jeudi 10 décembre 2015

Retour sur la coupe du monde de rugby



Le modèle tournoi sur un match ne récompense pas toujours l’équipe au plus beau jeu loin s’en faut. Pourtant dans une société où les vertus éducatives seraient reines, ce serait un progrès énorme. Cette année toutefois l’avance des Blacks, que l’on donne pour morts après chaque coupe du monde, à cause du pillage des « champions » par les financiers européens, a été récompensé d’un titre sans conteste qui devrait servir d’exemple au monde, s’il était dirigé par des gens « intelligents ».

Revenons à l’ouverture de cette coupe et relevons des déclarations françaises :
« Avec trois mois de préparation, on va enfin pouvoir rivaliser avec les meilleurs »
« Les Bleus sont la bête noire des Blacks en Coupe du monde »
« Le top 14 est le meilleur championnat du monde »
Saint-André : « Je suis convaincu que la France peut remporter le titre »
Un malin : « Les Français sont tellement imprévisibles, il faut s’attendre à tout »

Après la déculottée contre ces blacks que nous allions déballoner :
Saint-André: « On n'est pas plus cons que les autres » «  Je laisse les intellectuels analyser »"
Laporte : « On s’est vus trop beaux »  (Ca arrive trop souvent)
Pascal Papé : « Je m’en veux surtout à moi de finir ma carrière en bleu sur 60 points, ça me fait chier. Moi, j’ai simplement envie d’envoyer une alerte, les joueurs ne sont pas assez écoutés, ça fait un moment qu’on se bat, qu’on dit qu’on a beaucoup trop de matches. Le rugby, il évolue dans tous les autres pays, on voit les que toutes les équipes nationales évoluent, sauf nous. Donc il faut se poser les questions. C’est sûr qu’on a un championnat attractif avec beaucoup de beaux joueurs, beaucoup de stars, sauf qu’aujourd’hui on est quand même enfermés dans un certain système. L’Angleterre, la Ligue Celte, c’est pas pareil, il y a plus de jeu. Nous, on est toujours dans les guerres de tranchée, et c’est compliqué. Je tenais à la dire car ça me fait chier depuis cinq ans. »
Jean-Claude Skréla (ancien DTN): Disons qu'il faudra que la DTN soit encore plus performante dans la détection des potentiels. Après, dans l'accompagnement jusqu'à 20 ans, on est pas mal. Je pense qu'il faudrait aussi faire un travail spécifique dans les écoles de rugby, autour du développement de la prise d'initiatives. C'est un changement auquel je ne suis pas parvenu moi. Aujourd'hui, le rugby est beaucoup plus entraîné qu'enseigné, c'est à dire qu'on répète des combinaisons, des actions de jeu et on ne laisse pas le joueur choisir d'avancer, de soutenir, etc. C'est toujours sous la responsabilité de l'entraîneur, sans autonomie. C'est à 17-18 ans que cette capacité à voir et agir en même temps se développe. Et si l'on ne joue pas à ce moment-là au plus haut niveau, c'est ensuite trop tard ».
Le président de la FFR a également déploré que le Top 14 ou la Pro D2 n'accordent pas plus d'espace aux jeunes espoirs, cantonnés aux postes de réservistes. « Depuis 6 ans, on essaye de tout réformer, les tranches d'âge, les formations », a-t-il relevé. « Mais les gamins ne jouent pas (en Top 14 ou Pro D2, ndlr)! Ils ne jouent jamais. Or, la meilleure des formations, c'est le jeu ».
Ah tiens !... Je croyais qu’il y avait des règles, notamment JIFF, mais je constate que les clubs « riches » ne les appliquent pas. Pourquoi ?

