mercredi 17 janvier 2018

Immigration et humanité.



Depuis le début de l'année 2017, près de 1 500 réfugiés sont arrivés dans le Briançonnais en provenance d’Italie, en passant par les cols aux alentours. Plus de la moitié sont des jeunes, mineurs. Décembre 2017 malgré la neige et leur méconnaissance du terrain, des jeunes, mineurs étrangers, sont abandonnés de nuit dans la montagne par la gendarmerie. France Culture fait un reportage glaçant sur ce refoulement vers l’Italie. Et, dans les terres, les centres de rétention administrative se referment chaque soir sur de nouveaux prisonniers, de plus en plus souvent des familles, comme dans celui du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), où un homme, marié avec une femme ayant obtenu le statut de réfugiée et père d’une petite fille, a entamé une grève de la faim et de la soif début décembre. Ce ne sont là que les actions les plus voyantes. En France, aujourd’hui, les traitements infligés aux immigrés, s’ils étaient infligés à des animaux seraient passibles des tribunaux.
Au fil des jours, la « ligne Macron » devient plus nette et dessine une politique migratoire d’une rudesse sans précédent. Vendredi 15 décembre, en fin de journée, une réunion interministérielle sur le projet de loi immigration, qui arrivera en discussion au printemps 2018, a révélé que les tenants de la ligne dure avaient la main. La même philosophie prévalant déjà sur le terrain et dans les textes ministériels.
A Calais (Pas-de-Calais), alors que la ville grelotte, les couvertures des 700 exilés sont jetées au gré des opérations policières, les abris détruits. A Paris, les petites toiles de tente des plus chanceux des 800 migrants vivant dans les rues ont été lacérées cette semaine. Dans ces deux départements, la consigne donnée aux forces de l’ordre d’éviter la reconstitution de campements efface toute autre considération.
Outre cette dissuasion policière, les dernières semaines ont été marquées par la publication de circulaires signant une volonté d’expulser massivement. Dans un texte daté du 20 novembre, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb(1), a demandé à chaque préfet de multiplier les renvois et d’élaborer un plan de bataille départemental. Celui-ci, en bon calotin (faites ce que je dis, pas ce que je fais), se distingue dans son boulot. Pour la première fois, le ministère de l’intérieur met un pied dans l’hébergement d’urgence géré par les affaires sociales.
Les déboutés du droit d’asile, mais aussi des « dublinés », ces demandeurs qui ont laissé trace de leur passage dans un autre pays d’Europe avant d’arriver en France, sont dans la ligne de mire du ministère.
Glissement vers l’option sécuritaire : Le Pen en rêvait Jupiter l’a fait !

(1)  Gérard Collomb, celui qui en janvier 2017 vivait "un cauchemar" avec moins de 5000 euros par mois. Sous le coup d'une nouvelle règle instaurée par le Sénat, le salaire du maire de Lyon avait été revu à la baisse, et le principal intéressé ne s'en remettait pas. Rapidement recyclé chez Macron, Gérard Collomb, ministre de l’intérieur, expliquait, confortablement installé dans les studios parisiens de BFM TV le 8 octobre 2017 : « 180 km [pour aller travailler tous les jours], ce n’est pas un problème… Moi, je viens de Lyon, j’ai pas de problème pour venir chez vous. ». En pur français dans le texte.