépenses d’indemnisation du chômage rapportées à la part de la richesse nationale consacrée à l’indemnisation de chaque chômeur dans les pays de l’UE, la France n’arrive qu’en 9e position derrière, notamment, les Pays-Bas et l’Allemagne. Les 2,27 millions de chômeurs indemnisés (auxquels s’ajoutent les bénéficiaires de l’allocation spécifique de solidarité, l’ASS) reçoivent 13 740 € par an, soit une indemnité moyenne de 1 100 € net par mois.
Une « fuite » bienvenue a divulgué les conclusions d’un « rapport d’étape » de Pôle emploi sur l’expérimentation des contrôles renforcés dans quatre régions : 20 % des chômeurs ne chercheraient pas de travail activement. Mais cette étude ne porte que sur 2 600 chômeurs de Manosque et de Toulon sans que l’on sache le nombre total des demandeurs d’emploi dans ces deux villes pas plus que les critères qui ont permis de sélectionner ceux qui ont été contrôlés… C’est pourtant sur cette étude que tous vont s’appuyer pour envisager la généralisation du renforcement des contrôles.

La meilleure façon de saper la légitimité d’un service, aujourd’hui la protection sociale, c’est de laisser entendre qu’elle ressemble à une passoire. Les tricheurs se glisseraient aisément entre les mailles d’un filet trop lâche, et leur parasitisme finirait par transformer la solidarité nationale en une menace pour le pays. Conclusion : protéger la France impliquerait d’éradiquer la fraude, et éradiquer la fraude, de supprimer les droits sociaux.
Je n’insinue pas que les filous bénéficiant de prestations indues n’existent pas. Mais, de l’avis même du Conseil d’Etat, « la fraude des pauvres est une pauvre fraude ». Si les estimations peuvent être contestées, elles donnent un ordre de grandeur, et une base de comparaison. Enregistré le 29 juin 2011, le rapport Tian, du nom du député de l’UMP Dominique Tian, rapporteur de la mission d’évaluation des comptes de la Sécurité sociale, évoque :
4 milliards d’euros de fraude aux prestations,
contre 16 milliards d’euros aux prélèvements des cotisations sociales
et 25 milliards d’euros d’impôts non perçus par le Trésor — ces deux formes de truanderie étant l’apanage des entreprises et des contribuables fortunés. Pire la fraude aux cotisations sociales a explosé en 2012 dépassant les 20 milliards d'euros selon le rapport de la Cour des comptes. Un montant qui a doublé en cinq ans et s'explique en partie par l'émergence de nouvelles formes de fraudes « difficiles à combattre » selon la juridiction financière. Elargie à l'assurance-chômage et aux retraites complémentaires obligatoires, l'estimation grimpe dans une fourchette entre 20,1 milliards et 24,9 milliards. En tête: les secteurs de la construction et du commerce avec respectivement 3,8 milliards et 3,3 milliards de cotisations «éludées». Mais l’amour porté aux entreprises et aux fortunés par la Commission Européenne et ses larbins dirigeant les Etats ne permet pas d’aborder ces pistes.

Le tapage autour des « abus » des soi-disant « assistés » pourrait présenter un intérêt pour les partisans de l’austérité. En faisant peser le soupçon sur les bénéficiaires légitimes, on parvient à en dissuader un grand nombre de faire valoir leurs droits pour des raisons certes différentes : honte de leur situation, manque de volonté, méconnaissance de leurs droits, etc … Face à « l’armée des parasites » s’en dresse ainsi une autre, plus massive encore : celle des personnes qui n’accèdent pas aux prestations auxquelles elles ont droit. 5,7 milliards d’euros de revenu de solidarité active (RSA), 700 millions d’euros de couverture-maladie universelle complémentaire (CMU-C), 378 millions d’euros d’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé, etc…, ne sont pas versés à ceux qui devraient les toucher. Et l’addition est loin d’être complète !…Evidemment on fera moins de bruit sur ces économies collatérales !
Un scandale d’autant plus grand que ceux qui renoncent à leurs droits les financent néanmoins. Un exemple : dix millions de ménages démunis n’ont pas bénéficié des tarifs sociaux de l’énergie entre la date de leur mise en œuvre — 2005 pour l’électricité, 2008 pour le gaz — et la fin 2011, ce qui représente 767 millions d’euros de manque à percevoir pour eux; ils ont pourtant abondé à cette somme en payant au prix fort l’électricité et le gaz... Cette situation n’est pas particulière à la France. On ne peut, par conséquent, l’imputer à une générosité incontrôlée de notre système de protection sociale. Une étude de 2004 de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a estimé que le taux moyen de non-recours aux aides ou aux programmes sociaux oscillait en Europe entre 20 et 40 % selon les pays.

Ne parlons pas des paradis fiscaux chers à nos grandes et … petites entreprises, j’en ai connu, et du profil des redevables de l’ISF qui ont quitté la France en 2012. D’après un document de la Direction générale des finances publiques (DGFiP), transmis dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire sur l’exil des forces vives, ce sont 587 redevables de l’ISF qui ont quitté la France en 2012, soit 20% de plus qu’en 2011. Les données relatives aux déclarations d’impôt sur le revenu montrent aussi une certaine stabilité, autour de 35.000 départs en 2012 comme en 2011, tandis que les déclarations d’«exit tax» – impôt qui frappe les plus-values latentes des candidats au départ – sont passées de 169 à 300 en 2012.
Les données du fisc confirment toutefois une évidence : les ménages assujettis à l’ISF qui quittent le territoire sont nettement plus riches que les autres. En 2012, ils disposaient ainsi d’un patrimoine moyen de 6,6 millions d’euros. Une moyenne cachant des situations très diverses, puisqu’environ la moitié d’entre eux (287) affichaient un patrimoine moyen de 12,5 millions d’euros, composé très majoritairement d’actifs mobiliers (parts sociales, actions, liquidités…). Là aussi la situation n’est pas particulière à la France.

Le constat est évident mais n’est pas repris par nos « experôcrates » médiatiques : les riches fraudent plus que les pauvres, en tout cas l’impact est incomparable. L’Europe s’est construite pour protéger le capitalisme pourrissant, et les intérêts financiers, sur la base souvent évoquée de la baisse du coût du travail, en langage normal baisser les salaires. Baisser les « charges des entreprises », en fait les cotisations sociales, c’est baisser les salaires et baisser ou supprimer nos acquis sociaux, c’est notre santé, nos retraites qui sont en jeux. Tout est bon  pour récupérer sur le peuple le maximum de profit.
N’en déplaise aux « faiseurs d’opinion » !
Honte à nos gouvernants, prétendument « socialistes » !
Piller, à la Hollande-Valls, les retraités, les salariés, les malades, pour couvrir de milliards les plus riches possédants, tel serait le fin mot du génie humain selon le capitalisme.
Le gouvernement Hollande-Valls sous les ordres de la Commission Européenne, est un gouvernement de guerre contre la classe ouvrière. Opposer un « non » sans compromis, ni accommodement, à ce gouvernement, à son pacte et à ses contre-réformes : là est le point de départ de l’indépendance politique du mouvement ouvrier et donc de la résistance qui ouvrira la voie à l’indispensable rupture avec le carcan du FMI, de l’Union européenne, de la Ve République, et de toutes les institutions de la classe capitaliste.

