jeudi 10 décembre 2015

Retour sur la coupe du monde de rugby



Le modèle tournoi sur un match ne récompense pas toujours l’équipe au plus beau jeu loin s’en faut. Pourtant dans une société où les vertus éducatives seraient reines, ce serait un progrès énorme. Cette année toutefois l’avance des Blacks, que l’on donne pour morts après chaque coupe du monde, à cause du pillage des « champions » par les financiers européens, a été récompensé d’un titre sans conteste qui devrait servir d’exemple au monde, s’il était dirigé par des gens « intelligents ».

Revenons à l’ouverture de cette coupe et relevons des déclarations françaises :
« Avec trois mois de préparation, on va enfin pouvoir rivaliser avec les meilleurs »
« Les Bleus sont la bête noire des Blacks en Coupe du monde »
« Le top 14 est le meilleur championnat du monde »
Saint-André : « Je suis convaincu que la France peut remporter le titre »
Un malin : « Les Français sont tellement imprévisibles, il faut s’attendre à tout »

Après la déculottée contre ces blacks que nous allions déballoner :
Saint-André: « On n'est pas plus cons que les autres » «  Je laisse les intellectuels analyser »"
Laporte : « On s’est vus trop beaux »  (Ca arrive trop souvent)
Pascal Papé : « Je m’en veux surtout à moi de finir ma carrière en bleu sur 60 points, ça me fait chier. Moi, j’ai simplement envie d’envoyer une alerte, les joueurs ne sont pas assez écoutés, ça fait un moment qu’on se bat, qu’on dit qu’on a beaucoup trop de matches. Le rugby, il évolue dans tous les autres pays, on voit les que toutes les équipes nationales évoluent, sauf nous. Donc il faut se poser les questions. C’est sûr qu’on a un championnat attractif avec beaucoup de beaux joueurs, beaucoup de stars, sauf qu’aujourd’hui on est quand même enfermés dans un certain système. L’Angleterre, la Ligue Celte, c’est pas pareil, il y a plus de jeu. Nous, on est toujours dans les guerres de tranchée, et c’est compliqué. Je tenais à la dire car ça me fait chier depuis cinq ans. »
Jean-Claude Skréla (ancien DTN): Disons qu'il faudra que la DTN soit encore plus performante dans la détection des potentiels. Après, dans l'accompagnement jusqu'à 20 ans, on est pas mal. Je pense qu'il faudrait aussi faire un travail spécifique dans les écoles de rugby, autour du développement de la prise d'initiatives. C'est un changement auquel je ne suis pas parvenu moi. Aujourd'hui, le rugby est beaucoup plus entraîné qu'enseigné, c'est à dire qu'on répète des combinaisons, des actions de jeu et on ne laisse pas le joueur choisir d'avancer, de soutenir, etc. C'est toujours sous la responsabilité de l'entraîneur, sans autonomie. C'est à 17-18 ans que cette capacité à voir et agir en même temps se développe. Et si l'on ne joue pas à ce moment-là au plus haut niveau, c'est ensuite trop tard ».
Le président de la FFR a également déploré que le Top 14 ou la Pro D2 n'accordent pas plus d'espace aux jeunes espoirs, cantonnés aux postes de réservistes. « Depuis 6 ans, on essaye de tout réformer, les tranches d'âge, les formations », a-t-il relevé. « Mais les gamins ne jouent pas (en Top 14 ou Pro D2, ndlr)! Ils ne jouent jamais. Or, la meilleure des formations, c'est le jeu ».
Ah tiens !... Je croyais qu’il y avait des règles, notamment JIFF, mais je constate que les clubs « riches » ne les appliquent pas. Pourquoi ?

Regardons le champion :
Si la Nouvelle-Zélande n'a pas connu d'apartheid comme l'Afrique du Sud, l'une des raisons qui explique l'engouement pour le rugby est justement liée dans l'histoire du pays à son aspect rassembleur, dans une société multi-ethnique où les Maoris représentent 15% de la population. Depuis la première Coupe du monde de rugby, ce sport est ainsi « le lieu d’expression de la fierté maorie, particulièrement par la revitalisation du haka comme symbole fondamental des Blacks », relève un journal néo zélandais.
« Que vous soyez Fidjien, Maori, Samoan, Tongien ou Européen, nous sommes tous de Nouvelle-Zélande et la terre sur laquelle nous nous dressons est la nôtre », soulignait le capitaine des All Blacks Mac Caw. « Si la plus grande partie de l’aura qui entoure les All Blacks provient de réminiscences nostalgiques et de l’imagination d’un passé victorieux, la combinaison d’un usage astucieux de cette imagerie et des souvenirs a permis de présenter les joueurs à une nouvelle génération et à une audience plus large comme les représentants de l’identité néo-zélandaise, insiste John Nauright, qui parle de mélange particulièrement habile qui [...] voit la culture ethnique primitive s’allier à la mystique du maillot ».
Cette place à part explique la popularité sans faille du rugby dans le pays. Rien que pour le rugby à XV on compte pas moins de 600 clubs et, selon les données de 2013, plus de 160.000 licenciés. Un chiffre à mettre en perspective avec celui de 454.000 licenciés en France.
Proportionnellement, c'est comme si plus de 2,6 millions de personnes pratiquaient le rugby en club dans l'Hexagone, ce qui en ferait le sport le plus populaire devant le football. Chaque week-end se jouent 3500 matchs rien qu'en Nouvelle-Zélande, sans compter que le rugby est aussi pratiqué dans les collèges et lycées.
La Nouvelle-Zélande se distingue par sa formation ainsi que le « sérieux bagage technique » exigé pour devenir rugbyman dans ce pays, et ce dès le plus jeune âge. Au programme, un gros travail sur les « skills », à savoir les fondamentaux tels que les passes, le jeu au pied ou les contacts, ces gestes techniques individuels à maîtriser absolument pour pouvoir ensuite jouer en équipe.
Autre particularité, des catégories de poids à l'intérieur des catégories d'âge. Un système « unique au monde » mis en place pour ne pas dissuader les jeunes joueurs d'origine européenne face à leurs homologues polynésiens, dont la maturité physique arrive plus tôt. « Cela explique également pourquoi les Néo-Zélandais ont toujours été obligés de travailler leur technique individuelle et les un-contre-un pour espérer faire la différence » résume Ian Borthwick, grand reporter à L'Equipe.
Résultat, la Nouvelle-Zélande présente l'un des jeux les plus techniques et complets et est à l'origine de certaines évolutions du rugby moderne (comme celle du poste de 2e ligne) et dispose d'un vivier lui permettant d'aligner les meilleurs joueurs du monde génération après génération. Les Colin Meads, John Kirwan et Jonah Lomu ont fait place aux Richie McCaw, Kieran Read et Dan Carter d'aujourd'hui, qui eux-mêmes vont laisser place aux Nehe Milner-Skudder, Brodie Retallick et Julian Savea. La relève est assurée et la fédération (NZRU) y tient.
Accusée de « piller » les îles Samoa ou Fidji, la Nouvelle-Zélande dispose de plus de moyens pour dissuader ses propres jeunes de partir. De plus, les joueurs doivent être sous contrat avec la Fédération (donc jouer au pays) pour être internationaux, ce qui permet à la Nouvelle-Zélande d'avoir des clubs très compétitifs avec une forte émulation. La plupart de ceux qui rejoignent l'Europe, comme Carter et Nonu après le Mondial, cherchent surtout une retraite dorée.

Imanol Harinordoqui remarque « Moi, je ne considère pas que le problème soit physique. C’est surtout un décalage de technique et cela commence très jeune, dès la formation. Les Blacks ne courent pas plus vite, ne sont pas plus puissants : c’est d’abord dans les attitudes et techniquement qu’ils font la différence. »

Tout est là. En attendant les blacks nous enchanterons au long de l’année, car le rugby néo zélandais est bâti sur de bonnes bases.