Regardons le champion :
Si la Nouvelle-Zélande n'a pas connu d'apartheid comme l'Afrique du Sud, l'une des raisons qui explique l'engouement pour le rugby est justement liée dans l'histoire du pays à son aspect rassembleur, dans une société multi-ethnique où les Maoris représentent 15% de la population. Depuis la première Coupe du monde de rugby, ce sport est ainsi « le lieu d’expression de la fierté maorie, particulièrement par la revitalisation du haka comme symbole fondamental des Blacks », relève un journal néo zélandais.
« Que vous soyez Fidjien, Maori, Samoan, Tongien ou Européen, nous sommes tous de Nouvelle-Zélande et la terre sur laquelle nous nous dressons est la nôtre », soulignait le capitaine des All Blacks Mac Caw. « Si la plus grande partie de l’aura qui entoure les All Blacks provient de réminiscences nostalgiques et de l’imagination d’un passé victorieux, la combinaison d’un usage astucieux de cette imagerie et des souvenirs a permis de présenter les joueurs à une nouvelle génération et à une audience plus large comme les représentants de l’identité néo-zélandaise, insiste John Nauright, qui parle de mélange particulièrement habile qui [...] voit la culture ethnique primitive s’allier à la mystique du maillot ».
Cette place à part explique la popularité sans faille du rugby dans le pays. Rien que pour le rugby à XV on compte pas moins de 600 clubs et, selon les données de 2013, plus de 160.000 licenciés. Un chiffre à mettre en perspective avec celui de 454.000 licenciés en France.
Proportionnellement, c'est comme si plus de 2,6 millions de personnes pratiquaient le rugby en club dans l'Hexagone, ce qui en ferait le sport le plus populaire devant le football. Chaque week-end se jouent 3500 matchs rien qu'en Nouvelle-Zélande, sans compter que le rugby est aussi pratiqué dans les collèges et lycées.
La Nouvelle-Zélande se distingue par sa formation ainsi que le « sérieux bagage technique » exigé pour devenir rugbyman dans ce pays, et ce dès le plus jeune âge. Au programme, un gros travail sur les « skills », à savoir les fondamentaux tels que les passes, le jeu au pied ou les contacts, ces gestes techniques individuels à maîtriser absolument pour pouvoir ensuite jouer en équipe.
Autre particularité, des catégories de poids à l'intérieur des catégories d'âge. Un système « unique au monde » mis en place pour ne pas dissuader les jeunes joueurs d'origine européenne face à leurs homologues polynésiens, dont la maturité physique arrive plus tôt. « Cela explique également pourquoi les Néo-Zélandais ont toujours été obligés de travailler leur technique individuelle et les un-contre-un pour espérer faire la différence » résume Ian Borthwick, grand reporter à L'Equipe.
Résultat, la Nouvelle-Zélande présente l'un des jeux les plus techniques et complets et est à l'origine de certaines évolutions du rugby moderne (comme celle du poste de 2e ligne) et dispose d'un vivier lui permettant d'aligner les meilleurs joueurs du monde génération après génération. Les Colin Meads, John Kirwan et Jonah Lomu ont fait place aux Richie McCaw, Kieran Read et Dan Carter d'aujourd'hui, qui eux-mêmes vont laisser place aux Nehe Milner-Skudder, Brodie Retallick et Julian Savea. La relève est assurée et la fédération (NZRU) y tient.
Accusée de « piller » les îles Samoa ou Fidji, la Nouvelle-Zélande dispose de plus de moyens pour dissuader ses propres jeunes de partir. De plus, les joueurs doivent être sous contrat avec la Fédération (donc jouer au pays) pour être internationaux, ce qui permet à la Nouvelle-Zélande d'avoir des clubs très compétitifs avec une forte émulation. La plupart de ceux qui rejoignent l'Europe, comme Carter et Nonu après le Mondial, cherchent surtout une retraite dorée.

Imanol Harinordoqui remarque « Moi, je ne considère pas que le problème soit physique. C’est surtout un décalage de technique et cela commence très jeune, dès la formation. Les Blacks ne courent pas plus vite, ne sont pas plus puissants : c’est d’abord dans les attitudes et techniquement qu’ils font la différence. »

Tout est là. En attendant les blacks nous enchanterons au long de l’année, car le rugby néo zélandais est bâti sur de bonnes bases.

