vendredi 4 octobre 2013

PREUVES DE PREMEDITATION.



Oui je suis vieux ! J’ai donc l'avantage d'avoir vécu un temps que les moins de vingt ans (et bien plus encore) ne peuvent pas connaître et j’ai encore une bonne mémoire contrairement à beaucoup. Et la mémoire, de même que le devoir de mémoire, doit amener à la réflexion. Alors très simplement voici deux cas dont la préméditation est avèrée sur lesquels vous pourrez … méditer.

DESTRUCTION DE L’ECOLE.

Au moment ou Peillon nous sort une loi de refondation de l’école qui n’a d’autre but que de dénationaliser l’enseignement, entreprise entamée depuis l’avènement de la Vème république avec les contre-réformes successives des gouvernements de droite comme de gauche. La décentralisation, l’autonomie des établissements, en particulier, remettent en cause cet acquis de la démocratie et de la République. L’Ecole n’a pas besoin d’être refondée, elle a besoin qu’on lui redonne tous les moyens en termes de budget, de postes, d’heures de cours. Elle a besoin qu’on lui redonne sa mission : INSTRUIRE, transmettre des connaissances avec des programmes et des diplomes nationaux et non, seulement éduquer. La loi Peillon tourne le dos à cette mission.
La Libre Pensée a écrit au ministre : « Il a fallu près d’un siècle pour que les principes d’égalité de la Révolution Française, inscrits dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen concernant la nécessité d’un enseignement débarrassé du dogme et diffusé dans une école ouverte à tous, gratuite et laïque, s’affirment dans les lois laïques sous la III° République. Un siècle pour que l’instituteur ne soit plus sous la tutelle du curé et du maire dans les villages. Aujourd’hui, Monsieur le Ministre, la loi de refondation dont vous êtes l’auteur aggrave la loi d’orientation Fillon…. »
Vous pouvez lire les développements concernant l’opposition à cette loi sur le site de la Libre Pensée
Mon propos était de constater la préméditation de cette destruction de l’école républicaine et je vous rappelle un livre de 1985, signé Michel Sérac, professeur de lettres modernes, ancien président de l’UNEF, dont le titre était  :
 Quelle république sauvera l'école républicaine ?
Il développait les attaques contre l’école républicaine depuis les années soixante. Et oui déjà !...
« Moderniser et démocratiser l'école, disent-ils...
Est-il devenu moderne, au pays de l'école gratuite, laïque, obligatoire, de retrouver le taux d'analphabétisme des années 1870 ?
Est-il devenu moderne de renvoyer des adolescents sans diplôme à l'exploitation, sous le nom " d'alternance école-entreprise " ?
Est-il devenu démocratique, dans un pays où, depuis un siècle, les instituteurs laïques ne relevaient plus " ni du maire, ni du château, ni du curé " de les rendre à la tutelle des notables et tyranneaux locaux, au moyen des " conseils d'écoles " de la décentralisation ?
Les ouvriers, les enseignants, les militants laïques ont voulu, en 1981, préserver l'école publique de ses naufrageurs. lls attendaient que soient abrogées les fameuses lois anti-laïques, anti-instruction de la Ve République : lois Haby, Debré, Guermeur...
M. Chevènement (qui sait pourtant lire) a proclamé la loi Debré " profondément républicaine " ;
M. Chevènement (qui sait écrire) a signé le décret d'achèvement des écoles normales d'instituteurs ;
M. Chevènement (qui sait compter) a fermé 9 000 classes d'écoles publiques en un seul budget. Tous les décrets, depuis 1981, commencent par " Vu la loi du 11 juillet 1975 " : la loi Giscard-Haby...
Des écoles à " projets éducatifs " différents, selon leur clientèle sociale ?
L'inégalité devant l'instruction érigée en règle ?
lls ont poursuivi les contre-réformes de la droite, de la Ve République. lls ont voté des budgets, des lois préparant le retour de la droite.
Qui, désormais, défendra la laïcité de l'école, institution de la démocratie ?
Qui dira la vérité sur les périls qui menacent une génération ?
Quelle république sauvera l'école républicaine ? »
Oui, ce cri est sorti en 1985, certains qui ont de la mémoire se rappelleront du combat contre Haby, qui voulait plus de 25 élèves par classe, ou du combat laïque contre la loi Debré, que nous continuons contre vents et marées. Certains se rappeleront …

