dimanche 21 janvier 2018

Au revoir là-haut.



Le jeudi 14 août 2014, sous le titre : La mission du centenaire de la Première Guerre mondiale ou les leçons du passé. , je parlais du remarquable livre de Pierre Lemaitre  « Au revoir là-haut », couronné par le prix Goncourt 2013.
Le titre reprend les derniers mots de la dernière lettre du soldat Jean Blanchard, fusillé pour l'exemple avec cinq de ses camarades, le 4 décembre 1914 à Vingré. L'auteur, connu pour ses romans policiers, écrit ici une histoire de la fin de la guerre où les personnages sont exemplaires de la réalité de ce carnage, dans un style qui sait aménager surprises et rebondissements, et dont je recommande vivement la lecture. Dans une interview au Courrier Picard, il déclare : « je crois que mon travail a été dirigé, piloté par une pensée qui est celle d'Anatole France, qui disait : ''On croit mourir pour la patrie, mais on meurt pour les industriels.''…Il n'y a aucun doute que de toutes les guerres - et celle de 14 peut-être plus que les autres - le capitalisme s'en nourrit. L'industrie adore la guerre avant, pendant, après. Et j'ai pensé que si on regardait l'après-guerre, l'axe était encore plus amer plus décapant. »
Dans l'épilogue, l'auteur rappelle que les malversations relatives aux sépultures n'ont pas été inventées : il y a bien eu un scandale qui a éclaté en 1922 et qui a mis en cause les « mercantis de la mort ». Quant à l'arnaque aux monuments aux morts, elle est le fruit de son imagination et comme il l'écrit : « Ainsi, l'un des faits est réel, l'autre non, mais ç'aurait pu être l'inverse. » !
Nous entrons ainsi dans le vif du sujet. La réalité dépasse souvent la fiction. L’ambition, le cynisme : un lieutenant, qui veut devenir capitaine, comprend qu'il n'a plus beaucoup de temps pour obtenir du galon, il se crée une « occasion ». Un général aimerait bien fusiller pour l'exemple un de nos deux soldats, accusé à tort de désertion. L’horreur : les hôpitaux militaires surchargés, dans l'incapacité de faire face à l'afflux des blessés. Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d'avantages, même après…
Après l’armistice, on trouve ces soldats bien gênants avec leurs mutilations et leurs gueules cassées; on voudrait les oublier, mais cela peut rapporter. Tous les sentiments sont présents dans ce magnifique livre.


La force de ce livre, très détaillé, me paraissait quasiment impossible à adapter au cinéma dans son ensemble. Et bien c’est une performance exceptionnelle qu’a réussi Albert Dupontel. Avec un montage rythmé, et beaucoup d’imagination, le film parait court. Et Dupontel réussit à être fidèle à l’esprit, et souvent à la lettre, du livre de Pierre Lemaître, tout en l’incorporant à son propre univers. Il n’y a qu’une scène de combat, mais c’est l’une des plus impressionnantes jamais vues sur les tranchées. La richesse et la beauté des décors et des costumes ne figent jamais le film. Les acteurs jouent leur rôle superbement.
Je vous conseille aussi le film.

mercredi 17 janvier 2018

Dernières news : Budget 2018 :



« Les grands gagnants sont les 5% les plus riches »,… « Ils vont voir leur niveau de vie augmenter de 1,6%, et dans le même temps, les perdants sont les 5% les plus pauvres, leur niveau de vie va diminuer de 0,6%. Les plus aisés bénéficient de la suppression de l'ISF, ainsi que d'une fiscalité allégée sur les revenus du capital. En revanche, les plus modestes vont pâtir de la baisse des APL, de la hausse des taxes sur le tabac, et surtout, sur le carburant. »… « L’impact sur le pouvoir d’achat du budget 2018 se traduira par 9600 euros de revenus en plus pour le 1 % de Français les plus riches, et seulement 25 euros pour les plus pauvres », selon l’institut OFCE, Observatoire français des Conjonctures Économiques, qui vient de passer au crible le budget 2018.

Le combat est simple.



