Dans le cadre de la rédaction de son rapport annuel, l’Observatoire
de la Laïcité, présidé par Jean-Louis Bianco a reçu le mardi 15 mars
2016 la Fédération nationale de la Libre Pensée, représentée par son
Président Jean-Sébastien Pierre et son Secrétaire général David
Gozlan. Sous la conduite du rapporteur général de l’Observatoire, Nicolas
Cadène, nous avons pu y développer dans le temps imparti les positions de
notre association. Après avoir remercié l’Observatoire d’avoir reçu la Libre
Pensée, nous nous félicitons qu’il puisse de nouveau travailler sereinement.
Nous avons rappelé que :
Nous sommes pour l’application de la Loi
de 1905 sur la Séparation des Eglises et de l’Etat sur l’ensemble du territoire
de la République.
C’est une loi de liberté. Il ne peut y
avoir pour nous, ni religion d’Etat (ou reconnues par un Concordat), ni
d’athéisme d’Etat, mais bien le respect de la liberté de conscience pour tous.
C’est pourquoi elle n’a pas pour but d’infliger des restrictions à l’expression
des citoyens dans la sphère privée. Nous refusons que la laïcité serve de
prétexte à des fins de discriminations contre les étrangers et en particulier
les musulmans. Nous rappelons que l’argutie selon laquelle l’Islam n’existait
pas en France en 1905 est parfaitement mensongère. Les musulmans étaient plus
de dix millions dans les 3 départements de l’Algérie qui était « française »
à l’époque. Ce fut une décision politique colonialiste de maintien de
l’indigénat que de ne pas appliquer la loi de 1905 dans ces territoires.
L’association des « Ulemas progressistes » puis le Parti du
Peuple Algérien de Messali Hadj réclamaient l’application de la loi
de 1905 et la liberté cultuelle qui lui était associée.
Nous sommes opposés à tout financement
public des cultes ainsi que des écoles privées.
Nous avons réitéré notre évaluation du
détournement de dix milliards annuels de fonds publics en direction des
Eglises et de l’enseignement privé. Il s’agit de la concurrence déloyale que
l’Etat inflige à sa propre Ecole publique en finançant un système scolaire à
caractère propre religieux. Il faut abroger la loi Debré, « mère de
toutes les lois antilaïques » et toutes les lois qui en découlent.
Nous avons réaffirmé notre attachement aux
Franchises universitaires.
Ces franchises datent de 1231 comme
concession du Pape de l’époque, et ont rapidement été obtenues par presque
toutes les universités d’Europe, puis du monde. Elles sont consignées de façon
moderne dans le Code de l’éducation. Ces franchises font du Président de
l’Université le garant des libertés, interdisant aux forces de l’ordre et à la
justice d’intervenir directement dans l’établissement sans son consentement
express, sauf dans des cas très particuliers et prévus par la loi. Or, nous
avons vu dans deux cas, celui de Rachid Zouhhad à l’IUT de Saint Denis
et de Bernard Mezzadri à Avignon, un Directeur ou un Président
d’Université dénoncer directement leurs agents au Parquet, sans même réunir les
instances disciplinaires paritaires. Notons que le Directeur de l’IUT de
Saint-Denis, bénéficiaire d’un « Prix de la laïcité » décerné par le
Premier ministre (on a fait beaucoup mieux en matière de laïcité), est
maintenant convaincu de harcèlement et de calomnie vis-à-vis de deux de ses
enseignants, accusés indûment de détournements de fonds et de montage d’un
complot islamiste. Nous avons fait état de notre satisfaction devant les avis
promulgués par le CNESER, puis par la Conférence des Présidents des
Universités et par l’Observatoire sur les questions de la laïcité à
l’Université.
Nous sommes revenus sur les violations de
la loi de 1905 constituées,
outre par la question des crèches de Noël, par les affaires de la « Vierge »
de Publier et de la statue de Jean-Paul II, surmontée d’une arche et d’une
croix monumentale, à Ploërmel. Ces deux affaires nous semblent suffisamment
graves et emblématiques, nous demandons que les décisions de justice soient
appliquées et que les violations flagrantes de la loi de 1905 cessent au plus vite.
Nous rappelons l’attitude scandaleuse au
cours de l’émission « C dans l’air » de décembre 2014, ou la Libre Pensée, nommément désignée, a
été vouée à la vindicte publique sans possibilité d’intervenir et sans droit de
réponse. Nous avons, en conséquence, déposé une requête au Conseil Supérieur
de l’Audiovisuel qui n’a jamais répondu. Nous communiquons la requête à
l’Observatoire pour qu’il intervienne afin d’obtenir une réponse de la part du
CSA.
Enfin, nous
abordons la question des aumôneries dans les hôpitaux qui vient de faire
l’objet d’un guide de l’Observatoire. Nous avons pris bonne note du fait que ce
guide n’a pour objet que de confirmer les dispositions juridiques en vigueur,
la loi telle qu’elle est et non de la changer. Nous émettons les plus vives
réserves sur la circulaire évoquée dans le point 2, introduisant, selon nous,
des éléments communautaristes dans les relations entre hospitaliers et
patients.
Paris le 20 mars 2016