"Escroc",
"fils de pute", "menteur", "collabo",
"stalinien", "vendu", "salopard",
"salope", "caca" : c'est la liste, non exhaustive, des
insultes et insanités proférées en moins de vingt-cinq minutes par les
habitants du XVIe arrondissement de Paris mobilisés massivement pour assister à
une réunion d'information lundi 14 mars, sur un projet de centre d'hébergement
d'urgence dans le quartier.
Monique Pinçon-Charlot,
habitante du quartier, sociologue, avait décidé d’assister à cette réunion,
dans le cadre des études sur lesquelles elle travaille. Elle a eu du
« pain sur la planche »… et déclarait le mercredi sur France
Inter au journal de 13h:
« "Entre-soi
géographique", "entre-soi social", "entre-soi
idéologique"… La population du XVIe arrondissement peut être assimilée à
une forme de classe sociale. Non seulement elle l’est objectivement mais en
plus un vrai sentiment de classe existe et l'anime. Ce sentiment de classe se
traduit notamment par un rejet de toute forme de mixité, celle-ci étant
contraire à leurs intérêts. Cette singularité sociale est revendiquée et
assumée parce qu'elle permet la transmission de ce patrimoine aux générations
suivantes, et la démultiplication de la richesse de chacun (par le don et le
contre-don). Voilà une population qui ne baisse jamais la garde et qui a une
capacité de mobilisation impressionnante (lundi, ils étaient 800 à l’intérieur
de l’amphithéâtre, et 300 à l’extérieur !). Elle cumule concentration des
richesses et concentration des pouvoirs. En découle un extraordinaire sentiment
d’impunité. Lundi soir, on ne trouvait trace dans les discours de ces habitants
aucun sentiment de culpabilité et aucune trace de mauvaise conscience. »
Avez-vous entendu une
« stigmatisation médiatique » de ce mouvement ? Si peu…
Ah ! Si les « non éduqués » ou les « quartiers »
avaient eu une telle réaction !...La meute aurait réagi avec vigueur.
A bientôt.