Que penser de la gestion de « la crise du Covid » par Jupiter-Macron !
On peut considérer qu’elle était difficile à prévoir.
Mais on a assisté à ce qu’on disait, « à
mon époque », avant le service militaire : « dans l’armée, quand
on te donnera un ordre, tu attends le contre-ordre, tu gagneras du
temps ».
Depuis l’« affaire des
masques » : Mme Buzyn, alors ministre de la Santé, avant de devenir
candidate à la mairie de Paris, déclarait qu'il n'y avait aucun problème de
stocks de masques. Son successeur, Olivier Véran, considérait les masques comme
« inutiles, voire dangereux ». Le professeur Jérôme Salomon,
directeur général de la Santé, déclarait le 4 mars 2020 que « les masques
n'ont aucun intérêt pour le grand public ». Et Macron disait le 15 avril
2020 : « Je refuse de recommander le port du masque pour tous ».
Un an plus tard, le masque est obligatoire pour tout le monde. La vérité est
qu'à l'époque, le stock de masques n'avait pas été renouvelé pour faire des
économies. Huit cents millions de masques périmés ont été jetés. Voilà pourquoi
les masques avalent été déclarés inutiles à l'époque.
En passant par les tests.
Appuyé par les « autorités
scientifiques » (sic) le ministre Véran avait indiqué que réaIiser des
tests en masse n'était pas nécessaire. Qu'il ne fallait tester que les
personnes qui avaient des symptômes. Hors, le principe du test c'est de tester
tout le monde pour connaître qui a le virus ou pas, afin d'éviter qu'il ne
contamine les autres; et ce d'autant plus que la majorité des porteurs du Covid
est souvent asymptomatique. La vérité c'est qu'il n'y avait pas de tests en
nombre suffisant. Pour la vaccination M. Macron, quand il a lancé le début de
la campagne de vaccination, avait indiqué que la France ne le ferait pas de
manière précipitée, mais de manière « planifiée ». Le ministre de la
Santé, Olivier Véran, avait indiqué que la vaccination commencerait par les résidents
en Ehpad, puis telle catégorie, puis telle autre. Aujourd’hui, dépassés, nous
en sommes aux vaccinodromes et, devant la pénurie de lits de réanimation, aux
« déplacements des malades » pour « optimiser » les
structures, sans oublier les « déprogrammations massives »
(1), et en osant parler de « trier » les malades en réanimation
!
Même la Cour des comptes
dénonce l’impréparation de l’Etat : « trop faible anticipation de la
crise sanitaire et impréparation des services publics concernés, au premier
rang desquels la santé et l’éducation nationale ». C’est le moins qu’on
puisse dire ! Il n’existait pas de « plan
adapté » dans les services de réanimation des hôpitaux pour gérer une
telle déferlante, et le passage, entre le 1er janvier et le
15 avril 2020, de 10 707 à 5 080 lits est un acte
inadmissible !
Compte tenu de ce tableau, l’assurance affichée par le président de la République détonne particulièrement, comparée à l’attitude d’autres responsables européens. Les journaux relèvent le ton du président. Par exemple : « Vivre avec Superman à la tête de l’État n’est pas sans conséquences », constate la Süddeutsche Zeitung ou Politico, et Bloomberg note : « Deux jours après qu’Angela Merkel a présenté ses excuses aux Allemands pour les erreurs commises dans la gestion de la crise du coronavirus, Emmanuel Macron, lui, n’exprimait pas de regrets. » « Je n’ai aucun mea culpa à faire, ni aucun remords, ni aucun constat d’échec, a asséné le chef de l’État jeudi 25 mars, interrogé sur sa stratégie d’une « troisième voie ». Nous avons eu raison de ne pas confiner la France à la fin du mois de janvier. »
(1) « Les conséquences seront lourdes » craint Axel Kahn à la radio et à la télévision, mais les morts déprogrammés ne seront pas dans la statistique Covid. Quand on fera le compte, c’est bon pour le résultat ! Les « lits de réanimation supplémentaires » sont en fait aussi des lits déprogrammés.
(2) Disons clairement une morale catholique
rétrograde.
100 000 morts !
(Mi avril)
Tel est le nombre des morts
du Covid atteint en France !