Sources : Les Echos, Le Monde, IO, INSEE, OCDE, DGFiP, Cour des Comptes.

 A bientôt.

Dernières nouvelles.



1

Difficile de faire mieux en si peu de mots, difficile de citer quelques passages sans porter atteinte à l’ensemble. Je vous propose donc le billet d’Informations Ouvrières N°326 :
L’humeur de Michel Sérac
Chauffage, éclairage : un Français sur cinq en précarité !

L'Office national de la précarité énergétique recense 11,5 millions de personnes dont l'éclairage et le chauffage sont supprimés ou rationnés... et les tarifs viennent d'augmenter !
Comment en est-on arrivé là ?
Qui a livré aux requins financiers une entreprise publique fournissant depuis 1946 l'électricité la moins chère d'Europe ?
Les chiffres accusent.
En dix ans de privatisations, les tarifs augmentent de 66 % pour le gaz, de 21 % pour l'électricité... et les dividendes des actionnaires capitalistes de 37 % !
Rappelons les faits.
En 1998, le gouvernement "gauche plurielle" de Lionel Jospin (PS-PCF-verts-radicaux) approuve la "directive gaz" de l'Union européenne. "L'agenda de Lisbonne" auquel participent Chirac et Jospin, accélère l'ouverture aux marchés de l'électricité, du gaz, de La Poste, des transports; enfin, le gouvernement Jospin (gauche plurielle) entérine la "phase finale de l'ouverture des marchés de l'électricité et du gaz" (Barcelone, mars 2002).
La droite assurera les étapes suivantes, tandis que le gouvernement Jospin sombre dans le discrédit.
Hollande et Valls poursuivent la sale besogne, au compte des patrons.
Ainsi les gouvernements de " gauche " rivalisent avec la droite pour appliquer les directives européennes dictées par les banquiers.
Restituer à la collectivité le contrôle de l'énergie, à l'exclusion du profit privé, n'est-ce pas la seule position démocratique acceptable ?
Peut-on mener ce combat, et tous les combats de classe, sans une représentation politique des travailleurs indépendante ?

 2
Le Monde du 15 oct 2014, pose la question :
« La France a-t-elle perdu sa souveraineté budgétaire ? »
« En voilà une question qu’elle est bonne ! » aurait dit un comique de chez nous.
Et d’analyser une chose importante.
Mais pourquoi aujourd’hui, puisque votée dans l’indifférence quasi totale au début du mandat de Hollande, cela s’appelle : le TSCG appelé aussi « règle d’or ». Pourquoi à l’époque la question n’a pas été posée !
Suit toute une analyse sans intérêt, puisque pour finir on aboutit à la question : « Les mains liées depuis les traités ? ». Et  à laquelle le gribouilleur répond : « Si les scénarios cités précédemment paraissent improbables, en particulier pour un poids lourd de l'UE comme la France, des voix se sont élevées lors de la signature du traité budgétaire européen qui, en 2012, a introduit la « règle d'or ». Cette dernière, ensuite transposée en droit français dans le « pacte budgétaire », fixe l'objectif d'un retour progressif à l'équilibre budgétaire et interdit, théoriquement, un dépassement du déficit public structurel (dépenses courantes de l'Etat, des collectivités et de la Sécurité sociale) de plus de 0,5 % du PIB. Sauf dans le cas où le pays concerné aurait une dette publique équivalente à moins de 60 % de son PIB, auquel cas le déficit public structurel peut atteindre 1 % du PIB – avec une dette de 93 % du PIB en 2013, la France est loin d'être dans cette situation. En attendant, les pays peuvent justifier un dépassement du déficit par des « circonstances exceptionnelles », comme une grave crise économique, tout en restant dans la limite des 3 %. »  Donc l’article ne sert à rien ! Oui, La France a perdu sa souveraineté budgétaire.
P.S. : le 28 octobre l’AFP communique : « La France cherche à satisfaire Bruxelles avec une réduction supplémentaire de son déficit de 3,6 milliards ». Ce qui dans un titre du journal espagnol El Pais se traduit : « La France cède devant Bruxelles et annonce qu’elle diminuera son déficit ». CQFD.

3
La troïka est en mission au Portugal
pour examiner le projet de budget elle s’invitera deux fois par an, au moins jusqu’en 2035, c’est-à-dire jusqu’au remboursement de 75% des prêts de 78 milliards d’euros qui avait permis au pays d’échapper à la faillite en 2011.
La fin de l’austérité pour le peuple ce n’est pas pour demain !

4
Décès de Margerie : Filoche ne "mérite pas" de rester au PS, selon Valls
M. Filoche a posté sur le réseau social le message suivant (reproduit textuellement) : "Margerie est mort. Famille Taittinger en deuil. Les grands féodaux sont touchés. Ils sont fragiles. Le successeur nous volera-t-il moins ?" Avant d'ajouter dans un nouveau tweet : "Un hommage à l'humain ? Oui ! Au suceur de sang ? Non".
On peut lire sur les Echos journal de la finance : « Total recherche un dirigeant en remplacement de Margerie, les compétences requises : capacité de négociation à un haut niveau politique sous toutes les latitudes, absence d’états d’âme politiques et moraux, expérience pour se mettre les médias dans la poche ». Les compétences de Margerie me paraissent bien correspondre au message de Filoche surtout quand on lit aussi : « En 2017, Total pourrait recevoir un chèque du Trésor Public de 79 millions d'euros tout en ne payant pas d'impôt sur les sociétés en France, à cause des pertes sur ses activités de raffinage et d'exploitation des stations services. S'il reste déficitaire en France au cours des 3 prochaines années, la loi stipule que les droits à déduction d'impôt sont alors directement "remboursables". Total recevrait donc en 2017 un chèque de 19 millions au titre du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et un autre de 60 millions au titre du crédit impôt recherche (CIR). »
Bravo Margerie et Total pour leur « participation » négative au budget de la France ! Copier Margerie et la France est en faillite, mais possèdera de "grands" industriels ! Valls peut côtoyer un Margerie, pas un Filoche, cherchez l’erreur !

5
L'islam est en pleine "guerre civile", estime le roi Abdallah de Jordanie.
AFP 21-10-2014
« Tous les pays du monde sont le théâtre d’une guerre entre la modération et l'extrémisme, et aujourd'hui l'islam est en proie à une guerre civile », a déclaré le souverain hachémite au cours d'une rencontre avec des élus du Parlement jordanien.
Enfin une déclaration raisonnée. Les religions du livre sont monothéistes, néanmoins les religions, quelles qu’elles soient, ne sont pas monolithiques mais divisées au point de lutter entre leurs différentes chapelles. Avec et/ou contre quel islam lutte l’Occident ?  Le sunnisme, le chiisme, le whaabbisme, le salafisme, etc… ? Car comme le christianisme (par exemple) encore en guerre larvée dans certains états (Irlande du Nord…) entre les catholiques, les protestants, les orthodoxes, les anglicans, etc… l’islam est en guerre entre les différents décryptages des prophéties des pseudos représentants de Dieu sur terre. Et comme les impérialistes occidentaux se mêlent toujours de ce qui ne les regardent pas, pour faire fonctionner leur économie d’armement, ils interviennent partout au nom de la « démocratie ». On voit le résultat ensuite, puisque leur action mène au pouvoir les extrémismes, au détriment de la population, développent le terrorisme, tout en armant au gré des évènements les différents camps. Ce sont les peuples qui paient la note !
Les paroles d'Anatole France : « On croit mourir pour la patrie, mais on meurt pour les industriels » et Jean Jaurès : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage » sont toujours d’actualité.

