On recense, en France, 20106 centenaires.
Mais la Cour des comptes recense 674 014 comptes bancaires
de centenaires.
Cette étonnante longévité financière, 33 fois supérieure à
l'autre, a une cause simple : des avoirs de défunts sont déposés chez
d'honnêtes assureurs, d'honnêtes banquiers, à qui la loi prescrit de rechercher
les ayants droit. Las ! Malgré des recherches acharnées, les investigations
infatigables que vous imaginez, 4,5 milliards "d'avoirs non réclamés"
restent dans leurs poches. Et l’on apprend que ces mêmes banques ont passées
brillamment les « crash tests », car elles placent un quart de leurs
avoirs dans les paradis fiscaux.
Ce n'est là qu'amuse gueule, lecteur.
Ce qui doit intéresser tout citoyen, tout salarié, à qui
Sapin et Hollande arrachent en ce moment un mois de salaire en impôt pour le
reverser aux patrons en crédit d'impôt (pacte de responsabilité), c'est l'affaire
du Luxembourg. Il s'agit d'un système, d'une combine, entre cet Etat et les
plus grandes multinationales d'Europe et d’ailleurs, permettant à ces
dernières, en transférant leurs profits au Luxembourg, de le conserver net
d'impôts. Cinquante huit multinationales françaises, toutes les premières bien
sur, se retrouvent aux côtés d'lkea, de Deutsche Bank, de Pepsi Cola et de tous
les magnats de la finance, dans 548 accords appelés « tax rulling ».
Le Consortium international des journalistes
d'investigation (ICIJ) a enquêté sur la base de 28000 pages de dossiers
confidentiels et découvert que plus de trois cents multinationales, ont échappé
à la fiscalité de leur pays d'origine, en faisant transiter par le Grand-Duché
de Luxembourg des sommes colossales. L'enquête évoque plusieurs centaines de milliards de dollars.
Petit problème : Jean-Claude Juncker a été, sans
discontinuer depuis 1982, ministre, puis Premier ministre au Luxembourg. C'est
d'ailleurs en sa qualité de ministre des Finances du Grand-Duché qu'il fut
choisi comme président de l'Eurogroupe de 2005 à 2013... Durant toute la
période où fut monté ce système de blanchiment fiscal des profits, un même homme dirigeait et l'Etat du
Luxembourg et l'Eurogroupe, réunion de tous les ministres des Finances
d’Europe : Jean-Claude Juncker.
Il était donc en même temps le superviseur des « tax
rulling » et, comme on dit en Sicile, le capo di tutti i capi pour
les ministres des impôts de tous les Etats.
« Le manque à gagner pour les recettes des Etats
se compte en centaines de milliards d'euros alors que Jean-Claude Juncker qui
préside aujourd'hui la Commission européenne, supervise les budgets des Etats
membres et impose l'austérité aux peuples européens » déclare Pierre
Laurent, dirigeant du PCF et président du Parti de la gauche européenne (PGE).
Parfaitement juste !
Les institutions de
l'Union européenne, créées par le traité de Maastricht de 1992, apparaissent au
grand jour pour ce qu'elles ont toujours été : un instrument exclusivement au
service des capitalistes et des spéculateurs.
C'est pourquoi on ne manquera pas de s'interroger sur la
suite du communiqué du président du PGE : « et L'UE doit impérativement
mettre un terme au dumping fiscal consacré dans ses traités, notamment celui de
Maastricht ».
Si le dumping fiscal a été consacré par le traité
fondateur de l'Union européenne, n'y a-t-il pas une contradiction à appeler
cette même Union européenne pour lutter contre celui-ci ?... A moins qu’il
ne s’agisse d’un prétexte pour préserver le statu quo, une position habituelle
de l’ « ancien » PC stalinien et ne pas rompre avec l’UE,
ses traités et sa politique exclusivement en défense de ses capitalistes.
Dans le plus pur style des Mafias.
A bientôt (et merci à Michel Sérac et Dominique Ferré).