A bientôt.

23 millions d’électeurs ne sont pas allés voter !


50 % 

des électeurs n'ont pas voté, La question n'est-elle pas là ?
La liste FN avec 7,66 % des inscrits (la seule à ne pas perdre de voix) est en tête, où est la démocratie ?

lundi 7 décembre 2015

Manger serait dangereux. Anxiogène, toujours…



Le tabac est l'une des causes les plus importantes de décès dans le monde ; 1 mort toutes les 6 secondes et environ 6 millions par an. Pourtant l’actualité est différente. L’OMS joue-t-elle un jeu dangereux ? On a pu le constater en Afrique en conseillant le diagnostic du FMI : privatiser les services de santé. On a vu le résultat, la débandade dans la propagation d’Ebola ! Quand les Etats-Unis ont tremblé, le problème a été résolu.

Il y a quelques jours, l’OMS, se référant à diverses études, décrétait que manger de la viande rouge et de la charcuterie représentait un danger pour la santé, pouvant provoquer jusqu'à cinquante mille décès par an sur toute la planète. Pour la viande rouge le diagnostic est simplement « probable ». Pour les précisions scientifiques difficile de savoir quelle était la cause mondiale ou régionale de ce danger.
Quelques jours plus tard, une autre étude jugeait que manger du fromage était dangereux car il contient de la caséine, une protéine qui se transforme en caso-morphine lors de la digestion. Bref, le fromage serait une drogue et la charcuterie et la viande rouge des dangers mortels.
Il y a une vingtaine d'années, l'excès de pain qui était déclaré dangereux puis, il y a dix ans, le pain redevenait nécessaire à l'alimentation.
On a dit à un moment qu'il fallait manger trois yaourts par jour, puis on a dit que le lait était dangereux, et ainsi de suite… L’OMS serait elle sensible au lobbying et aux études produites par des « experts » des campagnes d'opinion au gré des besoins des trusts de l'agro-alimentaire ? La question peut aussi se poser.
Ainsi, manger comporterait des risques pour la santé.

Dans ce contexte, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a publié son rapport annuel. 800 millions de personnes dans le monde souffraient de faim chronique durant la période 2012-2014, soit un humain sur neuf. Des millions d'êtres humains meurent chaque année de famine. En 2013, 3,1 millions d'enfants de moins de cinq ans sont morts de faim. Sur un an, toutes les six secondes, un enfant meurt de faim, alors qu’une minorité se gave.

Telle est la réalité du système capitaliste, qui voit, d'un côté, une petite minorité capitaliste s'enrichir sans limite, alors que de l'autre côté, une écrasante majorité est confrontée à l'exploitation et à l'oppression. Et de ce système, il découle que nous soyons traités comme des moutons et mécaniquement que la faim sévisse dans le monde, ici, en France aussi, faisant des millions de morts.

La dérive financière, inéluctable, de ce système met en péril l’organisation de l’humanité.

A bientôt

« Vous êtes en train de créer un véritable Frankenstein » (partie 3)



Un peu de retour en arrière, d’Histoire, ne fait jamais de mal pour expliquer les évènements du moment … et aider à les résoudre. Car l’Histoire montre que, malgré des balbutiements, il est toujours possible de progresser, sinon nous serions encore des Homo sapiens. Pour ce troisième volet je vous livre un résumé.