Le livre débutait par deux citations :
      « La société occidentale tend de plus en plus à considérer l'école comme une institution auxiliaire, voire marginale, dont la fonction ne va pas beaucoup plus loin que la garde des enfants. Si l'on découvre soudain le retour en force de l'analphabétisme, c'est seulement pour regretter un inconvénient pouvant compromettre l'insertion professionnelle. Platon  pourtant nous avertit que pour former un esclave, il faut peu de temps. Instruire et éclairer des hommes libres, c’est autre chose. Sauf postulat esclavagiste, on n'a pas le droit de former des travailleurs sans faire d'abord des citoyens et des hommes. » 
Jacques Muglioni, inspecteur général de philosophie, janvier 1984.
« Je vous le répète avec une profonde douleur, moi qui hais les catastrophes et les écroulements, je vous avertis, la mort dans l'âme : vous ne voulez pas du progrès ? Vous aurez les révolutions ! »      
Victor Hugo, discours contre la loi Falloux, 14 janvier 1850.


DESTRUCTION DES SERVICES DE SANTE.

Le nombre de femmes privées de suivi gynécologique a doublé en Bretagne. Un an d'attente est nécessaire pour l'ophtalmologie, à Béthune et Bruay, où les sept pédiatres ont une moyenne d'âge de cinquante ans.
La densité médicale, pour 100 000 habitants, descendra en France de 340 à 283 en 2025. Elle est déjà de 223 en Seine-et-Marne, de 189 dans l'Ain...
Nul mystère sur les causes de cette catastrophe : ceci fut prémédité il y a quarante ans. C'est à l'automne 1973 que les premiers étudiants en médecine, reçus à l'examen, durent renoncer aux études et au métier choisis en raison du numerus clausus (quota autorisé).
Ils constituèrent le comité des " reçus- collés " chargèrent I'UNEF de les représenter, tandis que leurs parents (fait rare) se groupaient en association de défense et manifestaient.
Dès 1991, le médecin suédois Saugmann prédisait, statistiquement, la tragédie sanitaire pour... 2012, du fait de ces numerus clausus. Mais notre régime politique, tous partis confondus, répondit en abaissant froidement le quota autorisé, de 8 000 en 1973, à 3 500 médecins par an (1993) ! Le calcul était aussi simple qu'ignoble : moins de médecins signifie moins d'ordonnances, moins de dépenses pour la santé publique.
Source : Site officiel du Senat. Lutte contre la désertification médicale de nos campagnes, 14 ème législature. M. Michel Le Scouarnec attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur les moyens mis en œuvre pour lutter contre la désertification médicale : « … Pourtant le fait était prévu depuis 1991, date du rapport Saugmann, du nom de ce médecin suédois qui avait anticipé dès cette époque un manque de médecins catastrophique dès 2012 dans tous les pays d'Europe, si l'on n'augmentait pas d'urgence le nombre de médecins. Et pour cela, il fallait desserrer le numérus clausus. Les gouvernements successifs ont repoussé cette solution, selon le principe de l'offre et de la demande : plus il y a de médecins, plus il y a de consumérisme médical… »
Source : IRDES. Institut de recherche et documentation en économie de la santé. Site officiel.
On peut constater que si on tient compte de l’accroissement de la population depuis 1992 l’évolution de la démographie des médecins (omnipraticiens/spécialistes) libéraux est négative.
De 1970 à 2009, l'espérance de vie des Américains augmentait de 2,6 mois/an en moyenne mais, en 2010 aux États-Unis, malgré une baisse de la mortalité infantile, qui atteint un minimum historique, l'espérance de vie a, pour la première fois depuis le XIXe siècle, diminué (d'un peu plus d'un mois, passant de 77,9 à 77,8 ans et plus précisément 80,3 ans pour les femmes et 75,3 ans pour les hommes). Les causes de cette régression sont une dégradation de la santé aux Etats-Unis. 
La classe bourgeoise européenne et française, ses serviteurs politiques de gauche et de droite, ses penseurs, ses « experts », tournent en dérision l'objectif révolutionnaire d'une société débarrassée du profit, planifiant la production, l’emploi, les besoins. Leur régime, leur Etat planifient, quant à eux la souffrance et la mort.

A vous de méditer. Pour notre part, nous continuons le combat.

A bientôt.