Depuis le début de l'année 2017, près de 1 500 réfugiés sont
arrivés dans le Briançonnais en provenance d’Italie, en passant par les cols
aux alentours. Plus de la moitié sont des jeunes, mineurs. Décembre 2017 malgré
la neige et leur méconnaissance du terrain, des jeunes, mineurs étrangers, sont
abandonnés de nuit dans la montagne par la gendarmerie. France Culture fait un
reportage glaçant sur ce refoulement vers l’Italie. Et, dans les terres, les
centres de rétention administrative se referment chaque soir sur de nouveaux
prisonniers, de plus en plus souvent des familles, comme dans celui du
Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), où un homme, marié avec une femme ayant obtenu
le statut de réfugiée et père d’une petite fille, a entamé une grève de la faim
et de la soif début décembre. Ce ne sont là que les actions les plus
voyantes. En France, aujourd’hui, les traitements infligés aux immigrés, s’ils
étaient infligés à des animaux seraient passibles des tribunaux.
Au fil des jours, la « ligne Macron » devient plus
nette et dessine une politique migratoire d’une rudesse sans précédent.
Vendredi 15 décembre, en fin de journée, une réunion interministérielle
sur le projet de loi immigration, qui arrivera en discussion au printemps 2018,
a révélé que les tenants de la ligne dure avaient la main. La même philosophie
prévalant déjà sur le terrain et dans les textes ministériels.
A Calais (Pas-de-Calais), alors que la ville grelotte, les
couvertures des 700 exilés sont jetées au gré des opérations policières, les
abris détruits. A Paris, les petites toiles de tente des plus chanceux des 800
migrants vivant dans les rues ont été lacérées cette semaine. Dans ces deux
départements, la consigne donnée aux forces de l’ordre d’éviter la
reconstitution de campements efface toute autre considération.
Outre cette dissuasion policière, les dernières semaines ont
été marquées par la publication de circulaires signant une volonté d’expulser
massivement. Dans un texte daté du 20 novembre, le ministre de
l’intérieur, Gérard Collomb(1), a demandé à chaque préfet de multiplier les
renvois et d’élaborer un plan de bataille départemental. Celui-ci, en bon
calotin (faites ce que je dis, pas ce que je fais), se distingue dans son
boulot. Pour la première fois, le ministère de l’intérieur met un pied dans
l’hébergement d’urgence géré par les affaires sociales.
Les déboutés du droit d’asile, mais aussi des
« dublinés », ces demandeurs qui ont laissé trace de leur passage
dans un autre pays d’Europe avant d’arriver en France, sont dans la ligne de
mire du ministère.
Glissement vers l’option sécuritaire : Le Pen en rêvait
Jupiter l’a fait !
(1) Gérard Collomb,
celui qui en janvier 2017 vivait "un cauchemar" avec moins de 5000
euros par mois. Sous le coup d'une nouvelle règle instaurée par le Sénat, le
salaire du maire de Lyon avait été revu à la baisse, et le principal intéressé
ne s'en remettait pas. Rapidement recyclé chez Macron, Gérard Collomb, ministre
de l’intérieur, expliquait, confortablement installé dans les studios parisiens
de BFM TV le 8 octobre 2017 : « 180 km [pour aller
travailler tous les jours], ce n’est pas un problème… Moi, je viens de Lyon, j’ai pas de problème pour venir chez
vous. ». En pur français dans le texte.