On appelle jésuitisme le recours à des « astuces hypocrites ». On connaît l’école des Jésuites « proprement dite », et il existe une école supérieure de la fourberie politique nommée ENA : M. Macron a fréquenté les deux. Art dans l’utilisation de sa culture, arrogance, fourberie, les capitalistes français l’ont reconnu bien outillé pour la politique, avec les moyens dont ils disposent, ils en ont fait un président. Ils n’ont pas affaire à un ingrat.
Le gouvernement casse le Code du travail, s'attaque à tous les droits et garanties en particulier sur le plan social, mais supprime l'ISF, verse des milliards aux patrons, s'attaque aux APL et par là au logement social (1), remercie les hospitaliers pour leur travail (attentats de Nice par exemple) mais supprime aussitôt des postes, taxe les retraités et bien d'autres choses encore.
Dans le même temps, les « Paradise Papers » révèlent que les capitalistes placent des centaines de milliards dans des paradis fiscaux pour se soustraire à l'impôt et accroître encore leur fortune. L’UE fait semblant de sévir, voir Malte par exemple (2). Ces documents révèlent que la plupart des grands patrons français ont placé leurs milliards dans ces paradis fiscaux.
D'un côté, une petite minorité s'enrichit, de l'autre la grande majorité s'appauvrit. C'est bien cette minorité qu'il faut dégager.

(1) Les victimes collatérales de cette politique sont les sociétés de HLM. Le Secours catholique se prépare et va créer son « agence immobilière sociale » en 2018. C’est à la puissance publique d’organiser le service public. Or, à travers la liquidation actuelle des services publics, on voit une volonté de remettre en selle les religions par le biais de l’appel à la charité, à la bienfaisance.
(2) article de la même parution « C’est dans l’UE et … pas ailleurs. »



Le droit à l'erreur.



Le 27 novembre dernier, le gouvernement a présenté un projet de loi intitulé « Pour un état au service d'une société de confiance », qui masque une nouvelle offensive d'ampleur dans de multiples domaines, au bénéfice du patronat. « Après le budget et le Code du travail, puis le plan climat (...), 1a troisième transformation que nous portons est celle de l'action publique » a déclaré le ministre Gérald Darmanin (1) au Journal du Dimanche, en présentant ce projet de loi.
Ce projet bouleverse les relations entre les administrations et les entreprises permettant â ces dernières d'échapper ou de contrevenir à moindres frais, à des pans entiers de réglementation, qu'il s'agisse du Code du travail, de la fiscalité ou encore du bâtiment, en instituant un « droit à l'erreur » !  Dans 1'exposé des motifs, le gouvernement le justifie crûment : « Les règles peuvent aussi être une contrainte pour la compétitivité des entreprises et source de complexité et d’insécurité juridique lorsqu'elles s'empilent ». C'était le même argument avancé pour justifier les ordonnances contre le Code du travail, dont ce nouveau projet de loi est une suite logique.
Non respect de la loi : Une tape sur les doigts !...
Maintenant les « honnêtes » contrevenants, fraudeurs, ont « droit à l’erreur » ! Normal l’erreur est humaine ! Une nouvelle possibilité de fraude légalisée !
Mais pas pour tout le monde.
Les ayant droits à des aides (chômage, indemnités maladies, …), les soi disant assistés, deviennent de vilains fraudeurs, des fainéants, pour lesquels on sévira (bien qu’ils soient peu nombreux à tricher, selon une enquête officielle).

Les « assistés » sont-ils des fainéants ?



Le 22 nov 2017, plusieurs grands journaux publiaient un article sur le résultat du contrôle des chômeurs : les vrais chiffres de Pôle emploi. Les chiffres devraient mettre fin à bien des débats. Plus d'un an et demi après avoir été généralisé par Pôle emploi, le contrôle de la recherche effective de travail par les chômeurs ne fait pas ressortir l'existence de bataillons de « profiteurs » : 86 % des personnes contrôlées ont démontré qu'elles remplissaient bien leurs obligations. Bruno Ducoudré, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), considère que les contrôles évoqués dans l’étude de Pôle emploi sont, pour une bonne part, « ciblés sur une population de demandeurs d’emploi spécifique dont le risque de démotivation est plus élevé ». « La proportion de prétendus « profiteurs » est donc très faible, et il s’agit en fait plutôt de personnes qui ont baissé les bras et qu’il s’agit de remobiliser, d’accompagner, poursuit-il. La très grande majorité des demandeurs d’emploi souhaite réellement travailler, et une part importante reste inscrite – et se réinscrit en cas de radiation – alors qu’ils ne touchent pas d’indemnisation chômage. »
Jupiter a aussi enregistré : le gouvernement annonce qu’il va embaucher des contrôleurs supplémentaires. En effet il veut « réformer » l’assurance Chômage et tout le monde comprend dans quel intérêt. 
Pour le député La France insoumise du Nord, Adrien Quatennens, « la réalité du chômage, ce sont des familles qui se paupérisent, des échecs scolaires, des inégalités qui se reconduisent, on a un gouvernement de fainéants qui préfère s'attaquer aux chômeurs plutôt qu'au chômage ».