6
Le chômage atteint officiellement 11, 5% dans la zone euro,
en Grèce: 26,4%, en Espagne: 24%. Selon un économiste, Jacques Cailloux, du groupe bancaire japonais Nomura qui a racheté les activités de Lehman Brothers en 2008, ce chômage élevé "favorise la dénonciation des conventions collectives et la pression à la baisse sur les salaires à l'embauche".
Baisser le coût du travail, CQFD.



7
20 septembre journée internationale de la Libre Pensée.

C’est au IIème Congrés de l’AILP que fut décidé une journée internationale de la Libre Pensée le 20 septembre, date chère au cœur nos camarades libres penseurs latino-américains, qui honorent ainsi deux grands personnages dans la lutte pour  l’émancipation universelle des peuples Giuseppe Garibaldi et Simon Bolivar.

Christian Eyschen dit pourquoi cette journée :

Célébrer la date du 20 septembre comme Journée internationale de la Libre Pensée, c'est affirmer notre volonté de combattre contre toutes les formes d'oppression supranationale qui remettent en cause l'existence des Etats-nations. C'est affirmer que le supranationalisme est contraire à l'internationalisme, qui suppose l'existence des nations, alors que le supranationalisme exige leur disparition. C'est aussi affirmer la nécessaire émancipation de la Nation française face aux menées et directives européennes qui menacent sa pleine souveraineté et les droits et acquis démocratiques et sociaux du peuple.

A l'heure où des pays comme la Palestine, la Syrie, la Libye sont disloqués par la volonté du FMI, de la Banque Mondiale, des USA et de l'Union européenne, célébrer la journée du 20 septembre c'est lutter contre les gendarmes du monde qui entendent imposer a tous les peuples leurs diktats et leurs volontés. Car aujourd'hui, c'est contre le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes que les EtatsUnis et leurs valets entendent imposer leur droit à disposer des peuples.

Célébrer la journée du 20 septembre, c'est aussi refuser que l'on oppose les citoyennes et citoyens au nom de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires en instituant des droits différents selon l'utilisation d'une langue régionale ou pas, car ce serait l'éclatement de la République et la création de droits différents selon les régions.

Célébrer la journée du 20 septembre, c'est défendre l'oeuvre des révolutions qui ont émancipé politiquement et unifié les peuples comme le fit la Grande Révolution française, selon l'expression de Pierre Kropotkine, le révolutionnaire russe. C'est donc également saluer l'avènement de la première République en France proclamée les 21 et 22 septembre 1792, presque date pour date, 78 ans plus tôt. Evènement référence pour les libres penseurs du monde entier !

C'est refuser qu'une religion, le catholicisme, puisse imposer ses dogmes aux Républiques, aux peuples et aux nations. C'est dire clairement que les 14 concordats catholiques qui sévissent en Europe sont des survivances féodales des Etats pontificaux. En Alsace-Moselle, dans notre pays, tous les citoyens ne sont pas égaux devant l'exercice de leur liberté de conscience. Les religions reconnues sont subventionnées à hauteur d'une somme annuelle de 58 millions d'euros.

La Liberté de conscience impose que les fonds publics ne servent pas à discriminer les citoyens entre eux par un usage antilaïque des fonds publics. L'Egalité en droits des citoyens impose que soit respectée partout la Loi de Séparation des Eglises et de l'Etat du 9 décembre 1905. La Fraternité impose le refus des opérations militaristes menées au nom du « droit d'ingérence » qui n'est qu'une survivance des guerres coloniales.

A travers cette journée internationale du 20 septembre, c'est tout cela que la Libre Pensée entend célébrer dans sa lutte pour l'Emancipation intégrale de l'Humanité.
Ni dieu, ni maître ! A bas la Calotte et vive la Sociale !

Le suicide des socialistes européens.



Considérée aujourd’hui par les « experôcrates » comme le leader européen, l’Allemagne n’a pas toujours été dans cette situation.
Ainsi, tout au long des années 1990 et au début des années 2000, le pays a connu une croissance « molle », inférieure à la moyenne de la croissance de la zone euro, et a subi les foudres de la Commission Européenne. En plus de connaître un faible taux de croissance, l’économie allemande a vu croître son taux de chômage de 8.3 % à 11.3 %, soit 3 points d’augmentation. Cette augmentation du chômage n’était pas généralisée en Europe et a cru plus vite en Allemagne que dans le reste des pays européens. Le SPD (Sociaux démocrates, nos socialistes) au pouvoir avec Schroeder a donc mis en place sur ordre de la troïka les fameuses lois Hartz (du nom du PDG de Volkswagen qui les a inspirées). Plusieurs lois dont : « L’individu bénéficiant d’une aide sociale à cause de chômage se doit d’accepter n’importe quel travail, même si celui-ci est différent de son cursus scolaire et de son ancien emploi. Un emploi reste acceptable, même si la rémunération de celui-ci est inférieure au salaire qui a été négocié collectivement dans la branche ou le secteur d’activités. L’aide minimale était à hauteur de 296 euros par mois en Allemagne de l’Ouest et de 283 euros en Allemagne de l’Est. » Tout ceci n’est pas d’un autre siècle ou si peu. Le résultat est une baisse importante du chômage. Mais quand on dit baisse, c’est un chiffre qui représente le taux de chômeurs aidés. Et les autres ?… On remarque dans le même temps un accroissement de l'emploi précaire et de la « flexibilité ». Comme disent avec une petite « larme de crocodile » nos fameux « experôcrates », ces « bonnes performances sur le front de l'emploi se sont accompagnées d'une hausse des inégalités et de la pauvreté ». Un peuple plus pauvre, c’est le leitmotiv de la Commission Européenne. Mais le SPD allemand ne s’est pas relevé de ces lois anti ouvrières, sauf son chef Schroeder, appelé à de hautes destinées économiques par Poutine.

Le « tigre celtique » l’Irlande, la Grèce, le Portugal, l’Espagne, l’Italie ont ensuite bénéficié de cette politique avec les résultats que l’on connaît, avec une Allemagne fervente supportrice de la Commission Européenne. Les partis socialistes se sont sacrifiés dans la plupart de ces pays : le grand PASOK grec, les socialistes gagnant de la « révolution des œillets » au Portugal, le PSOE en Espagne, sont réduits à survivre et le PS français est le prochain.
Les Echos du 2 novembre nous rapporte :
«De passage à Tokyo, ce week-end, l’économiste Paul Krugman, «Je dois faire mes excuses. Ils n’ont pas toujours bien répondu à la crise. Mais l’Occident fait maintenant bien pire», a expliqué, à l’occasion d’un séminaire organisé par Hitachi, le prix Nobel d’économie 2008, qui s’inquiète particulièrement de la périlleuse «japanification» de l’Europe. «Les politiques de la zone euro sont plus mauvaises et vont créer beaucoup plus de misère», assure-t-il. Pointant dans la zone euro, la baisse de sa population active depuis 2009, son obsession du désendettement, l’irrésistible écroulement de ses taux de croissance, Paul Krugman explique que les grands pays européens, et dans une moindre mesure les Etats-Unis, vivent une crise similaire à celle qui a déprimé, pendant 20 ans, le Japon après l’éclatement de ses bulles immobilières et boursières au tout début des années 1990. «L’Europe dans son ensemble n’est pas encore totalement en déflation, mais elle suit exactement les pas du Japon dans cette direction. Il sera désormais très difficile d’empêcher la chute dans ce piège», regrette l’économiste, qui s’offusque de constater que «l’Occident n’a rien appris des erreurs de gouvernance japonaises».

