mercredi 22 mai 2019

La grande Comédie.



Je pourrais ainsi remplir des pages si tout cela n’était pas le gouvernement de la France.
La France vit aujourd’hui une situation paradoxale dans la mesure où l’arrivée au pouvoir de Macron était fondée sur l’élimination des partis existants ainsi que le rejet des corps intermédiaires. Dans son livre programme, intitulé Révolution [éd. XO, 2016], le candidat Macron critiquait ses prédécesseurs et exprimait un mépris certain pour les partis qui se sont succédé au pouvoir ces cinquante dernières années. Il a ainsi contribué à l’affaiblissement des institutions. En fait, Macron œuvre à contretemps. Il se fait élire contre les politiques et leur duplicité, en s’entourant de féroces ambitieux du même acabit. Il parle de dialogue et ne reconnaît que sa version des « contre réformes ». Il veut mener les réformes économiques structurelles en faveur du capitalisme financier, alors que le pays n’est plus sur le même rythme que les autres pays occidentaux. Il veut faire passer les réformes que le Royaume ­Uni a adoptées dans les années 1980 et l’Allemagne dans les années 1990-2000, « afin de rendre le pays plus compétitif et attractif pour les entreprises » comme disent les « experocrates ». Sauf qu’un retour de bâton est déjà en cours au niveau mondial en raison justement des inégalités que ces réformes ont aggravées, ce dont se nourrit la colère des « gilets jaunes ».
La question qui doit être posée est :
Y a-t-il une seule politique pour gérer aujourd’hui un pays ? Ou, y a-t-il d’autres politiques possibles ? Sur ce sujet déjà, même des économistes capitalistes ( Krugman, Stiglitz, etc…) réclament d’urgence une autre politique plus égalitaire.
D’un côté, ce gouvernement totalement discrédité gouverne à coups de mensonges, de campagnes calomnieuses, de répression et de marche au corporatisme.
De l’autre côté, il y a la résistance acharnée de ces centaines de milliers qui ont manifesté ensemble le 1er Mai. Elle rejoint celle des personnels des urgences qui décident la grève. Elle se relie à celle de ces milliers de militants ouvriers qui refusent que les organisations syndicales soient sabordées, qui veulent les préserver pour qu’elles jouent leur rôle.
C’est ce mouvement venu d’en bas, cherchant à déborder les obstacles dressés contre les intérêts de l’immense majorité qui est le moteur de toute la situation. C’est ce mouvement qui traverse les témoignages, les tribunes de Gilets jaunes, de militants ouvriers que nous devons aider à se structurer. Il est au coeur des comités de résistance et de reconquête des acquis de 36 et 45, ou de la rencontre européenne de militants ouvriers qui s’est tenue le 4 mai à Paris.
Et, tandis que le mouvement des Gilets jaunes se poursuit, la grève entamée dans les hôpitaux par les personnels des urgences eux-mêmes s’étend, alors que les enseignants cherchent avec ténacité à organiser par leurs assemblées générales les conditions d’un rapport de force mettant en échec Blanquer.