jeudi 14 août 2014

Sciences : Les journaux racontent n’importe quoi !... (suite)



Vous regardez la télévision ?
Oui, comme tout le monde.
Voici deux exemples récents qui confirment les recherches du NIH américain que j’ai citées dans « Les journaux racontent n’importe quoi !... » du 15 juin dernier.

Le premier sur TF1. Là ce n’est pas surprenant :
« Etre bon en maths ou en lecture, ça va souvent de pair et c'est dans les gênes ». 

Je vous fais remarquer que j’ai copié/collé le titre sur le site MYTF1News, sans changement, et l’on peut déjà voir que ceux-ci ne s’embarrassent pas pour l’orthographe : là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir, n’est-ce-pas. Sur TF1 on n’est pas à un gène près. Sur ce site donc, on vous prévient déjà sous le titre : temps de lecture 3min. Ouf ! On n’a pas besoin de se concentrer trop longtemps !
Et nous démarrons : « Une étude britannique révèle qu'au moins 10% des gènes liés à la maîtrise de la lecture chez l'enfant interviennent aussi dans la compétence en mathématiques. » Une seule étude, donc pas un résultat scientifique car rappelons que pour qu’un fait scientifique soit avéré, il faut que les expériences qui le sous-tendent soient reproduites par des équipes différentes; une étude, donc, dans laquelle 90% des intervenants ne sont pas concernés selon l’auteur. Continuons : « La maîtrise des maths et de la lecture aurait le même socle génétique. C'est du moins ce que révèle une étude britannique. Au moins 10%, et sans doute même autour de 50%, des gènes liés à la maîtrise de la lecture chez l'enfant interviennent aussi dans la compétence en mathématiques. »
« La maîtrise des maths et de la lecture aurait …», comme dirait Coluche « il se pourrait que, mais on n’est pas sûr, pourquoi en parler alors ? ».
Je continue : « Au moins 10%, et sans doute même autour de 50%, ». Quelle rigueur, on n’est pas à 40% près ! Et pour finir : « L'étude ne pointe pas de gènes spécifiques liés à l'alphabétisation et au calcul, explique Robert Plomin. Elle suggère plutôt que l'influence génétique sur des caractéristiques complexes, comme les capacités d'apprentissage, ou des troubles fréquents, comme la dyslexie, relève d'une multitude de gènes ayant chacun un tout petit effet ».
Et en conclusion : « Les chercheurs relèvent toutefois que la génétique n'explique pas tout et insistent sur le rôle important que peut jouer l'environnement d'un enfant dans le développement de ses compétences en lecture et en mathématiques. »
Ce n’était peut-être pas la peine de donner « l’information » !... Scientifique ?

Sur France5 on aurait retrouvé la mémoire de l’eau ! Mais si !

Je lis dans Sciences et Avenir sous la plume d’Hervé Ratel : « Sauve qui peut, le serpent de mer refait surface ! La mémoire de l’eau de feu Jacques Benveniste est de retour. Et pas sous la férule de n’importe qui, mais d’un prix Nobel, excusez du peu, Luc Montagnier, récompensé en 2008 avec Françoise Barré-Sinoussi pour la découverte du virus du sida. Un documentaire "On a retrouvé la mémoire de l’eau" est actuellement diffusé sur France 5 et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne fait pas honneur au service public... »
Je ne saurais mieux exprimer ce retour d’une imposture scientifique que cette petite critique qui remonte  un peu le niveau de la presse scientifique souvent motivée par des considérations philosophiques et téléologiques. Je vous livre donc le texte complet :
« Les expériences actuelles de Luc Montagnier sont dans la droite ligne de celles de Benvéniste : montrer que de l’eau mise en contact avec des macro molécules (comme de l’ADN par exemple) peut restituer la forme et la composition de ces dernières en leur absence, par la mesure des champs électromagnétiques émis. Jamais publiés, uniquement présentés dans des colloques et n’ayant donc qu’une portée scientifique limitée, les résultats de Luc Montagnier ne font pourtant l’objet d’aucune critique ni du moindre recul dans ce documentaire de France 5. Aucun des milliers de biologistes travaillant dans l’hexagone n’était donc disponible pour un commentaire sur une découverte susceptible de bouleverser un siècle et demi de science ? Amnésique, partisan et manquant du recul nécessaire, le film joue de surcroît la partition du chercheur seul contre tous, isolé du monde scientifique et des autres chercheurs parce que détenteur d’une vérité que personne ne souhaiterait voir. Refrain connu des groupuscules complotistes mais qu’on n’a guère l’habitude de rencontrer ici, au sein d’un programme national. »

Je n’ai rien à ajouter.

A bientôt.