En fait qu’importent
90 000 ou 110 000 morts, ce sont des morts de trop, et c'est horrible.
Le directeur du Monde,
Jérôme Fenoglio, traduisant les opinions des soutiens du gouvernement écrit : «
Il faut tout l'aveuglement du monde pour persister après les sarcasmes des
premiers mois sur les dangers prétendus de la "grippette", à nier les
proportions du désastre. Et toute la mauvaise foi de l'époque pour assimiler
les restrictions à freiner le coronavirus à l'instauration d'une
"dictature sanitaire'' ». Le Monde assimile tout opposant aux
mesures liberticides, à des complotistes, des « rassuristes », des
obscurantistes, des anti-masques, des anti-vaccins. Ne pas soutenir le
gouvernement c'est nier l'existence de la pandémie. Doit-on comprendre qu'il ne
peut faire autrement que ce qu'il fait ?
Je ne reviendrais pas sur
les mensonges, les erreurs, les contre-temps qui ont émaillé la gestion de la
pandémie, mais le gouvernement Macron, imposant sa politique à coups de
confinements moyenâgeux prétend, maintenant, que le vaccin serait la seule
solution pour « sortir de la crise ». Un vaccin prévient de la
possibilité d'attraper le Covid-l9, mais cette solution demande 90% de
vaccinés, on en est loin. C'est un instrument primordial mais qui s'accompagne
des soins nécessaires pour ceux qui ont attrapé le Covid. Mais il a fermé 7 500
lits d'hôpitaux depuis son arrivée. En pleine pandémie, il continue de fermer
des lits, un service de réanimation à Nice, et il veut fermer les hôpitaux
Beaujon et Bichat. Là est la réalité de la saturation des hôpitaux. C'est la
responsabilité du gouvernement. Il existe un vaccin contre la grippette et l'on
soigne également la grippe. Car l'hôpital, ce sont aussi des soins. Nous ne
sommes même plus capables de participer à la découverte d’un vaccin, ni à la
mise au point de traitements car les médecins et les chercheurs doivent le
faire en étant entravés par la destruction de l'hôpital, et par le
sous-financement de la recherche fondamentale publique, organisés par le
gouvernement.
100 000 : c'est la
responsabilité de ce gouvernement.
Par contre si ce
gouvernement n'est pas le champion de la lutte contre la pandémie, il est le
champion de la lutte contre les droits ouvriers : nouvelles lois Code du
travail, chômage, etc... Les restrictions de libertés sont dignes des pays
despotiques : après la loi sur l’ »état d’urgence sanitaire », la
loi « de Sécurité globale », la loi en discussion au Sénat «
confortant le respect des principes de la République » inscrit dans
une perspective sécuritaire une série de mesures touchant toutes les libertés
publiques. Aujourd’hui Darmanin se dispose à présenter une nouvelle loi
antiterroriste. Comme si celui-ci obéissait à des lois ! Pourquoi n’avoir
pas pensé à une loi anti Covid ? C’est pour bientôt sans doute… La laïcité,
depuis la « Conférences des évêques de France » en 2018 où Macron a
déclaré « qu’il se proposait de réparer le lien entre l’Eglise et l’Etat
abîmé par la loi de 1905 », est attaquée par de nouvelles lois
destructrices. L’Observatoire de la laïcité, rempart de la République dans de
nombreux quartiers populaires par son action, est ainsi dissous, en faveur d’un
nouvel organisme destiné à appliquer les opinions gouvernementales. Patrick
Weil, directeur de recherche au CNRS, publie un livre intitulé « De
la laïcité en France », dans lequel il remarque que : « au
cours des débats au Sénat, monsieur Darmanin et monsieur Dupond-Moretti ont
montré qu'ils ne connaissaient pas les dispositions de la loi de 1905 »,
« Les lois pour lutter existent déjà ». Mais l'exécutif préfère
bâillonner une instance ayant pris des positions divergentes.
Alors aucun soutien, aucun
appui, sous quelque forme que ce soit à Macron et son gouvernement.
