mardi 3 janvier 2017

Les réformes ont déjà des effets négatifs sur la durée des retraites.



La direction des études du ministère des Affaires sociales (Drees) vient de publier le bilan des réformes menées entre 2010 et 2015. Soit les lois Woerth en 2010 et Touraine en 2014, plusieurs décrets (dont l'extension du dispositif « carrières longues » en 2012) et plusieurs accords paritaires sur les complémentaires.
Résultat : le temps moyen passé à la retraite ne va pas augmenter, mais au contraire diminuer.
Alors où sont les fameux gains d'espérance de vie qui allaient mettre en faillite les caisses de retraite ?

Un article dans les Echos analyse les courbes produites :

« La Drees compare quatre générations éloignées de dix ans, en commençant par
- Ceux nés en 1950, qui ont théoriquement liquidé leurs droits en 2010. Ces sexagénaires n'ont été touchés qu'à la marge par la sous-indexation des pensions de base et complémentaires, et le décalage d'avril à octobre de leur revalorisation voté en 2014.
- La génération 1960 est « pleinement touchée par la réforme de 2010 » qui repousse les bornes d'âge de deux ans (62 ans au minimum et 67 ans pour le taux plein). « Elle commence également à être affectée par les accords nationaux Agirc-Arrco », ajoute la Drees : en 2011, 2013 puis 2015, trois accords interprofessionnels ont débouché sur une hausse des taux de cotisation pour les salariés du privé, une baisse du rendement des régimes, une baisse des avantages familiaux. Plus de la moitié des représentants de cette génération sont également touchés par l'instauration d'abattements temporaires sur la retraite complémentaire des salariés, décidée en octobre. Ces quinquagénaires bénéficient tout de même de départs anticipés pour carrière longue dans des conditions favorables.
- La génération 1970 sentira l'augmentation de la durée de cotisation requise pour toucher une retraite à taux plein, votée en 2014.
- La génération 1980 prend de plein fouet cette réforme. Ces trentenaires qui ne partiront que dans les années 2040 voient aussi la majorité de leur carrière touchée par les accords Agirc-Arrco.
- Les générations suivantes pourront en partie se consoler avec la baisse du nombre d'heures payées au SMIC requises pour valider un trimestre - 150 heures contre 200 avant 2014 -, qui leur permettra d'accumuler plus facilement des droits à la retraite.
Globalement, les réformes stabilisent voire diminuent la durée de la retraite à 25-26 ans entre les quatre générations étudiées. Alors que le principe posé en 2003 était de consacrer deux tiers des gains d'espérance de vie au travail et un tiers à la retraite, la réforme a été « plus exigeante que la norme d'équité » pour les quadras et quinquas, qui passeront même moins de temps à la retraite. La pension moyenne croît grâce à l'allongement des carrières : rapportée au salaire moyen, celle des femmes nées en 1980 devrait être de 3 % plus élevée qu'avant les réformes. Pour les hommes, le gain ne sera que de 1 % car ils ont plus recours au départ anticipé. De plus, ils abrègent plus souvent leur vie professionnelle faute de retrouver un emploi. Ramenée à la durée de la retraite, la pension cumulée baissera de 6 % pour les hommes de 1980 et de 3 % des femmes. »

Encore une fois les « prévisions » ne confirment pas le « soi disant » diagnostic ! Mais est-ce surprenant ? Les économistes qui nous gouvernent ne proposent que les arguments qui sont  favorables aux intérêts de la finance et du profit. Nous vivons dans un système économique d’exploitation de l’homme par l’homme (c’est peut-être « ringard » de le rappeler), ou toutes références aux valeurs morales sont des artifices de Père Noël.
Nos revendications se heurtent aux exigences de cette économie. Il est une évidence, de gauche ou de droite, le prochain président et son gouvernement seront sommés par l’UE de mettre en oeuvre plus avant les exigences du capital financier, qui sont de détruire tout ce qui a été acquis et notamment depuis 1945 (fonction publique, Sécurité sociale, Code du travail, etc.), l’issue pour les travailleurs ne se trouve ni dans des replâtrages ni dans les combinaisons politiques. Un choc est inévitable entre le capital et le travail. Des comités de liaison et d’échanges (CLE), dans lesquels des discussions sur l’ébauche du programme politique de changement se mène, ont commencé à désigner leurs délégués pour une conférence nationale le 25 mars 2017. Notre conception du « rassemblement le plus large possible » est à l’opposé des manœuvres électoralistes conduisant à l’impasse. Nous n’irons pas où ils veulent nous conduire, les moyens existent pour faire aboutir nos intérêts. C’est dans la « lutte des classes » et non pas dans la « lutte des places », que doit se mener notre combat : l’aide au rassemblement des exploités, dans l’unité avec leurs organisations, pour dégager le chemin vers la démocratie.

A bientôt.