A bientôt.

23 millions d’électeurs ne sont pas allés voter !


50 % 

des électeurs n'ont pas voté, La question n'est-elle pas là ?
La liste FN avec 7,66 % des inscrits (la seule à ne pas perdre de voix) est en tête, où est la démocratie ?

lundi 7 décembre 2015

Manger serait dangereux. Anxiogène, toujours…



Le tabac est l'une des causes les plus importantes de décès dans le monde ; 1 mort toutes les 6 secondes et environ 6 millions par an. Pourtant l’actualité est différente. L’OMS joue-t-elle un jeu dangereux ? On a pu le constater en Afrique en conseillant le diagnostic du FMI : privatiser les services de santé. On a vu le résultat, la débandade dans la propagation d’Ebola ! Quand les Etats-Unis ont tremblé, le problème a été résolu.

Il y a quelques jours, l’OMS, se référant à diverses études, décrétait que manger de la viande rouge et de la charcuterie représentait un danger pour la santé, pouvant provoquer jusqu'à cinquante mille décès par an sur toute la planète. Pour la viande rouge le diagnostic est simplement « probable ». Pour les précisions scientifiques difficile de savoir quelle était la cause mondiale ou régionale de ce danger.
Quelques jours plus tard, une autre étude jugeait que manger du fromage était dangereux car il contient de la caséine, une protéine qui se transforme en caso-morphine lors de la digestion. Bref, le fromage serait une drogue et la charcuterie et la viande rouge des dangers mortels.
Il y a une vingtaine d'années, l'excès de pain qui était déclaré dangereux puis, il y a dix ans, le pain redevenait nécessaire à l'alimentation.
On a dit à un moment qu'il fallait manger trois yaourts par jour, puis on a dit que le lait était dangereux, et ainsi de suite… L’OMS serait elle sensible au lobbying et aux études produites par des « experts » des campagnes d'opinion au gré des besoins des trusts de l'agro-alimentaire ? La question peut aussi se poser.
Ainsi, manger comporterait des risques pour la santé.

Dans ce contexte, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a publié son rapport annuel. 800 millions de personnes dans le monde souffraient de faim chronique durant la période 2012-2014, soit un humain sur neuf. Des millions d'êtres humains meurent chaque année de famine. En 2013, 3,1 millions d'enfants de moins de cinq ans sont morts de faim. Sur un an, toutes les six secondes, un enfant meurt de faim, alors qu’une minorité se gave.

Telle est la réalité du système capitaliste, qui voit, d'un côté, une petite minorité capitaliste s'enrichir sans limite, alors que de l'autre côté, une écrasante majorité est confrontée à l'exploitation et à l'oppression. Et de ce système, il découle que nous soyons traités comme des moutons et mécaniquement que la faim sévisse dans le monde, ici, en France aussi, faisant des millions de morts.

La dérive financière, inéluctable, de ce système met en péril l’organisation de l’humanité.

A bientôt

« Vous êtes en train de créer un véritable Frankenstein » (partie 3)



Un peu de retour en arrière, d’Histoire, ne fait jamais de mal pour expliquer les évènements du moment … et aider à les résoudre. Car l’Histoire montre que, malgré des balbutiements, il est toujours possible de progresser, sinon nous serions encore des Homo sapiens. Pour ce troisième volet je vous livre un résumé.

« Vous êtes en train de créer un véritable Frankenstein »
L’« Opération Cyclone » fut une des plus longues et coûteuses opérations de la CIA. De 20 à 30 millions $ par an au début des années 80 pour culminer à 630 millions $ en 1987. Lancée par Brzezinski sous la présidence Carter, elle devint un projet central sous la présidence Reagan et continua jusqu'en 1992. Ainsi, pendant de longues années, Washington a financé des groupes terroristes. Dans quel but ? Renverser le gouvernement socialiste Taraki venu au pouvoir en Afghanistan. Pourtant, il fait du bon boulot : un Etat laïc est instauré, rompant avec le féodalisme et l'intolérance religieuse ; les femmes acquièrent l'égalité des droits, les mariages d'enfants et les dots féodales sont supprimés, les syndicats sont légalisés, on construit des routes, des centaines d'écoles et des hôpitaux. Le gouvernement lance un programme d'alphabétisation et aide les petits paysans. C'est insupportable pour Washington car l'Afghanistan est soutenu par l'Union soviétique, repoussés pourtant par ces mêmes afghans. Problème : sortant d'une défaite honteuse au Vietnam (1961-1975), les Etats-Unis ne peuvent plus se permettre d'entrer eux-mêmes en guerre de façon ouverte. Alors, ils s'associent à l'Arabie saoudite et au Pakistan pour armer, entraîner et financer des terroristes : les moudjahidins. Trente-cinq mille combattants venus individuellement de quarante pays différents sont entraînés dans des camps de la CIA et du MI6 britannique au Pakistan. Parmi eux, un certain ben Laden joue un rôle de plus en plus important. C'est donc Washington et Riyad qui ont permis à ceux ce qu'on appellera plus tard, d'un nom impropre, « les islamistes » de devenir une force politique et militaire importante.

A l'époque, les moudjahidins afghans sont appelés « combattants de la liberté » par les Etats-Unis et les médias.
Curieuse conception de la liberté et des droits de l'homme. Une de leurs méthodes favorites est de torturer leurs victimes, de leur couper le nez et les oreilles, ainsi que les parties génitales, et ensuite d'enlever de fines couches de peau, l'une après l'autre pour provoquer une mort très lente. Malgré des rapports très documentés sur ces atrocités, le président US Ronald Reagan invita un de ces groupes à la Maison-Blanche en 1985 et les présenta ainsi aux médias : « Ces gentlemen sont les équivalents moraux des pères fondateurs de l'Amérique ». Du moment qu'ils étaient anticommunistes, Washington se fichait de savoir ce qu'ils faisaient sur le terrain.

D'ailleurs, à la même époque, les Etats-Unis utilisaient des terroristes et des escadrons de la mort aussi en
Amérique latine, notamment au Salvador.
Washington a utilisé, plus ou moins discrètement, les mêmes terroristes comme armée de substitution pour renverser ou tenter de renverser des gouvernements qui lui déplaisaient : Yougoslavie, Tchétchénie, Libye, Syrie et d'autres encore.
Pourtant, en 1989, la première ministre du Pakistan, Benazir Bhutto, avait mis en garde George H.W. Bush (ex-directeur de la CIA) qui venait de succéder à Ronald Reagan : « Les extrémistes qui ont tant été encouragés par les Etats-Unis sont en train d'exporter leur terrorisme dans d'autres parties du monde. Vous êtes en train de créer un véritable Frankenstein. » En 2007, Bhutto sera assassinée par Al-Qaïda qui revendiquera l'opération.

Le 11 septembre n'est donc pas tombé du ciel, c'est un enfant, non reconnu, de la CIA. Malgré cette catastrophe, les Etats-Unis ne renoncèrent pas à utiliser des terroristes, qu'ils envoyèrent en Syrie pour renverser Bachar. Avec des retombées un peu partout qu'on découvre à présent. Cette « Opération Cyclone » vient de frapper à Paris. Elle a déjà frappé Bruxelles, à Londres, à Madrid. Et demain ?

Aujourd'hui, à la télévision on ne dit pas que Frankenstein a été créé par l'Occident. Et peu importe si, en ne s'attaquant pas aux causes profondes, on va permettre au terrorisme de frapper encore.

A bientôt.
 Notes : suivant un article documenté de Michel Collon, Investig'Action.

