samedi 28 décembre 2013

Education et instruction.



A l’occasion du Congrès de Conception au Chili de L’Association Internationale de la Libre Pensée début novembre 2013, une introduction portait sur la différence éducation-instruction, je vous la livre in-extenso.

 Au fil du temps, avec le développement de l'enseignement public, une distinction s'est faite nettement entre « éducation » et  « instruction ». L'instruction est devenue l'objet de l'école et de l'université en dispensant des savoirs, sanctionnés le plus souvent par des diplômes délivrés par l'Etat (les Eglises, le patronat, et le secteur marchand en étant exclus dans un Etat laïque). L’éducation est le rôle des familles et de la société.
Du fait de l'École républicaine et laïque, l'éducation n'a pas pris le même sens que dans d'autres pays où elle est confondue avec l'instruction. L'éducation est assimilée à une sorte de dressage qui fait obéir à l'autorité (aux parents, aux chefs, aux patrons). Elle permet aussi, il est vrai, aux personnes de se conduire de manière civilisée entre elles. La politesse, la courtoisie, la tolérance, les règles morales ne sont pas des savoirs, elles ne sont que des règles de comportement. L'éducation est indispensable pour toute vie en société.

C'est pourquoi la Libre Pensée française n'est nullement partisane de l'enseignement d'une morale à l'école, car cela relève des familles, c'est-à-dire de l'espace privé et non public, Pour les libres penseurs, il n'y a pas de morale laïque, car la morale ou les morales religieuses n'existent pas en tant qu’universelle.
Autre chose est ce que nous appelons en France l'instruction civique qui est la connaissance des lois, des institutions publiques et politiques de la société et de l'attitude que les élèves doivent avoir avec eux. C'est par l'enseignement de ces savoirs que l'on forme des citoyens conscients et responsables.

L'instruction a donc pour objet de construire l'individu en lui donnant les moyens de sa liberté et de son émancipation. L'instruction est libératrice par essence. C'est pourquoi la Libre Pensée est profondément attachée à l'Ecole publique et au développement de l'enseignement du rationalisme et des sciences.

L'éducation est du domaine privé. C'est donc aussi un terrain sur lequel les libres penseurs doivent agir pour développer les idées et les concepts d'émancipation intégrale en s'affrontant aux dogmes et conceptions religieuses. Des conceptions antagoniques de la vie se confrontent en conséquence dans le domaine de l'Education en fonction des engagements des citoyens et de leur famille.
Il y a une véritable éducation à faire à la liberté, à la conscience, à la pensée libre pour combattre une éducation visant à maintenir l'oppression sociale, politique, culturelle et économique. Mais ces " conceptions de vie " ne sont pas des savoirs, mais des opinions. La confrontation n'a donc pas à avoir lieu dans le domaine de l'instruction.
Il n'est pas neutre qu'en France, depuis des décennies, les gouvernements antilaïques qui se sont succédé ont remplacé les mots « Ministère de l'Instruction publique » par  «Ministère de l'Education nationale ». Il ne s'agit pas de la même chose.

La confusion des genres remet en cause profondément l'idée même de Séparation du « religieux » et du « public ».

 Pour les libres penseurs français, l'instruction libère, l'éducation peut opprimer.


A bientôt.

vendredi 27 décembre 2013

Espagne, crise, affaires, intégrisme catholique.



Début novembre notre migration vers le sud commence; nous traversons une contrée appelée Catalogne. Les panneaux de signalisation sont en catalan. De toute façon quand on entre en Espagne il faut être multilingue pour suivre la signalisation. Aux balcons sont accrochés des drapeaux jaunes et rouges, mais … à plusieurs bandes horizontales au lieu de trois, apparence extrêmement importante pour se différencier du rival espagnol, à qui l’on demande de reconnaître l’indépendance de l’autonomie catalane. Le 11 septembre pour la fête de la Catalogne, la Diada, une chaîne humaine s’est formée de la frontière nord à la frontière sud pour demander cette indépendance. Impressionnant !
L’indépendance aujourd’hui plus qu’hier, pourquoi ? Parce que la classe populaire en a assez de supporter seule le poids de la soi disant crise financière. Mais aujourd’hui les circonstances sont exceptionnelles car il s’agit d’un processus qui échappe aux institutions européennes. Cette Union Européenne qui a mis en place les processus (diviser pour régner) de régionalisation et de balkanisation des pays, est aujourd’hui, en Catalogne, dépassée par ses conséquences. A mettre de l’huile sur le feu parfois on se brûle. Les dirigeants au pouvoir sont allés très loin : « la Catalogne aux catalans » ! Et pourtant ceux-ci ont pratiqués plus de « recortes » que l’administration centrale de Madrid, ce qui n’est pas peu dire !... Ils savent aller loin dans tous les sens. Et la police catalane, les Mossos, entretient une mauvaise réputation suite à de nombreuses « bavures ».

Nous continuons vers Castellon, pour prendre l’autoroute gratuite qui dessert l’aéroport. Qui dessert, un bien grand mot, car l’aéroport tout neuf n’a jamais ouvert faute de passagers. La communitat Valenciana, aux mains du PP, et quand je dis aux mains je pourrais préciser aux mains sales vu les nombreuses « affaires » et inculpations, a investi pour un avenir différent. Investi, en tout cas a touché beaucoup de « commissions » occultes. La côte de Castellon est la région espagnole où l’on trouve le plus grand nombre d’appartements vides de toute l’Espagne, et là aussi ce n’est pas peu dire ! Mais ici les églises adventistes, pentecôtistes, du petit jésus de la Trinité, de la sainte du vendredi, etc… sont florissantes. Une bien bonne chose la religion, pour calmer les contestataires. Et bien sûr une nouvelle langue, le « patois valencian ». Patois, je vais être déclaré indésirable !

On arrive ensuite à la petite « Region de Murcia » et l’Andalousie, ici la signalisation reste en « castellan », et l’usage de l’espagnol est quasi général. L’Andalousie se distingue par le fait que la « junta a Andalucia » est la seule autonomie aux mains du PSOE en Espagne. Les « problèmes » ne sont pas absents pour autant : scandale des ERE, etc… Pour les espagnols les andalous sont déjà des « maures », un camping cariste catalan m’a dit un jour : « en passant ici en rentrant du Maroc, je croyais que j’y étais encore, les gens, le paysage ». Cette année la sécheresse est particulièrement importante. A la « frontière » murciane, à Aguilas, une visite à la galerie marchande de l’Eroski nous donne une idée du recul de l’activité espagnole : de 30% des magasins fermés, nous en sommes à 80%. Désolant.

La lecture de la presse, en particulier El Pais, nous donne une idée de l’actualité.
Les scandales sont nombreux qui touchent la famille royale (caso Urdangarin, le gendre du roi, l’Infante, …), le PP au pouvoir (les cas sont si nombreux que je ne vous citerais que Bardenas le trésorier du PP), et le PSOE.
L’Opus Dei, intégristes catho dont la réputation n’est plus à faire, ancien bras droit et même tête pensante de Franco, a été viré de la « commandantur » au Vatican par le nouveau pape, son leader en Espagne le Cardinal Rouco mis à la retraite par le même François. Ce  pape François chargé de remettre « un peu d’ordre ou de morale selon les canons religieux » dans la Curie et notamment dans la banque du Vatican, qualifiée par la commission Européenne de « techniquement criminelle ». Cet Opus Dei reste très puissant au gouvernement espagnol par l’intermédiaire, en particulier, du Ministre de l’Intérieur, prêtre laïc de l’Opus. L’Espagne va donc rétablir l’interdiction de l’IVG, loi promulguée par le gouvernement Zapatero, et d’autres lois réactionnaires dictées par les « intégristes catho ».