Après quatre mois consécutifs de baisse des prix en glissement annuel, l’inflation négative n’est plus indolore en Espagne. Les ­ventes dans le pays du groupe de grande distribution DIA ont baissé de 1,7% au troisième trimestre, à cause notamment d’une «déflation spécialement marquée dans certaines des catégories les plus importantes pour DIA», explique le groupe. Une demande limitée par un taux de chômage élevé (23,67%) et par la modération des salaires depuis deux ans, pèse sur les prix.

Et voilà que le correspondant Echos à Berlin, le 30/10 annonce que l'Allemagne redécouvre le risque de récession :
 « Le PIB allemand a reculé de 0,2 % au deuxième trimestre. La possibilité d'une récession technique (deux trimestres consécutifs de recul) est bien réelle, mais les données sont encore contradictoires. Le moral des investisseurs et des industriels a chuté, mais les consommateurs restent confiants et l'emploi semble se maintenir. L'Allemagne n'est plus un îlot de prospérité dans le marasme européen. »
Pourtant, pas plus Krugman, que la troïka, n’empêcheront le pourrissement du capitalisme. 

Je reprends en conclusion un article de IO :
« Tout est subordonné à la « dictature des marchés ». La « bonne nouvelle » du début de semaine, c’était, paraît-il, que les banques françaises ont passé victorieusement les tests de la Banque centrale Européenne (BCE). Traduisons : des milliers de milliards d’euros ont été injectés pour renflouer les banques après la crise de 2008-2009 ; grâce à quoi, la Bourse, en pleine euphorie, bat aujourd’hui record sur record; une nouvelle bulle spéculative est en train de se constituer; quand elle éclatera — ce qui ne saurait tarder — une nouvelle crise provoquera un nouvel effondrement des banques ; au nom de quoi, sur ordre de la BCE et du FMI, à nouveau, des milliers de milliards seront détournés vers les banques et la spéculation, tandis que des millions d’emplois seront détruits et les budgets publics encore plus amputés au nom du remboursement de la dette et des déficits ! Ne faut-il pas bloquer cette machine infernale, tout de suite ? Historiquement, « la Fronde » resta enfermée dans les institutions de la monarchie qu’elle contestait sans les remettre en cause. Le dénouement vint plus tard, dans la grande rupture qui vit la Révolution française mettre à bas la monarchie.
Aujourd’hui, l’heure n’est pas à « contester» la politique du gouvernement, mais à la combattre pour la défaire. Rompre avec l’Union européenne, les institutions de la Ve République et le capital financier dont  elles sont l’instrument; rompre avec le gouvernement Hollande-Valls, servile exécutant de la classe capitaliste et de ses institutions : il n’y a pas d’autre voie.

 A bientôt

samedi 23 août 2014

METAPHORE DU SIMPLISME

Nous vivons une bien curieuse époque.

Il n’y a plus de saisons, les héros contemporains se nomment Jérôme Kerviel ou Luis Suarez, et le FN se voit définitivement banalisé. Oui, banalisé comme une vieille tante qui ferait son coming-back familial après avoir ravalé ses aigreurs, rasé ses épis sous le menton et teinté son chignon comme une tricoteuse virée branchée et coquette.

Le FN, devenu premier parti français, n’a pas provoqué comme en 2012 suffocations, crises d’asthme et actes de contrition. Pas même une démission… Il fait depuis longtemps partie du paysage, comme l’allusion raciste meuble les conversations vides de sens. On a tout dit tout fait sur le FN : on l’a décortiqué, soupesé, diabolisé, marginalisé. Depuis le sociologue en descendant jusqu’au présentateur de JT. Et pourtant, contre la plus évidente des logiques, le FN est parvenu à imposer sa propagande grotesque qui veut laisser penser qu’il est un parti non-corrompu et serviteur des intérêts du peuple. A-t-on jamais vu pareille escroquerie ?

Un détail symbolique de l’actualité aurait du nous alerter en 1989 : la jetset de la rhétorique télévisée se trouvait alors systématiquement débordée par la faconde de Jean-Marie Le Pen, et n’avait dû qu’au truand Bernard Tapie de pouvoir lui tenir la dragée haute. Nous avions déjà atteint le point d’orgue du non-sens attribué par les mass-médias au fait politique.

Et donc, pour y revenir, votre grand-tante épuisait les anniversaires où vous l’invitiez encore, malgré l’opprobre dont elle était majoritairement couverte : acariâtre, eau de Cologne aux effluves épouvantables, jet de verre à la figure de ses contradicteurs, voix de crécelle et interventions coupantes dans la conversation, excessivité passionnelle exclusivement nourrie de détestations… et fuites assumées sans mesures absorbantes.

Les jumeaux Jérémy et Matthieu envisagèrent même un jour de l’empoisonner en introduisant de la mort au rat dans les capsules de cellulose de son pilulier ; Tatie Danielle, comme l’appelaient les garnements, échappa à l’intoxication grâce à Didier, qui fumait 10 grammes aux toilettes de l’étage, et perçut les conciliabules du forfait au travers des volutes de cannabis fuyant vers le fenestron ouvert. Notre tante passait alors une majeure partie de ses loisirs à intenter d’interminables procès à son voisinage, pour une tonte de pelouse à l’heure de la sieste, pour un trottoir non déneigé l’hiver, ou pour une branche d’arbre trop longue. Son grand exercice à elle. Du coup, Jim, son avocat, lui garantissait, via la constance d’un chiffre d’affaire détourné à sa descendance, la fidélité et l’amitié qu’elle avait toute sa vie refusées à quiconque s’aventurait à explorer les cernes mauvais que cachait sa peu-amène écorce.

Une nuit comme une autre, où Tatie Danielle avait jeté trente bassines d’eau bouillante sur des chats amoureux, pesté contre l’arthrose, les impôts locaux, et voué aux gémonies ce Conseil Municipal qui nourrissait dans le cadre d’un jumelage des relations culturelles transsahariennes, sa femme de ménage la retrouva gisante entre prie-Dieu et bonnetière, serrant contre elle un poing qui contenait tous les reproches de la terre. Attaque cérébrale, diagnostiqua sans mal l’urgentiste, un caillot vite dissous dans une perfusion d’aspirine qui lui redonna en moins de deux jours vivacité et méchanceté.

Malgré cette stupéfiante convalescence, cet évènement ne resta pas sans conséquence. Notre tante prit conscience de l’insignifiante compassion dont elle fut l’objet à l’occasion de cet accident. Elle décida donc, au travers d’une métamorphose dont seuls les malfaisants sont capables, de changer d’attitude à l’égard de ses prochains.