Commotions cérébrales.



Dans la dernière parution, dans un article « Si on parlait rugby… »,  je critiquais le jeu de percussion, générateur aujourd’hui de nombreuses commotions cérébrales, en citant aussi d’autres rugbymans connus. Le K.-O. impressionnant du jeune Samuel Ezeala lors du match Racing 92-Clermont le 7 janvier, a relancé le débat sur la violence des chocs dans le rugby.
Le rugby est-il devenu trop violent ?
Oui, si l'on s'en tient aux chiffres : 102 commotions cérébrales avérées lors de la saison 2016-2017 de Top 14, soit une augmentation de près de 35% par rapport à l'exercice précédent.

Le point de vue du neurochirurgien.
Le neurochirurgien Jean Chazal, professeur au CHU de Clermont-Ferrand, qui est intervenu sur cet acte de violence (c’est comme cela que ça s’appelle que ce soit accidentel ou … « normal ») s'inquiète fortement de l'évolution du rugby en France. Aux questions d’un journaliste :
« Comment se porte Samuel Ezeala ? », il répond : « Le joueur va bien. Il a été secoué mais son IRM est normale. Il a subi une commotion cérébrale avec perte de connaissance, c’est-à-dire un coma. Son cas a été préoccupant. Face à lui, le joueur du Racing était lancé à 35 km/h, les coudes en avant. Il a à peine tenté d’éviter Samuel Ezeala, sans même faire un raffut. Imaginez que vous êtes en mobylette et que vous foncez dans un mur sans casque… Y avait-il jeu dangereux ? Le débat est ouvert. »
« Certaines personnes ont critiqué la dramatisation de l’événement avec l’installation d’un drap blanc sur le terrain pour masquer l’intervention des médecins. Quel est votre avis ? » : « Ce drap a été mis car l’intervention était suffisamment préoccupante. Le maillot de Samuel Ezeala a été découpé au ciseau, on lui a placé un électrocardiogramme et des perfusions et le matériel d’intubation était sorti. Il fallait respecter le joueur. Cela fait partie du code d’éthique des médecins de ne pas soigner une personne au regard de tous. Le président du Racing Jacky Lorenzetti a trouvé cela exagéré mais pas moi. »
« Qu’est ce qui ne va pas dans le rugby selon vous ? » : « Quand on voit le match de dimanche entre le Racing et Clermont sur le gazon très dur de la U Arena, dont le toit était fermé et où la température à l’intérieur était de 26°C, on peut dire que le rugby n’est plus un sport de plein air. Nous étions dans une arène pour une sorte de cirque d’hiver où des gladiateurs s’affrontaient. Quand on voit aussi dans cette enceinte un mur d’écran avec les statistiques des performances des joueurs en temps réel, ça confine au ridicule. »
« Le profil des joueurs a également changé. » : « Oui. Il y a quelques années, un trois-quart aile pesait 10 kg de moins. Aujourd’hui, il court plus vite dans un sport qui n’est plus un sport d’évitement. On joue pour détruire. Les ligaments, les articulations, la boîte crânienne, les os, eux, n'ont pas changé… Quand je vois en Top 14 un joueur de près de 140 kg face à un n°10 de 80 kg je me dis que ce n’est pas possible. »
« Que faut-il changer ? » : « Il faut tout revoir. Avoir des arbitres professionnels qui respectent tous les mêmes règles à l’abri des pressions pourrait déjà être une bonne mesure. Il faut bien évidemment faire de la prévention dans les écoles de rugby ; pourquoi pas aussi créer des catégories de poids comme au judo ou limiter le poids des joueurs ; limiter également le nombre de remplacements,… »
Tiens !... Je parlais justement dans l’article suivant de la formation des All Blacks qui ont des catégories de poids comme au judo.

