Considérée
aujourd’hui par les « experôcrates » comme le leader européen,
l’Allemagne n’a pas toujours été dans cette situation.
Ainsi, tout au long des années 1990 et au début des
années 2000, le pays a connu une croissance « molle »,
inférieure à la moyenne de la croissance de la zone euro, et a subi les foudres
de la Commission Européenne. En plus de connaître un faible taux de croissance,
l’économie allemande a vu croître son taux de chômage de 8.3 % à
11.3 %, soit 3 points d’augmentation. Cette augmentation du chômage
n’était pas généralisée en Europe et a cru plus vite en Allemagne que dans le
reste des pays européens. Le SPD (Sociaux démocrates, nos socialistes) au
pouvoir avec Schroeder a donc mis en place sur ordre de la troïka les fameuses
lois Hartz (du nom du PDG de Volkswagen qui les a inspirées). Plusieurs lois
dont : « L’individu bénéficiant d’une aide sociale à cause de chômage
se doit d’accepter n’importe quel travail, même si celui-ci est différent de son
cursus scolaire et de son ancien emploi. Un emploi reste acceptable, même si la
rémunération de celui-ci est inférieure au salaire qui a été négocié
collectivement dans la branche ou le secteur d’activités. L’aide minimale était
à hauteur de 296 euros par mois en Allemagne de l’Ouest et de 283 euros en
Allemagne de l’Est. » Tout ceci n’est pas d’un autre siècle ou si peu. Le
résultat est une baisse importante du chômage. Mais quand on dit baisse, c’est
un chiffre qui représente le taux de chômeurs aidés. Et les autres ?… On
remarque dans le même temps un accroissement de l'emploi précaire et de la
« flexibilité ». Comme disent avec une petite « larme de
crocodile » nos fameux « experôcrates », ces « bonnes
performances sur le front de l'emploi se sont accompagnées d'une hausse des
inégalités et de la pauvreté ». Un peuple plus pauvre, c’est le leitmotiv
de la Commission Européenne. Mais le SPD allemand ne s’est pas relevé de ces
lois anti ouvrières, sauf son chef Schroeder, appelé à de hautes destinées économiques
par Poutine.
Le « tigre
celtique » l’Irlande, la Grèce, le Portugal, l’Espagne, l’Italie ont
ensuite bénéficié de cette politique avec les résultats que l’on connaît, avec
une Allemagne fervente supportrice de la Commission Européenne. Les partis
socialistes se sont sacrifiés dans la plupart de ces pays : le grand PASOK
grec, les socialistes gagnant de la « révolution des œillets » au
Portugal, le PSOE en Espagne, sont réduits à survivre et le PS français est le
prochain.
Les Echos du 2 novembre nous rapporte :
«De passage à Tokyo, ce week-end, l’économiste Paul Krugman,
«Je dois faire mes excuses. Ils n’ont pas toujours bien répondu à la crise.
Mais l’Occident fait maintenant bien pire», a expliqué, à l’occasion d’un
séminaire organisé par Hitachi, le prix Nobel d’économie 2008, qui s’inquiète
particulièrement de la périlleuse «japanification» de l’Europe. «Les politiques
de la zone euro sont plus mauvaises et vont créer beaucoup plus de misère», assure-t-il.
Pointant dans la zone euro, la baisse de sa population active depuis 2009, son
obsession du désendettement, l’irrésistible écroulement de ses taux de
croissance, Paul Krugman explique que les grands pays européens, et dans une
moindre mesure les Etats-Unis, vivent une crise similaire à celle qui a
déprimé, pendant 20 ans, le Japon après l’éclatement de ses bulles
immobilières et boursières au tout début des années 1990. «L’Europe dans son
ensemble n’est pas encore totalement en déflation, mais elle suit exactement
les pas du Japon dans cette direction. Il sera désormais très difficile
d’empêcher la chute dans ce piège», regrette l’économiste, qui s’offusque de
constater que «l’Occident n’a rien appris des erreurs de gouvernance
japonaises».
Après quatre mois consécutifs de baisse des prix en glissement
annuel, l’inflation négative n’est plus
indolore en Espagne. Les ventes dans le pays du groupe de grande
distribution DIA ont baissé de 1,7% au troisième trimestre, à cause notamment
d’une «déflation spécialement marquée dans certaines des catégories les plus
importantes pour DIA», explique le groupe. Une demande limitée par un taux de
chômage élevé (23,67%) et par la modération des salaires depuis deux ans, pèse
sur les prix.
Et voilà que le correspondant Echos à Berlin, le 30/10
annonce que l'Allemagne redécouvre le
risque de récession :
« Le PIB allemand a reculé de 0,2 % au deuxième trimestre. La possibilité d'une récession technique (deux trimestres consécutifs de recul) est bien réelle, mais les données sont encore contradictoires. Le moral des investisseurs et des industriels a chuté, mais les consommateurs restent confiants et l'emploi semble se maintenir. L'Allemagne n'est plus un îlot de prospérité dans le marasme européen. »
« Le PIB allemand a reculé de 0,2 % au deuxième trimestre. La possibilité d'une récession technique (deux trimestres consécutifs de recul) est bien réelle, mais les données sont encore contradictoires. Le moral des investisseurs et des industriels a chuté, mais les consommateurs restent confiants et l'emploi semble se maintenir. L'Allemagne n'est plus un îlot de prospérité dans le marasme européen. »
Pourtant, pas plus Krugman, que la troïka, n’empêcheront le pourrissement
du capitalisme.
Je reprends en conclusion un article de IO :
« Tout est subordonné à la « dictature des marchés ».
La « bonne nouvelle » du début de semaine, c’était, paraît-il, que les banques
françaises ont passé victorieusement les tests de la Banque centrale Européenne
(BCE). Traduisons : des milliers de milliards d’euros ont été injectés pour
renflouer les banques après la crise de 2008-2009 ; grâce à quoi, la Bourse, en
pleine euphorie, bat aujourd’hui record sur record; une nouvelle bulle
spéculative est en train de se constituer; quand elle éclatera — ce qui ne
saurait tarder — une nouvelle crise provoquera un nouvel effondrement des
banques ; au nom de quoi, sur ordre de la BCE et du FMI, à nouveau, des
milliers de milliards seront détournés vers les banques et la spéculation,
tandis que des millions d’emplois seront détruits et les budgets publics encore
plus amputés au nom du remboursement de la dette et des déficits ! Ne faut-il
pas bloquer cette machine infernale, tout de suite ? Historiquement, « la
Fronde » resta enfermée dans les institutions de la monarchie qu’elle
contestait sans les remettre en cause. Le dénouement vint plus tard, dans la
grande rupture qui vit la Révolution française mettre à bas la monarchie.
Aujourd’hui, l’heure
n’est pas à « contester» la politique du gouvernement, mais à la combattre pour
la défaire. Rompre avec l’Union européenne, les institutions de la Ve
République et le capital financier dont elles
sont l’instrument; rompre avec le gouvernement Hollande-Valls, servile
exécutant de la classe capitaliste et de ses institutions : il n’y a pas d’autre voie.
A bientôt