Oui je suis vieux ! J’ai donc l'avantage d'avoir vécu un temps que les moins de vingt ans (et
bien plus encore) ne peuvent pas connaître et j’ai encore une bonne mémoire
contrairement à beaucoup. Et la mémoire, de même que le devoir de mémoire, doit
amener à la réflexion. Alors très simplement voici deux cas dont la
préméditation est avèrée sur lesquels vous pourrez … méditer.
DESTRUCTION DE L’ECOLE.
Au moment ou Peillon nous sort une loi de refondation de
l’école qui n’a d’autre but que de dénationaliser l’enseignement, entreprise
entamée depuis l’avènement de la Vème république avec les contre-réformes
successives des gouvernements de droite comme de gauche. La décentralisation,
l’autonomie des établissements, en particulier, remettent en cause cet acquis
de la démocratie et de la République. L’Ecole n’a pas besoin d’être refondée,
elle a besoin qu’on lui redonne tous les moyens en termes de budget, de postes,
d’heures de cours. Elle a besoin qu’on lui redonne sa mission : INSTRUIRE, transmettre des
connaissances avec des programmes et des diplomes nationaux et non, seulement
éduquer. La loi Peillon tourne le dos à cette mission.
La Libre Pensée a écrit au ministre : « Il a fallu près d’un siècle pour que
les principes d’égalité de la Révolution Française, inscrits dans la
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen concernant la nécessité d’un
enseignement débarrassé du dogme et diffusé dans une école ouverte à tous,
gratuite et laïque, s’affirment dans les lois laïques sous la III° République.
Un siècle pour que l’instituteur ne soit plus sous la tutelle du curé et du
maire dans les villages. Aujourd’hui, Monsieur le Ministre, la loi de
refondation dont vous êtes l’auteur aggrave la loi d’orientation Fillon…. »
Vous pouvez lire les développements concernant l’opposition
à cette loi sur le site de la Libre Pensée
Mon propos était de constater la préméditation de cette destruction de l’école républicaine et je
vous rappelle un livre de 1985, signé Michel Sérac, professeur de lettres
modernes, ancien président de l’UNEF, dont le titre était :
Quelle république sauvera l'école
républicaine ?
Il développait les attaques contre l’école républicaine
depuis les années soixante. Et oui déjà !...
« Moderniser et
démocratiser l'école, disent-ils...
Est-il devenu
moderne, au pays de l'école gratuite, laïque, obligatoire, de retrouver le taux
d'analphabétisme des années 1870 ?
Est-il devenu
moderne de renvoyer des adolescents sans diplôme à l'exploitation, sous le nom
" d'alternance école-entreprise " ?
Est-il devenu
démocratique, dans un pays où, depuis un siècle, les instituteurs laïques ne
relevaient plus " ni du maire, ni du château, ni du curé " de les
rendre à la tutelle des notables et tyranneaux locaux, au moyen des "
conseils d'écoles " de la décentralisation ?
Les ouvriers, les
enseignants, les militants laïques ont voulu, en 1981, préserver l'école
publique de ses naufrageurs. lls attendaient que soient abrogées les fameuses
lois anti-laïques, anti-instruction de la Ve République : lois Haby, Debré,
Guermeur...
M. Chevènement (qui
sait pourtant lire) a proclamé la loi Debré " profondément républicaine
" ;
M. Chevènement (qui
sait écrire) a signé le décret d'achèvement des écoles normales d'instituteurs
;
M. Chevènement (qui
sait compter) a fermé 9 000 classes d'écoles publiques en un seul budget. Tous
les décrets, depuis 1981, commencent par " Vu la loi du 11 juillet 1975
" : la loi Giscard-Haby...
Des écoles à "
projets éducatifs " différents, selon leur clientèle sociale ?
L'inégalité devant
l'instruction érigée en règle ?
lls ont poursuivi
les contre-réformes de la droite, de la Ve République. lls ont voté des
budgets, des lois préparant le retour de la droite.
Qui, désormais,
défendra la laïcité de l'école, institution de la démocratie ?
Qui dira la vérité
sur les périls qui menacent une génération ?