Les transformations lentes autour d’elle ne lui avaient d’ailleurs pas échappé. Serge, son neveu n’avait plus rien à voir avec le jeune homme libre-penseur et idéaliste qui occupait la salle du conseil de la faculté de Lettres de Nanterre le 22 mars 1968. Ventru et cardiaque, il avait pris les rennes d’une société de volets roulants que lui avait léguée son père, en déléguant autant qu’il pouvait ses pouvoirs à un jeune étalon sorti de Sup de Co et leader d’un think tank centriste. Amin s’était détaché de sa maison de quartier et encarté dans un club Jeunes Populaires, rassemblement local d’émules républicains. Même la magnifique Paula avait mis un terme à ses frasques, s’entichant d’un vieux satyre ayant pognon sur rue, comme elle se plaisait à le souligner auprès de ses amis, qui se plaignaient qu’elle eût si brutalement bifurqué.

Tout ce monde fréquentait les grandes surfaces le samedi, vivait à crédit, allumait durablement des téléviseurs à écrans plats et aspirait à bronzer dans sa piscine l’été, la Rolex des classes moyennes.

Tatie Danielle prit la mesure de la métamorphose qui lui fallait accomplir sur elle-même pour espérer régner sur ses prochains. Elle rangea dans un placard sourd tous les attributs qui lui donnaient l’apparence vitreuse d’un sac de naphtaline habillé d’un scapulaire de bénédictine, et, avec l’entremise de Jim, se choisit une garde-robe neuve et bariolée, qui pétait mille feux sous le rouge à lèvres assorti qu’elle ne manqua désormais plus de peindre sur une bouche refondue par trois mois de chirurgie dentaire. Epilation, manucure, gommage des taches pigmentaires. Et coaching : sourires automatiques découvrant des séracs de bienséance, coups d’œil entendus décochés avec la précision d’un laser. Tatie Danielle était devenue une Danielle qu’elle n’avait jamais été.

Sans jamais s’être repentie de ses mauvais penchants, elle œuvrait maintenant à la séduction : abondement aux études des petits neveux, compassion gratuite, à propos pour emprunter le sens de ses interlocuteurs, flatteries habiles. Cela suffit pour que l’Inopportune se fasse une cour de cette population familiale, certes rassise, mais pourtant rancunière comme une sciatique.

Elle fut de nouveau invitée aux anniversaires et autres communions. Sa participation à l’émission de téléréalité Teaparty fut accueillie comme une consécration. Mieux encore : elle fut consultée sur des sujets aussi déterminants que le choix d’un papier peint, l’accommodement d’un plat, ou encore les modalités de déracinement d’un hêtre. L’avocat Jim fût même mis à la disposition expresse pour quelques interventions, dont la dernière permit à Jérémy d’écourter un interrogatoire judiciaire après qu’il fût soupçonné de participer à des bagarres (que Danielle eût le courage de qualifier de ratonnade, appelons les choses par leur nom). Courtisée par ceux qui naguère se détournaient de ses mauvaises grâces, elle débarquait aujourd’hui bruyamment en agitant des bras de star adulée. Jacasseries et débordements bien tolérés puisqu’elle incarnait une Castafiore chantant les louanges de la famille, du travail et de la patrie, valeurs brandies en tant que slogans branchés, donc peu offertes à la contestation immédiate, vociférations multiples pour proclamation d’un bon goût contemporain unique et autocentré sur sa personne.

Forte de ce charisme d’animatrice de supermarché, Danielle se saisit des rênes de la présidence de sa copropriété, puis fut tentée de militer pour « La France aux Français » ; c’est assez naturellement qu’elle devint porte-parole du parti, à l’échelle de l’arrondissement ouest de sa commune. De 25 ans son ainée, elle adulait Sarah Palin et affinait ses manières en scannant le jeu de l’américaine, qu’elle mettait en pratique dans l’animation de réunions hebdomadaires Tupperware et Linsvosges. Son dynamisme de septuagénaire tricolore fut remarqué par l’épouse d’un élu Front National, ce qui permit à l’emblématique Danielle d’intégrer un sillon du parti en devenant une mascotte régionale. Le FN cherchait à se guérir des coliques du « Vieux » et dissimulait sa garde de skinheads en épinglant au devant de ses meetings des bobines plus traditionalistes : une Mamie Confiture plutôt que le kop de Boulogne !

Et ma foi, oui, si ce n’était l’âge, Danielle, vieille garniture rafraichie au rouleau, semblerait aujourd’hui encore tournée vers un avenir prometteur : il y a assurément un courant porteur pour le simplisme. Il n’a pas d’âge, pas de race, il est intergénérationnel, universel. Les élites politiques semblent aujourd’hui jalouses des ses bénéfices, se sondant pour savoir s’il faut aller plus loin encore dans sa voie.


Un conte actuel de E.H.


Merci pour la contribution qu'elle devienne régulière...


jeudi 14 août 2014

La mission du centenaire de la Première Guerre mondiale ou les leçons du passé.


En ces temps de célébration du centenaire de la grande boucherie de 14-18, dite « la grande guerre », il est aussi temps de rappeler certaines vérités la concernant, qui devraient nous faire réfléchir, car elles sont toujours d’actualité. Et oui ! Cent ans après ! Le temps passe, et pourtant c’est si court par rapport à l’Histoire.

Tout d’abord je voudrais rappeler qu’au moment où le Président de la République refusait de réhabiliter les Fusillés pour l'exemple (1), le jury Goncourt couronnait le roman de Pierre Lemaitre « Au revoir là-haut »(2), dont le titre reprend les derniers mots de la dernière lettre du soldat Jean Blanchard, fusillé pour l'exemple avec cinq de ses camarades, le 4 décembre 1914 à Vingré. L'auteur, connu pour ses romans policiers, écrit ici une histoire de la fin de la guerre où les personnages sont exemplaires de la réalité de ce carnage, dans un style qui sait aménager surprises et rebondissements, et dont je recommande vivement la lecture. Dans une interview au Courrier Picard, il déclare : « je crois que mon travail a été dirigé, piloté par une pensée qui est celle d'Anatole France, qui disait : ''On croit mourir pour la patrie, mais on meurt pour les industriels.''…Il n'y a aucun doute que de toutes les guerres - et celle de 14 peut-être plus que les autres - le capitalisme s'en nourrit. L'industrie adore la guerre avant, pendant, après. Et j'ai pensé que si on regardait l'après-guerre, l'axe était encore plus amer plus décapant. »


 Anatole France

Dans l'épilogue, l'auteur rappelle que les malversations relatives aux sépultures n'ont pas été inventées : il y a bien eu un scandale qui a éclaté en 1922 et qui a mis en cause les « mercantis de la mort ». Quant à l'arnaque aux monuments aux morts, elle est le fruit de son imagination et comme il l'écrit : « Ainsi, l'un des faits est réel, l'autre non, mais ç'aurait pu être l'inverse. » !
Nous entrons ainsi dans le vif du sujet. La réalité dépasse souvent la fiction. L’ambition, le cynisme : un lieutenant, qui veut devenir capitaine, comprend qu'il n'a plus beaucoup de temps pour obtenir du galon, il se crée une « occasion ». Un général aimerait bien fusiller pour l'exemple un de nos deux soldats, accusé à tort de désertion. L’horreur : les hôpitaux militaires surchargés, dans l'incapacité de faire face à l'afflux des blessés. Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d'avantages, même après…
Après l’armistice, on trouve ces soldats bien gênants avec leurs mutilations et leurs gueules cassées; on voudrait les oublier, mais cela peut rapporter. Tous les sentiments sont présents dans ce magnifique livre.