Réfugiés de première et de deuxième catégorie. (partie 2)



Ceux qui arrivent à Ceuta et Melilla, enclaves espagnoles situées à la pointe nord du Maroc,  ont eux aussi besoin de la solidarité de tous, estime La Voz de Almería. Evidemment ce n’est pas en France que les médias rapporteront, en titre, ce genre de propos. Pourtant les allemands vont plus loin. Le Frankfurter
Allgemeine Zeitung rapporte qu’Angela Merkel a été largement applaudies pour ses déclarations [lors de sa conférence de presse du 31 août] sur la question des réfugiés qui avaient des allures de discours à un peuple inquiet : éloge des vertus allemandes, mémoire des difficultés surmontées en commun, appel à un effort national. Un pays fort comme l’Allemagne, assurait la chancelière à ses citoyens, surmontera aussi le problème des vagues de migrants que l’on voit aujourd’hui déferler. Même discours chez le Président de RFA, Gauck et peu d’opposition, lorsqu’il exhorte « encore plus d’Allemands à se défaire de l’idée d’une nation homogène, quasi à cent pour cent de langue maternelle allemande, majoritairement chrétienne et de peau claire ». Il est temps, affirme Gauck, de “redéfinir la nation comme communauté de la diversité, liée par une base commune de valeurs”. Les discours français sont bien différents. Pays des droits de l’homme, pourtant ! mais pays faible selon les critères d’Angela.

Réfugiés de première et de deuxième catégorie.
La guerre en Syrie dure malheureusement depuis plus de quatre ans et le flot de citoyens qui tentent de fuir à l’étranger ne tarit pas. Loin d’être pour eux un doux rêve, l’émigration est une question de survie. Ici, à seulement 180  kilomètres de nous, se dresse aussi une clôture, une frontière, que tentent de franchir des migrants de différentes nationalités fuyant la guerre, la répression, la faim, en quête d’un horizon, de n’importe quoi qui leur permette, même pas de bien vivre, mais simplement de vivre. Des êtres humains qui entrent [en Espagne] comme ils peuvent, quand ils le peuvent, et qui avant de passer la frontière, parfois après l’avoir passée, vivent mal dans des campements sans eau ni électricité, avec tout juste de quoi se nourrir. Beaucoup perdent la vie sur les barbelés, d’autres en mer, où ils sont tant à avoir fait naufrage, femmes et enfants compris.
En septembre, 48 migrants ont été sauvés alors qu’ils se trouvaient sur une embarcation de fortune à 2 kilomètres au sud de l’îlot d’Alborán, parmi lesquels 7 femmes et 2 bébés. Quelques jours plus tard, la Guardia Civil accueillait 44 migrants subsahariens sur un canot non loin de la même île : 31 hommes,
11 femmes et 3 bébés. Dix jours après, ce sont 31  personnes originaires de la même région qui ont été interceptées à 30 milles nautiques du même confetti de terre espagnole. Sur la nationalité exacte de ces migrants, nous n’en savons pas plus.
Devant les images d’enfants morts sur des plages de Turquie, de familles qui passent la frontière entre la Serbie et la Hongrie en suivant les voies de chemin de fer, de ceux qui traversent les Balkans pour atteindre le nord de l’Europe en faisant fi des barrières et des barbelés, notre solidarité se réveille, notre cœur s’ouvre, des familles proposent d’accueillir ces malheureux. Des manifestations de soutien s’organisent, des messages apparaissent sur de grands édifices, et il faut naturellement se réjouir de cet élan et du changement d’attitude des gouvernements.
Il faut s’en réjouir parce que ces images et ces destins nous bouleversent tous. Mais au-delà de ce changement d’attitude, les gouvernements ne parviennent pas à prendre des décisions, à agir, à mettre en place des solutions. Quelle est la différence entre les réfugiés syriens et ceux qui viennent d’autres pays ?
Entre ceux qui fuient la guerre et ceux qui fuient la faim et la misère ? Ceux qui s’entassent dans des camps à la frontière hongroise et ceux qui font de même dans nos provinces ?
On dirait qu’il y a des migrants de première et de deuxième catégorie, des migrants qui éveillent plus de compassion que d’autres. Les Syriens reçoivent l’aide de milliers de personnes, la sympathie à leur égard se manifeste par des rassemblements, des manifestations, des collectes financières et alimentaires ; les portes des maisons européennes leur sont ouvertes, et les supporters des matchs de foot manifestent leur soutien. Tandis que d’autres, des femmes, des enfants, des bébés venus d’autres pays, doivent survivre avec beaucoup moins. Quelle est la différence ? Qui manipule qui ? Responsables et gouvernements doivent chercher des solutions.
La solidarité doit s’exercer à l’égard de tous ceux qui fuient et qui souffrent, à Ceuta et Melilla comme à la frontière hongroise.

—Ginés Jesús Parra Córdoba dans La Voz de Almería Publié le 6 octobre

A bientôt.

« Un projet idiot et dangereux » (partie 1)



Donner un avis pur français  sur la situation actuelle me parait bien étroit pour  pouvoir raisonner sur des problèmes largement mondiaux. Je vais citer trois articles de différents pays qui donneront une autre dimension tout en étant totalement rattachés à nos problèmes.
Le premier, en Inde comme nombre d’autres grands intellectuels indiens, Shiv Visvanathan compare l’action du BJP au pouvoir aux fléaux nazi et stalinien. Toute ressemblance avec un parti français très prisé selon les sondages est absolument normale, les nationalismes sont toujours « fascisants ».