Quelle république sauvera l'école
républicaine ? »
Oui, ce cri est sorti en 1985, certains qui ont de la
mémoire se rappelleront du combat contre Haby, qui voulait plus de 25 élèves
par classe, ou du combat laïque contre la loi Debré, que nous continuons contre
vents et marées. Certains se rappeleront …
Le livre débutait par deux citations :
« La société occidentale tend de
plus en plus à considérer l'école comme une institution auxiliaire, voire
marginale, dont la fonction ne va pas beaucoup plus loin que la garde des
enfants. Si l'on découvre soudain le retour en force de l'analphabétisme, c'est
seulement pour regretter un inconvénient pouvant compromettre l'insertion
professionnelle. Platon pourtant nous
avertit que pour former un esclave, il faut peu de temps. Instruire et éclairer
des hommes libres, c’est autre chose. Sauf postulat esclavagiste, on n'a pas le
droit de former des travailleurs sans faire d'abord des citoyens et des hommes. »
Jacques Muglioni, inspecteur général de philosophie, janvier
1984.
« Je vous le
répète avec une profonde douleur, moi qui hais les catastrophes et les
écroulements, je vous avertis, la mort dans l'âme : vous ne voulez pas du
progrès ? Vous aurez les révolutions ! »
Victor Hugo, discours contre la loi Falloux, 14 janvier
1850.
DESTRUCTION DES SERVICES DE SANTE.
Le nombre de femmes privées de suivi gynécologique a
doublé en Bretagne. Un an d'attente est nécessaire pour l'ophtalmologie, à
Béthune et Bruay, où les sept pédiatres ont une moyenne d'âge de cinquante ans.
La densité médicale, pour 100 000 habitants, descendra en
France de 340 à 283 en 2025. Elle est déjà de 223 en Seine-et-Marne, de 189
dans l'Ain...
Nul mystère sur les
causes de cette catastrophe : ceci fut prémédité il y a quarante ans. C'est
à l'automne 1973 que les premiers étudiants en médecine, reçus à l'examen,
durent renoncer aux études et au métier choisis en raison du numerus clausus
(quota autorisé).
Ils constituèrent le comité des " reçus- collés
" chargèrent I'UNEF de les représenter, tandis que leurs parents (fait
rare) se groupaient en association de défense et manifestaient.
Dès 1991, le
médecin suédois Saugmann prédisait, statistiquement, la tragédie sanitaire
pour... 2012, du fait de ces numerus clausus. Mais notre régime politique,
tous partis confondus, répondit en abaissant froidement le quota autorisé, de 8
000 en 1973, à 3 500 médecins par an (1993) ! Le calcul était aussi simple
qu'ignoble : moins de médecins signifie moins d'ordonnances, moins de dépenses
pour la santé publique.
Source : Site officiel du Senat. Lutte contre la
désertification médicale de nos campagnes, 14 ème législature. M.
Michel Le Scouarnec attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales
et de la santé sur les moyens mis en œuvre pour lutter contre la
désertification médicale : « …
Pourtant le fait était prévu depuis 1991, date du rapport Saugmann, du nom de
ce médecin suédois qui avait anticipé dès cette époque un manque de médecins
catastrophique dès 2012 dans tous les pays d'Europe, si l'on n'augmentait pas
d'urgence le nombre de médecins. Et pour cela, il fallait desserrer le numérus
clausus. Les gouvernements successifs ont repoussé cette solution, selon le
principe de l'offre et de la demande : plus il y a de médecins, plus il y a de
consumérisme médical… »
Source :
IRDES. Institut de recherche et documentation en économie de la santé. Site
officiel.
On peut constater que si on tient compte de
l’accroissement de la population depuis 1992 l’évolution de la démographie des
médecins (omnipraticiens/spécialistes) libéraux est négative.
De 1970 à 2009, l'espérance de vie des Américains
augmentait de 2,6 mois/an en moyenne mais, en 2010 aux États-Unis, malgré une
baisse de la mortalité infantile, qui atteint un minimum historique,
l'espérance de vie a, pour la première fois depuis le XIXe siècle,
diminué (d'un peu plus d'un mois, passant de 77,9 à 77,8 ans et plus
précisément 80,3 ans pour les femmes et 75,3 ans pour les hommes). Les causes
de cette régression sont une dégradation de la santé aux Etats-Unis.
La classe bourgeoise européenne et française, ses
serviteurs politiques de gauche et de droite, ses penseurs, ses
« experts », tournent en dérision l'objectif révolutionnaire d'une société débarrassée du profit,
planifiant la production, l’emploi, les besoins. Leur régime, leur Etat planifient,
quant à eux la souffrance et la mort.
A vous de méditer. Pour notre part, nous continuons le
combat.
A bientôt.