Le généticien
Albert Jacquard est mort mi
septembre à l'âge de 87 ans.
Je voudrais, modestement, saluer le grand scientifique et
l’être humain.
A travers les hasards et les nécessités de l'existence,
Albert Jacquard a eu une vie de recherche et d'engagement personnel dans les
grands débats de société, notamment à propos du rôle de la science. Pour lui
l'interférence entre la pensée et le quotidien est permanente : les intuitions,
les rencontres et les accidents de la vie ont un rôle déterminant dans l'élaboration
d'une pensée scientifique. La personne se construit dans un entrelacs continuel
des idées et du vécu, c’est la leçon que transmet Albert Jacquard.
A travers ses livres il a travaillé à la vulgarisation de la
génétique, et dans ses interviews il déployait une gouaille captivante. En 1997, il avait expliqué au «Nouvel
Observateur» pourquoi il est «idiot» de prétendre «mesurer
l'intelligence».
Il avait répondu à la question : Les enfants surdoués, cela existe-t-il, oui
ou non ?
« Non ! Je n'y crois absolument pas, et je me suis
d'ailleurs battu à ce propos contre l'éthologiste Rémy Chauvin, qui a publié en
1975 un ouvrage précisément intitulé «les Surdoués». Il ne peut pas y avoir de
surdoués, et cela pour deux raisons: tout d'abord, dans «surdoué», il y a sur, ce
qui veut dire supérieur, et implique aussitôt une hiérarchie. Mais le surdoué
est supérieur à quoi, à qui ?
Quand on songe que cette hiérarchie est basée sur un seul
critère, la mesure du QI, le prétendu quotient d'intelligence, on voit tout de
suite qu'il s'agit d'une idée folle. Mesurer l'intelligence? Prétendre ramener
cette réalité multiforme à un malheureux chiffre? C'est idiot. Ou alors,
pourquoi ne pas instaurer aussi un «QB», un «quotient de beauté»? Quand je
propose cela, les gens ricanent. Tout le monde devrait ricaner de la même façon
à propos du QI. »
Si vous voyez un de ces livres, n’hésitez pas, dans un
langage simple, vous apprendrez quelque chose.