Pedro Solbes, ancien ministre des Finances de Zapatero, ancien commissaire européen, s’impose aussi dans l’actualité avec un livre dans lequel il défend sa démission du gouvernement Zapatero en invoquant l’incompatibilité de ses options économiques avec celles de son chef. Intéressant. Il dit lui avoir demandé d’imposer la politique d’austérité recommandée par la Commission Européenne, et celui-ci a refusé parce qu’il avait discuté avec l’économiste américain Krugman, prix Nobel, qui critique cette option. Solbes a démissionné, et prétend maintenant que l’Espagne aurait gagné 2 ans. Deux ans de gagné pour qui ? On s’en doute. Ce n’est qu’une opinion, et ça dépend dans l’intérêt de qui on se place. On voit, lui, quels intérêts il défend ! On constate aujourd’hui les résultats de « l’austérité » : le supplément « Negocios » du 24.11.2013 d’El Pais indique que l’enquête annuelle du Crédit Suisse donne en Espagne un nombre de millionnaires de 13% supérieur par rapport à l’année dernière et un doublement du nombre de personnes en « extrême pauvreté ». Pour la Troika ce sont des chiffres « rassurants » mais il faut encore des restrictions sur les pensions de retraite.
En 2011 Zapatero a reçu par lettre (Il n’est pas le seul à en parler) un ultimatum de la Commission et le 7 septembre 2011 il fait voter « la règle d’or » (en France TSCG) qui rend obligatoire l’examen du budget du pays par cette Commission Européenne. La souveraineté des Etats devient un leurre. L’austérité est la règle sans discussion. Le budget, ressource de l’Etat, outil de sa souveraineté, de tous les pays de l’UE passe de « recommandation » à « obligation ». (Nous avons cette fin d’année en France le premier budget passé par Bruxelles, contre l’avis du peuple qui a refusé le traité l’instituant). A l’époque un avocat espagnol Isaac Ibanez décide d’écrire à Bruxelles pour demander la publication de la lettre. Réponse : « la lettre est maximo secreto ». Puisque cette époque revient à la mode, on l’a interviewé sur la suite qu’il a donnée à cette interpellation. Il a ensuite contacté le Défenseur des peuples européens, les réponses furent les mêmes. Sa remarque : « une Commission non élue qui dirige en fait l’Europe a des secrets pour les peuples, où est la démocratie ? ». Concluez vous-mêmes.
Puisque nous parlons de Krugman, signalons qu’il tient une rubrique sur le supplément dominical « Negocios » du journal El Pais. Il développe une défense du capitalisme en totale contradiction avec les politiques d’austérité imposées par les financiers et les économistes à la mode. Dans un article intitulé : « La guerre contre les pauvres », il tance les dirigeants républicains américains qui disent « que si tu es pauvre c’est que d’une certaine façon tu es un incompétent ou un vagabond », « le gouvernement Obama aide les perdants », « la protection sociale est un hamac dans lequel se vautre des gens sains, mais qui vivent de la dépendance et de la complaisance », « les marchés ont raison, donc les gens qui finissent dans la pauvreté méritent d’être pauvres », en leur répondant « qu’ils ont un esprit d’adolescents libertaires fantaisistes ». En fait « la base  républicaine (et surtout Tea Party) sont conscients que leur condition de blancs est chaque jour plus minoritaire ». Consciemment ou inconsciemment le racisme prend le dessus sur la raison. Dans « Complot contre la France », il dit « que pour les défenseurs de l’austérité, la  France a commis l’impardonnable péché d’avoir une fiscalité responsable et une sécurité sociale qui ne faisait pas souffrir les pauvres et pour cela elle doit être châtiée ». Dans « Ces allemands déprimants », il accuse les allemands « de chercher à démolir ses partenaires, et de ne pas cotiser suffisamment pour construire une Europe viable ». Ainsi on comprend mieux le « différend » entre Solbes et Zapatero.

A Marinaleda, le village andalou de « l’utopie communiste » (pas celle de Staline), mauvaise nouvelle : Sanchez Gordillo, le maire, et quelques autres dirigeants sont passibles de prison pour « occupation illégale d’une finca publique ». Vu le durcissement des peines imposé par la nouvelle loi dite de Sécurité votée par le gouvernement Rajoy ils sont pratiquement certains de finir en prison.

Le revirement sécuritaire et « moralisateur » catholique intégriste fait de l’Espagne un des pays européens les plus rétrogrades. Le XXIème siècle ne démarre pas sous les auspices prévus par les experocrates médiatiques aussi rapides à tourner leur veste qu’à avoir un avis autorisé. Ne nous flattons pas, nous avons eu notre « manif pour tous » avec des curés hurleurs à leur tête qui ne dépareraient à l’Opus Dei.

Un seul point satisfaisant, l’Espagne est le pays « modèle » pour l’Europe d’intégration des « gens du voyage », pour prendre une dénomination générale, pourtant avec une population de ce type très nombreuse. Certes tout n’est pas rose, mais l’exemple est probant d’intégration et de vie commune. J’en parlerais sans doute prochainement.

Partout la politique européenne fait payer aux travailleurs par les restrictions budgétaires et la baisse du coût du travail la crise du système, mais même s’ils ne sont plus que des exécutants, les gouvernements sont directement responsables puisque ce sont les seuls élus.

A bientôt.


Centenaire de la guerre de 14-18.



Monsieur le Président de la République,


Vous en avez le pouvoir,


Vous devez réparer une injustice vieille de cent ans :



Réhabilitez collectivement les Fusillés pour l’exemple !



Voilà près de dix ans maintenant que des organisations comme la Libre Pensée, l’Association Républicaine des Anciens Combattants, l’Union pacifiste, le Mouvement de la Paix, et de nombreuses sections départementales de la Ligue des droits de l’Homme, se prononcent ensemble pour une réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple.
Elle gagne, maintenant, certaines organisations syndicale –CGT et FORCE OUVRIERE- qui rappellent le sacrifice des ouvriers et travailleurs durant la dite guerre.

Il s’agit de rendre la dignité aux fusillés pour l’exemple, 2500 ayant fait l’objet de condamnations à mort par des tribunaux d’exception, où les dossiers furent exclusivement à charge puisqu’il s’agissait de faire des exemples. 650 furent exécutés et encore, en ne tenant pas compte des exécutions sommaires, sous des prétextes les plus fallacieux, voire des assassinats effectués sur le champ, après tirage au sort, des victimes.
Le dossier a fait l’objet de nombreuses publications voire de films et de chansons. L’opinion publique est régulièrement sensibilisée.
Situation dramatique, des soldats français ont été tués par des balles françaises !
De quoi ébranler tous les patriotismes du monde.
Cette notion de patriotisme, que les pays utilisent pour faire marcher la troupe; « on croit se battre pour sa patrie et on meurt pour les industriels », disait Anatole France.

