Ceux qui arrivent à Ceuta et Melilla, enclaves espagnoles
situées à la pointe nord du Maroc, ont
eux aussi besoin de la solidarité de tous, estime La Voz de Almería. Evidemment
ce n’est pas en France que les médias rapporteront, en titre, ce genre de
propos. Pourtant les allemands vont plus loin. Le Frankfurter
Allgemeine Zeitung rapporte qu’Angela Merkel a été largement
applaudies pour ses déclarations [lors de sa conférence de presse du
31 août] sur la question des réfugiés qui avaient des allures de discours
à un peuple inquiet : éloge des vertus allemandes, mémoire des difficultés
surmontées en commun, appel à un effort national. Un pays fort comme
l’Allemagne, assurait la chancelière à ses citoyens, surmontera aussi le
problème des vagues de migrants que l’on voit aujourd’hui déferler. Même
discours chez le Président de RFA, Gauck et peu d’opposition, lorsqu’il exhorte « encore plus
d’Allemands à se défaire de l’idée d’une nation homogène, quasi à cent pour
cent de langue maternelle allemande, majoritairement chrétienne et de peau
claire ». Il est temps, affirme Gauck, de “redéfinir la nation comme
communauté de la diversité, liée par une base commune de valeurs”. Les discours
français sont bien différents. Pays des droits de l’homme, pourtant ! mais
pays faible selon les critères d’Angela.
Réfugiés de première
et de deuxième catégorie.
La guerre en Syrie dure malheureusement depuis plus de
quatre ans et le flot de citoyens qui tentent de fuir à l’étranger ne
tarit pas. Loin d’être pour eux un doux rêve, l’émigration est une question de
survie. Ici, à seulement 180 kilomètres de nous, se dresse aussi une
clôture, une frontière, que tentent de franchir des migrants de différentes
nationalités fuyant la guerre, la répression, la faim, en quête d’un horizon,
de n’importe quoi qui leur permette, même pas de bien vivre, mais simplement de
vivre. Des êtres humains qui entrent [en Espagne] comme ils peuvent, quand ils
le peuvent, et qui avant de passer la frontière, parfois après l’avoir passée,
vivent mal dans des campements sans eau ni électricité, avec tout juste de quoi
se nourrir. Beaucoup perdent la vie sur les barbelés, d’autres en mer, où ils
sont tant à avoir fait naufrage, femmes et enfants compris.
En septembre, 48 migrants ont été sauvés alors qu’ils
se trouvaient sur une embarcation de fortune à 2 kilomètres au sud de
l’îlot d’Alborán, parmi lesquels 7 femmes et 2 bébés. Quelques jours
plus tard, la Guardia Civil accueillait 44 migrants subsahariens sur un
canot non loin de la même île : 31 hommes,
11 femmes et 3 bébés. Dix jours après, ce sont 31
personnes originaires de la même région qui ont été interceptées à
30 milles nautiques du même confetti de terre espagnole. Sur la
nationalité exacte de ces migrants, nous n’en savons pas plus.
Devant les images d’enfants morts sur des plages de Turquie,
de familles qui passent la frontière entre la Serbie et la Hongrie en suivant
les voies de chemin de fer, de ceux qui traversent les Balkans pour atteindre
le nord de l’Europe en faisant fi des barrières et des barbelés, notre
solidarité se réveille, notre cœur s’ouvre, des familles proposent d’accueillir
ces malheureux. Des manifestations de soutien s’organisent, des messages
apparaissent sur de grands édifices, et il faut naturellement se réjouir de cet
élan et du changement d’attitude des gouvernements.
Il faut s’en réjouir parce que ces images et ces destins
nous bouleversent tous. Mais au-delà de ce changement d’attitude, les
gouvernements ne parviennent pas à prendre des décisions, à agir, à mettre en
place des solutions. Quelle est la différence entre les réfugiés syriens et
ceux qui viennent d’autres pays ?
Entre ceux qui fuient la guerre et ceux qui fuient la faim
et la misère ? Ceux qui s’entassent dans des camps à la frontière
hongroise et ceux qui font de même dans nos provinces ?
On dirait qu’il y a des migrants de première et de deuxième
catégorie, des migrants qui éveillent plus de compassion que d’autres. Les
Syriens reçoivent l’aide de milliers de personnes, la sympathie à leur égard se
manifeste par des rassemblements, des manifestations, des collectes financières
et alimentaires ; les portes des maisons européennes leur sont ouvertes,
et les supporters des matchs de foot manifestent leur soutien. Tandis que
d’autres, des femmes, des enfants, des bébés venus d’autres pays, doivent
survivre avec beaucoup moins. Quelle est la différence ? Qui manipule
qui ? Responsables et gouvernements doivent chercher des solutions.
La solidarité doit s’exercer à l’égard de tous ceux qui
fuient et qui souffrent, à Ceuta et Melilla comme à la frontière hongroise.
—Ginés Jesús Parra Córdoba dans La Voz de Almería Publié le
6 octobre
A bientôt.