« Vous êtes en train de créer un véritable Frankenstein »
L’« Opération Cyclone » fut une des plus longues et coûteuses opérations de la CIA. De 20 à 30 millions $ par an au début des années 80 pour culminer à 630 millions $ en 1987. Lancée par Brzezinski sous la présidence Carter, elle devint un projet central sous la présidence Reagan et continua jusqu'en 1992. Ainsi, pendant de longues années, Washington a financé des groupes terroristes. Dans quel but ? Renverser le gouvernement socialiste Taraki venu au pouvoir en Afghanistan. Pourtant, il fait du bon boulot : un Etat laïc est instauré, rompant avec le féodalisme et l'intolérance religieuse ; les femmes acquièrent l'égalité des droits, les mariages d'enfants et les dots féodales sont supprimés, les syndicats sont légalisés, on construit des routes, des centaines d'écoles et des hôpitaux. Le gouvernement lance un programme d'alphabétisation et aide les petits paysans. C'est insupportable pour Washington car l'Afghanistan est soutenu par l'Union soviétique, repoussés pourtant par ces mêmes afghans. Problème : sortant d'une défaite honteuse au Vietnam (1961-1975), les Etats-Unis ne peuvent plus se permettre d'entrer eux-mêmes en guerre de façon ouverte. Alors, ils s'associent à l'Arabie saoudite et au Pakistan pour armer, entraîner et financer des terroristes : les moudjahidins. Trente-cinq mille combattants venus individuellement de quarante pays différents sont entraînés dans des camps de la CIA et du MI6 britannique au Pakistan. Parmi eux, un certain ben Laden joue un rôle de plus en plus important. C'est donc Washington et Riyad qui ont permis à ceux ce qu'on appellera plus tard, d'un nom impropre, « les islamistes » de devenir une force politique et militaire importante.

A l'époque, les moudjahidins afghans sont appelés « combattants de la liberté » par les Etats-Unis et les médias.
Curieuse conception de la liberté et des droits de l'homme. Une de leurs méthodes favorites est de torturer leurs victimes, de leur couper le nez et les oreilles, ainsi que les parties génitales, et ensuite d'enlever de fines couches de peau, l'une après l'autre pour provoquer une mort très lente. Malgré des rapports très documentés sur ces atrocités, le président US Ronald Reagan invita un de ces groupes à la Maison-Blanche en 1985 et les présenta ainsi aux médias : « Ces gentlemen sont les équivalents moraux des pères fondateurs de l'Amérique ». Du moment qu'ils étaient anticommunistes, Washington se fichait de savoir ce qu'ils faisaient sur le terrain.

D'ailleurs, à la même époque, les Etats-Unis utilisaient des terroristes et des escadrons de la mort aussi en
Amérique latine, notamment au Salvador.
Washington a utilisé, plus ou moins discrètement, les mêmes terroristes comme armée de substitution pour renverser ou tenter de renverser des gouvernements qui lui déplaisaient : Yougoslavie, Tchétchénie, Libye, Syrie et d'autres encore.
Pourtant, en 1989, la première ministre du Pakistan, Benazir Bhutto, avait mis en garde George H.W. Bush (ex-directeur de la CIA) qui venait de succéder à Ronald Reagan : « Les extrémistes qui ont tant été encouragés par les Etats-Unis sont en train d'exporter leur terrorisme dans d'autres parties du monde. Vous êtes en train de créer un véritable Frankenstein. » En 2007, Bhutto sera assassinée par Al-Qaïda qui revendiquera l'opération.

Le 11 septembre n'est donc pas tombé du ciel, c'est un enfant, non reconnu, de la CIA. Malgré cette catastrophe, les Etats-Unis ne renoncèrent pas à utiliser des terroristes, qu'ils envoyèrent en Syrie pour renverser Bachar. Avec des retombées un peu partout qu'on découvre à présent. Cette « Opération Cyclone » vient de frapper à Paris. Elle a déjà frappé Bruxelles, à Londres, à Madrid. Et demain ?

Aujourd'hui, à la télévision on ne dit pas que Frankenstein a été créé par l'Occident. Et peu importe si, en ne s'attaquant pas aux causes profondes, on va permettre au terrorisme de frapper encore.

A bientôt.
 Notes : suivant un article documenté de Michel Collon, Investig'Action.