Le point de vue du Président de la Fédération.
Pendant ce temps notre Président de la Fédération signait un contrat avec un sponsor pour le maillot de l'équipe de France : l'argent d'abord ! Par ce contrat la FFR a entériné l'attribution du partenariat maillot de l'équipe de France au groupe Altrad malgré l’avis défavorable donné par le comité fédéral d'éthique. C’est une habitude de ce Président qui joue déjà avec « le droit à l’erreur » (voir autre article). Des relations douteuses. Des pratiques, dirais-je, limites. Un sélectionneur, Guy Novès, qui apprend sa future éviction par la presse. Puis qui se retrouve menacé de licenciement pour «faute grave», mais n'est convoqué à aucun entretien préalable. Application peut-être du nouveau Code du Travail. Des entraîneurs adjoints, Yannick Bru et Jeff Dubois, placés dans la même situation, eux sans avoir reçu le moindre coup de fil d'explication avant l'officialisation de leur remplacement. Et après avoir exposé le nouveau sponsoring à la presse, à la fin, une déclaration pour le moins « maladroite », sur le coma d’Ezeala : « Les images sont bien entendu choquantes et cet incident est malheureux… ».

Il n’y a pas que les images qui sont choquantes. Mais c’est devenu une habitude…

News, sans fake, des Etats-Unis et d’ailleurs.



Enseignement et formation
Pour Kent Harrington / ancien analyste de la CIA le 19 nov 2017, dans Les Echos, sous le titre : Trump, les « fakes news » et l'inculture des Américains.
…Le succès de la campagne russe de « fake news » pendant la présidentielle américaine n'aurait jamais été possible si les électeurs américains étaient plus instruits…
Un dépêche de Washington (AFP) le 27 nov 2017 :
Piégés par des diplômes sans valeur distribués par des Ecoles privées, des milliers d'Américains veulent effacer leur dette.  …Selon Clare McCann, spécialiste de l'enseignement supérieur au centre de réflexion New America, ces groupes privés "cherchent à augmenter leur marge bénéficiaire" alors que "beaucoup sont financés à près de 90% par des prêts fédéraux" qui paient les frais de scolarité des étudiants...

Espérance de vie.
Le 22 nov 2017 dans Les Echos ce titre :
L'inquiétante augmentation de la mortalité aux Etats-Unis.
Depuis le tournant du millénaire, l'espérance de vie baisse…

Économie.
Publié le 04/12/2017  The Washington Post –  titre avec humour sur une réforme de Trump :
Baisser les impôts des riches, la recette pour une nouvelle crise.
Le 14/12/2017 sur Courrier international - Paris

Les inégalités en hausse sur toute la planète.


Transports.
Le 19 dec 2017 aux Etats-Unis : Trois morts dans un accident de train spectaculaire aux Etats-Unis.
Trois personnes sont mortes et une centaine d’autres ont été blessées lundi dans l’accident spectaculaire d’un train de passagers qui a terminé sa course sur une portion d’autoroute dans le nord-ouest des Etats-Unis. Sur Twitter, le président américain Donald Trump a évoqué l’accident qui montre selon lui la nécessité pour le Congrès d’approuver un plan national de modernisation des infrastructures. «Nos routes, nos ponts, nos tunnels, nos chemins de fer (et d’autres) tombent en ruine! Plus pour longtemps !», a-t-il écrit.

Le 27/12/2017. Noël pour les riches : 1.000 milliards de plus pour les milliardaires du monde.
Ce n'est pas le titre d'un film d'Henri Verneuil, mais l'augmentation, en un an, de la fortune des 500 personnalités les plus riches du monde, selon le classement établi par Bloomberg. C'est quatre fois plus que ce qu'ils avaient gagné. L'envolée des Bourses mondiales en 2017 - l'indice MSCI World a bondi de 20 % - a en effet fortement accru le patrimoine des actionnaires des plus grandes entreprises du monde.

Pauvrophobie.



