mardi 23 mai 2017

La saison 2016-2017 du rugby français condense tout ce qu’il ne voulait pas voir.



Sur le plan économique, le Top 14 s’est entiché de mécènes qui, pour y avoir englouti des millions, se sont crus légitimes à le piétiner. Rayer de la carte un club plus que centenaire ? Même les propriétaires asiatiques de clubs de football anglais n’avaient pas osé, s’en tenant à la destruction de stades et au dessin de nouveaux maillots.
Les joueurs ont mordu goulûment - qui leur en voudrait ? - dans ce gâteau multiplié par deux en dix ans. Et on parle là des masses salariales officielles, sans parler des salaires déguisés en droits d’image. Combien de temps avant le premier scandale de fraude fiscale, inéluctable au vu des montants en jeu, du système de rémunération et de la présence croissante d’avocats au chevet des stars du Top 14 ?
Dans le Top 14, des stars sud-africaines ou néo-zélandaises signent les contrats de leur vie pour une ou deux saisons. Des additions de talent qui, quand la greffe prend, peuvent vous amener un titre, mais elles retardent l’émergence de jeunes talents et contribuent à la désidentification d’un public à son club, d’autant plus que le système de transferts du rugby est plus laxiste que celui du football.
La Fédération. Le patron, c’est Laporte. Son second, Serge Simon.
Le premier a aussitôt fait céder la digue que représentait le maillot du XV de France, vierge de sponsor. Sans crainte des conflits d’intérêts, il a offert le torse des internationaux à Mohed Altrad, propriétaire du club de Montpellier, qu’il défend dans l’affaire des matchs reportés. Selon l’Equipe, entraîneur de Toulon, Laporte « avait porté le degré d’irrespect des arbitres à des niveaux rappelant certains techniciens de Ligue 1 ». Le second, médecin de profession, prend autant de plaisir à enfoncer la lutte antidopage qu’à pousser en mêlée au siècle dernier. En coulisse, la Fédération a engagé un bras de fer avec l’Agence française de lutte contre le dopage. Les deux hommes avaient été les plus bruyants lorsqu’il s’était agi, ces dernières années, de contester l’existence de produits dopants dans les vestiaires du Top 14.

Et aujourd’hui, Clément Mazella dans Rugbyrama écrit sous le titre « Pendant les barrages le rugby a dépassé le stade de la violence » : « Les barrages de Top 14 ont donné lieu à des matches ô combien engagés avec des chocs d'une violence hallucinante. Les K.O ont été nombreux. C'était à celui qui allait encaisser le plus de coups sans rompre. Bien évidemment, le rugby est un sport de contacts, de combat, où il faut prendre le dessus sur son adversaire. Mais là, sur chaque impact ou presque, on a tremblé. Chaque plaquage, chaque charge étaient plus qu'appuyés. Et que dire des déblayages ? Certaines fois, cela dépassait l'entendement.» … « Le but, c'est de faire mal, très mal, toujours plus mal à l'adversaire. Sur l'action de Josua Tuisova, l'ailier toulonnais décida d'aller tout droit et de rentrer dans David Smith. Cela aurait été la même chose s'il y avait eu un mur devant lui. Pourquoi n'a-t-il pas essayé un crochet ou de le prendre de vitesse ? Est-ce l'évolution des mentalités dans notre championnat ? A ce rythme-là, on comprend pourquoi les spectateurs sont de plus en plus nombreux à regarder les matches de Super Rugby où l'évitement prédomine ainsi que la vie du ballon. » … « En y réfléchissant, si les arbitres sanctionnaient chaque faute, on boucherait nos oreilles tant les sifflets retentiraient. Et le jeu n'en serait plus un tellement celui-ci serait haché. Que faire alors ? Le débat mérite d'être ouvert. Car là, on a dépassé les limites de la violence. Et ce sans bagarre générale. Un comble. » … « Dans quel état seront les joueurs dans dix ans ? »

Cela fait longtemps déjà que je choisis de regarder les matches de Super Rugby plutôt que le Top14, où la technique individuelle est extraordinaire et collective (l’évitement est l’apanage des blacks surtout, mais des australiens aussi) au service de la vie du ballon. Bien sûr, tout n’est pas parfait, les nations du Sud ont aussi leur disparité. Toutefois l’éclosion annuelle de jeunes qui bousculent les hiérarchies chez les Néo Zélandais, due à la formation, bien sûr, et la vie du ballon sur les matches (surtout blacks ou confrontation avec les australiens) est devenue évidente.
A bientôt.