En qualité de Président de la République, nous espérions que celui-ci se souvienne de ses engagements d’élu départemental lors de la présentation des travaux pour le centième anniversaire de la guerre. Nous espérions dans sa fidélité à Jean Jaurès. Or, celui-ci a pris l’engagement d’instaurer un monument particulier à la mémoire des fusillés. Faudra-t-il que sur ce monument on indique : mort pour la France.
En dehors du fait qu’il s’agit d’une singularisation, cela ne répond pas à la revendication de réhabilitation qui est la seule qui permette de placer les victimes comme des victimes de la guerre, car tel est l’objectif : condamner la guerre pour ce qu’elle a comme données barbares, dire que les hommes sont incapables de prévoir leur comportement dans des conditions autoritaires et barbares, que nous n’avons pas tous vocation à être des héros.
 
Je rappelle que de nombreux pays belligérants, l’Angleterre, la Nouvelle Zélande, le Canada, ont, dans des formes juridiques applicables à leur pays, décidé de cette réhabilitation.
La France s’encroûte dans la Mesquinerie. En effet, le bon sens conduit à conclure qu’il faut réhabiliter la totalité des Fusillés pour l’exemple, sans prise en compte de cas particuliers, inaccessibles à une investigation scientifique digne de ce nom.
Nombre d’historiens ont une parfaite conscience de ces difficultés insurmontables qui rendent l’étude au cas par cas impossible, définitivement hors de portée. Beaucoup de ces historiens ont accompli un travail remarquable, qui a enrichi de façon décisive notre connaissance de la Grande Guerre, loin des clichés hérités du passé qui perduraient dans une certaine opinion soucieuse d’un patriotisme de circonstance, comme elles perduraient dans beaucoup de travaux universitaires, et du même coup dans les manuels scolaires.
« Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent. »

Lors de la cérémonie du 11 novembre 2013 plus d’une centaine de rassemblements et d’initiatives dans tout le pays, dans tous les départements ont vu se rassembler  libres penseurs, pacifistes internationalistes, syndicalistes, militants de toutes tendances, un nombre considérable d’Elus municipaux, Maires, Conseillers généraux, Conseillers régionaux, Députés, Sénateurs.
Une volonté s’est exprimée. Et il y a eu une condamnation nette des propos honteux du Président de la République qui a refusé, dans la continuité de tous ses prédécesseurs, de rendre la justice et leur honneur aux 650 Fusillés pour l’exemple.
Celui-ci a mis ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy en appliquant méticuleusement la loi Laffineur qui mélange toutes les guerres, celle de 1914-1918 et celles coloniales d’Indochine et d’Algérie.
L’année du Centenaire commence il est encore temps pour le camarade Hollande de prouver sa fidélité à Jaurès.
Signez et faites signer cet appel avec des historiens, des cinéastes, des réalisateurs, des comédiens, des artistes, des écrivains, des libres penseurs, des syndicalistes, des pacifistes et des internationalistes qui, par delà leurs engagements respectifs, par delà les investissements personnels, culturels, philosophiques, politiques, qui leur sont propres, se retrouvent ensemble sur cette exigence, dont la satisfaction sera à l’honneur de la République.


A bientôt

lundi 28 octobre 2013

VOYAGE AU VIETNAM (1)



Notre souhait il y a juste quatre ans, en rentrant d’un périple au Vietnam, qui nous avait amené de Hanoï à Lao Caï (train), Sapa, Ta Van (trek), Bac Ha, la baie d’Halong, Hoa Lu, Tam Coc (baie d’Halong terrestre), le train Hanoï-Hué, Hué, Col des Nuages, Hoï An, Da Nang, Nha Trang, Buon Me Thot, Lac Lak, Dalat, Ho Chi Minh ville, Cai Be, Long Xuyen, Ho Chi Minh ville, était de retrouver et revoir ce peuple viet, fier et chaleureux, et ce pays du dragon aux multiples facettes. C’est fait, ce mois de mai. Et l’enchantement perdure.
Oui la banlieue d’Hanoï se hérisse de petits buildings à l’occidentale et les travaux autoroutiers sont nombreux, mais le centre ville n’a rien perdu de son charme, de sa grouillante activité, seule la jeunesse est de plus en plus présente. Tradition et modernité se mélangent naturellement. Les petits marchands  sont toujours présents en nombre le long des trottoirs. Ici vous trouvez de tout avec une fraîcheur remarquable vu les conditions. Et le sourire fait partie de l’ambiance générale. Si le sourire n’est pas exprimé sur le visage c’est que la personne détient du pouvoir ou de l’argent (les deux ensemble souvent).






Nous partons pour une boucle dans la région du Nord-Est, site qui devrait prochainement être classé au Patrimoine Mondial Naturel par l’Unesco, pour ses paysages grandioses et la conservation des activités culturelles traditionnelles des ethnies minoritaires qui la peuple. Malgré la beauté de cette région et sa richesse culturelle, elle est encore très peu visitée et les installations touristiques sont basiques et rustiques. Notre jeune guide est spécialiste du trek et très avenant.
Nous pouvons constater au long du circuit que les travaux de constructions de maisons en « dur » (moëllons) sont nombreux, surtout près des villages, confirmant l’évolution actuelle du pays.
A partir de HAGIANG la nature devient grandiose et sauvage. Nous sommes à 350 km au Nord de Hanoi, la route côtoie la frontière chinoise, dans un décor de vallées entourées de montagnes karstiques, traversées par des rivières qui s’étirent comme des serpents et des rizières en terrasses. Nous avons une idée de ces paysages au travers des gravures chinoises du Yunan.







Au long des journées nous avons profité des rencontres avec les habitants des villages ethniques minoritaires (Hmongs, Dao,.. ) qui ont conservé leurs activités culturelles traditionnelles. Dans les villages l’administration locale met à la disposition des habitants le sable et le ciment nécessaire pour construire un réseau routier, à charge de ceux-ci de le mettre en œuvre collectivement ce qui, nous le constatons, est fait. Le moindre petit hameau possède son école, grouillante. Les viets doivent se limiter à deux enfants par couple, mais les minorités ont des dispenses, la main d’œuvre agricole étant plus importante. Malgré ces limitations la jeunesse domine. La nature offre une multitude de fruits et légumes à qui veut entretenir ses richesses, ce qui n’empêche pas les nombreux petits jardins près des maisons. La terre est propriété de l’Etat, et l’administration locale donne la « gérance » à qui la cultive. Et le moindre carré de terre est mis à profit, même pour deux pieds de maïs. Les travaux des champs sont entrepris souvent de manière collective. Nous sommes charmés par les couleurs chatoyantes des costumes traditionnels des montagnards et amusés par l’animation des marchés, toujours avec des sourires.













Pour se rendre de Dông Van à Mèo Vac, il faut passer par le sommet de Ma Pi Lèng. Près du sommet, du belvédère nommé la Porte Céleste, on profite d’une vue incroyable. En bas, 1500 mètres plus bas, la rivière Nho Que serpente tel un ruban de soie.