Macron au premier rang aux obsèques d’Idriss Déby
Après trente ans à la tête
du Tchad, et alors qu’il venait de remporter un sixième mandat
présidentiel, l’information a fait l’effet d’une secousse dans tout le
Sahel : « Le président de la République […], Idriss Déby Itno, vient
de connaître son dernier souffle […] sur le champ de bataille. C’est avec une
profonde amertume que nous annonçons au peuple tchadien le décès ce mardi
20 avril 2021 du maréchal du Tchad », a annoncé le porte-parole de
l’armée à l’antenne de TV Tchad.
Déby est mort, mais c’est un
autre Déby qui s’est aussitôt érigé à la tête de l’État : Mahamat Idriss
Déby, un des fils les plus puissants de ce président qui avait érigé le
népotisme en mode de gouvernance, prend les rênes d’un Conseil national de
transition. Général quatre étoiles, il était responsable de la direction
générale des services de sécurité. « La Constitution est dissoute. De
même que le gouvernement et l’Assemblée nationale », ajoute Tchad
infos.
Les obsèques du président
tchadien, mort donc après trente et un ans à la tête de l’État, se sont tenues
à N’Djamena en comité restreint. Au milieu de la famille et des leaders de la
sous-région, la présence d’Emmanuel Macron n’est pas passée inaperçue. Il
s’agissait d’une opération politique délicate, raconte la presse.
En effet. Le « grand
ami » était un représentant de ces dictateurs maffieux que nous protégeons
au pouvoir, en Afrique … et ailleurs.
Le 14/04/2021, dans le
journal anglais The Conversation avait publié un article au titre
éloquent : « Au Tchad, Idriss Déby sacré pour un sixième mandat, mais
jusqu’à quand ? ». Sous la plume de Helga Dickow, Universitaire
spécialiste de l’Afrique on pouvait lire : « Il n’y avait pas de
suspense : après 31 ans au pouvoir, le président tchadien s’est
octroyé un mandat supplémentaire lors de la présidentielle. Son pouvoir absolu
est fondé sur la répression, les revenus du pétrole et le soutien de la
France. Mais il devrait se méfier de la colère du peuple », prévenait
cet universitaire.
L’élection présidentielle a
eu lieu le 11 avril, et grâce à cette nouvelle victoire, il aurait pu
rester à la tête du pays jusqu’en 2033. Ce militaire expérimenté avait
rejoint l’armée dans les années 1970, pendant la première guerre civile
tchadienne. Il est ensuite nommé commandant des forces armées par Hissène
Habré, qui a dirigé le pays de 1982 à 1990.
En 1990, un soulèvement
conduit par Idriss Déby, lui-même, chasse Habré du pouvoir. Déby promet alors
d’instaurer une démocratie pluripartite fonctionnelle et de mettre un terme à
la criminalité et à la violence de ses prédécesseurs. Mais cette promesse est
vite oubliée. Bientôt, le nouveau président n’a plus que deux ambitions :
conserver son poste par tous les moyens et enrichir sa famille.
Cumul des fardeaux !
Trente ans plus tard, il est
à la tête d’un État frappé par une extrême pauvreté, malgré les revenus du
pétrole. Le pays souffre également de la défaillance de ses systèmes de santé
et d’éducation, d’absence de perspectives professionnelles pour la jeunesse, et
d’un fort taux de chômage. En 2020, l’ONU a classé le Tchad 187e, sur
189 pays, pour l’indice de développement humain. Au Tchad, la liberté
politique est quasi inexistante et les droits de l’homme sont bafoués au
quotidien. Les chefs de file de l’opposition, les défenseurs des droits, les
journalistes et les syndicalistes sont exposés à une menace permanente. Au
fil des années, les partis d’opposition et les syndicats ont organisé de
nombreuses manifestations contre le président, pour réclamer la tenue
d’élections libres et justes, mais aussi pour attirer l’attention sur la
situation socio-économique désastreuse de nombreux Tchadiens.
Le nord du pays a également
été le théâtre de plusieurs soulèvements contre le régime. Pire : en 2006
et 2008, des membres du clan d’Idriss Déby, de l’ethnie des Zaghawa, et
d’anciens alliés du président désormais acquis à l’opposition ont tenté de le
renverser par la force.
C’est à ces obsèques « familiales » que notre Jupiter a participé : au premier rang !
Responsabilités du capitalisme.