Réfugiés de première et de deuxième catégorie. (partie 2)



Ceux qui arrivent à Ceuta et Melilla, enclaves espagnoles situées à la pointe nord du Maroc,  ont eux aussi besoin de la solidarité de tous, estime La Voz de Almería. Evidemment ce n’est pas en France que les médias rapporteront, en titre, ce genre de propos. Pourtant les allemands vont plus loin. Le Frankfurter
Allgemeine Zeitung rapporte qu’Angela Merkel a été largement applaudies pour ses déclarations [lors de sa conférence de presse du 31 août] sur la question des réfugiés qui avaient des allures de discours à un peuple inquiet : éloge des vertus allemandes, mémoire des difficultés surmontées en commun, appel à un effort national. Un pays fort comme l’Allemagne, assurait la chancelière à ses citoyens, surmontera aussi le problème des vagues de migrants que l’on voit aujourd’hui déferler. Même discours chez le Président de RFA, Gauck et peu d’opposition, lorsqu’il exhorte « encore plus d’Allemands à se défaire de l’idée d’une nation homogène, quasi à cent pour cent de langue maternelle allemande, majoritairement chrétienne et de peau claire ». Il est temps, affirme Gauck, de “redéfinir la nation comme communauté de la diversité, liée par une base commune de valeurs”. Les discours français sont bien différents. Pays des droits de l’homme, pourtant ! mais pays faible selon les critères d’Angela.

Réfugiés de première et de deuxième catégorie.
La guerre en Syrie dure malheureusement depuis plus de quatre ans et le flot de citoyens qui tentent de fuir à l’étranger ne tarit pas. Loin d’être pour eux un doux rêve, l’émigration est une question de survie. Ici, à seulement 180  kilomètres de nous, se dresse aussi une clôture, une frontière, que tentent de franchir des migrants de différentes nationalités fuyant la guerre, la répression, la faim, en quête d’un horizon, de n’importe quoi qui leur permette, même pas de bien vivre, mais simplement de vivre. Des êtres humains qui entrent [en Espagne] comme ils peuvent, quand ils le peuvent, et qui avant de passer la frontière, parfois après l’avoir passée, vivent mal dans des campements sans eau ni électricité, avec tout juste de quoi se nourrir. Beaucoup perdent la vie sur les barbelés, d’autres en mer, où ils sont tant à avoir fait naufrage, femmes et enfants compris.
En septembre, 48 migrants ont été sauvés alors qu’ils se trouvaient sur une embarcation de fortune à 2 kilomètres au sud de l’îlot d’Alborán, parmi lesquels 7 femmes et 2 bébés. Quelques jours plus tard, la Guardia Civil accueillait 44 migrants subsahariens sur un canot non loin de la même île : 31 hommes,
11 femmes et 3 bébés. Dix jours après, ce sont 31  personnes originaires de la même région qui ont été interceptées à 30 milles nautiques du même confetti de terre espagnole. Sur la nationalité exacte de ces migrants, nous n’en savons pas plus.
Devant les images d’enfants morts sur des plages de Turquie, de familles qui passent la frontière entre la Serbie et la Hongrie en suivant les voies de chemin de fer, de ceux qui traversent les Balkans pour atteindre le nord de l’Europe en faisant fi des barrières et des barbelés, notre solidarité se réveille, notre cœur s’ouvre, des familles proposent d’accueillir ces malheureux. Des manifestations de soutien s’organisent, des messages apparaissent sur de grands édifices, et il faut naturellement se réjouir de cet élan et du changement d’attitude des gouvernements.
Il faut s’en réjouir parce que ces images et ces destins nous bouleversent tous. Mais au-delà de ce changement d’attitude, les gouvernements ne parviennent pas à prendre des décisions, à agir, à mettre en place des solutions. Quelle est la différence entre les réfugiés syriens et ceux qui viennent d’autres pays ?
Entre ceux qui fuient la guerre et ceux qui fuient la faim et la misère ? Ceux qui s’entassent dans des camps à la frontière hongroise et ceux qui font de même dans nos provinces ?
On dirait qu’il y a des migrants de première et de deuxième catégorie, des migrants qui éveillent plus de compassion que d’autres. Les Syriens reçoivent l’aide de milliers de personnes, la sympathie à leur égard se manifeste par des rassemblements, des manifestations, des collectes financières et alimentaires ; les portes des maisons européennes leur sont ouvertes, et les supporters des matchs de foot manifestent leur soutien. Tandis que d’autres, des femmes, des enfants, des bébés venus d’autres pays, doivent survivre avec beaucoup moins. Quelle est la différence ? Qui manipule qui ? Responsables et gouvernements doivent chercher des solutions.
La solidarité doit s’exercer à l’égard de tous ceux qui fuient et qui souffrent, à Ceuta et Melilla comme à la frontière hongroise.