Le jour de Noël des associations dont Droit au Logement (DAL) ont manifestées sous les fenêtres du ministère du Logement à Paris pour rappeler au président de la République sa promesse faite cet été qu'il n'y aurait « d'ici la fin de l'année (...) plus personne dans les rues ». Tout le monde sait que les promesses rendent les fous joyeux. Il est à craindre que ce assistions à une épidémie.
C’est aussi le moment où TV France, à travers une série de reportages, se pose des questions sur la …pauvrophobie. Une émission de France Inter évoque le sujet : « Comment expliquer le rejet, le mépris dont font l’objet les pauvres, c’est notre thème ce matin ? Qu’est-ce que la pauvrophobie, ce néologisme qui désigne les discriminations en raison de la précarité sociale ? Pourquoi le rejet des pauvres s’exprime-t-il de plus en plus ouvertement ? Pourquoi les pauvres sont-ils considérés comme responsables et coupables de leur situation ? Pourquoi manque-t-on d’empathie pour les plus fragiles dans notre société ? Comment changer le regard sur la pauvreté ». Vaste sujet et pourtant le sujet qui divise les Américains s’est bel et bien installé chez nous. Ce jour là : Alexandre Amiel, journaliste et producteur,qui a produit la série des trois documentaires diffusés sur Planète +, « Pourquoi nous détestent-ils ? », Michel Pouzol, ancien député, réalisateur avec Sarah Carpentier du volet dédié à la « pauvrophobie », Serge Paugam sociologue, directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’EHESS, qui a écrit « Ce que les riches pensent des pauvres » ed.Seuil, Mady Denantes médecin généraliste à la Maison de santé des Pyrénées-Belleville, Paris XXe  ont débattu du sujet.
Discussion fort intéressante, qui aidera certains à prendre conscience du bouleversement opéré par le remplacement de la solidarité nationale au profit de la charité individuelle. L’équation qu’on nous propose est : Solidarité -> assistanat -> donc profiteurs. Cela devrait être résolu par la charité, thème prisé par les religions. Mais comme dit Joan Sfar : « les religions parlent générosité mais ne la pratiquent pas ». En plus de la honte de ne pas travailler, que la pauvrophobie banalise, les pauvres ont 7 ans de moins en moyenne d’espérance de vie. J’avais déjà le 13 juillet 2015 publié un article sur Le grand scandale des inégalités de santé en région parisienne.
Combattre la pauvreté : « autrefois » solidarité nationale. Pour éradiquer aujourd’hui la pauvreté peut-être faudrait-il demander aux pauvres de revenir à la mendicité pour bénéficier de la charité !

Immigration et humanité.



Depuis le début de l'année 2017, près de 1 500 réfugiés sont arrivés dans le Briançonnais en provenance d’Italie, en passant par les cols aux alentours. Plus de la moitié sont des jeunes, mineurs. Décembre 2017 malgré la neige et leur méconnaissance du terrain, des jeunes, mineurs étrangers, sont abandonnés de nuit dans la montagne par la gendarmerie. France Culture fait un reportage glaçant sur ce refoulement vers l’Italie. Et, dans les terres, les centres de rétention administrative se referment chaque soir sur de nouveaux prisonniers, de plus en plus souvent des familles, comme dans celui du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), où un homme, marié avec une femme ayant obtenu le statut de réfugiée et père d’une petite fille, a entamé une grève de la faim et de la soif début décembre. Ce ne sont là que les actions les plus voyantes. En France, aujourd’hui, les traitements infligés aux immigrés, s’ils étaient infligés à des animaux seraient passibles des tribunaux.
Au fil des jours, la « ligne Macron » devient plus nette et dessine une politique migratoire d’une rudesse sans précédent. Vendredi 15 décembre, en fin de journée, une réunion interministérielle sur le projet de loi immigration, qui arrivera en discussion au printemps 2018, a révélé que les tenants de la ligne dure avaient la main. La même philosophie prévalant déjà sur le terrain et dans les textes ministériels.
A Calais (Pas-de-Calais), alors que la ville grelotte, les couvertures des 700 exilés sont jetées au gré des opérations policières, les abris détruits. A Paris, les petites toiles de tente des plus chanceux des 800 migrants vivant dans les rues ont été lacérées cette semaine. Dans ces deux départements, la consigne donnée aux forces de l’ordre d’éviter la reconstitution de campements efface toute autre considération.
Outre cette dissuasion policière, les dernières semaines ont été marquées par la publication de circulaires signant une volonté d’expulser massivement. Dans un texte daté du 20 novembre, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb(1), a demandé à chaque préfet de multiplier les renvois et d’élaborer un plan de bataille départemental. Celui-ci, en bon calotin (faites ce que je dis, pas ce que je fais), se distingue dans son boulot. Pour la première fois, le ministère de l’intérieur met un pied dans l’hébergement d’urgence géré par les affaires sociales.
Les déboutés du droit d’asile, mais aussi des « dublinés », ces demandeurs qui ont laissé trace de leur passage dans un autre pays d’Europe avant d’arriver en France, sont dans la ligne de mire du ministère.
Glissement vers l’option sécuritaire : Le Pen en rêvait Jupiter l’a fait !