Près de  Bao Lac nous séjournons deux nuits dans un petit village d’une ethnie venue du Sud de la Chine les Lolo noirs. Nous vivons dans une famille Lolo et sa maison sur pilotis. Au sol les animaux et le matériel, et à l’étage une grande salle unique qui fait office de cuisine (avec sa cheminée centrale allumée en permanence, sans conduit pour le fumage des aliments), de salle à manger (sur la natte), et de chambre à coucher, sans oublier l’autel des Ancêtres en position principale. Ce village a été rendu célèbre en France par une émission de TV « Voyage en terre inconnue ». Bien sûr au village tout le monde se rappelle du tournage et nous apprenons quelques « à côtés ». Maintenant quelques touristes viennent ici, mais n’abondent pas, les séjours de toute façon sont limités à un petit groupe à la fois. L’électricité est fournie par un groupe électrogène que l’on économise le soir, donc on mange à la bougie. Deux sanitaires ont été rajoutés en annexe aux deux maisons qui reçoivent des touristes, un wc et un robinet d’eau froide, alimenté par un réservoir d’une centaine de litres d’eau de source sur le toit. Un luxe, puisque les Lolos vont chercher l’eau à la source, plus haut dans le village. En fait, un Lolo alimente le réservoir quand l’eau baisse avec un tuyau venant de la source. Nous profitons de cette vie communautaire en immersion totale. Une randonnée à pied nous a permis de découvrir leur terrain en montagne.

Les photos seront dans le prochain article.


A SUIVRE...

mercredi 16 octobre 2013

OPTIMISME Economique !



Mais oui l’optimisme est de rigueur. Mais prenez garde, vos intérêts ne coïncident avec les leurs ! Documentons nous donc.

CROISSANCE
Le site internet Boursier.com signale que
« Le Fonds monétaire international a révisé en baisse ses prévisions de croissance mondiale  pour cette année et 2014 mais a rehaussé celles de l'Union européenne et de la France. Le FMI vise désormais une croissance mondiale de +2,9% cette année et +3,6% en 2014, contre respectivement +3,2% et +3,8% projetés en juillet dernier. Concernant la zone euro, le FMI estime que la contraction sera moins importante que prévu en 2013 (-0,4 % contre -0,5% jusqu'ici), avant une reprise en 2014. Au coeur de l'Europe, "on voit enfin de véritables signes de reprise grâce à un changement d'humeur", a expliqué Olivier Blanchard. Pour ce qui est de la France, le FMI se montre en revanche plus optimiste... L'institution table désormais sur un PIB de +0,2% en 2013 et +1% en 2014, contre respectivement -0,1% et +0,9% projetés en juillet dernier.
Selon les Echos et Edouard Lederer « Les Français sont plus riches que les Allemands ».
Quelle surprise ! Et d’expliquer :
« La France tient bien son rang au sein des plus gros patrimoines. Les particuliers y détiennent en moyenne 296.000 dollars (soit 219.000 euros) à mi-2013, ce qui place l'Hexagone en septième position mondiale, juste derrière la Suède (299.000 dollars) et les Etats-Unis (301.000 dollars), mais loin derrière la Suisse (513.000 dollars). Surprenant à première vue, les Français sont même bien plus riches que leurs voisins allemands, dont le patrimoine moyen est de 193.000 dollars (143.000 euros). Il faut sans doute y voir le poids de l'immobilier, bien plus important dans l'Hexagone qu'outre-Rhin. Point positif, la richesse des Français a progressé de 8,2 % sur un an. Comment l'expliquer dans un climat économique pourtant bien morose ? C'est plutôt sur le front des actifs financiers que la France paraît plus faible, avec un peu plus de 100.000 dollars en actions par individu, alors que les Etats-Unis dépassent les 250.000 dollars par tête.»

FRAUDE FISCALE
Selon le Monde du 9 octobre : « La fraude fiscale coûte 2000 milliards d'euros par an à l'Europe » !
« Les députés de l'Essonne Nicolas Dupont-Aignan (non inscrit) et du Nord Alain Bocquet (communiste) ont présenté, mercredi 9 octobre devant la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, le résultat des investigations qu'ils ont menées dans le cadre de la mission d'information sur les paradis fiscaux, constituée en novembre 2012. Le premier intérêt de ce rapport est de dresser un nouvel état des lieux, documenté et chiffré, de ce qu'ils nomment "le poison moderne des démocraties", en révélant des sommes, des lieux, des noms de multinationales s'adonnant à une optimisation abusive de leurs impôts à travers, notamment, la technique financière des prix de transfert (qui revient à transférer les bénéfices dans les pays à fiscalité faible voire nulle). » Selon les informations obtenues par MM. Dupont-Aignan et Bocquet, issues de données de l'administration, la fraude fiscale entraîne un manque à gagner de 60 à 80 milliards d'euros chaque année pour la France et le budget de l'Etat – à comparer aux 53 milliards d'euros de recettes provenant de l'impôt sur les sociétés. »
Tiens !... Et dire que, selon certains, si nous donnions la « préférence nationale » et éliminions les tricheurs à la Sécu et autres « chômeurs » fainéants, nous réglerions soi disant les problèmes. C’est pas demain la veille qu’on va y arriver si on se trompe de cible, de tricheurs, et d’intérêts !

CRISE : DES MILLIONNAIRES TOUJOURS PLUS NOMBREUX.
Dans les Echos :
Le chiffre peut paraître surprenant dans un environnement encore marqué par la crise : le patrimoine total des particuliers (actifs financiers et réels desquels on retranche les dettes) a atteint un record cette année, à 241.000 milliards de dollars, soit 51.600 dollars par adulte. C'est ce qui ressort du dernier « Global Wealth Report » publié hier par Credit Suisse. Dans la période examinée, de mi-2012 à mi-2013, le patrimoine mondial s'est ainsi étoffé de 4,9 %.
Attention, cependant, à ne pas en conclure trop rapidement à un enrichissement généralisé ; la crise est bien passée par là. Au niveau global, sur un an, ce sont bien les plus riches (au-delà de 1 million de dollars de patrimoine) qui s'enrichissent le plus. Alors qu'ils ne représentent que 0,7 % des ménages étudiés, ils détiennent 41 % du patrimoine, contre 39,3 % un an plus tôt, soit une hausse d'environ 10.000 milliards de dollars. A l'inverse, en bas de la pyramide, les patrimoines compris entre 10.000 et 100.000 dollars, largement majoritaires, ont fait du surplace à 7.300 milliards de dollars. Mais être riche ne suffit pas. Encore faut-il parvenir à le demeurer. C'est aux Etats-Unis que l'on a le plus de chance de conserver sa fortune : 65 % des ménages américains millionnaires en 2000-2001 restent au-dessus de la barre fatidique dix ans plus tard. Cela est dû au niveau de fortune relativement plus élevé outre-Atlantique, qui demande donc de s'appauvrir davantage avant de sortir du club des millionnaires. De plus, comme les Américains ont le plus souvent des actifs libellés en dollars, ils ne souffrent bien entendu d'aucun effet de change. A l'inverse, les millionnaires ont beaucoup moins « survécu » en France, où seuls 47 % des heureux élus de 2000 faisaient encore partie du club en 2010. Ce taux est encore plus faible au Japon, en Italie ou en Allemagne.
C’est ben vrai tout ça ! Ca devient difficile de rester riche, si on n’est pas vraiment riche !

