Touchant, vibrant, émouvant, de voir ces « Gens de
Rien » témoigner de leur « Vie de rien » qu’ils endurent au
quotidien et que beaucoup risquent de connaître tôt ou tard, mais sans doute
plus tôt qu’ils ne le pensent... Ce
documentaire, très bien monté, le temps passe sans s’en apercevoir, traverse le
pays à travers des ronds-points en Jaune. Des rires ou des larmes, de la tendresse
ou de la colère, de l'art ou du désespoir, des tranches d’humanité, Gilles
Perret et François Ruffin saisissent cet instant magique où des femmes et des
hommes d'habitude résignés, se dressent et se redressent, avec fierté avec
beauté, pour réclamer leur part de bonheur. Ce peuple auparavant méprisé et
invisible a retrouvé la fierté de l’être ensemble, de pouvoir s’exprimer en
étant écouté, autour des ronds-points. Tout cela se retrouve dans J’veux du
soleil avec de la gaîté et des larmes. Enfin la vraie vie. Certains reprochent
à ce mouvement d’avoir laissé se libérer des colères individuelles surtout dans
la violence verbale, notamment sur le web et les réseaux sociaux, mais à la vue
de la répression gouvernementale c’est dérisoire. Ce mouvement annonce des
suites : nous sommes dans une époque de mutation, un déclin de notre société,
ce n’est pas terminé.
"En acceptant d'être une goutte d'eau, tu deviens
océan". Tel est le très beau titre du film qui accompagne désormais
l'Appel de solidarité des artistes, créateurs et créatrices avec les Gilets
jaunes. Lancé par le collectif Yellow Submarine et soutenu initialement par
1400 artistes, l'appel a recueilli en quelques jours 22 000 signatures.