mercredi 17 janvier 2018

Commotions cérébrales.



Dans la dernière parution, dans un article « Si on parlait rugby… »,  je critiquais le jeu de percussion, générateur aujourd’hui de nombreuses commotions cérébrales, en citant aussi d’autres rugbymans connus. Le K.-O. impressionnant du jeune Samuel Ezeala lors du match Racing 92-Clermont le 7 janvier, a relancé le débat sur la violence des chocs dans le rugby.
Le rugby est-il devenu trop violent ?
Oui, si l'on s'en tient aux chiffres : 102 commotions cérébrales avérées lors de la saison 2016-2017 de Top 14, soit une augmentation de près de 35% par rapport à l'exercice précédent.

Le point de vue du neurochirurgien.
Le neurochirurgien Jean Chazal, professeur au CHU de Clermont-Ferrand, qui est intervenu sur cet acte de violence (c’est comme cela que ça s’appelle que ce soit accidentel ou … « normal ») s'inquiète fortement de l'évolution du rugby en France. Aux questions d’un journaliste :
« Comment se porte Samuel Ezeala ? », il répond : « Le joueur va bien. Il a été secoué mais son IRM est normale. Il a subi une commotion cérébrale avec perte de connaissance, c’est-à-dire un coma. Son cas a été préoccupant. Face à lui, le joueur du Racing était lancé à 35 km/h, les coudes en avant. Il a à peine tenté d’éviter Samuel Ezeala, sans même faire un raffut. Imaginez que vous êtes en mobylette et que vous foncez dans un mur sans casque… Y avait-il jeu dangereux ? Le débat est ouvert. »
« Certaines personnes ont critiqué la dramatisation de l’événement avec l’installation d’un drap blanc sur le terrain pour masquer l’intervention des médecins. Quel est votre avis ? » : « Ce drap a été mis car l’intervention était suffisamment préoccupante. Le maillot de Samuel Ezeala a été découpé au ciseau, on lui a placé un électrocardiogramme et des perfusions et le matériel d’intubation était sorti. Il fallait respecter le joueur. Cela fait partie du code d’éthique des médecins de ne pas soigner une personne au regard de tous. Le président du Racing Jacky Lorenzetti a trouvé cela exagéré mais pas moi. »
« Qu’est ce qui ne va pas dans le rugby selon vous ? » : « Quand on voit le match de dimanche entre le Racing et Clermont sur le gazon très dur de la U Arena, dont le toit était fermé et où la température à l’intérieur était de 26°C, on peut dire que le rugby n’est plus un sport de plein air. Nous étions dans une arène pour une sorte de cirque d’hiver où des gladiateurs s’affrontaient. Quand on voit aussi dans cette enceinte un mur d’écran avec les statistiques des performances des joueurs en temps réel, ça confine au ridicule. »
« Le profil des joueurs a également changé. » : « Oui. Il y a quelques années, un trois-quart aile pesait 10 kg de moins. Aujourd’hui, il court plus vite dans un sport qui n’est plus un sport d’évitement. On joue pour détruire. Les ligaments, les articulations, la boîte crânienne, les os, eux, n'ont pas changé… Quand je vois en Top 14 un joueur de près de 140 kg face à un n°10 de 80 kg je me dis que ce n’est pas possible. »
« Que faut-il changer ? » : « Il faut tout revoir. Avoir des arbitres professionnels qui respectent tous les mêmes règles à l’abri des pressions pourrait déjà être une bonne mesure. Il faut bien évidemment faire de la prévention dans les écoles de rugby ; pourquoi pas aussi créer des catégories de poids comme au judo ou limiter le poids des joueurs ; limiter également le nombre de remplacements,… »
Tiens !... Je parlais justement dans l’article suivant de la formation des All Blacks qui ont des catégories de poids comme au judo.

Le point de vue du Président de la Fédération.
Pendant ce temps notre Président de la Fédération signait un contrat avec un sponsor pour le maillot de l'équipe de France : l'argent d'abord ! Par ce contrat la FFR a entériné l'attribution du partenariat maillot de l'équipe de France au groupe Altrad malgré l’avis défavorable donné par le comité fédéral d'éthique. C’est une habitude de ce Président qui joue déjà avec « le droit à l’erreur » (voir autre article). Des relations douteuses. Des pratiques, dirais-je, limites. Un sélectionneur, Guy Novès, qui apprend sa future éviction par la presse. Puis qui se retrouve menacé de licenciement pour «faute grave», mais n'est convoqué à aucun entretien préalable. Application peut-être du nouveau Code du Travail. Des entraîneurs adjoints, Yannick Bru et Jeff Dubois, placés dans la même situation, eux sans avoir reçu le moindre coup de fil d'explication avant l'officialisation de leur remplacement. Et après avoir exposé le nouveau sponsoring à la presse, à la fin, une déclaration pour le moins « maladroite », sur le coma d’Ezeala : « Les images sont bien entendu choquantes et cet incident est malheureux… ».

Il n’y a pas que les images qui sont choquantes. Mais c’est devenu une habitude…