La même statistique sur le site internet Rue89, par Clément Guillou :
La richesse mondiale a doublé depuis 2000 (et autres chiffres révoltants).
Ah bon, je croyais que c’était de bonnes nouvelles économiques !
Le groupe de services financiers Crédit suisse et la Croix-Rouge viennent chacun de sortir un rapport dont la lecture conjuguée est désespérante.
Le premier (en anglais, PDF) fait un bilan statistique de la richesse mondiale. On apprend qu’elle « a plus que doublé depuis 2000, atteignant un nouveau record historique de 241 000 milliards de dollars ».
Le deuxième (en anglais, PDF) parle des « impacts humanitaires de la crise économique en Europe » (42 pays étudiés dans l’Union européenne, les Balkans, l’Europe orientale). Il constate que « le nombre de personnes dépendant des distributions de nourriture de la Croix-Rouge dans 22 des pays concernés a augmenté de 75% entre 2009 et 2012 ».
Quelques chiffres à retenir de ces deux rapports.
46% du patrimoine mondial est détenu par 1% des ménages
La richesse mondiale a crû de 4,9% entre mi-2012 et mi-2013, la période examinée par Crédit suisse, et de 68% ces dix dernières années. Le pourcent le plus fortuné des ménages commence à 753 000 dollars (557 000 euros) et amasse 46% du patrimoine mondial – part en hausse –, tandis que les deux tiers des ménages, dont le patrimoine reste stable, ne représentent que 3% de la richesse globale.
25% de travailleurs pauvres en Allemagne
Le nombre de salariés allemands ne pouvant subvenir à leurs besoins est en constante augmentation, relève la Croix-Rouge : un quart d’entre eux ont des bas salaires – le montant n’est pas précisé, mais il n’y a pas de salaire minimum en Allemagne. Près de la moité des contrats signés en Allemagne depuis 2008 sont à court terme, sans sécurité sociale, et 1,3 million de travailleurs ne peuvent subvenir à leurs besoins. Une étude de la Fondation Bertelsmann publiée en décembre 2012 montre que la classe moyenne est passée de 65% de la population en 1997 à 58% quinze ans plus tard :
5,5 millions d’Allemands sont devenus « pauvres » ;
500 000 sont devenus « riches ».
31 millions : le nombre de millionnaires en dollars
Le nombre de millionnaires en dollars n’a jamais été aussi élevé. L’économie actuelle est propice à l’accumulation de fortune 
5 : nombre de pays en Europe où le chômage des jeunes dépasse 50%
Bosnie, Macédoine, Serbie, Espagne, Grèce : dans tous ces pays, plus d’un jeune de 15 à 24 ans sur deux, en situation de travailler, était au chômage en 2012. Le rapport de la Croix-Rouge dénonce l’austérité qui « ajoute de la pauvreté, alors que les autres continents la réduisent avec succès ».
14% de la population française sous le seuil de pauvreté
En 2011, selon l’indice d’Eurostat repris par la Croix-Rouge, le pourcentage de ménages français sous le seuil de pauvreté (moins de 60% de la richesse médiane dans le pays) s’élevait à 14%. Une hausse de 1,3 point, soit 350 000 habitants de plus, par rapport à 2008.
40 : part des Chinois dans la « classe moyenne » mondiale
La Chine a, par rapport à sa population, peu de très pauvres et peu de très riches. En revanche, en rangeant la population mondiale par déciles de richesse, on s’aperçoit qu’elle constitue 40% de la classe moyenne supérieure : celle des déciles 6 à 9.
40% : l’augmentation du taux de suicide en Grèce au premier semestre 2011
Selon le ministère grec de la Santé, le taux de suicide en Grèce a grandi de 40% entre janvier et mai 2011 par rapport à la même période en 2010. Les premiers effets des plans d’austérité se faisaient sentir. Le taux de suicide des femmes a plus que doublé. Bien d’autres pays européens ont vu leur taux de suicide augmenter pendant la crise, après un long ralentissement, explique la Croix-Rouge.

Même si c’est fatigant, il n’est pas interdit de réfléchir … en fonction de nos intérêts.
A bientôt

vendredi 4 octobre 2013

Hommage à Albert Jacquard.



Le généticien Albert Jacquard est mort mi septembre à l'âge de 87 ans.
Je voudrais, modestement, saluer le grand scientifique et l’être humain.
A travers les hasards et les nécessités de l'existence, Albert Jacquard a eu une vie de recherche et d'engagement personnel dans les grands débats de société, notamment à propos du rôle de la science. Pour lui l'interférence entre la pensée et le quotidien est permanente : les intuitions, les rencontres et les accidents de la vie ont un rôle déterminant dans l'élaboration d'une pensée scientifique. La personne se construit dans un entrelacs continuel des idées et du vécu, c’est la leçon que transmet Albert Jacquard.
A travers ses livres il a travaillé à la vulgarisation de la génétique, et dans ses interviews il déployait une gouaille captivante. En 1997, il avait expliqué au «Nouvel Observateur» pourquoi il est «idiot» de prétendre «mesurer l'intelligence».
Il avait répondu à la question : Les enfants surdoués, cela existe-t-il, oui ou non ?
« Non ! Je n'y crois absolument pas, et je me suis d'ailleurs battu à ce propos contre l'éthologiste Rémy Chauvin, qui a publié en 1975 un ouvrage précisément intitulé «les Surdoués». Il ne peut pas y avoir de surdoués, et cela pour deux raisons: tout d'abord, dans «surdoué», il y a sur, ce qui veut dire supérieur, et implique aussitôt une hiérarchie. Mais le surdoué est supérieur à quoi, à qui ?
Quand on songe que cette hiérarchie est basée sur un seul critère, la mesure du QI, le prétendu quotient d'intelligence, on voit tout de suite qu'il s'agit d'une idée folle. Mesurer l'intelligence? Prétendre ramener cette réalité multiforme à un malheureux chiffre? C'est idiot. Ou alors, pourquoi ne pas instaurer aussi un «QB», un «quotient de beauté»? Quand je propose cela, les gens ricanent. Tout le monde devrait ricaner de la même façon à propos du QI. »
Si vous voyez un de ces livres, n’hésitez pas, dans un langage simple, vous apprendrez quelque chose.


PREUVES DE PREMEDITATION.



Oui je suis vieux ! J’ai donc l'avantage d'avoir vécu un temps que les moins de vingt ans (et bien plus encore) ne peuvent pas connaître et j’ai encore une bonne mémoire contrairement à beaucoup. Et la mémoire, de même que le devoir de mémoire, doit amener à la réflexion. Alors très simplement voici deux cas dont la préméditation est avèrée sur lesquels vous pourrez … méditer.

DESTRUCTION DE L’ECOLE.

