L’éditorial d’Eric Chol, intitulé « Panama
Papers : l’heure des sanctions », dans Courrier International du 07
avril 2016, m’inspire cette réflexion.
Panama, un nom qui rime avec corruption et scandale depuis
longtemps. En 1893, lorsque s’acheva le procès de l’affaire du canal de Panama,
seul un malheureux ancien ministre des Travaux public, Charles Baïhaut, fut
condamné à cinq années de prison. Les célébrités de l’époque, Ferdinand de
Lesseps et Gustave Eiffel, parvinrent à échapper, comme aujourd’hui, à la
prison. Mais l’ampleur de l’escroquerie jeta l’opprobre sur l’ensemble de la
Troisième République, parlementaires, ministres et journalistes compris.
Plus d’un siècle après, et différents errements, le nouveau
scandale qui éclabousse ce petit bout de territoire d’Amérique centrale
atteint une dimension planétaire. La presse a fait son travail, ça arrive,
unissant les forces de plus de 100 journaux, l’opération Panama Papers jette un
nouveau pavé dans le marigot des pratiques financières des « grands »
de ce monde.
La corruption, nous répètent les experts de l’OCDE et de la
Banque mondiale, ronge les économies, fabrique des inégalités et sape les
systèmes politiques. Mais ne connaissent qu’une politique : le libéralisme
économique et pour l’OCDE la réduction des déficits des Etats. Résultats :
seuls les peuples payent la note. Les
paradis fiscaux, antichambres de la cupidité mondiale, continuent de faire
commerce de leurs attraits. On les croyait enterrés depuis la crise des
subprimes et Sarkozy qui en avait décrété la fin. Ils n’ont pas pris une
ride sous le soleil des Caraïbes… et ailleurs. Un mépris qui témoigne, une fois
encore, de la dépendance du G20 et des gouvernements à la domination de la
finance et de leur absence de volonté à mettre un terme à la tentation du
offshore.
Il ne s’agit plus de parler de sanctions, mais de stopper ce
processus de précarisation des peuples du monde.
A bientôt.