lundi 16 mai 2016

La Libre Pensée reçue à l’Observatoire de la Laïcité



Dans le cadre de la rédaction de son rapport annuel, l’Observatoire de la Laïcité, présidé par Jean-Louis Bianco a reçu le mardi 15 mars 2016 la Fédération nationale de la Libre Pensée, représentée par son Président Jean-Sébastien Pierre et son Secrétaire général David Gozlan. Sous la conduite du rapporteur général de l’Observatoire, Nicolas Cadène, nous avons pu y développer dans le temps imparti les positions de notre association. Après avoir remercié l’Observatoire d’avoir reçu la Libre Pensée, nous nous félicitons qu’il puisse de nouveau travailler sereinement.

Nous avons rappelé que :

Nous sommes pour l’application de la Loi de 1905 sur la Séparation des Eglises et de l’Etat sur l’ensemble du territoire de la République.
C’est une loi de liberté. Il ne peut y avoir pour nous, ni religion d’Etat (ou reconnues par un Concordat), ni d’athéisme d’Etat, mais bien le respect de la liberté de conscience pour tous. C’est pourquoi elle n’a pas pour but d’infliger des restrictions à l’expression des citoyens dans la sphère privée. Nous refusons que la laïcité serve de prétexte à des fins de discriminations contre les étrangers et en particulier les musulmans. Nous rappelons que l’argutie selon laquelle l’Islam n’existait pas en France en 1905 est parfaitement mensongère. Les musulmans étaient plus de dix millions dans les 3 départements de l’Algérie qui était « française » à l’époque. Ce fut une décision politique colonialiste de maintien de l’indigénat que de ne pas appliquer la loi de 1905 dans ces territoires. L’association des « Ulemas progressistes » puis le Parti du Peuple Algérien de Messali Hadj réclamaient l’application de la loi de 1905 et la liberté cultuelle qui lui était associée.

Nous sommes opposés à tout financement public des cultes ainsi que des écoles privées.
Nous avons réitéré notre évaluation du détournement de dix milliards annuels de fonds publics en direction des Eglises et de l’enseignement privé. Il s’agit de la concurrence déloyale que l’Etat inflige à sa propre Ecole publique en finançant un système scolaire à caractère propre religieux. Il faut abroger la loi Debré, « mère de toutes les lois antilaïques » et toutes les lois qui en découlent.

Nous avons réaffirmé notre attachement aux Franchises universitaires.
Ces franchises datent de 1231 comme concession du Pape de l’époque, et ont rapidement été obtenues par presque toutes les universités d’Europe, puis du monde. Elles sont consignées de façon moderne dans le Code de l’éducation. Ces franchises font du Président de l’Université le garant des libertés, interdisant aux forces de l’ordre et à la justice d’intervenir directement dans l’établissement sans son consentement express, sauf dans des cas très particuliers et prévus par la loi. Or, nous avons vu dans deux cas, celui de Rachid Zouhhad à l’IUT de Saint Denis et de Bernard Mezzadri à Avignon, un Directeur ou un Président d’Université dénoncer directement leurs agents au Parquet, sans même réunir les instances disciplinaires paritaires. Notons que le Directeur de l’IUT de Saint-Denis, bénéficiaire d’un « Prix de la laïcité » décerné par le Premier ministre (on a fait beaucoup mieux en matière de laïcité), est maintenant convaincu de harcèlement et de calomnie vis-à-vis de deux de ses enseignants, accusés indûment de détournements de fonds et de montage d’un complot islamiste. Nous avons fait état de notre satisfaction devant les avis promulgués par le CNESER, puis par la Conférence des Présidents des Universités et par l’Observatoire sur les questions de la laïcité à l’Université.

Nous sommes revenus sur les violations de la loi de 1905 constituées, outre par la question des crèches de Noël, par les affaires de la « Vierge » de Publier et de la statue de Jean-Paul II, surmontée d’une arche et d’une croix monumentale, à Ploërmel. Ces deux affaires nous semblent suffisamment graves et emblématiques, nous demandons que les décisions de justice soient appliquées et que les violations flagrantes de la loi de 1905 cessent au plus vite.

Nous rappelons l’attitude scandaleuse au cours de l’émission « C dans l’air » de décembre 2014, ou la Libre Pensée, nommément désignée, a été vouée à la vindicte publique sans possibilité d’intervenir et sans droit de réponse. Nous avons, en conséquence, déposé une requête au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel qui n’a jamais répondu. Nous communiquons la requête à l’Observatoire pour qu’il intervienne afin d’obtenir une réponse de la part du CSA.

Enfin, nous abordons la question des aumôneries dans les hôpitaux qui vient de faire l’objet d’un guide de l’Observatoire. Nous avons pris bonne note du fait que ce guide n’a pour objet que de confirmer les dispositions juridiques en vigueur, la loi telle qu’elle est et non de la changer. Nous émettons les plus vives réserves sur la circulaire évoquée dans le point 2, introduisant, selon nous, des éléments communautaristes dans les relations entre hospitaliers et patients.

Paris le 20 mars 2016