Au moment ou Peillon nous sort une loi de refondation de l’école qui n’a d’autre but que de dénationaliser l’enseignement, entreprise entamée depuis l’avènement de la Vème république avec les contre-réformes successives des gouvernements de droite comme de gauche. La décentralisation, l’autonomie des établissements, en particulier, remettent en cause cet acquis de la démocratie et de la République. L’Ecole n’a pas besoin d’être refondée, elle a besoin qu’on lui redonne tous les moyens en termes de budget, de postes, d’heures de cours. Elle a besoin qu’on lui redonne sa mission : INSTRUIRE, transmettre des connaissances avec des programmes et des diplomes nationaux et non, seulement éduquer. La loi Peillon tourne le dos à cette mission.
La Libre Pensée a écrit au ministre : « Il a fallu près d’un siècle pour que les principes d’égalité de la Révolution Française, inscrits dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen concernant la nécessité d’un enseignement débarrassé du dogme et diffusé dans une école ouverte à tous, gratuite et laïque, s’affirment dans les lois laïques sous la III° République. Un siècle pour que l’instituteur ne soit plus sous la tutelle du curé et du maire dans les villages. Aujourd’hui, Monsieur le Ministre, la loi de refondation dont vous êtes l’auteur aggrave la loi d’orientation Fillon…. »
Vous pouvez lire les développements concernant l’opposition à cette loi sur le site de la Libre Pensée
Mon propos était de constater la préméditation de cette destruction de l’école républicaine et je vous rappelle un livre de 1985, signé Michel Sérac, professeur de lettres modernes, ancien président de l’UNEF, dont le titre était  :
 Quelle république sauvera l'école républicaine ?
Il développait les attaques contre l’école républicaine depuis les années soixante. Et oui déjà !...
« Moderniser et démocratiser l'école, disent-ils...
Est-il devenu moderne, au pays de l'école gratuite, laïque, obligatoire, de retrouver le taux d'analphabétisme des années 1870 ?
Est-il devenu moderne de renvoyer des adolescents sans diplôme à l'exploitation, sous le nom " d'alternance école-entreprise " ?
Est-il devenu démocratique, dans un pays où, depuis un siècle, les instituteurs laïques ne relevaient plus " ni du maire, ni du château, ni du curé " de les rendre à la tutelle des notables et tyranneaux locaux, au moyen des " conseils d'écoles " de la décentralisation ?
Les ouvriers, les enseignants, les militants laïques ont voulu, en 1981, préserver l'école publique de ses naufrageurs. lls attendaient que soient abrogées les fameuses lois anti-laïques, anti-instruction de la Ve République : lois Haby, Debré, Guermeur...
M. Chevènement (qui sait pourtant lire) a proclamé la loi Debré " profondément républicaine " ;
M. Chevènement (qui sait écrire) a signé le décret d'achèvement des écoles normales d'instituteurs ;
M. Chevènement (qui sait compter) a fermé 9 000 classes d'écoles publiques en un seul budget. Tous les décrets, depuis 1981, commencent par " Vu la loi du 11 juillet 1975 " : la loi Giscard-Haby...
Des écoles à " projets éducatifs " différents, selon leur clientèle sociale ?
L'inégalité devant l'instruction érigée en règle ?
lls ont poursuivi les contre-réformes de la droite, de la Ve République. lls ont voté des budgets, des lois préparant le retour de la droite.
Qui, désormais, défendra la laïcité de l'école, institution de la démocratie ?
Qui dira la vérité sur les périls qui menacent une génération ?
Quelle république sauvera l'école républicaine ? »
Oui, ce cri est sorti en 1985, certains qui ont de la mémoire se rappelleront du combat contre Haby, qui voulait plus de 25 élèves par classe, ou du combat laïque contre la loi Debré, que nous continuons contre vents et marées. Certains se rappeleront …

Le livre débutait par deux citations :
      « La société occidentale tend de plus en plus à considérer l'école comme une institution auxiliaire, voire marginale, dont la fonction ne va pas beaucoup plus loin que la garde des enfants. Si l'on découvre soudain le retour en force de l'analphabétisme, c'est seulement pour regretter un inconvénient pouvant compromettre l'insertion professionnelle. Platon  pourtant nous avertit que pour former un esclave, il faut peu de temps. Instruire et éclairer des hommes libres, c’est autre chose. Sauf postulat esclavagiste, on n'a pas le droit de former des travailleurs sans faire d'abord des citoyens et des hommes. » 
Jacques Muglioni, inspecteur général de philosophie, janvier 1984.
« Je vous le répète avec une profonde douleur, moi qui hais les catastrophes et les écroulements, je vous avertis, la mort dans l'âme : vous ne voulez pas du progrès ? Vous aurez les révolutions ! »      
Victor Hugo, discours contre la loi Falloux, 14 janvier 1850.


DESTRUCTION DES SERVICES DE SANTE.

Le nombre de femmes privées de suivi gynécologique a doublé en Bretagne. Un an d'attente est nécessaire pour l'ophtalmologie, à Béthune et Bruay, où les sept pédiatres ont une moyenne d'âge de cinquante ans.
La densité médicale, pour 100 000 habitants, descendra en France de 340 à 283 en 2025. Elle est déjà de 223 en Seine-et-Marne, de 189 dans l'Ain...
Nul mystère sur les causes de cette catastrophe : ceci fut prémédité il y a quarante ans. C'est à l'automne 1973 que les premiers étudiants en médecine, reçus à l'examen, durent renoncer aux études et au métier choisis en raison du numerus clausus (quota autorisé).
Ils constituèrent le comité des " reçus- collés " chargèrent I'UNEF de les représenter, tandis que leurs parents (fait rare) se groupaient en association de défense et manifestaient.
Dès 1991, le médecin suédois Saugmann prédisait, statistiquement, la tragédie sanitaire pour... 2012, du fait de ces numerus clausus. Mais notre régime politique, tous partis confondus, répondit en abaissant froidement le quota autorisé, de 8 000 en 1973, à 3 500 médecins par an (1993) ! Le calcul était aussi simple qu'ignoble : moins de médecins signifie moins d'ordonnances, moins de dépenses pour la santé publique.
Source : Site officiel du Senat. Lutte contre la désertification médicale de nos campagnes, 14 ème législature. M. Michel Le Scouarnec attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur les moyens mis en œuvre pour lutter contre la désertification médicale : « … Pourtant le fait était prévu depuis 1991, date du rapport Saugmann, du nom de ce médecin suédois qui avait anticipé dès cette époque un manque de médecins catastrophique dès 2012 dans tous les pays d'Europe, si l'on n'augmentait pas d'urgence le nombre de médecins. Et pour cela, il fallait desserrer le numérus clausus. Les gouvernements successifs ont repoussé cette solution, selon le principe de l'offre et de la demande : plus il y a de médecins, plus il y a de consumérisme médical… »
Source : IRDES. Institut de recherche et documentation en économie de la santé. Site officiel.
On peut constater que si on tient compte de l’accroissement de la population depuis 1992 l’évolution de la démographie des médecins (omnipraticiens/spécialistes) libéraux est négative.
De 1970 à 2009, l'espérance de vie des Américains augmentait de 2,6 mois/an en moyenne mais, en 2010 aux États-Unis, malgré une baisse de la mortalité infantile, qui atteint un minimum historique, l'espérance de vie a, pour la première fois depuis le XIXe siècle, diminué (d'un peu plus d'un mois, passant de 77,9 à 77,8 ans et plus précisément 80,3 ans pour les femmes et 75,3 ans pour les hommes). Les causes de cette régression sont une dégradation de la santé aux Etats-Unis. 
La classe bourgeoise européenne et française, ses serviteurs politiques de gauche et de droite, ses penseurs, ses « experts », tournent en dérision l'objectif révolutionnaire d'une société débarrassée du profit, planifiant la production, l’emploi, les besoins. Leur régime, leur Etat planifient, quant à eux la souffrance et la mort.

A vous de méditer. Pour notre part, nous continuons le combat.

A bientôt.


samedi 14 septembre 2013

REPONSE A ERIC...



Eric me propose une réflexion :
« faut-il que les "démocraties" occidentales soient tombées bien bas pour que Villepin soit aussi remarquable et que Poutine puisse jouer les Moïse... Je te laisse le soin du développement ! ».