« Un projet idiot et dangereux »
Le BJP au pouvoir est un parti innovant et proactif. Du moins quand il s’agit de mettre en œuvre ses idées. La Bosnie et le Rwanda nous ont donné le nettoyage ethnique ; le parti indien au pouvoir, lui, a inventé un grand projet de nettoyage culturel.
Pour ces nettoyeurs en chef, la politique à suivre va de soi. Ils partent du principe qu’il existe un consensus autour de l’idée que la culture doit être nettoyée. Qu’il s’agisse de culture, d’environnement, d’urbanisme ou de sexualité, le BJP entend tout marquer de son empreinte.
Son but est d’effacer tout ce qu’il y a d’étranger, de détruire l’histoire qu’il considère comme fausse ou trompeuse. Nationaliste jusqu’à l’obsession, le BJP souhaite faire courber l’échine à tout ce qu’il juge allogène. Le nettoyage culturel équivaut à envisager l’exercice du pouvoir comme un grand nettoyage de printemps consistant à faire changer ce que la doxa officielle considère comme étranger, comme allogène, comme impur. A une violence et à une intolérance dignes des Chemises brunes, ce projet ajoute le zèle du commissaire culturel et l’ardeur du boy-scout.
Lorsque le BJP est arrivé au pouvoir [en mai 2014], ce programme de purge est d’abord apparu comme une rumeur, au travers des mises en garde de Sakshi Maharaj [un influent leader religieux et politique, membre du BJP].
On a préféré penser qu’elle était l’expression des franges marginales du parti, que ces menaces n’étaient qu’agitation. Aujourd’hui, on prend conscience qu’il s’agit au contraire d’un projet systématique, d’une authentique fumigation de la culture et de la politique, deux champs que le parti au pouvoir considère comme ses écuries d’Augias.
Cela est particulièrement tangible dans les propos de Mahesh Sharma, le ministre de la Culture. Comme
Goebbels, qui déclarait “quand j’entends le mot ‘culture’, je sors mon revolver”, notre ministre, lui, cherche un balai, voire un vaccin pour immuniser l’Inde contre les influences étrangères. Les intentions du gouvernement sont claires comme de l’eau de roche, a-t-il assuré récemment : il s’agit d’“expurger l’ensemble du discours public de toute trace d’occidentalisation et de restaurer la culture et la civilisation indiennes partout où elles doivent l’être”. Sa lettre d’intentions couvrait l’histoire, l’éducation, en somme tous les domaines et toutes les institutions.
Derrière ce jargon policé se cachent trois affirmations.
Premièrement qu’une culture n’est pas authentique si elle porte en elle des germes étrangers ou allogènes.
Deuxièmement que la culture peut être immunisée contre ces germes grâce à des actes de purification. Troisièmement, que la culture est avant tout officielle et donc qu’elle peut être officiellement décontaminée.
Mais comment distinguer ce qui est indien de ce qui ne l’est pas ? L’idée même de l’hindouisme n’a rien d’indien : ce sont les Britanniques qui ont créé ce concept unitaire. Des milliers de nos jeunes veulent apprendre l’anglais. Va-t-on le leur interdire au prétexte que c’est une langue étrangère ? L’élite du BJP pourrait peut-être commencer par envoyer ses enfants dans les écoles où sont enseignées les langues régionales.
Un tel projet d’hygiène culturelle n’a aucun sens. Rejeter et censurer des idées ne marchera jamais, car les idées ont un sens de l’hospitalité que les idéologues ne peuvent comprendre. Ce projet est idiot et ses effets sont dangereux. Il est l’expression naïve d’un complexe d’infériorité dissimulé derrière un projet officiel. Il révèle la bêtise d’un Etat qui, dans son besoin de standardisation et d’uniformisation, détruit une diversité pourtant constitutive de l’Inde. Et cette conception stalinienne ou fasciste a pour unique visée de réécrire notre histoire. Nous avons absorbé les idées de Francis Bacon, de James Mill et de John Locke, les œuvres de Shakespeare et la Magna Carta ; détruire un tel héritage ne sera pas facile et le BJP risque de s’y briser les dents.
La culture n’est pas un monument qu’on peut démolir. Paradoxalement, cette volonté du BJP d’exorciser notre pays en chassant les démons occidentaux est sans doute le plus grand hommage rendu à l’influence de l’Occident en Inde. Comme un ultime pied de nez du colonialisme.
Le projet de Sharma est le symptôme d’une culture en déclin, malade et inféconde. Le reflet du rapport pathologique que le pays entretient avec lui-même. Or le savoir, la culture et la démocratie sont par essence pluriels. Toute dictature finit par le comprendre. Mais en attendant, le prix d’un tel aveuglement peut être très élevé. La destruction programmée par le BJP de la culture anglaise ou étrangère est sans doute un acte de vandalisme encore plus terrible que la destruction des grands bouddhas en Afghanistan
[en mars 2001, par les talibans]. Le mot “ culture” est une bombe entre les mains du BJP. Et ce nettoyage culturel peut s’avérer tout aussi dangereux pour notre peuple et notre démocratie qu’un nettoyage ethnique.
—Shiv Visvanathan—The Economic Times(extraits) New Delhi- Publié le 20 septembre

A bientôt.

mercredi 2 décembre 2015

« Pourquoi une victoire du FN nous inquiète »



 « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète », titre à la Une La Voix du Nord, à six jours du premier tour du scrutin.
« La région a-t-elle vraiment besoin du Front national ? », s'interroge aussi Nord Éclair.
Les deux titres du groupe La Voix du Nord (VDN) publient la même double page.

Mme Le Pen a jugé « profondément scandaleux » cette prise de position. « C'est un tract pour le Parti socialiste », a-t-elle lancé. Elle y a vu « la contrepartie des neuf millions de subventions qu'ils ont touchés du conseil régional socialiste sous cette mandature » (2010-2015).
Selon un communiqué du FN, « la déconnexion de La Voix du Nord -assumant enfin un engagement et un parti pris que nous connaissions déjà- avec son lectorat, est gravissime ».
L'équipe de campagne de Mme Le Pen « prépare un référé devant le TGI de Lille en cas de non-parution » du droit de réponse adressé au journal.

Où est le problème ? Pourquoi un journal n’aurait-il pas le droit de publier son opinion ? Encore une expression de la genèse fascisante du FN. Je me rappelle la prise de pouvoir par un coup d’état de la bande à De Gaulle en 1958 et malgré les 95 % de français le soutenant, le journal du père Baylet, La Dépêche du midi, n’avait pas craint d’exprimer son opinion défavorable. Sommes nous dans un autre régime (mon opinion est déjà faite) où sous prétexte de « pensée unique », consensus mou, seule l’idéologie dominante aurait droit d’opinion, les autres s’en tenant aux « faits divers » politiques. En tout cas le « gravissime » « profondément scandaleux » et la « garde biterroise » de Ménard me glacent de peur  !...

Le ver est installé dans le fruit, on a déjà vécu cela… A l’époque les victimes des vers s’appelaient juifs, roms, homosexuels…

A bientôt.

Le monde comme il va (mal)

J'enrage de voir que le Pays des Lumières, pour toute réponse à la barbarie, flirte avec Poutine dans le retournement scénique d’une série-télé, décrète subitement un nouveau Patriot Act et largue des bombes. Quel manque d’imagination! Le Gros, comme il l'a toujours fait, choisit la facilité et renforce les politiques qui ont fait mijoter pareille situation, et qui correspondent avec exactitude avec les attentes des barbares.

Il feint d'oublier, ce président tombé dans tous les états d’urgence, que les terroristes sont aussi des terreau-ristes, ce qui veut dire qu'ils sont arrivés à ce niveau souterrain de la pensée dans le mou ballottement entre l'inné et l'acquis que nos prétendues valeurs ont projeté à leurs yeux brouillés. Le jihadisme est à la société ce que le cyclone est au dérèglement climatique -on ne bombarde pas le ciel- ; sous peine de nous retrouver prisonniers entre écume wahhabite et charia frontiste, nous ferions bien de mettre à plat -et en relief- ce que sont VRAIMENT nos valeurs et ce qu'on met derrière ce mot -et nos maux-. (Faut-il qu'elles soient vacillantes pour que des jeunes puissent trouver les Barbus sexys !). Il s'agit-là d'un effort plus lourd que les bêlants rassemblements post-traumatiques de l'après-Charlie.

Marquons de l’effroi, mais pas d’étonnement devant le triomphe de l’extrême droite en France, regardée prendre 5% à chaque élection, sans jamais se pencher sur la source du problème: le chômage et la ghettoïsation placés en face des insolentes vitrines du marché. (Faut-il que les valeurs républicaines soient vacillantes pour que les couches populaires et les plus jeunes puissent trouver les fachos sexys!)

Faut-il fermer les yeux sur le fait que le vote FN est historiquement criminel? Faut-il taire que le vote FN constitue un acte terroriste devant la liberté, qui pourrait aussi bien justifier sa minute de silence en mémoire de ses futures victimes? Faut-il ignorer que les désorientés qui posent des bombes dans les urnes peuvent demain trouver, dans une haine décuplée, la force de les faire exploser au grand air? Comment faire comprendre que le mélange détonnant de l’indigence, de l’humiliation et de l’inculture n’est pas spécifiquement d’obédience musulmane?

N’a-t-on d’autre solution que de se défroquer entre deux tours d’élection pour prêter allégeance à tel socialiste qui pratique la politique de l’UMP, lequel pratique la politique du FN (quand le saut ne s’effectue pas directement)?

Ce n’est pas par la bassesse qui sied tant à l’ennemi qu’on le vaincra. La loi du talion appliquée par la France n’offre aucun espoir; il est tout aussi désespérant de voir le premier ministre du pays de Descartes mener sa croisade anti-FN par des vociférations stimulant les passions, copie recto-verso de son ennemi déclaré?

Il faut penser nos plaies.


E.H.

vendredi 4 septembre 2015

Nuances du vocabulaire … toujours.



Sous le même titre, dans ce blog, le 31 juillet vous avez lu :
Les Blancs sont des expats (expatriés), les autres sont des immigrés ! La manière de définir les personnes qui quittent leur pays pour trouver du travail en dit long sur les préjugés, constate un blogueur africain.