(1)  Gérard Collomb, celui qui en janvier 2017 vivait "un cauchemar" avec moins de 5000 euros par mois. Sous le coup d'une nouvelle règle instaurée par le Sénat, le salaire du maire de Lyon avait été revu à la baisse, et le principal intéressé ne s'en remettait pas. Rapidement recyclé chez Macron, Gérard Collomb, ministre de l’intérieur, expliquait, confortablement installé dans les studios parisiens de BFM TV le 8 octobre 2017 : « 180 km [pour aller travailler tous les jours], ce n’est pas un problème… Moi, je viens de Lyon, j’ai pas de problème pour venir chez vous. ». En pur français dans le texte.

C’est dans l’UE et … pas ailleurs.



C’est le 16 octobre dans l’après-midi que la journaliste Daphne Caruana Galizia a été tuée dans l’explosion d’une voiture piégée à Bidnija, à Malte. Âgée de 53 ans, elle avait notamment mené l’enquête sur des affaires de corruption dans l’archipel, dans le cadre des Panama Papers. « Ses écrits étaient une épine dans le pied de l’establishment ainsi que de la pègre qui ont une emprise sur Malte, le plus petit État membre de l’UE », rappelle The Guardian.
« L’assassinat de la journaliste Daphne Caruana Galizia est l’apogée de toute une série de dysfonctionnements dont souffre l’archipel », fustige un journaliste de La Valette, « pour Malte, l’assassinat de Daphne est l’équivalent du 11 Septembre : il a tout changé. Jamais nous n’aurions pu croire que Malte le pittoresque soit un jour le théâtre de ce qui se produit d’ordinaire dans des pays tels que la Russie. Un récit encore accentué par la nature même de son assassinat. Elle aurait pu être tuée de façon moins spectaculaire, par balle. Le recours à une voiture piégée confère à l’acte les atours d’une tragédie politique, sous le signe du triomphalisme et de l’intransigeance. Un moyen d’annoncer sans détours que quiconque voudra fouiner comme l’a fait Daphne finira pulvérisé. Considérés sous cet angle, les attentats à la voiture piégée ont toujours eu un sens politique énorme ».
L’éditorial du Guardian évoque « l’atmosphère d’impunité et de violence qui pèse sur l’archipel méditerranéen », ajoutant que Malte « se transforme en un État gouverné par le crime organisé, au point de ressembler à ce dernier ». Dans un article du même journal, Malte est décrit comme un « État mafieux ». Quant au Daily Mail, il décrit l’île comme un « État gangster ».
Les médias internationaux dénoncent sans merci l’économie « douteuse » du pays : un secteur du jeu en ligne qui serait infiltré par la mafia, la vente éhontée de passeports qui permet à de sulfureux oligarques de vivre dans l’UE, un système qui favorise l’évasion fiscale. Presque tous les articles et reportages rappellent le rôle essentiel joué par Daphne dans l’enquête sur les Panama Papers à Malte, et soulignent, de manière significative, que les principaux intéressés sont toujours au pouvoir.
Depuis l’assassinat, personne n’a démissionné, et on ne sait même pas ce qu’il va advenir de l’enquête. Une conférence de presse orchestrée par la police a frisé à la farce. Il est scandaleux d’apprendre que les conclusions de l’enquête ne seront peut-être jamais rendues publiques (sauf si quelqu’un finit par être inculpé). Aucune nouvelle initiative n’a été prise afin de lutter contre les abus de pouvoir et la corruption endémique. Aucune nouvelle mesure n’a été annoncée quant à l’assainissement des institutions de l’État de droit (en particulier les tribunaux et la police), afin de les débarrasser de ce qui les ronge en profondeur. Rien non plus sur une éventuelle révision du programme de vente de passeports.
Oui, à croire, vraiment, que le gouvernement n’a pas saisi l’importance politique de l’événement. Comme s’il était paralysé. Ce qui est inquiétant car, dans un État qui manque à ce devoir essentiel qui consiste à assurer la justice sous toutes ses formes (y compris en respectant la dignité et l’égalité), les gangsters finissent par se dire qu’ils peuvent commettre un meurtre en toute impunité.
En France les médias ont été plus discrets sur cet assassinat. Tiens !... Il est vrai que, parait-il, la Commission Européenne lutte contre les paradis fiscaux. La liste noire des paradis fiscaux frise le ridicule.
Je lutte docteur, je lutte…