Vaste réflexion !
Le constat, que l’on confirme tous les jours, est effectivement la déliquescence des "démocraties" occidentales. La dernière et la plus significative, est l’abandon du rôle de gendarme du monde par l’impérialisme américain sur le problème de la Syrie, après les retraits d’Irak et d’Afghanistan, au grand dam de notre François Hollande qui s’est imprudemment avancé. Cette déliquescence est due à la crise du système capitaliste lui-même. Force est de constater que la résistance grandit et les soulèvements populaires sur tous les continents sont dirigés contre cet ordre mondial.
En fait tout repose dans les choix politiques, aujourd’hui comme hier.
Quels choix ? va-t-on me répondre.
Il y a toujours chez l’être humain des choix possibles, encore faut-il en être conscient et le vouloir !
Il y a possibilité de choix entre le consensus que l’on nous distille dans tous les médias :
-        il n’y aurait pas d’alternative au capitalisme, nous ne pouvons que l’améliorer, car tel le phénix il ressuscite à chaque crise,
ou le droit d’avoir des opinions différentes :
-        il y a des alternatives au capitalisme pourrissant, d’autres systèmes existent, l’histoire est une éternelle évolution.
C’est fondamental. On va encore me dire non, il y a la réalité. Je répète la réponse est : l’histoire nous apporte les preuves qu’un système engendre une réalité qui n’est pas éternelle mais en perpétuelle évolution avec un début et une fin parfois flous. La première option est, contrairement aux idées reçues, une raison de changement car elle ne satisfait pas la majorité humaine, mais bien une minorité qui amasse sur le dos des autres. Quand une minorité dirige sans partage, quand elle explique à longueur de journée qu’il n’y a qu’une issue, c’est une dictature ! Quand il n’y « aurait » pas de choix possible, il n’y a plus démocratie dans les faits, et on prépare le lit des « populistes » tel Hitler et son national-socialisme. Voilà pourquoi les "démocraties" occidentales sont tombées bien bas. La création de plus value par la spéculation, la financiarisation de l’économie et de tous les services publics, la mondialisation qui exonère les grandes entreprises des impôts dans leur ancien état-nation, rapprochent le système de l’abîme. Finalement, l’analyse de Marx et Engels s’avère vraie sur l’évolution du système. Il est facile alors pour des régimes comme celui exercé par Poutine de tenter de prendre le « leadership » puisque cette possibilité lui est offerte. Que fera la Chine ? Quant à l’Europe on voit bien que c’est un vassal des Etats-Unis, à la solde des multinationales ( voir dernièrement le fleuron finlandais Nokia). Plus aucune influence !

Au Japon, en bien plus mauvais état que nous à tout point de vue, mais dans notre conception actuelle encore « état souverain », donc avec un avantage capitalistique (une dette à taux réduit envers sa banque centrale et une possibilité de dévaluation de sa monnaie) sur nous qui dépendons de la communauté européenne (une dette envers des banques privées à taux décidé par elles, pas de possibilité de dévaluation de la monnaie, un budget contrôlé par la communauté) , le philosophe Tatsuru Uchida déplore la situation dans le journal Asahi Shimbun et pose des questions qui s’avèrent générales:
A quoi ressemblera notre pays dans l’avenir ?” Voilà une question que l’on me pose souvent. A quoi je réponds : “Il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. Par laquelle voulez-vous que je commence ?” Malgré son apparence simpliste, cette phrase me semble adaptée au contexte puisqu’il existe bel et bien un constat pessimiste concernant le Japon.
Commençons par la mauvaise nouvelle. Le Japon, de fait, est entré dans un processus de déclin en tant qu’Etat-nation. En effet, plutôt que d’agir pour son peuple, l’Etat tend de plus en plus à privilégier autre chose. Pour être clair, j’entends par “autre chose que le peuple” l’ensemble des multinationales. Bien que ces entreprises aient été fondées au Japon par des personnes de nationalité japonaise, cela remonte à longtemps. Aujourd’hui, non seulement celles-ci délocalisent leur production à l’étranger, mais les actionnaires, les salariés et les gérants sont de nationalités diverses, ce qui fait d’elles des entreprises sans patrie. Or “le Japon ne pourrait se maintenir dans la concurrence mondiale qu’à la seule condition d’obéir à cette forme d’entrepreneuriat” (du moins, c’est ce que clament haut et fort les médias).
Prenons l’exemple du constructeur automobile Toyota. Bien qu’il ait toujours mis un point d’honneur à produire 3 millions de ses automobiles dans les usines de l’archipel, il a dû récemment abandonner cette ligne de conduite. L’explication serait la suivante : s’il favorise l’emploi local et paie donc les charges sociales au Trésor public, il peut certes contribuer à l’enrichissement national, mais ne saurait être compétitif à l’échelle internationale. Les actionnaires étrangers considèrent comme absurde que les patrons concentrent l’emploi et la richesse dans un pays en particulier. Une bonne gestion d’entreprise consiste à employer une main-d’œuvre qualifiée au moindre coût, à repérer les pays où réglementations économiques et restrictions environnementales sont peu sévères et à s’implanter dans les régions où les infrastructures sont bonnes. C’est là une logique tout à fait rationnelle pour les investisseurs. Ainsi, les grandes entreprises japonaises se sont “globalisées” – ou sont en train de l’être – et, à terme, aucune entreprise n’échappera à cette évolution. J’insiste sur le fait que cette mondialisation générale est un choix tout à fait logique pour les actionnaires. Cependant, que le gouvernement d’un Etat-nation soit en faveur d’une telle évolution en dépit de son peuple, voilà qui est incohérent.
 Après l’accident de Fukushima [en mars 2011], lorsqu’il a été question pour la première fois de redémarrer la centrale nucléaire d’Ohi [située dans le centre-ouest du Japon, mise à l’arrêt pour inspection après la catastrophe], les multinationales et les médias ont argumenté en faveur de cette décision de la façon suivante : “Faute d’avoir puisé dans l’énergie thermique après la fermeture des centrales nucléaires, on a vu le prix de l’énergie augmenter et les coûts de production en conséquence, mettant ainsi à mal la compétitivité du Japon sur la scène internationale. Si vous voulez que le Japon gagne dans la concurrence mondiale, redémarrez les réacteurs.” De plus, les entreprises se sont enhardies à menacer le gouvernement de délocaliser leur production à l’étranger, en faisant mine de déplorer qu’il s’ensuivrait une perte massive de l’emploi, un appauvrissement des finances de l’Etat et une crise économique profonde. A la suite de cette véritable intimidation, le gouvernement du Parti démocrate [centre gauche, au pouvoir de 2009 à 2012] a fléchi en autorisant la réouverture de ladite centrale [en juillet 2012].
Mais il suffit d’un peu d’imagination pour se rendre compte que ce discours est quelque peu étrange. Supposons qu’un accident nucléaire se reproduise dans l’archipel. Que feront ces entreprises qui brandissent leur intention de quitter le Japon si les coûts énergétiques venaient à augmenter ? Accepteraient-elles de supporter en partie les coûts de décontamination parce qu’elles auraient exigé la remise en ­service des réacteurs ? S’enga­geraient-elles à œuvrer pour la reconstruction de la région, à participer à l’effort national et à garantir l’emploi ? Il me semble évident qu’elles n’assumeraient pas la ­responsabilité d’avoir été à l’origine d’un nouveau désastre. Je suis persuadé qu’elles refuseraient en toute conscience de maintenir leurs activités sur un territoire si dangereux, soulignant qu’il est improbable que des produits contaminés puissent se vendre. Alors, les entreprises quitteraient l’archipel sans même hésiter.
Personnellement, j’éprouve une forte réticence à considérer comme japonaises ces entreprises qui ne ratent pas une occasion de soutirer les faveurs de l’Etat en menaçant de quitter le pays. Elles ne considèrent ce pays que comme une réserve exploitable à volonté, jusqu’à épuisement. Lorsqu’une entreprise privée s’exonère des coûts de décontamination et se sert des impôts pour nettoyer ce qu’elle a pollué, elle externalise le coût environnemental (Tepco, la compagnie d’électricité gestionnaire de la centrale de Fukushima, profite d’ailleurs grandement de cette logique). Réduire le coût de l’électricité en exigeant le redémarrage des réacteurs revient à “externaliser le coût de fabrication”.
Faire construire des rails de Shinkansen et des autoroutes pour faciliter l’accès à ses usines, c’est aussi “externaliser” le coût de la distribution. En incitant les universités à former “un contingent de travailleurs anglophones, durs en affaires mais également dociles, de sorte qu’ils acceptent de travailler trois cents heures par mois et de s’expatrier du jour au lendemain”,
les entreprises s’exonèrent des frais de formation de leurs salariés. En somme, la stratégie fondamentale des multinationales consiste à imposer à l’Etat-nation des dépenses qu’elles devraient assumer, tout en accaparant les bénéfices.
Il ne s’agit pas là de dire que ces entreprises sont mauvaises ou de porter un quelconque jugement de valeur. Somme toute, elles ne font qu’adopter un comportement justifié et rationnel : atteindre un maximum de bénéfices. Cependant, considérer qu’il est légitime d’imposer des dépenses à l’Etat et à son peuple en invoquant le prétexte qu’elles sont “japonaises” est tout à fait inacceptable.
Pourquoi les multinationales ne renoncent-elles pas à leur appartenance japonaise, alors même qu’elles sont apatrides ? Certainement pour justifier le transfert des dépenses en proclamant que la maximisation de leurs profits génère la richesse nationale. L’appartenance nationale est leur unique argument pour profiter du portefeuille de l’Etat. C’est pourquoi les entreprises multinationales et leurs partisans s’obstinent à interpeller le peuple japonais sur les moyens par lesquels le Japon pourrait “gagner dans la concurrence mondiale”.
Comme si le profit des entreprises et la hausse des cours de la Bourse allaient de pair avec la valeur même du peuple japonais – et qu’il s’agisse là d’une évidence ne nécessitant aucune argumentation. Leur propos se réduit très vite à une question purement utilitaire telle que :
“Combien êtes-vous prêts à prendre en charge pour nous aider à nous exonérer de nos coûts et à maximiser nos profits ?” Si l’on empruntait les termes du fameux discours de J. F. Kennedy, cela reviendrait à dire : “Ne vous demandez pas ce que les entreprises peuvent faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour elles.” Je remarque, non sans être offusqué, que les médias japonais rabâchent à outrance ce genre de sophisme sans aucun sens critique.
Par ailleurs, il est important de se rendre compte que l’amalgame entre profit des entreprises et richesse de la nation requiert une solidarité nationale exacerbée afin de dissimuler son imposture. A première vue, il semble que la mondialisation et le nationalisme xénophobe soient incompatibles ; en réalité, ce sont les deux faces de la même médaille. Aujourd’hui, le discours ambiant est que le peuple japonais doit à tout prix soutenir les multinationales, compétitives internationalement, car elles sont le
“navire amiral de l’économie japonaise”.
Les compromis imposés sont pourtant nombreux : accepter de faire des heures supplémentaires gratuites et de gagner un salaire minimal, reconnaître l’anglais comme langue officielle dans les entreprises, accepter la hausse des taxes sur la consommation, fermer les yeux sur l’écroulement de l’économie locale et le déclin de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche dans le pays, pour entrer dans l’accord de Partenariat transpacifique [PTP, en cours de négociation] et accepter le redémarrage des centrales. Publié le 18 mai 2013.

