lundi 2 octobre 2017

All Blacks et formation rugbystique.



En octobre 2015 au Millennium Stadium de Cardiff, le XV de France était pulvérisé (62-13) par la Nouvelle-Zélande en quart de finale de Coupe du monde. Le 10 décembre 2015 j’écrivais dans ce blog : La Nouvelle-Zélande se distingue par sa formation ainsi que le « sérieux bagage technique » exigé pour devenir rugbyman dans ce pays, et ce dès le plus jeune âge. Au programme, un gros travail sur les « skills », à savoir les fondamentaux tels que les passes, le jeu au pied ou les contacts, ces gestes techniques individuels à maîtriser absolument pour pouvoir ensuite jouer en équipe. Autre particularité, des catégories de poids à l'intérieur des catégories d'âge. Un système « unique au monde » mis en place pour ne pas dissuader les jeunes joueurs d'origine européenne face à leurs homologues polynésiens, dont la maturité physique arrive plus tôt. « Cela explique également pourquoi les Néo-Zélandais ont toujours été obligés de travailler leur technique individuelle et les un-contre-un pour espérer faire la différence » résume Ian Borthwick, grand reporter à L'Equipe. Ainsi «On ne distingue plus les avants des arrières sur le plan du déplacement et de la gestuelle, ajoute Villepreux. Leurs gestes sont innovants, ils osent les tenter, surtout quand c'est difficile car ils ont confiance dans leur collectif. Pour eux, manquer un geste n'est pas une erreur».
Deux ans plus tard, les All Blacks ont atomisé ce mois de septembre l'Afrique du sud (57-0) dans le Rugby Championship, tournoi des quatre nations de l'hémisphère Sud.
Si la formation est l’élément important, comme dans la vie, ce qui caractérise le jeu des Blacks pourrait servir à nos entraîneurs de Top14, s’ils ont envie d’évoluer ! 
Plusieurs techniciens de notre rugby, ont analysé la « tactico-technique » du jeu néo-zélandais actuel. Ils relèvent qu’il y a un renouvellement de l'effectif et les évolutions tactiques sont plus simples à mettre en pratique grâce à la formation unifiée :
Olivier Magne, ex-coach des Bleuets, immergé au sein de la province des Crusaders, raconte comment l'excellence du jeu néo-zélandais se prépare à l'entraînement. Préparation physique et exercices techniques, en intensité de match et toujours avec le ballon
«Le travail physique s'effectue sur le terrain à haute intensité, dans les conditions d'efforts les plus proches d'un match. Voire parfois plus dures... Ils travaillent sur des séquences de courses, et toujours avec ballon, de deux à trois minutes, et à fond, afin de s'accoutumer à cette intensité. Plus étonnant, pendant les séances de musculation, par exemple, quand les muscles sont engorgés, ils enchaînent très vite des situations de jeu face à une défense raisonnée afin d'être capables de réagir même en état de fatigue extrême.»  «Ils ont un ballon dans les mains tous les jours, voire quasiment un ballon par joueur sur le terrain. Tous les exercices sont ludiques, ce qui permet d'expérimenter les gestes qui semblent farfelus. A l'arrivée, en match, on s'aperçoit que ce n'est pas superflu. Bien sûr, il y a du déchet à l'entraînement, mais ça ne les gêne pas, et il se réduit au fur et à mesure des exercices. Surtout, ils cherchent en permanence le geste juste dans des registres qui ne sont pas académiques. En fait, ils travaillent tout ce qui semble être hors du commun, ils expérimentent beaucoup à l'entraînement.»
Par la pratique prioritaire du jeu debout, et un rugby d'évitement, de recherche des espaces, la percussion et les « petits tas » deviennent plus souvent des « accidents de jeu » comme le disait déjà Villepreux, il y a quelques années.
Il y a là matière à réfléchir, mais tout ceci n’est pas nouveau, la facilité d’obtenir « un résultat » étant plus souvent utilisée dans nos contrées, la percussion-démolition plus simple à réaliser (fonction simplement du poids-vitesse au choc),  sera encore longtemps utilisée. L’enseignement sportif, comme l’enseignement général, techniques demandant efforts intellectuels et efforts physiques n’est plus notre fort.