Les Rubipèdes est une BD de Michel Iturria que je lisais il
y a une trentaine d’années. Le TOP14 depuis quelques années me rappelle les
scènes les plus humoristiques de cette BD sur le rugby de l’époque. Un rugby sans
la violence « autorisée » des chocs actuels, mais parfois quelques
savates traînaient dont les auteurs spécialisés, cibles de la critique
humoristique, étaient connus. Aujourd’hui la percussion, chère à nos
commentateurs TV, est si souvent sujette « au protocole commotion »
que l’on ne s’étonne même plus. Faisons un tour de la situation.
« On s’étonne
que les joueurs aient perdu l’art de manipuler le ballon mais ça fait quinze
ans que dans les écoles de rugby on fait péter les gamins dans des boucliers. »
dit JP Elissalde père.
Je m’étonne qu’il s’étonne ! Il y a 30 ans, j’étais sur
les terrains et je voyais déjà quatre « éducateurs » sur cinq,
apprenant les petits tas, ou utilisant le gamin le plus costaud pour emporter
tout et gagner le « match ». Il y a bien longtemps que ce n’était
plus le « prof de gym » qui apprenait la technique individuelle et
collective. JP devrait s’en rappeler.
Marc Lièvremont alerte sur le TOP14 : « De la casse humaine
et des dérives de toute nature ».
L'ancien troisième ligne international, Olivier Magne rappelle
: "Il y a deux fois plus de commotions en Top 14 qu'en Super 15"
Raphaël Poulain : "Avec un rugby d'évitement, nos
joueurs seraient moins en danger". Ah ! Cela existe donc.
Le président de la LNR Goze avertit : "Si on continue comme ça, il n’y aura plus personne dans les
écoles de rugby".
Pour revenir au XV de France : « les dix semaines
accordées aux joueurs de la Liste Elite durant l’intersaison peuvent-elles
changer les choses. Vous pensez sérieusement que les joueurs vont devenir irréprochables
techniquement avec deux semaines supplémentaires ? » rajoute JP Elissalde.
Olivier Magne pointe du doigt la formation, la mentalité et
l'immobilisme des dirigeants. Dossier explosif
selon le journal. En premier lieu, la formation. Olivier Magne
dit : « Un petit Français et un petit Néo-Zélandais, à sept ans,
n'ont pas plus de qualités ou de défauts l'un que l'autre. Et pourtant, à
dix-neuf ans, le jeune Néo-Zélandais est bien meilleur que le Français.
Qu'est-ce qui amène à ça ? Et au-delà du constat : qu'est-ce qu'on fait ? »
« Il faut que le Top 14 se joue plus sur la vitesse »
selon Jean-Frédéric Dubois. Alors, quelles solutions préconise l’ancien demi
d’ouverture ? Fini le jeu de percussions, place aux passes, à l’évitement et à
la vitesse. « Je pense qu’il faut que ce soit un championnat qui se joue
beaucoup plus sur la vitesse. Donc il faut orienter ce jeu vers là. »
Bref, le retour du French Flair en somme. Mais la question reste de savoir
comment faire changer de philosophie de jeu ceux qui ont mis en place et
développé ce rugby de destruction permanent.
Avec Provale, l’union des joueurs de rugby professionnels, lors
de son Assemblée Générale, à Orly (Val-de-Marne), comme chaque année, la
problématique des commotions cérébrales a été au cœur du débat. Mais après les
paroles, tous les acteurs attendent désormais des actes forts : « Pour
l’être humain, il faut se dire que ce sport, on peut le pratiquer différemment.
On est trop allé dans le défi physique ».
Alors quand changera-t-on quelque chose ? Un changement
de mentalité n’est jamais rapide mais avec l’introduction des entrepreneurs à
la tête des clubs cela est-il possible ? Le patronat veut du profit
sonnant et trébuchant quels que soient les risques. Et certains téléspectateurs
redemandent des chocs, du moment que ce ne sont pas eux qui les prennent. Mais
chez Provale on commence à se poser la question, nous joueurs : « comment serons-nous dans 10 ans?».