Les questions posées demandent des réponses, et elles ne peuvent être données que dans le cadre d’une vraie démocratie, avec des représentants du peuple élus avec mandat et non payés pour faire un métier, qu’ils font d’ailleurs très bien, à la solde du système à des degrés divers ! Les réponses sont à trouver dans le cadre du respect des droits de tous les hommes et de la justice. Quand on constate la situation elle ne peut passer par des améliorations et demande un changement de système. Ces choix doivent pouvoir s’exprimer librement ce qui n’est pas le cas sans qu’on vous rie au nez. Rira bien qui rira le dernier. Mais pour le moment des variations voient le jour. Je prends l'édito de Eric Chol

Classes moyennes : picotements et ébullition

Karl Marx l’avait juré : les classes moyennes n’existent pas. Seul problème, elles rassemblent déjà des centaines de millions d’individus à travers la planète. Alors imaginez le penseur, avec sa longue crinière blanche et sa barbe, en train de réviser son postulat d’hier, et de twitter, un siècle et demi après son Manifeste du Parti communiste, “Classes moyennes de tous les pays, révoltez-vous #révolution”. Le message, adressé par @Kmarx2013, poursuivrait son tour du monde, en Chine, au Brésil, en Turquie ou en Indonésie. Lutter, oui, mais pour quoi et contre qui ? C’est vrai, les classes moyennes des pays émergents ont des fourmis dans les jambes. C’est vrai aussi, leurs démangeaisons risquent de mettre la planète en ébullition. Mais il manque encore à ces nouveaux contestataires un projet politique.
Dans ce grand basculement du monde, il n’y a pas que des gagnants. En Europe ou aux Etats-Unis, les classes moyennes traditionnelles sont à la peine. Dans les années 1960, leurs parents avaient cru à la fable de l’ascenseur social. C’était avant la mondialisation, avant la crise. Ces catégories sont en voie de désagrégation. En haut, les rescapés : primes confortables, pavillons cossus, 4 x 4 hybrides et vacances exotiques. En bas, les déclassés : salaires rabougris, avenirs précaires et clients potentiels de l’agence locale de Pôle emploi. Entre ces deux univers, la cognée de la mondialisation fait son travail d’éclatement. Les anciennes classes moyennes pourraient, elles aussi, avoir des picotements dans les jambes. Une envie de révolte, avec ou sans projet politique. Courrier International n°1185 18 juillet 2013.

Oui il s’agira d’un combat de classes sociales. Mais la fameuse « classe moyenne » existe-t-elle en tant que classe ? Non, elles n’ont que très peu d’intérêts communs factuels. Non, elle ne sciera pas la branche sur laquelle elle vit, c’est un groupe contestataire pas révolutionnaire. Seule la classe ayant des intérêts communs, conscients ou inconscients, mais n’ayant rien à perdre peut engendrer un changement révolutionnaire. Marx et Engels avaient donc raison, n’en déplaise aux modernes qui cherchent à inventer des nouveautés pour le plaisir de changer les mots. Que certaines parties de la « classe moyenne » accompagne le changement c’est probable.
Oui, les "démocraties" occidentales sont tombées bien bas.

A bientôt.