Jean Jaurès

C’est un exemple de la folie meurtrière de nos exploiteurs, car comme disait Jean Jaurès (député socialiste, interpellation à la Chambre des députés, le 8 mars 1895) : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage. Toujours votre société violente et chaotique, même quand elle veut la paix, même quand elle est à l'état d'apparent repos, porte en elle la guerre, comme une nuée dormante porte l'orage. (. . .) Il n'y a qu'un moyen d'abolir la guerre entre les peuples, c'est abolir la guerre économique, le désordre de la société présente ». Et Anatole France le 18 juillet 1922 dans l’Humanité : « La guerre mondiale fut essentiellement l’œuvre des hommes d’argent. Ce sont les hauts industriels des différents Etats de l’Europe qui la voulurent, la rendirent nécessaire, la firent, la prolongèrent…Ces hommes là, ils ressemblent à leurs Hauts fourneaux dont il faut sans cesse, le jour, la nuit, emplir les entrailles de minerais, de charbon, afin que ruisselle au bas la coulée de métal. Leur insatiable appétit exige qu’on jette au feu, sans relâche, dans la paix, dans la guerre, toutes les richesses du sol et tous les fruits du travail, et les hommes, oui, les hommes par troupeaux, par armées, tous précipités pêle mêle dans la fournaise béante afin que s’amassent à leur pieds les lingots, toujours plus de lingots ».

Depuis rien n’a changé si ce n’est la manière. Le grand combat de nos parents, grands parents ou arrière grands parents en 36 a apporté des droits et une certaine justice à la classe ouvrière. Malgré une tentative de destruction en 40, le rapport de force de la lutte de classes en 45 a permis une embellie durant quelques décennies. La brèche ouverte en 68 après la trahison de l’appareil stalinien et de l’action simultanée des « gauchistes » a permis ce que nous vivons, de reculs en reculs sur tous les droits sociaux.
 

Et la folie meurtrière a continué. Ils ont fait la guerre quand ils l’ont décidé, guerre mondiale, guerres coloniales, aujourd’hui guerres sous différents prétextes, de guerre mondiale à guerre mondialisée, parfois sous le couvert d’une certaine démocratie. Dans ce système pourrissant, les mots patrie, qui désigne, étymologiquement, le pays des pères, ou nation persistent pour diviser la classe laborieuse, alors qu'il n'ont plus cours pour l'argent des exploiteurs qui monopolisent le pouvoir de leur monde « mondialisé ». En France les dirigeants de gauche, comme de droite, favorisent la formation des communautarismes, au mépris de la République française laïque, laïcité si bien définie par la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905. Tous les ingrédients sont bons pour diviser le peuple quand on veut monopoliser toutes les richesses. Ils n’hésitent pas à nous faire croire que s’il y a des pauvres, c’est parce qu’ils sont fainéants, ou profiteurs, ou étrangers, comme le fait si bien le Tea Party aux Etats-Unis et les partis d’extrême droite européens. Les communautarismes sont une conséquence du système, pas la cause des tensions. Il faut éliminer la cause pas le résultat. Faire croire qu’on peut éliminer le résultat par des restrictions de circulation, des isolements, c’est du « populisme ».

Et pendant ce temps les grands profiteurs encaissent. Toutes les statistiques prouvent que le fossé se creuse entre richesse et pauvreté. Si 14-18 est un exemple de la folie meurtrière de nos exploiteurs, aujourd’hui, comme hier, n’ayez crainte pour sauvegarder leurs avoirs : « Leur insatiable appétit exige qu’on jette au feu, sans relâche, dans la paix, dans la guerre, toutes les richesses du sol et tous les fruits du travail, et les hommes, oui, les hommes par troupeaux, par armées, tous précipités pêle mêle dans la fournaise béante afin que s’amassent à leur pieds les lingots, toujours plus de lingots ».


Selon IEP (Institut for Economics and Peace, organisme de recherches international à but non lucratif) les guerres engendrent 11% du PIB mondial. Les Etats payent les guerres avec nos impôts et bien sûr ce sont les exploiteurs qui encaissent les bénéfices qu’ils mettent en lieu sur dans les paradis fiscaux.

Cent ans après Jean Jaurès, (le vrai, pas celui revendiqué par Sarkozy ou Hollande-Valls) :
« il n'y a toujours qu'un moyen d'abolir la guerre entre les peuples, c'est abolir la guerre économique, le désordre de la société présente. »

Au-delà des célébrations de ce centenaire, il faut se rappeler ce que devrait nous enseigner l’Histoire, par l’enseignement laïque généralisé, comment on peut en finir avec ces retours à la barbarie. La lutte des classes est toujours à l’ordre du jour.

A bientôt.

(1) Sur le combat pour la réhabilitation des Fusillés pour l'exemple voir :
http://www.fnlp.fr/spip.php?article1070

(2) Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre chez Albin Michel

Sciences : Les journaux racontent n’importe quoi !... (suite)



Vous regardez la télévision ?
Oui, comme tout le monde.
Voici deux exemples récents qui confirment les recherches du NIH américain que j’ai citées dans « Les journaux racontent n’importe quoi !... » du 15 juin dernier.

Le premier sur TF1. Là ce n’est pas surprenant :
« Etre bon en maths ou en lecture, ça va souvent de pair et c'est dans les gênes ». 

Je vous fais remarquer que j’ai copié/collé le titre sur le site MYTF1News, sans changement, et l’on peut déjà voir que ceux-ci ne s’embarrassent pas pour l’orthographe : là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir, n’est-ce-pas. Sur TF1 on n’est pas à un gène près. Sur ce site donc, on vous prévient déjà sous le titre : temps de lecture 3min. Ouf ! On n’a pas besoin de se concentrer trop longtemps !
Et nous démarrons : « Une étude britannique révèle qu'au moins 10% des gènes liés à la maîtrise de la lecture chez l'enfant interviennent aussi dans la compétence en mathématiques. » Une seule étude, donc pas un résultat scientifique car rappelons que pour qu’un fait scientifique soit avéré, il faut que les expériences qui le sous-tendent soient reproduites par des équipes différentes; une étude, donc, dans laquelle 90% des intervenants ne sont pas concernés selon l’auteur. Continuons : « La maîtrise des maths et de la lecture aurait le même socle génétique. C'est du moins ce que révèle une étude britannique. Au moins 10%, et sans doute même autour de 50%, des gènes liés à la maîtrise de la lecture chez l'enfant interviennent aussi dans la compétence en mathématiques. »
« La maîtrise des maths et de la lecture aurait …», comme dirait Coluche « il se pourrait que, mais on n’est pas sûr, pourquoi en parler alors ? ».
Je continue : « Au moins 10%, et sans doute même autour de 50%, ». Quelle rigueur, on n’est pas à 40% près ! Et pour finir : « L'étude ne pointe pas de gènes spécifiques liés à l'alphabétisation et au calcul, explique Robert Plomin. Elle suggère plutôt que l'influence génétique sur des caractéristiques complexes, comme les capacités d'apprentissage, ou des troubles fréquents, comme la dyslexie, relève d'une multitude de gènes ayant chacun un tout petit effet ».
Et en conclusion : « Les chercheurs relèvent toutefois que la génétique n'explique pas tout et insistent sur le rôle important que peut jouer l'environnement d'un enfant dans le développement de ses compétences en lecture et en mathématiques. »
Ce n’était peut-être pas la peine de donner « l’information » !... Scientifique ?