Le dictionnaire Larousse nous définit ainsi le préjugé : Jugement sur quelqu'un, quelque chose, formé à l'avance selon certains critères personnels et qui oriente en bien ou en mal les dispositions d'esprit à l'égard de cette personne, de cette chose. Opinion adoptée sans examen, souvent imposée par le milieu, l'éducation : exemple, avoir les préjugés de sa caste.

Le débat sémantique est important car il cache toujours une action médiatique pour inférer sur ce qu’on appelle l’opinion publique.
« Comment faut-il appeler les personnes qui meurent par milliers, avalées, englouties dans les mers de notre monde ? Comment faut-il appeler ceux qui à Calais rêvent de passer en Angleterre, partis de leur pays pour sauver leur peau ? Et ceux qui sont venus pour une vie meilleure tout simplement ? » Ces questions qui paraissent banales sont pourtant rarement posées, alors que le vocabulaire utilisé est porteur d’idéologie, de croyance et de jugements qui alimentent dans la majorité des cas dans nos pays, des sentiments et des opinions dangereuses et la plupart du temps fausses. Les mots comptent : « Réfugiés », « migrants », « clandestins », ou simplement, pour être provocateur, « touristes » ?

La question est pourtant parvenue jusqu’au médiateur de Radio France. En mai, il décrivait le sujet comme « sensible chez de nombreux auditeurs ». Un auditeur remarque : « quand ils sont à nos portes ou sur le territoire de l’Union européenne, ils sont des migrants ou des sans-papiers. Quand ils sont en Turquie parce qu’ils fuient la Syrie, ils sont réfugiés. »

Le choix des mots n’est pas anodin, et il se joue une bataille politique autour de l’emploi de chacun d’entre eux. Tous ne correspondent pas à la même situation juridique (réfugiés/étranger en situation irrégulière, par exemple) et ne projettent pas la même image (migrant/clandestin, par exemple). Il y a donc un sens, une raison, au dérapage de l’un à l’autre. D’autant plus que si on se rappelle la « retirada », l’exil espagnol autour de 1936 : de « clandestins » passant la frontière, ces « migrants » étaient « internés » dans les camps français, pour devenir plus tard des « réfugiés ». Tout cela suivant la politique en vigueur.

Les termes de « clandestins » et de « sans papiers » ne sont utilisés aujourd’hui que par l’extrême droite. Et pourtant nous avons désormais tous en tête des images bouleversantes de familles épuisées, d’enfants dans les bras de leurs parents. Trop banalement. Un communiqué de l’agence des Nations unies soulignait déjà en juin que : « Plus de la moitié de la population réfugiée est composée d’enfants, une proportion tout à fait alarmante. » Ce que dit le glissement de “clandestin” vers “réfugié” ou “exilé”, c’est donc aussi un ressenti, une émotion vive.Un enfant ne peut pas être un “migrant”. Le regard peut aussi changer.

Afghans, Irakiens, Iraniens, Soudanais, Syriens, Kurdes, Érythréens,… : des hommes, des femmes – et des enfants – transitent ainsi par Calais depuis maintenant vingt ans. L’immense majorité d’entre eux fuient la guerre (qu'européens ou américains, ont déclarée ou entretiennent) ou la répression et relèvent d’un besoin de protection internationale. Et nous luttons contre cet « envahissement ».

C’est ainsi que, alors que je rédige (lentement) cet article une photo parait. Aujourd'hui vous la connaissez tous. Et cette photo change toute la perception de ces migrations, confirmant ce que je voulais exprimer : on peut, par la présentation médiatique (émotion, choc,…), modifier et même inverser la position politique de l’opinion publique.

Pas besoin de discussions, le discours de l’extrême droite devient obsolète, je n’ai même plus besoin d’argumenter. Alors pourquoi faut-il attendre si longtemps pour agir. Les hommes restent des hommes, nous ne sommes pas une race supérieure, à enfermer dans des frontières. Mais je reste lucide, le choc de l’image passera vite…

A bientôt.

mercredi 12 août 2015

Raphael CORREA



Premiers pas dans Quito. Rumeur grandissante à l’approche du centre-ville : cela fait déjà plusieurs jours que le peuple bat le pavé. Depuis son accession au pouvoir en 2007, Raphaël Correa jouit pourtant dans la rue d’une solide popularité. Il a fallu que le prix du baril de pétrole descende très bas (–50%) -un coup des ricains?- pour que l’Etat n’ait plus grand-chose à redistribuer.
 
 

Pourtant, dès les premiers mois de son accession au pouvoir, le gouvernement a doté le pays d’un réseau routier tout neuf, et massivement investi dans l’éducation et la santé, avec des résultats probants et visibles : dispensaires gratuits, écoles gratuites (yc matériel scolaire et transport des enfants dans les campagnes). Comme au Venezuela, les médecins cubains sont venus à la rescousse, si sollicités dans les états progressistes qu’ils perdent ici une partie de leur légendaire suprématie. Des petits vieux dans les villes font la queue sur les trottoirs pour percevoir leur revenu minimum, placides et plutôt en bonne forme. On mange à peu prés à sa faim dans les campagnes équatoriennes et jusque dans les villes moyennes. 

 
Il est possible de pénétrer en Equateur sans visa. Des colonies d’Américains trustent quelques pans de territoires en haussant les prix quand l’autochtone fait de même de ses épaules. Les cubains incarnent l’immigration pauvre, massive et mal-acceptée. Car, étonnamment, cette population majoritairement métisse pratique le racisme avec une certaine ferveur. Mais jamais tant que la religion catholique. Le passage du pape en juillet 2015 a en effet déchainé dans toute l’Amérique du Sud une passion qui supplante tout, même le football ; des pèlerins des pays voisins ont fait le voyage, d’autres ont parcouru des centaines de kilomètres à pieds… Et, ma foi, c’est plus difficile de se moquer de l’évènement avec cet homme surprenant, dont on peut se demander, à la mesure de ses prises de position inédites à la tête du clergé, comment il échappe à la dague ou au calice mortels de quelques services secrets. Parallèlement, comme partout dans le monde, l’Eglise Evangéliste tisse sa toile et gagne du terrain, avec le même marketing que les Frères Musulmans là-bas ou le FN ici.

Le pétrole a été nationalisé et malgré ce: concédé pour partie aux chinois, ce qui fait tousser certains. A côté: une production insolente de bananes, de crevettes (dont l’équatorien voit à peine l’emballage d’exportation), un cacao haut de gamme et le tourisme qui prend lentement essor (la variété du pays possède tout ce qu’il faut pour plaire !). Peu de capacité de transformation des matières premières et une balance commerciale très déficitaire, contre laquelle Correa vient d’imposer récemment l’obligation pour les restaurateurs industriels d’utiliser exclusivement les produits nationaux. Les produits d’importation de biens non-essentiels sont fortement taxés, donnant l’illusion à l’étranger riche que la vie est chère en Equateur. La fuite des capitaux vers la Colombie et le Pérou, états libéraux, se poursuit à bon rythme…

A Guayaquil, la ville économique de l’Equateur qui renferme ses laissés-pour-compte, un programme de reconquête sociale redonne vie à des bidonvilles : l’Etat fournit gratuitement aux habitants les matériaux et l’enseignement pour construire leurs maisons et traiter l’assainissement, redonnant dignité à des gens qui se détournent de la drogue.

Dans une prise de conscience un peu tardive, le gouvernement tente de préserver son plus bel atout patrimonial : la nature. Le plus gros prédateur, le pétrole, a déjà partiellement ravagé le sud-amazonien, et avant lui : les chercheurs d’or. 

Plusieurs villes côtières et la célèbre Vallée des Centenaires aimantent des populations de baba-cools –pour la plupart des étrangers, et souvent gringos- qui expérimentent le mélange de l’ennui avec des substances hallucinogènes.