Les cléricaux au pouvoir !



Emmanuel Macron mardi 20 novembre 2017 twitte : « D'une « petite idée » à un grand mouvement de solidarité. En 32 ans la pauvreté a changé de visage mais la fraternité des Restos est intacte. Ce matin, je suis avec celles et ceux qui font déjà battre le cœur de cette 33ème campagne. » Il a inauguré cette campagne hivernale de distribution des Restos du Coeur en rendant visite aux bénévoles d'un centre de la capitale. « Ce que vous faites au quotidien, donner du temps et du coeur, est essentiel, vous faites vivre une très belle idée » a déclaré le président en remerciant les bénévoles du centre et les partenaires économiques des Restos du Coeur. Les Restos du Coeur ont débuté leur campagne hivernale dans 2.085 centres et antennes à travers le pays, gérés par 71.000 bénévoles. L'association créée par Coluche en 1985 a distribué près de 136 millions de repas l'an dernier. La solidarité nationale ne s’exprime plus qu’au travers de la charité individuelle, et le Président vient remercier les bénévoles individuels de faire le travail à la place de la collectivité. Par ce geste en temps que Président, il approuve la liquidation des services publics.
En France, l’égalité passe par le service public; c’est à la puissance publique d’organiser le service public. Or, à travers la liquidation actuelle des services publics, on voit une volonté de remettre en selle les religions par le biais de l’appel à la charité, la bienfaisance. Cela passe par l’associatif, par les partenariats publics /privés. On peut prendre le cas des ADMR (Aide à Domicile en Milieu Rural) associations reconnues d’utilité publique, dont la gestion des personnels utilise et encourage le bénévolat, la bienfaisance. Ou encore les accueils d’urgence de l’Abbé Pierre (Emmaüs) et leur rapport avec les services publics.
La loi de Séparation des Églises et de l’État de 1905 est l’une des grandes conquêtes du mouvement ouvrier dans la continuité de l’œuvre émancipatrice issue de la grande Révolution française.
La reconnaissance de la liberté de conscience, et plus généralement la laïcité ne sont pas des dogmes, mais une forme d’organisation de la société qui permet à chacun de vivre selon ses pensées. Le combat laïque, c’est aussi le combat autour de la défense du service public, contre sa privatisation croissante au nom du principe de subsidiarité de l’Eglise catholique (« Il ne faut jamais confier à des organismes supérieurs ce que l’on peut confier à des organismes de rangs inférieurs »), à l’heure où l’on constate que c’est la finance pour les riches et la charité pour les pauvres.
Ce qui caractérise la Révolution Française, la République, c’est que pour assurer l’égalité des citoyens devant la loi, on a créé les services publics. Ce qui caractérise l’Ancien-Régime et le principe de subsidiarité, c’est que pour refuser l’égalité des citoyens devant la loi, pour donner et confier à des organismes de rangs inférieurs, on privatise et on détruit le service public.
Esprit républicain et solidaire où es-tu ? 
Bafoué par un président copiant le pape. Pourquoi pas, bientôt, des prières pour les pauvres !