—Ginés Jesús Parra Córdoba dans La Voz de Almería Publié le 6 octobre

A bientôt.

« Un projet idiot et dangereux » (partie 1)



Donner un avis pur français  sur la situation actuelle me parait bien étroit pour  pouvoir raisonner sur des problèmes largement mondiaux. Je vais citer trois articles de différents pays qui donneront une autre dimension tout en étant totalement rattachés à nos problèmes.
Le premier, en Inde comme nombre d’autres grands intellectuels indiens, Shiv Visvanathan compare l’action du BJP au pouvoir aux fléaux nazi et stalinien. Toute ressemblance avec un parti français très prisé selon les sondages est absolument normale, les nationalismes sont toujours « fascisants ».

« Un projet idiot et dangereux »
Le BJP au pouvoir est un parti innovant et proactif. Du moins quand il s’agit de mettre en œuvre ses idées. La Bosnie et le Rwanda nous ont donné le nettoyage ethnique ; le parti indien au pouvoir, lui, a inventé un grand projet de nettoyage culturel.
Pour ces nettoyeurs en chef, la politique à suivre va de soi. Ils partent du principe qu’il existe un consensus autour de l’idée que la culture doit être nettoyée. Qu’il s’agisse de culture, d’environnement, d’urbanisme ou de sexualité, le BJP entend tout marquer de son empreinte.
Son but est d’effacer tout ce qu’il y a d’étranger, de détruire l’histoire qu’il considère comme fausse ou trompeuse. Nationaliste jusqu’à l’obsession, le BJP souhaite faire courber l’échine à tout ce qu’il juge allogène. Le nettoyage culturel équivaut à envisager l’exercice du pouvoir comme un grand nettoyage de printemps consistant à faire changer ce que la doxa officielle considère comme étranger, comme allogène, comme impur. A une violence et à une intolérance dignes des Chemises brunes, ce projet ajoute le zèle du commissaire culturel et l’ardeur du boy-scout.
Lorsque le BJP est arrivé au pouvoir [en mai 2014], ce programme de purge est d’abord apparu comme une rumeur, au travers des mises en garde de Sakshi Maharaj [un influent leader religieux et politique, membre du BJP].
On a préféré penser qu’elle était l’expression des franges marginales du parti, que ces menaces n’étaient qu’agitation. Aujourd’hui, on prend conscience qu’il s’agit au contraire d’un projet systématique, d’une authentique fumigation de la culture et de la politique, deux champs que le parti au pouvoir considère comme ses écuries d’Augias.
Cela est particulièrement tangible dans les propos de Mahesh Sharma, le ministre de la Culture. Comme
Goebbels, qui déclarait “quand j’entends le mot ‘culture’, je sors mon revolver”, notre ministre, lui, cherche un balai, voire un vaccin pour immuniser l’Inde contre les influences étrangères. Les intentions du gouvernement sont claires comme de l’eau de roche, a-t-il assuré récemment : il s’agit d’“expurger l’ensemble du discours public de toute trace d’occidentalisation et de restaurer la culture et la civilisation indiennes partout où elles doivent l’être”. Sa lettre d’intentions couvrait l’histoire, l’éducation, en somme tous les domaines et toutes les institutions.
Derrière ce jargon policé se cachent trois affirmations.
Premièrement qu’une culture n’est pas authentique si elle porte en elle des germes étrangers ou allogènes.
Deuxièmement que la culture peut être immunisée contre ces germes grâce à des actes de purification. Troisièmement, que la culture est avant tout officielle et donc qu’elle peut être officiellement décontaminée.