Sur France5 on aurait retrouvé la mémoire de l’eau ! Mais si !

Je lis dans Sciences et Avenir sous la plume d’Hervé Ratel : « Sauve qui peut, le serpent de mer refait surface ! La mémoire de l’eau de feu Jacques Benveniste est de retour. Et pas sous la férule de n’importe qui, mais d’un prix Nobel, excusez du peu, Luc Montagnier, récompensé en 2008 avec Françoise Barré-Sinoussi pour la découverte du virus du sida. Un documentaire "On a retrouvé la mémoire de l’eau" est actuellement diffusé sur France 5 et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne fait pas honneur au service public... »
Je ne saurais mieux exprimer ce retour d’une imposture scientifique que cette petite critique qui remonte  un peu le niveau de la presse scientifique souvent motivée par des considérations philosophiques et téléologiques. Je vous livre donc le texte complet :
« Les expériences actuelles de Luc Montagnier sont dans la droite ligne de celles de Benvéniste : montrer que de l’eau mise en contact avec des macro molécules (comme de l’ADN par exemple) peut restituer la forme et la composition de ces dernières en leur absence, par la mesure des champs électromagnétiques émis. Jamais publiés, uniquement présentés dans des colloques et n’ayant donc qu’une portée scientifique limitée, les résultats de Luc Montagnier ne font pourtant l’objet d’aucune critique ni du moindre recul dans ce documentaire de France 5. Aucun des milliers de biologistes travaillant dans l’hexagone n’était donc disponible pour un commentaire sur une découverte susceptible de bouleverser un siècle et demi de science ? Amnésique, partisan et manquant du recul nécessaire, le film joue de surcroît la partition du chercheur seul contre tous, isolé du monde scientifique et des autres chercheurs parce que détenteur d’une vérité que personne ne souhaiterait voir. Refrain connu des groupuscules complotistes mais qu’on n’a guère l’habitude de rencontrer ici, au sein d’un programme national. »

Je n’ai rien à ajouter.

A bientôt.

dimanche 15 juin 2014

L’objectif de la Réforme territoriale départementale : une « escroquerie ».



Les médias nous assurent « la fin des départements : les Français sont pour. »
Cherchant l'étalage culturel, un éditorialiste du Journal du dimanche titre début mai : « Effacer Napoléon », prouvant ainsi que les attaques contre l'instruction n'épargnent pas la presse, déjà truffée de fautes d’orthographes, et de narrations sans rapport. Car c'est exactement le contraire.
Le premier Bonaparte inventa les préfets, alors que la Révolution avait confié à des élus les pouvoirs départementaux. Son neveu, Napoléon III, canaille politique entourée de crapules, fit de la France un Etat policier, ou les préfets tout-puissants nommaient les maires, et surveillaient tout. « Le vautour avait remplacé l'aigle : il ne descend pas de Napoléon, disait Hugo, il en tombe ».
Voilà le modèle de notre gouvernement, lorsqu'il pense remplacer, dans les départements,  le suffrage universel, rétabli après l'empire, par la seule autorité des préfets. Si certains, lassés de « l’inefficacité » de la classe politique peuvent penser que les économies réalisées par la diminution du nombre d’élus du peuple seront un premier pas pour résoudre nos problèmes, ils s’égarent dans un « poujadisme » restrictif. On ne retrouve pas de la démocratie en éliminant la représentation populaire. On en perd. Quant aux économies elles sont factices et faibles, l’objectif des gouvernants n’est pas quelques millions d’euros. La question est : où passe le budget des départements ?

Déjà regardons de plus près à quoi sont affectés les budgets départementaux ? Il suffit de consulter les compétences du Conseil Général.
“Le Conseil général règle par ses délibérations les affaires du département” (loi de décentralisation du 2 mars 1982).
Il est chargé d’aménager, développer, animer et administrer le territoire. Depuis 1982, avec les étapes successives de la décentralisation, l'Etat lui a transféré de nombreuses compétences, obligatoires ou facultatives.
Les compétences d'attribution
Ce sont les missions obligatoires que le Conseil général se doit de mettre en œuvre, en application de loi.
Action sociale et solidarités
·       Missions de protection maternelle et infantile (PMI) et d’aide sociale à l’enfance (ASE),
·       gestion de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA),
·       versement de la prestation de compensation du handicap (PCH),
·       gestion du RSA,
·       du fonds de solidarité pour le logement (FSL),
·       du fonds d’aide aux jeunes (FAJ)...
Routes
·       Aménagement des 4000 km du réseau routier départemental et d'une partie des routes nationales.
·       Transports
·       Organisation et gestion du réseau de transport interurbain (les 43 lignes du réseau “Haute-Vienne en car”, les services “Taxicar” et “Handicar 87”),
·       Organisation et gestion des transports scolaires.
Collèges
·       Construction et entretien des bâtiments,
·       Dotation de fonctionnement, et rémunérations des agents TOS.
Tourisme
·       Développement du plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée (PDIPR),
·       Participation au développement d’infrastructures touristiques,
·       Promotion des richesses du patrimoine naturel et culturel local...
Service d’incendie et de secours (Sdis)
Culture
Archives départementales, Lecture publique (bibliothèque départementale de prêt),
Schéma des enseignements artistiques.
Environnement
Appui technique aux communes pour l’exploitation des stations d'épuration et des réseaux de distribution d’eau potable,
Plan départemental d’élimination des déchets ménagers.

Je ne vous développerais pas les actions volontaristes du Département. Ce sont des compétences facultatives qui font l'objet d'interventions choisies par l'Assemblée départementale. Elles sont toutefois aussi importantes.

Je ferais remarquer simplement, qu’à votre avis, lorsqu'un régime s'assigne l'objectif d'économiser 12 à 25 milliards d'euros dans des budgets départementaux (selon Vallini, ministre du charcutage territorial) chargés de l’aide aux pauvres, de la protection de l’enfance, des handicapés, des collèges, des routes, et des agents territoriaux, il ne va pas les trouver dans la seule suppression du suffrage populaire, remplacé par des préfets obéissants, révocables à sa discrétion, sans budget, mais qu’on ne prévoit pas de supprimer. 

Expliquez et les citoyens comprennent vite l'escroquerie, toujours dirigée contre ceux qui en ont besoin.

A bientôt.

Les journaux racontent n’importe quoi !...