La politique des
gouvernements, à l'échelle de la planète, n'a qu'un objectif : préserver les
intérêts du capital financier en écrasant la valeur de la force de travail,
dont les systèmes de santé sont partie intégrante.
Face à la colère qui gronde
à l'échelle internationale les gouvernements, dans la panique, ont
instrumentalisé la pandémie pour tenter de terroriser les peuples, de les
museler, pour faire passer leurs contre-réformes destructrices en s'attaquant à
ce qu'ils appellent le « coût du travail » pour tenter d'écraser les
travailleurs et la population laborieuse, en jetant à la rue des centaines de
millions de travailleurs et de jeunes à l'échelle mondiale. Ils versent des
centaines de milliards aux représentants des monopoles impérialistes pour les
aider à se concentrer, au détriment du tissu des petites et moyennes
entreprises. Ils cherchent à en finir avec le monde d'après 1945, qui a vu, sur
tous les continents, les masses exploitées et les peuples conquérir par leur
combat révolutionnaire des droits et des conquêtes. Il leur faut donc
aujourd'hui, pour écraser la force de travail et tenter de restaurer le taux de profit, détruire toutes
ces conquêtes.
Le capitalisme est
responsable de la paupérisation grandissante de l'humanité : 2,8 milliards de
personnes, soit près de la moitié de la population mondiale, vivent avec moins
de 2 euros par jour. Plus de 50 % d'entre eux vivent en Afrique. 876 millions
d'êtres humains sont analphabètes, dont les deux tiers sont des femmes.
Il est responsable du
développement de maladies pour lesquelles existe un vaccin, comme la rougeole.
Cette maladie a augmenté de plus de 50 % entre 2016 et 2019. Cette dernière
année, 207 500 personnes sont mortes de la rougeole, principalement en Afrique.
230 millions de personnes sont infectées par le paludisme, qui provoque la mort
de plus de 400 000 personnes chaque année, dont 85 % en Afrique subsaharienne,
alors qu'il existe des traitements pour soigner cette maladie. En Afrique de
l'Ouest, le virus Ebola a tué 15 000 personnes.
Il est responsable de la
mort au travail de 2,3 millions de personnes, chaque année, selon les chiffres
de l'Organisation Internationale du Travail.
Il est responsable de la
politique destructrice qui frappe depuis longtemps l'ensemble des continents.
La politique de pillage des ressources naturelles et d'endettement a disloqué
de nombreux pays à l'échelle mondiale, et notamment en Afrique, en détruisant
les services de santé. En Amérique latine et aux Caraïbes le Produit intérieur
brut (PIB) s'est contracté en 2020 de près de 8 %, la plus grande contraction
depuis 120 ans.
Dans les pays impérialistes,
la population constate que la situation qui prévalait dans les pays opprimés
s'abat maintenant sur elle. Cette politique a frappé les services publics et
l'hôpital dans les pays capitalistes développés, comme en atteste le fait qu'il
y a eu en France ( un pays jadis réputé pour son système de santé ) plus de
100 000 lits fermés en 20 ans. Le journal Les Echos le 16 juillet 2019
rappelait : « Sur les quelque 1.400 hôpitaux que compte
l'Allemagne, « bien moins de 600» sont en réalité
nécessaires, c'est la conclusion radicale d'une étude commandée par la
fondation Bertelsmann. Les auteurs de l'étude, membres de l'Institut berlinois
pour la recherche sociale et sanitaire (IGES), recommandent de fermer plus d'un
établissement sur deux outre-Rhin, afin d'améliorer la qualité des soins ». Et
aujourd'hui, en pleine pandémie, ces gouvernements à la solde du capital
continuent de fermer des lits et de supprimer des postes hospitaliers. Avec un système
sanitaire adapté la liste des morts ne serait pas ce qu’elle est.
Il est responsable du fait
que 448 millions d’enfants souffrent de la malnutrition et de la faim. La faim
tue chaque jour 25 000 personnes, soit 9 millions par an ! Contre la faim, il
existe un vaccin : la nourriture. Responsable
de ce massacre de 9 millions de personnes chaque année, comme en témoigne le
directeur du programme alimentaire mondial de I'ONU, qui craint « une
pandémie de la faim plus grave que la Covid-l9 » annonçant que 270
millions de personnes s'acheminent dangereusement vers la famine. Et il ajoute
« 270 millions de nos voisins sont aujourd'hui au bord de la famine. De
l'autre, il y a 400 000 milliards de dollars de richesses dans le monde (...)
et nous n'avons besoin que de 5 milliards de dollars pour sauver de la famine
30 millions de vies ». Certes, mais ce qui domine à l'échelle mondiale, ce
sont les lois du capital ! Et les lois du capital c'est l'augmentation des
profits.
