mardi 3 janvier 2017

Trump avec … l’apport des medias.



Appâtés par l’argent et l’audience facile, les sites et journaux sont en partie responsables de l’ascension de Trump. Il faut désormais repenser leur rôle, estime Matthew Jordan, professeur américain spécialiste des médias à l’Université d’Etat de Pensylvanie. Les grandes chaînes d’information câblées ont engrangé des profits records de 2,5 milliards de dollars pendant cette saison électorale. David Folkenflik, de la radio publique NPR, a récemment rapporté que CNN avait gagné environ 100 millions de dollars de plus que prévu pendant ce cycle électoral. Pourquoi ?

Depuis toujours, les médias ne demandaient qu’à couvrir la vie trépidante de ce séducteur et magnat des affaires au parcours mouvementé, qui a passé plusieurs années à perfectionner son personnage de provocateur, à se vanter de ses conquêtes sexuelles et à insulter des personnalités publiques dans le Howard Stern Show. Trump a compris, en pratiquant ces médias, l’un des principes fondamentaux des organisations médiatiques à but lucratif : on peut dire n’importe quoi, même et surtout des mensonges, à condition de ne pas être ennuyeux. Le problème n’est pas seulement que ces articles ont focalisé l’attention sur Trump, en donnant de la visibilité à ses sujets et à sa façon de les présenter. Il est aussi prouvé que le simple fait de tenter d’expliquer ou de dénoncer un mensonge peut le renforcer. Des études sur la propagation des mythes antivaccins ont révélé que chaque fois qu’une figure télégénique répète un mensonge – même dans un segment ayant pour but de le corriger –, le public se familiarise avec celui-ci. Et paradoxalement, parce que les gens ont tendance à assimiler familiarité et vérité, plus un mensonge est dénoncé comme tel, plus il devient difficile de le distinguer de la vérité.
Importance du nombre de clics par rapport à la vérité.
Les médias en ligne exacerbent ce problème, car leurs modèles de revenus accordent plus d’importance au nombre de clics qu’à la vérité. Dans l’univers du capitalisme numérique, l’attention a une valeur monétaire. Or plus la déclaration est scandaleuse, plus elle génère de clics. Trump sait que ses propos colorés et trompeurs sont retweetés tant par ses amis que par ses ennemis et que des auteurs et des artistes s’en moqueront, les condamneront ou les défendront avec ardeur. En fait on en parlera et une majorité agissante se soumettra à ses propos. 
Selon une étude publiée en 2009, la commercialisation des médias entraîne un affaiblissement des connaissances politiques du public. Il semble ainsi que l’ignorance nationale soit la rançon de l’expansion d’un système médiatique fondé sur le profit.

A bientôt.