Le N° 1248 de Courrier International, dans son document
« à la une » se penche sur les « Athées leur chemin de
croix », à travers plusieurs articles de presse internationale.
L’introduction indique : « Alors que, selon le rapport du think
tank américain Pew, les minorités religieuses n'ont jamais été aussi opprimées
dans le monde, l'athéisme peut être très difficile à vivre. Obtenir un mariage
laïque en Inde ou élever ses enfants sans référence à Dieu aux Etats-Unis
relève du parcours du combattant. En Arabie Saoudite comme en Colombie, les
jeunes athées sont mis au ban de la société, mais en Europe, ils s'organisent.
Certains inventent même de nouvelles liturgies athées. »
Quand on sait qu’en Europe seule la France est une
République laïque et au plus près la Turquie était il y a peu encore dans ce
cas grâce à Ataturk, on comprend que le journaliste dans sa première phrase
mette au même rang athées et minorités religieuses. Quant aux athées qui
inventent même de nouvelles liturgies, ils doivent être aussi étrangers aux
athées que certains de nos laïques « ouverts » sont étrangers à notre
laïcité définie en 1905.
Mais l’édito de Jean-Hébert Armengaud me fait aussi
quelque peu sursauter, on a l’impression que sa conclusion essaie de
rééquilibrer le jugement des articles cités. Je cite :
« En 2012 une enquête menée sur les cinq
continents estimait que le nombre d'athées représentait 13 % de la population
mondiale (et 23 % des sondés se déclaraient sans religion). Un chiffre en
augmentation : à mesure que les peuples s'enrichissent, ils se détournent des
dieux. » A peu près autant que les hindouistes, moitié moins que les
musulmans, plus du tiers des chrétiens.
« Alors, demain, la fin des religions ? On en est
encore loin et, dans certains pays très religieux, les athées sont toujours
brimés sinon harcelés. Une aberration puisque l'incroyance comme la foi sont
avant tout des sentiments intimes et personnels. » Sphère
publique laïque, sphère privée incroyance et foi, c’est la République
laïque selon la loi de 1905.
« Mais ce serait compter sans les hiérarchies
religieuses qui instrumentalisent cette intimité - jusqu'à verser, parfois,
dans le fondamentalisme. Comme le disait Voltaire -qui était croyant-, la religion
est une foi simple en Dieu et non la croyance en des dogmes ou des
superstitions encouragés par l'Eglise.
A priori, les athées, qui s'appuient sur le
rationalisme, ne devraient donc pas effrayer grand monde. C'est oublier que les
impies ne sont pas immunisés contre la tentation extrémiste. Il existe en effet
un athéisme agressif. Le satrape sanguinaire Enver Hoxha a fait de l'Albanie
communiste un "pays athée'' pourchassant toute pratique religieuse ».
On a bien dit toute République laïque ne peut être laïque, si elle est athée ou
religieuse, puisqu’elle ne respecte plus la sphère privée. L’Albanie n’était
pas laïque, donc pas de respect de la sphère privée.
« Beaucoup plus près de nous, des scientifiques et
intellectuels britanniques s'en sont pris à la foi comme à un virus totalement
incompatible avec la science ». Là on ne peut que leur donner raison,
la science basée sur la raison, la connaissance et l’expérimentation, est incompatible
avec la foi qui est basée sur une croyance.
« Jusqu'à demander, comme le biologiste Richard
Dawkins, la condamnation du pape Benoît XVI pour crime contre l'humanité (pour
avoir couvert des affaires de pédophilie) ». D’après notre légalité le
pape sachant que ses collègues outrepassaient les lois, il aurait du les
traduire en justice, sinon il est justiciable lui aussi. Ne rajoutons pas à son
débit les affaires d’enfants vendus en Espagne, en Irlande et autres, et des
« charniers » d’enfants de filles mères en Irlande, actuellement en
commission d’enquêtes.
« Les religions ont suffisamment de problèmes avec
leurs fondamentalistes sans que les athées en rajoutent... »
Ce qu’il faudrait surtout, alors que le choix des articles
permet de se faire une opinion, c’est que les journalistes qui rapportent tout
cela ne se « perdent » dans leurs analyses.
A bientôt.