Les 651 milliardaires
américains se sont encore enrichis depuis le début de la pandémie : leur
fortune a progressé de 1 000 milliards de dollars depuis la mi-mars. Selon l'Organisation
Instituts for Policy Studies , « leur fortune globale dépassait au 7
décembre les 4 000 milliards de dollars, contre 2 950 milliards le 18 mars.
Jamais auparavant l'Amérique n'avait vu une telle accumulation de richesses en
si peu de temps et de mains ». Dans le dernier classement
Forbes des 20 milliardaires les plus riches du monde, en avril
2021, les riches Français sont menés par l'inévitable Bernard Arnault,
le « parrain » de Macron, avec une fortune estimée à 125 milliards
d'euros. Le PDG du groupe LVMH est la troisième personne la plus
riche au monde. La fortune de Bernard Arnault a presque doublé
sur un an. Tous ont vu leur fortune grimper par rapport à 2020.
Voila la réalité de la loi du
capital ! Ce ne sont pas le COVID-19 et la pandémie qui sont responsables
de ce massacre social et humain mais le système économique dirigé par les
capitalistes.
Dans quel pays sommes-nous ?
Dans le journal Valeurs
Actuelles, une tribune parue le 21 avril, écrite par des généraux à la
retraite dénoncent le « délitement » de la France et se déclarent
« disposés à soutenir les politiques » défendant « la
nation ». Soixante ans après le putsch d’Alger, mécontents du lâchage du
Général De Gaulle qu’ils avaient secondé 3 ans auparavant pour le Coup d’Etat
de 1958, allons nous assister à la fin de la Vème République, par ceux qui lui
ont ouvert le pouvoir ? Eux-mêmes posent la question ? Et après cinq
jours de silence, Florence Parly, la ministre des Armées, a réagi en décrivant
ce qu’elle appelle être comme une « tribune irresponsable »,
« signée par des militaires à la retraite qui n’ont plus aucune
fonction ». Quel gouvernement ! Interpellé dans cette lettre pour
« un appel pour un retour de l'honneur et du devoir au sein de la classe
politique », la réponse prend 5 jours au lieu d’un rappel à l’ordre !
Le 19 mai, quelques milliers
de policiers se sont rassemblés devant l’Assemblée nationale. De nombreux
drapeaux bleus du syndicat Alliance ont envahi le quai d’Orsay, juste devant
l’Assemblée nationale, dès 13h, rassemblés pour une « marche citoyenne statique »
en hommage au policier Éric Masson, tué il y a deux semaines à Avignon. Mais
les syndicats policiers ont joint à cet appel des mots d’ordre sécuritaires, et
un cahier de doléances très précis, comprenant en particulier le durcissement
des peines contre ceux qui s’en prennent aux policiers, pour dénoncer le
manque de sévérité de l'institution judiciaire. « Le problème de la police, c'est la Justice »,
a notamment scandé Fabien Vanhemelryck, secrétaire général du syndicat
Alliance ! Sachant qu’à l’heure actuelle le meurtre d’un fonctionnaire de
police peut être puni de la réclusion criminelle à perpétuité, qu’ajouter de
plus ?
Interrogé dans un entretien
à l’Express, à la veille de la manifestation des policiers, le
ministre de l’Intérieur a déclaré préférer « le bon sens du
boucher-charcutier de Tourcoing » aux études de l’Institut national de la
statistique et des études économiques (Insee). Lesquelles constatent pourtant à
travers leurs enquêtes de « victimation » une relative
stagnation de la délinquance, ce qu’a aussitôt reconnu le premier flic de France.
Le ressenti plutôt que les faits. L’approximation plutôt que la précision des
chiffres. Le « prétendu bon sens,
plutôt que la science », ce sont nos « élites » !