Ce n’est pas moi qui dis cela, c’est un site d’information espagnol spécialisé dans l’information scientifique. Lancé en juin 2012 par des journalistes du service Science du quotidien espagnol Público lorsque ce dernier a renoncé à sa version imprimée, “Matière” est un site spécialisé dans les sciences, l’environnement, la santé et la technologie. Issue de diverses rédactions comme celles d’El País, El Mundo, ABC ou de l’agence EFE, l’équipe compte une dizaine de personnes. Enquêtes, interviews et articles d’opinion constituent le cœur du projet, venu combler un vide dans la presse espagnole. Le site s’est récemment associé au prestigieux site anglophone Matter.
« En irait-il de l’information comme de l’alimentation ? Nous avons beau savoir que les bettes à la vapeur sont meilleures pour la santé que les hamburgers de McDonald’s, le macdo l’emporte souvent sur les légumes dans l’ordre de nos goûts. En matière d’information, bien souvent, le sujet le plus important perd la bataille de l’audience contre les ragots ou les anecdotes à connotation sexuelle – voire simplement contre quelques photos de chatons. » s’étonne Daniel Mediavilla sur ce site (13 mars2014). « La même tendance serait à l’œuvre derrière un phénomène observé par des chercheurs des National Institutes of Health (NIH, agences gouvernementales américaines en charge de la recherche médicale et biomédicale), dans un article publié par la revue spécialisée Plos One : dans leur traitement de la recherche médicale, les médias ont tendance à privilégier les études scientifiques les moins fiables. »

Un exemple :
« Pour observer ce qu’il se passe dans le processus de transmission de ces recherches depuis les revues spécialisées vers les médias grand public, les auteurs du rapport se sont d’abord penchés sur deux articles semblables et publiés au cours de la même période. Le premier faisait état d’une étude d’observation (où les chercheurs recueillent sans intervention des informations sur une population donnée pour répondre à une question précise et principale) qui établissait un lien entre la prise de statines, classe de médicaments utilisée dans la réduction du cholestérol, et la mortalité par cancer. Sur cette information, CBS News titrait “Les patients qui prennent des statines ont moins de risques de mourir d’un cancer”, tandis que le Los Angeles Times intitulait son article “Les statines susceptibles de réduire le risque de mort par cancer.” Pour les chercheurs, ces deux titres sont sujets à caution, dans la mesure où ils peuvent conduire le lecteur à tirer des conclusions excessives par rapport à la pertinence des résultats d’une étude d’observation. Ce type d’études peut en effet établir une corrélation entre deux phénomènes, comme la prise de statines et des probabilités moindres d’être atteint d’un cancer, mais pas un lien de cause à effet.

La manière de présenter des résultats, quand on ne fait aucun cas de la rigueur scientifique, induit (je dirais même sciemment) en erreur un lecteur non averti ou même distrait. On fabrique ainsi des « rumeurs ».
De la même façon, une étude d’observation pourrait distinguer un lien entre deux heures quotidiennes ou plus de télévision et l’augmentation des risques cardiovasculaires. Ce qui ne voudrait pas dire qu’on peut conclure, comme le font une majorité de médias, qu’il y ait dans le poste de télévision quelque mécanisme néfaste pour le cœur, mais une sédentarité excessive, liée, notamment, à un trop grand nombre d’heures passées devant la télé, peut effectivement causer des problèmes cardiovasculaires. La relation de cause à effet ne peut être établie que par un essai clinique comparatif randomisé, conçu afin d’éliminer les biais pouvant conduire à des conclusions erronées. (Il s’agit d’études expérimentales de références en recherche clinique où les participants sont répartis de façon aléatoire entre un groupe expérimental et un groupe témoin.)

Autre exemple :
« Une équipe conduite par Vinay Prasad, du service d’oncologie médicale des NIH, a comparé l’écho reçu par cette étude d’observation ayant décelé un lien entre prise de statines et risque de cancer avec ceux d’une autre étude, comparative et randomisée cette fois, qui constatait une baisse de la mortalité des femmes atteintes d’un certain type de cancer du sein quand elles reçoivent un traitement médicamenteux au T-DM1. Si ces dernières recherches ont elles aussi été médiatisées, elles n’ont fait l’objet que de 77 reprises par les médias, contre 311 pour celles sur les statines.
Pour évaluer la récurrence de ce type de traitement de l’information, les chercheurs se sont penchés sur 75 articles parus à propos de recherches médicales dans cinq grands journaux comme The New York Times et le Washington Post, qu’ils ont comparés à 75 travaux publiés dans cinq revues scientifiques prestigieuses. Ils ont découvert que les journaux accordaient une place plus limitée aux essais randomisés, cantonnés à 17 % dans la presse grand public contre 35 % dans les revues spécialisées. Les études d’observation, elles, représentaient à l’inverse 75 % des articles publiés dans les journaux généralistes, contre 47 % dans les revues scientifiques. »
Le NIH en conclue : « moins une recherche scientifique est fiable, plus elle a de chances d’être reprise par un grand quotidien. »

Il en va ainsi des médias. La recherche du « buzz » est plus importante que l’information.
Pour les dernières élections européennes on a entendu les mots de « séisme », « tsunami » à propos du score du Front National. En fait le tsunami c’est le score des non votants, mais les lunettes des médias sont dotées d’un réglage qui trompe leur acuité visuelle. D’abord je me répète, on compare en pourcentage, donc on ne peut tenir compte du résultat que si les bases de calculs sont comparables ce qui n’est pas le cas. La seule comparaison mathématique de base valide est le score en voix. Il y a 44,8 millions d’inscrits sur les listes électorales, 60% (abstentions, votes nuls et blancs) donc 27 millions d’électeurs n’ont pas manifesté un intérêt particulier pour ce scrutin. Pour différentes raisons peut-être mais justement c’est la voix de la majorité donc il faut en tenir compte. Le véritable « tsunami » est là ! C’est un rejet massif du gouvernement et de l’Union Européenne. Rejet profond et massif qui s’est exprimé dans toute l’Europe, 57%  (pourcentage explicite et comparable puisque basé sur l’ensemble des corps électoraux) des Européens se sont abstenus. Pour le « séisme », le FN est crédité de 4,7 millions de voix, que l’on peut comparer aux élections où tout le corps électoral est concerné (comme dans cette dernière élection) 6,4 millions de voix réalisées à l’élection présidentielle de 2012 par Marine Le Pen, ou aux 4,8 millions de Jean-Marie Le Pen à l’élection présidentielle de 2002. Les législatives de 2012 ne peuvent être prises comme comparatif car le parti ne se présentait pas dans toutes les circonscriptions mais déjà il avait 3,5 millions d’électeurs. La réalité c’est que les français persistent dans le vote négatif à Maatstricht, contre toutes les pressions.

La liberté de la presse ne s’use que si l’on s’en sert, écrivait le Canard Enchainé, il y a bien longtemps, mais l’indépendance de la presse est bien plus importante encore, et il y a aussi longtemps qu’elle a disparue du paysage officiel.

PS (pour éviter un erreur post scriptum) :
FranceTV info a collationné les résultats de cinquante villes battant les records du rejet de Hollande, entre 2012 et 2014. Lisons donc les « triomphes » du FN.
Roubaix passe de 30 % à 75 % d'abstentions; Hollande perd 11 000 de ses 12 900 voix. Le FN, ne perd que 2 000 de ses 4 800 voix c’est donc un … « triomphe » !
A Behren-lès-Forbach (Moselle), il ne reste que 17 % de votants le 25 mai dernier ! Dans ce mouchoir de poche, où Martin (CFDT-PS) ne glane que 104 voix sur les 1 488 de Hollande, Philippot du FN,  avec moins de la moitié des voix Le Pen 2012, « triomphe » à 40 %.
Record à Stains (SeineSaint-Denis) : perdant « seulement » 800 voix, contre 4 432 perdues par Hollande (ramoné à 293 voix !) le FN … « triomphe ».
Où sont-ils, ô savants analystes bourgeois, vos transferts de suffrages ouvriers au FN ? Il y a toujours eu une minorité d’ouvriers qui ont voté extrême droite, on peut toujours en faire des « triomphes »…

La classe exploitée a besoin de dirigeants et de combattants indépendants, pas d’une représentation politique rémunérée puisqu’ils font … un métier. Il faut en finir avec cette République et cette Europe. Pour une Assemblée Constituante et une Europe des peuples.

A bientôt.