Et donc, la population de Quito, la ville qui fait / défait les politiques (*) et héberge l’armée, gronde en ces jours contre Correa.

Comment en est-on arrivé là ?
Dans l’exercice plus délicat de son second mandat, le leader a sans nul doute été atteint de chavisme. Il a tout d’abord achevé de dresser un appareil d’état tentaculaire, en disproportion avec le niveau de vie du pays. Il occupe aussi tout l’espace médiatique, depuis ses rencontres avec la population abondamment diffusées par la télévision, jusqu’à certains panneaux de propagande qui balisent les bords de routes. Et puis, il y a eu cette tentative, fustigée par Lula, de modifier la constitution pour pouvoir se représenter à vie, signe de faiblesse de ceux qui imaginent leur force irremplaçable.

Mais ce qui a réellement mis la rue en ébullition, c’est le projet de loi d’impôt sur la succession. Les petites gens, qui n’ont pas lu Rousseau, y ont vu, au même titre que la classe dominante, atteinte à leurs intérêts…

La guerre civile a probablement été évitée grâce aux propos modérateurs du pontife François !

                                                                                                                           E.H.
(*) Correa est originaire de Guayaquil
 
 

vendredi 31 juillet 2015

Nuances du vocabulaire et relents de supériorité.



Faut-il faire la chasse aux fraudeurs sociaux ?
Ce que nous ne voulons pas, c’est le discours stigmatisant qui va souvent avec. Quand ce sont les entreprises qui fraudent, on parle d’optimisation fiscale, il y a deux poids deux mesures.

Expatriation, immigration :
Les Blancs sont des expats (expatriés), les autres sont des immigrés !
La manière de définir les personnes qui quittent leur pays pour trouver du travail en dit long sur les préjugés, constate un blogueur africain.

Sur la protection sociale :
Le gouvernement veut maîtriser tout le champ de la protection sociale si l’on en juge par la mission qu’il a confiée au Haut conseil au financement de la protection sociale. C’est une dérive économique libérale parce que le Chef de l’Etat a accepté le pacte budgétaire européen qui impose de réduire les coûts. Que se passera-t-il s’il n’y a pas d’accord sur les retraites complémentaires et si l’Etat reprend la main ?
Il remettra au pot ou il privatisera ? Regardez par exemple ce qu’il se passe avec Areva !
Le paritarisme est menacé. Or le paritarisme est une vraie école de responsabilité et un rempart.

A bientôt.

Quelle laïcité ? La laïcité tout simplement.



Les médias et tous ceux qui participent au « prêt à penser » nous abreuvent de la diversité de la laïcité. Pourtant il y a des définitions qui clarifient la question, notamment la loi de 1905, adoptée après des années de discussion. Mais le prétexte de modernisation est toujours présent. Que je sache un chat est toujours un chat, et un humain toujours humain.
La majorité des définitions rejoignent celle-ci :
La laïcité ou le sécularisme est le principe de séparation de l'État et de la religion et donc l'impartialité ou la neutralité de l'État à l'égard des confessions religieuses.
Dans une perspective laïque, les croyances et convictions qui ont rapport à la religion (religions proprement dites, croyances sectaires, déisme, théisme, athéisme, agnosticisme, spiritualités personnelles) ne sont que des opinions privées, sans rapport direct avec la marche de l'État. C'est là considérer la politique comme une affaire humaine, seulement humaine. Réciproquement, la liberté de croyance et de pratique doit être entière, dans les limites de « l'ordre public ».
Le Larousse indique : « Conception et organisation de la société fondée sur la séparation de l'Église et de l'État et qui exclut les Églises de l'exercice de tout pouvoir politique ou administratif, et, en particulier, de l'organisation de l'enseignement. »

Début mars 2015, France 3 a interrogé des philosophes français avec la question : « Que doit être la laïcité en France ? »
Bien sûr le pannel incluait le référentiel médiatique, Michel Onfray, philosophe athée. Pour lui : « la laïcité doit évoluer », car quand la loi de 1905 est proclamée, « on est dans une configuration ultra-catholique et non musulmane. »
Rappelons que l’affirmation que l’Islam n’était pas présent sur le territoire de la République en 1905 ne repose que sur une lecture révisionniste de l’Histoire. Elle est donc fausse et mensongère, car en 1905, il y avait 3 départements français en Algérie qui regroupaient 10 millions de musulmans, soit le double d’aujourd’hui en France. La mémoire fait aussi défaut, parfois, aux philosophes.
Il réclame donc, déclaration faite aussi à la télévision, « un islam républicain » : « On doit pouvoir permettre que les imams soient formés par la République et qu'il y ait même un financement public de tous les lieux de cultes. On sait très bien que tant qu'on laisse le financement des mosquées à des entreprises privées, ce sont les entreprises d'Arabie Saoudite et du Qatar qui sont dans des logiques d'islam intégriste et conquérant qui vont financer placer et surveiller leurs imams ». Déclaration choc ! Mais habituelles chez lui. Il la joue sur la peur du grand méchant loup, comme s’il n’y avait pas d’autres possibilités. Fini la laïcité ! D’ailleurs pour lui : « la loi de Séparation des Eglises et de l'Etat est hypocrite. On sait très bien qu'il y a un droit de regard de la République sur la religion. Aujourd'hui un évêque est nommé avec l'assentiment des pouvoirs politiques en place. »  Ah bon ! Alors il faut demander d’appliquer la loi.
Exit donc la laïcité. Non, pour le philosophe : « il faut arrêter de faire de la laïcité une religion, mais la repenser au regard de ce qu'il se passe dans l'histoire, dans la sociologie et dans la démographie de notre pays. »
Le mélange lui sied bien, lui qui est d’un  athéisme « religieux ». Remettons les choses en place, la religion est une chose, la République en est une autre. En quoi l'Islam devrait être « républicain » ? Ce que préconise Michel Onfray, c'est l'ingérence de l'Etat dans les affaires religieuses, c'est le gouvernement qui doit décerner le label « républicain » aux religions. C'est bien le retour du Concordat contre la loi de Séparation des Eglises et de l'Etat. Ce n'est plus la séparation, c'est l'intégration sous contrôle des religions par l'Etat.

On vous l'avez bien dit que ce n'était pas un laïque !
Je reprendrais la conclusion de la Libre Pensée sur l’appel à participer à la grande manifestation nationale qu’elle organise, le samedi 5 décembre 2015, 15H place de la République à Paris :
« … Il s’agit d’une remise en cause de la séparation de la sphère publique et de la sphère privée qui est le fondement de la loi du 9 décembre 1905 de Séparation des Eglises et de l’Etat. Quand la laïcité est partout, elle n’est nulle part. Les mêmes, qui ne cessent de nous parler de laïcité, refusent obstinément d’exiger l’abrogation de la loi Debré du 31 décembre 1959 qui organise le détournement chaque année de plus de 10 milliards d’euros de fonds publics pour les écoles catholiques.
La République ne reconnaît, ne subventionne, ni ne salarie aucun culte (Article 2 de la loi du 9 décembre 1905). La Fédération nationale de la Libre Pensée appelle tous les laïques authentiques à participer à la grande manifestation nationale qu’elle organise. Pour la défense de la loi de 1905 :
Abrogation de la loi Debré ! »

A bientôt.

jeudi 30 juillet 2015

De plus en plus d'enfants pauvres dans les pays riches.