« A-t-on jamais vu un ministre soutenir une manifestation organisée contre la politique de son gouvernement ? La présence, mercredi, de Gérald Darmanin aux côtés des policiers en colère était incongrue à plus d'un titre. Non seulement, elle ne pouvait pas dédouaner le pouvoir exécutif de ses propres responsabilités dans le malaise des forces de l'ordre, mais elle valait, en plus, approbation des terribles accusations lancées par les représentants des flics contre l'action judiciaire ». Ecrivait même, Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction, dans : La lettre du Figaro du Jeudi 20 mai 2021. Si même la droite se pose des questions, où va-t-on ? Les dérives fascisantes sont devenues monnaie courante.
« Notre rôle est de résister à cette
dérive »
Le groupe parlementaire LFI
a refusé de participer à la manif des policiers. Peux-tu nous dire pourquoi ?
● Jean-Luc Mélenchon : Parce que nous n’étions pas d’accord avec ses
mots d’ordre. Nous les avons d’emblée reçus comme des revendications d’extrême
droite anti-républicaines. Les syndicats policiers à l’origine de ce
rassemblement sont comptables d’un lourd passif. Ces dernières années, ils ont
menacé ouvertement des partis politiques, notamment en manifestant devant le
siège de La France insoumise, mais également des juges et de Radio France. Nous
n’oublions pas que, depuis trois ans, trente-deux personnes ont été éborgnées,
cinq mains ont été arrachées, et pas un tireur n’a été condamné. Que
demandaient-ils dans cette manifestation ? Leurs intentions ne sont pas
cachées. Ils veulent des peines automatiques pour les crimes commis contre des
policiers. C’est-à-dire la fin d’un principe au fondement de la justice
républicaine : l’individualisation des peines. C’était donc une manifestation
pour faire pression sur l’autorité judiciaire. Le secrétaire général d’Alliance
en est d’ailleurs passé directement aux menaces. A la tribune, il a déclaré
devant le ministre de l’Intérieur, des élus de droite et d’extrême droite, mais
aussi le premier secrétaire du Parti socialiste, la maire de Paris et un
candidat EELV à la présidentielle : « Le problème de la police, c’est la
justice. La justice doit rendre des comptes. » De son côté, le secrétaire
départemental de FO SGP Police, François Bersani affirme : « Si cette
mobilisation s’avère très forte, les digues céderont, c’est-à dire les
contraintes de la Constitution et de la loi. » Ces déclarations suffisent à
disqualifier la manifestation comme factieuse. Quel autre mot utiliser pour
qualifier des policiers qui viennent faire pression sur le pouvoir législatif
pour obtenir des tribunaux à leur main ? L’attitude de certains qui, à gauche,
ont accepté les injonctions des syndicats factieux de la police est
consternante. Ainsi d’Olivier Faure, qui a osé proposer un « droit de regard »
des policiers dans l’application des peines. Le Parti socialiste a vraiment
perdu toute boussole. D’autres ont prétendu que c’était uniquement un hommage
pour les policiers morts assassinés. Bien sûr, avec ceux-là et leur famille,
nous sympathisons. Mais nous sommes aussi en pointe pour dénoncer le scandale
des 733 travailleurs, dans tous les secteurs, qui meurent sur leur poste de
travail en une année. Nous pointons aussi le fait suivant : l’an dernier, il y
a eu quatre fois plus de policiers décédés après un suicide que morts en
opération. Quand le pouvoir se décidera-t-il à se préoccuper de ce problème ?
Et les syndicats ? Lequel a soutenu la proposition de commission d’enquête sur
ce sujet des députés insoumis Alexis Corbière et Ugo Bernalicis ? Nous avons
nos propositions pour la refonte républicaine de la police, comme le
rétablissement du Code de déontologie de 1986 ou le passage à une doctrine de
la désescalade. Ensuite, bien sûr, il faut mettre des moyens, mais pas
n’importe où ! Nous en avons besoin pour les brigades de police judiciaire
spécialisées dans les enquêtes sur les trafics d’armes, d’êtres humains ou la
délinquance financière. Les revendications matérielles étaient absentes de la
manifestation. La surenchère sécuritaire où les syndicats policiers veulent
nous entraîner est dangereuse pour le caractère démocratique de notre société.
Notre rôle est de résister à cette dérive.