samedi 15 novembre 2014

Gangsters légaux d’Europe.




On recense, en France, 20106 centenaires.
Mais la Cour des comptes recense 674 014 comptes bancaires de centenaires.
Cette étonnante longévité financière, 33 fois supérieure à l'autre, a une cause simple : des avoirs de défunts sont déposés chez d'honnêtes assureurs, d'honnêtes banquiers, à qui la loi prescrit de rechercher les ayants droit. Las ! Malgré des recherches acharnées, les investigations infatigables que vous imaginez, 4,5 milliards "d'avoirs non réclamés" restent dans leurs poches. Et l’on apprend que ces mêmes banques ont passées brillamment les « crash tests », car elles placent un quart de leurs avoirs dans les paradis fiscaux.
Ce n'est là qu'amuse gueule, lecteur.

Ce qui doit intéresser tout citoyen, tout salarié, à qui Sapin et Hollande arrachent en ce moment un mois de salaire en impôt pour le reverser aux patrons en crédit d'impôt (pacte de responsabilité), c'est l'affaire du Luxembourg. Il s'agit d'un système, d'une combine, entre cet Etat et les plus grandes multinationales d'Europe et d’ailleurs, permettant à ces dernières, en transférant leurs profits au Luxembourg, de le conserver net d'impôts. Cinquante huit multinationales françaises, toutes les premières bien sur, se retrouvent aux côtés d'lkea, de Deutsche Bank, de Pepsi Cola et de tous les magnats de la finance, dans 548 accords appelés « tax rulling ».
Le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) a enquêté sur la base de 28000 pages de dossiers confidentiels et découvert que plus de trois cents multinationales, ont échappé à la fiscalité de leur pays d'origine, en faisant transiter par le Grand-Duché de Luxembourg des sommes colossales. L'enquête évoque plusieurs centaines de milliards de dollars.
Petit problème : Jean-Claude Juncker a été, sans discontinuer depuis 1982, ministre, puis Premier ministre au Luxembourg. C'est d'ailleurs en sa qualité de ministre des Finances du Grand-Duché qu'il fut choisi comme président de l'Eurogroupe de 2005 à 2013... Durant toute la période où fut monté ce système de blanchiment fiscal des profits, un même homme dirigeait et l'Etat du Luxembourg et l'Eurogroupe, réunion de tous les ministres des Finances d’Europe : Jean-Claude Juncker.
Il était donc en même temps le superviseur des « tax rulling » et, comme on dit en Sicile, le capo di tutti i capi pour les ministres des impôts de tous les Etats.

« Le manque à gagner pour les recettes des Etats se compte en centaines de milliards d'euros alors que Jean-Claude Juncker qui préside aujourd'hui la Commission européenne, supervise les budgets des Etats membres et impose l'austérité aux peuples européens » déclare Pierre Laurent, dirigeant du PCF et président du Parti de la gauche européenne (PGE).
Parfaitement juste !
Les institutions de l'Union européenne, créées par le traité de Maastricht de 1992, apparaissent au grand jour pour ce qu'elles ont toujours été : un instrument exclusivement au service des capitalistes et des spéculateurs.
C'est pourquoi on ne manquera pas de s'interroger sur la suite du communiqué du président du PGE : « et L'UE doit impérativement mettre un terme au dumping fiscal consacré dans ses traités, notamment celui de Maastricht ».
Si le dumping fiscal a été consacré par le traité fondateur de l'Union européenne, n'y a-t-il pas une contradiction à appeler cette même Union européenne pour lutter contre celui-ci ?... A moins qu’il ne s’agisse d’un prétexte pour préserver le statu quo, une position habituelle de l’ « ancien » PC stalinien et ne pas rompre avec l’UE, ses traités et sa politique exclusivement en défense de ses capitalistes.
Dans le plus pur style des Mafias.

A bientôt (et merci à Michel Sérac et Dominique Ferré).