Depuis 2008, le nombre d'enfants vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté de 3,5% en moyenne dans les pays économiquement les plus développés de la planète, selon un rapport publié par l'UNICEF daté du 28 octobre 2014.
Depuis le début de la dernière crise financière, l'UNICEF évalue l'évolution du nombre d'enfants vivant dans des ménages dont le revenu est inférieur au seuil de pauvreté.Dans les 41 pays suivis - membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ou membres de l'Union européenne - "le nombre d'enfants ayant sombré dans la pauvreté […] dépasse de 2,6 millions le nombre d'enfants qui en sont sortis (6,6 millions, contre 4 millions)", selon l'UNICEF. Plus de 76 millions d'enfants vivraient donc dans la pauvreté dans ces pays pourtant prospères.
Pour la France l’augmentation du taux de pauvreté des enfants est de 3% (de 15,6 % à 18,6 %) entre 2008 et de 2012, "ce qui correspond à une augmentation nette d'environ 440.000 enfants pauvres". Un enfant sur cinq vit donc sous le seuil de pauvreté. On relève une augmentation de 5,7% en Italie et de 8,10% en Espagne. Les cinq pays les plus mal classés dans le tableau sont l'Irlande (10,60%), la Croatie (11,80%), la Lettonie (14,60%), la Grèce (17,50%) et l'Islande (20,40%).
"Deux tiers des pays européens étudiés ont connu une aggravation du dénuement matériel sévère" après 2008, détaille les auteurs du rapport. " Dans les pays les plus touchés, la proportion d'enfants gravement défavorisés a quasiment doublé en quatre ans."
"Le nombre de familles indiquant que leur situation est "très difficile" a augmenté dans la plupart des pays", poursuivent les chercheurs. "Depuis 2008, le pourcentage de ménages avec enfants n'ayant pas les moyens d'acheter de la viande, du poulet ou du poisson tous les deux jours a plus que doublé en Estonie, en Grèce et en Italie."
Europe qui, je vous le rappelle, ne peut que vous apporter la paix et la prospérité. La réalité c’est l’évolution de la pauvreté et ce n’est pas fini, loin de là. Le peuple grec, comme le peuple français n’a pas à payer pour une dette qui n’est pas la sienne, alors que le nombre et la fortune des millionnaires ne cesse de dépasser les sommets !
L'incapacité à faire face aux dépenses imprévues a augmenté de près de 60% en moyenne au sein des ménages avec enfants dans les 12 pays les plus touchés.
"Le pourcentage de jeunes ne travaillant pas et ne suivant ni études ni formation (NEET) a considérablement augmenté dans de nombreux pays", alerte l'UNICEF. "Dans l'Union Européenne, 7,5 millions de jeunes […] ne travaillaient pas et ne suivaient ni études ni formation en 2013, soit près d'un million de plus qu'en 2008." En France, cette situation concerne 11,2% des 15-24 ans.
Source : Les enfants de la récession : impact de la crise économique sur le bien-être des enfants dans les pays riches, Bilan Innocenti 12 (2014) Centre de recherche de l'UNICEF, Florence.
A bientôt.

mardi 21 juillet 2015

La Grèce ... ah la Grèce !

Exemple de démocratie :
On fait un référendum, vous répondez ce que vous voulez, et l'Etat appliquera ce que l'Europe aura décidé.
C'est mieux que la démocratie, c'est de la "démocratie avancée".
La Grèce vote à 61% contre un projet en accord avec son gouvernement, qui appliquera finalement la demande des Européens.

  Varoufakis



Juncker
Angela Merkel avec Juncker, Président de la Commission.



Ce n'est pas nouveau :
Le Danemark et la Suède ont refusé la monnaie unique en 2000 et 2003, l'Irlande a dit non aux Traités de Nice et de Lisbonne en 2001 et 2008, et la France et la Hollande au Traité constitutionnel en 2005. Les "instances européennes" n'en ont pas tenu compte.


A bientôt




lundi 20 juillet 2015

Soyez écolo mettez un Froome dans votre moteur



Pour une fois je réagis à l’actualité.
Mardi 14 juillet 2015. Otez-moi d’un doute, je regarde le Tour de France et l’accélération de Froome me laisse perplexe, comme beaucoup d’autres cyclistes. Est-ce naturel ?
Le patron de l'équipe Sky, Sir Dave Brailsford nous dit après l’arrivée : « La surprise, c'est le résultat des autres qui n'étaient pas au niveau attendu ». Ah bon, ce n’était que ça. Tous les Contador, Nibali, Quintana, Valverde, etc… ridicules car mal préparés. Sur le moment j’avais pensé au dopage. Quelle erreur. Contador, mal préparé donc, a tout de même gagné le Tour d’Italie. Mais au fond, le problème n’est-il pas là. A la vitesse atteinte par les coureurs et les efforts demandés, 2 grands tours ce n’est plus possible. Personne n’évoque cet argument. Froome dit « je m’entraine dur et je récolte les résultats ». Jalabert, ancien coureur, dit « c’est offensant envers les adversaires que de laisser entendre qu’ils ne s’entraînent pas autant que lui ». Justement au Tour d’Italie, les Sky ont testé, en vue du Tour, pour leurs leaders (dans ce cas Richie Porte) l’utilisation d’un camping car luxueusement équipé pour éviter les changements d’hôtel, perturbants disent-ils. L’UCI a interdit à la suite ce changement prétextant que les coureurs doivent rester à la disposition de l’organisateur de la course, l’utilisation d’un motorhome privé pouvant favoriser des activités illicites. Le lendemain 15 juillet, Sir Dave Brailsford convie la TV à visiter  les fameux camping cars pour montrer qu’ils sont équipés normalement, lit super confortable. Rien n’indique qu’il puisse y avoir d’activités particulières (transfusion sanguine ?...). Oh ! Surprise. Même du thé extra ! Pourtant Sir Dave Brailsford : « nous respectons les règles, personne ne couche là ! ». Si finalement les coaches. Alors les fameux essais en soufflerie, pour perfectionner la position du coureur. Ah çà non ! Regardez Froome et vous verrez le Jacouti sur un vélo ! Mêmes coudes et jambes  écartés et Peut être le pédalier ovoïde alors ?Non finalement cela ne s’est pas généralisé et n’est même pas utilisé sur piste. Alors c’est inné ! Froome né au Kenya est du plus pur bio africain.
A quand la publicité contre le réchauffement climatique :
« Soyez écolo mettez un Froome dans votre moteur »



Ci dessus le Jacouti en plein effort ! A vélo c'est la même allure que Froome
A bientôt.

samedi 18 juillet 2015

La Streikrepublik ou l’Allemagne république de la grève.



C’est une étonnante idée ?
Pourtant, non. El Pais, le grand quotidien espagnol, publie un article sur le nouveau terme à la mode, omniprésent, en Allemagne : la Streikrepublik, jeu de mots qui substitue à Bundesrepublik Deutschland  -République Fédérale de l'Allemagne- par la République de la Grève.
Il faut remercier pour l’apparition de ce néologisme les conducteurs de trains, les employés de garderies, les facteurs, les pilotes d’avions et, prochainement, les contrôleurs aériens. « Beaucoup de citoyens ont ces jours-ci la sensation que les travailleurs des services publics se sont mis d'accord pour revendiquer leurs droits » cite El Pais. De l’autre côté on voit les choses différemment. Là on se rappelle que grâce à la « « modération » salariale et à l’abaissement des indemnités et de la durée du chômage (agenda du social-démocrate Schroeder) ces dernières années, l'Allemagne est en avance sur ses voisins dans les restrictions pour, soi disant, sortir mieux armée de la crise de l'euro.  Que le pouvoir d'achat des travailleurs a stagné dans les 15 dernières années. Et que l'inégalité entre ceux qui gagnent plus a grandi et n'a pas moins cessé de croître. Les syndicats et les partis de gauche croient que l'heure de commencer à répartir le gâteau entre tous est arrivée. Et, sur le champ, les représentants des travailleurs n'ont inventé rien de nouveau : ils savent que s'ils veulent quelque chose, ils auront à se battre fort pour l'obtenir. Et la grève est la meilleure arme. CQFD.