Mais comment distinguer ce qui est indien de ce qui ne l’est pas ? L’idée même de l’hindouisme n’a rien d’indien : ce sont les Britanniques qui ont créé ce concept unitaire. Des milliers de nos jeunes veulent apprendre l’anglais. Va-t-on le leur interdire au prétexte que c’est une langue étrangère ? L’élite du BJP pourrait peut-être commencer par envoyer ses enfants dans les écoles où sont enseignées les langues régionales.
Un tel projet d’hygiène culturelle n’a aucun sens. Rejeter et censurer des idées ne marchera jamais, car les idées ont un sens de l’hospitalité que les idéologues ne peuvent comprendre. Ce projet est idiot et ses effets sont dangereux. Il est l’expression naïve d’un complexe d’infériorité dissimulé derrière un projet officiel. Il révèle la bêtise d’un Etat qui, dans son besoin de standardisation et d’uniformisation, détruit une diversité pourtant constitutive de l’Inde. Et cette conception stalinienne ou fasciste a pour unique visée de réécrire notre histoire. Nous avons absorbé les idées de Francis Bacon, de James Mill et de John Locke, les œuvres de Shakespeare et la Magna Carta ; détruire un tel héritage ne sera pas facile et le BJP risque de s’y briser les dents.
La culture n’est pas un monument qu’on peut démolir. Paradoxalement, cette volonté du BJP d’exorciser notre pays en chassant les démons occidentaux est sans doute le plus grand hommage rendu à l’influence de l’Occident en Inde. Comme un ultime pied de nez du colonialisme.
Le projet de Sharma est le symptôme d’une culture en déclin, malade et inféconde. Le reflet du rapport pathologique que le pays entretient avec lui-même. Or le savoir, la culture et la démocratie sont par essence pluriels. Toute dictature finit par le comprendre. Mais en attendant, le prix d’un tel aveuglement peut être très élevé. La destruction programmée par le BJP de la culture anglaise ou étrangère est sans doute un acte de vandalisme encore plus terrible que la destruction des grands bouddhas en Afghanistan
[en mars 2001, par les talibans]. Le mot “ culture” est une bombe entre les mains du BJP. Et ce nettoyage culturel peut s’avérer tout aussi dangereux pour notre peuple et notre démocratie qu’un nettoyage ethnique.
—Shiv Visvanathan—The Economic Times(extraits) New Delhi- Publié le 20 septembre

A bientôt.

mercredi 2 décembre 2015

« Pourquoi une victoire du FN nous inquiète »



 « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète », titre à la Une La Voix du Nord, à six jours du premier tour du scrutin.
« La région a-t-elle vraiment besoin du Front national ? », s'interroge aussi Nord Éclair.
Les deux titres du groupe La Voix du Nord (VDN) publient la même double page.

Mme Le Pen a jugé « profondément scandaleux » cette prise de position. « C'est un tract pour le Parti socialiste », a-t-elle lancé. Elle y a vu « la contrepartie des neuf millions de subventions qu'ils ont touchés du conseil régional socialiste sous cette mandature » (2010-2015).
Selon un communiqué du FN, « la déconnexion de La Voix du Nord -assumant enfin un engagement et un parti pris que nous connaissions déjà- avec son lectorat, est gravissime ».
L'équipe de campagne de Mme Le Pen « prépare un référé devant le TGI de Lille en cas de non-parution » du droit de réponse adressé au journal.