A bientôt.

lundi 13 juillet 2015

Convergences … spirituelles.



Une fois encore je ne résiste pas à vous livrer le mot d’humeur de Michel Sérac sur IO :    
Ce n'est pas un secret : les dignitaires du parti Vert se bousculent pour devenir ministres, aux côtés de Valls et Macron. Le rapprochement devrait s'opérer à l'approche de la cérémonie d'union sacrée sur le climat, à Paris fin 2015. Hollande y posera en sauveur de la planète, a fortiori sauveur de la France.
Ces compères viennent de faire ensemble la louange du pape, leur mentor écologique.
L’encyclique du pontife assimile la défense de l'environnement au respect de la Création divine, et le parti Vert se déclare en « convergence » avec le pape : contre la « consommation », pour la « sobriété », contre les « puissances de l'argent » (18 juin).
Pour Cécile Duflot, « l'écologie peut être comprise comme un dépassement du matérialisme » (Libération).
Ainsi, c'est avec ferveur que les Verts servent leurs deux maîtres, Hollande et le pape : en aidant les salariés, les communes, à moins consommer, grâce aux budgets et pactes d'austérité ; en approuvant la sobriété hospitalière de la loi Touraine.
Chacun voit bien aussi que le banquier-ministre Macron combat les puissances de l'argent.
Et par leur pieux soutien à la réforme Vallaud-Belkacem du collège, les Verts soulagent la jeunesse de connaissances inutiles, qui font obstacle à la vraie foi dans les mystères de la Création.
Hollande et les Verts convergent donc avec ce qu'ils appellent « une autorité morale de ce niveau » (Dantec, sénateur vert).
Nous verrons bientôt comment cette haute autorité morale " dépasse le matérialisme " : finances et mafia, pédophilie ecclésiastique, etc...

A bientôt

Le grand scandale des inégalités de santé



C’est en France aujourd’hui, que dis-je, en région parisienne, un voyage en RER proposé par « Périphéries » le 21 juin sur France Inter. Cela peut paraître insignifiant, vous verrez que les thèmes abordés dans cette émission d’un très bon niveau, laquelle côtoie l’excellente émission « 3D » qui va disparaître à la rentrée, sont toujours importants sur leurs contenus.
De quoi s’agit-il ? D’un parcours le long de la ligne B du RER.
Départ : le jardin du Luxembourg au cœur de la capitale. Arrivée : La plaine Saint Denis à peine quinze minutes plus loin.
Entre les deux, l’illustration des inégalités territoriales de santé dressées par Emmanuel Vigneron un professeur de géographie, spécialiste de la géographie sanitaire.
Et dans ce périple, qui n’est pas un parcours de santé, chaque minute compte car entre départ et arrivée, en moins de quinze minutes, l’espérance de vie des habitants du quartier a chuté de plus de six années.

Et oui en France, comme dans le monde « avancé », aujourd’hui les inégalités de santé se creusent. Certaines sont liées à la catégorie sociale à laquelle on appartient. D’autres au territoire où l’on vit une forme de discrimination. Les classes sociales n’ont pas disparues comme aiment à le raconter les « experocrates ». Je vais donc vous résumer l’enquête.
Pour les français malgré tout, la santé est toujours perçue comme une préoccupation majeure, arrivant souvent en deuxième position après l’emploi dans les sondages.
La santé a constitué un enjeu électoral au début de la Révolution française et lors du Front populaire.
Mais en dehors de ces périodes, assez peu de « politiques » voient dans la santé une source de revenus et d’emplois très importante, une source de lien social aussi, de cohésion de la nation, une source de fraternité bien utile quand la société est malmenée par la crise. Pourtant tout le monde en paye le coût dans le cadre des impôts républicains et de la Sécu. La santé c’est nous tous à travers les salaires qui payons, mais dans le cadre de la « baisse du coût des charges de l’entreprise » et depuis l’intégration comptable des dépenses de santé par l’UE dans le cadre du budget de l’Etat c’est devenu une dépense diminuée et à diminuer. Donc les politiques en parlent peu, sauf pour dénoncer des « abus ». Quand on compare aux « modèles » américains ou anglo-saxon on est encore loin de leur décadence, mais laissera-t-on aller jusque là ? C’est à nous de voir !
La santé c’est un domaine qui a connu de très grands, rapides et spectaculaires progrès. Longtemps, il a suffi de faire confiance à ce progrès.
Longtemps, il n’y a pas eu scandale. On avait fait un système de santé très égalitaire, bâti sur le même modèle que les lycées, les écoles... La France était un pays à peu près continûment peuplé, et de Paris jusqu’au plus petit hameau, il était assez facile de répartir les équipements selon un principe d’équité.
Aujourd’hui, les zones qui sont loin ou en « périphérie » des métropoles sont des zones de relégation : on y trouve à la fois les personnes âgées et les moins riches. On a donc une sorte de double relégation, qui atteint paradoxalement les personnes qui ont plus besoin de santé et de la solidarité sociale que d’autres. Les déséquilibres se sont donc accentués.
Toutes les inégalités ne sont pas des scandales. Mais quand les inégalités frappent toujours les mêmes, il y a injustice.
Dans le schéma de l’espérance de vie en Ile-de-France, au long du RER B [document ci-dessous]. On y voit qu’à quelques kilomètres de distance, à âge égal, le risque moyen de mourir varie de six ans. La carte des problèmes de santé recouvre en grande partie la carte de la pauvreté.
Mais Vigneron dit aussi que le fait même de vivre dans ces quartiers est pathogène... « C’est ce qu’on appelle « l’effet ZUS ». Il a été démontré que le simple fait d’habiter dans une zone urbaine sensible – une fois qu’on a neutralisé les effets d’âge, de sexe et de classe sociale – a des effets pathogènes. Ils sont liés à mille choses : au cadre de vie, au stress, à la pollution éventuelle, au faut qu’il n’y a pas d’offre de santé suffisante dans ces zones-là. On constate souvent plus de souffrance psychologique et d’obésité qu’ailleurs. C’est simple : dans les quartiers où il y a beaucoup de pauvres, les magasins vendent des trucs de pauvres et la qualité de la vie et de la bouffe s’en ressent. Quand on est plutôt aisé dans une zone pauvre, on adopte même le genre de vie des gens de la zone pauvre. »
Vigneron remarque que le sociologue Didier Fassin considère que « dans les pays industrialisés, l’état de santé d’une population ne dépend de son système médical que pour 1/5e, le reste relevant de facteurs proprement sociaux ».
Quand bien même l’état de santé ne serait lié que pour 20% au système de santé, eh bien c’est 20% sur lesquels nous pouvons agir, et sur lesquels la Constitution fait injonction à tous les républicains d’agir et ce sans oublier les pourcentages restants. On n’améliore pas la qualité des hôpitaux en diminuant leur budget ! D’autant plus que la santé reste un système très administré en France, et donc accessible à l’action publique. Des solutions il y en a, mais il faut rompre avec ce système capitaliste financier inique. Vigneron propose quelques améliorations, en particulier : Enseigner. « Si les jeunes médecins recevaient davantage d’enseignement des humanités – et ce n’est pas un vain mot puisque par le passé ça avait abouti à une meilleure répartition des professionnels –, la situation serait différente. Souvenez-vous : la vente de timbres sur la tuberculose à l’école, c’était de la vraie prévention, on avait des timbres et on allait les vendre en sonnant aux portes des voisins au profit du comité de lutte contre la tuberculose. On se sentait mû d’une certaine responsabilité et du même coup, on apprenait qu’il fallait se laver les mains pour lutter contre les maladies infectieuses. En gros : la République, ça s’apprend. Et pas avec TF1 ».
Mais là aussi l’enseignement ne prend pas la bonne direction.




A bientôt.