Où est le problème ? Pourquoi un journal n’aurait-il pas le droit de publier son opinion ? Encore une expression de la genèse fascisante du FN. Je me rappelle la prise de pouvoir par un coup d’état de la bande à De Gaulle en 1958 et malgré les 95 % de français le soutenant, le journal du père Baylet, La Dépêche du midi, n’avait pas craint d’exprimer son opinion défavorable. Sommes nous dans un autre régime (mon opinion est déjà faite) où sous prétexte de « pensée unique », consensus mou, seule l’idéologie dominante aurait droit d’opinion, les autres s’en tenant aux « faits divers » politiques. En tout cas le « gravissime » « profondément scandaleux » et la « garde biterroise » de Ménard me glacent de peur  !...

Le ver est installé dans le fruit, on a déjà vécu cela… A l’époque les victimes des vers s’appelaient juifs, roms, homosexuels…

A bientôt.

Le monde comme il va (mal)

J'enrage de voir que le Pays des Lumières, pour toute réponse à la barbarie, flirte avec Poutine dans le retournement scénique d’une série-télé, décrète subitement un nouveau Patriot Act et largue des bombes. Quel manque d’imagination! Le Gros, comme il l'a toujours fait, choisit la facilité et renforce les politiques qui ont fait mijoter pareille situation, et qui correspondent avec exactitude avec les attentes des barbares.

Il feint d'oublier, ce président tombé dans tous les états d’urgence, que les terroristes sont aussi des terreau-ristes, ce qui veut dire qu'ils sont arrivés à ce niveau souterrain de la pensée dans le mou ballottement entre l'inné et l'acquis que nos prétendues valeurs ont projeté à leurs yeux brouillés. Le jihadisme est à la société ce que le cyclone est au dérèglement climatique -on ne bombarde pas le ciel- ; sous peine de nous retrouver prisonniers entre écume wahhabite et charia frontiste, nous ferions bien de mettre à plat -et en relief- ce que sont VRAIMENT nos valeurs et ce qu'on met derrière ce mot -et nos maux-. (Faut-il qu'elles soient vacillantes pour que des jeunes puissent trouver les Barbus sexys !). Il s'agit-là d'un effort plus lourd que les bêlants rassemblements post-traumatiques de l'après-Charlie.

Marquons de l’effroi, mais pas d’étonnement devant le triomphe de l’extrême droite en France, regardée prendre 5% à chaque élection, sans jamais se pencher sur la source du problème: le chômage et la ghettoïsation placés en face des insolentes vitrines du marché. (Faut-il que les valeurs républicaines soient vacillantes pour que les couches populaires et les plus jeunes puissent trouver les fachos sexys!)

Faut-il fermer les yeux sur le fait que le vote FN est historiquement criminel? Faut-il taire que le vote FN constitue un acte terroriste devant la liberté, qui pourrait aussi bien justifier sa minute de silence en mémoire de ses futures victimes? Faut-il ignorer que les désorientés qui posent des bombes dans les urnes peuvent demain trouver, dans une haine décuplée, la force de les faire exploser au grand air? Comment faire comprendre que le mélange détonnant de l’indigence, de l’humiliation et de l’inculture n’est pas spécifiquement d’obédience musulmane?

N’a-t-on d’autre solution que de se défroquer entre deux tours d’élection pour prêter allégeance à tel socialiste qui pratique la politique de l’UMP, lequel pratique la politique du FN (quand le saut ne s’effectue pas directement)?

Ce n’est pas par la bassesse qui sied tant à l’ennemi qu’on le vaincra. La loi du talion appliquée par la France n’offre aucun espoir; il est tout aussi désespérant de voir le premier ministre du pays de Descartes mener sa croisade anti-FN par des vociférations stimulant les passions, copie recto-verso de son ennemi déclaré?

Il faut penser nos plaies.


E.H.