samedi 30 novembre 2019

HOPITAL URGENCE !



Pour M. Emmanuel Macron, représentant de la « start-up nation » : « Grâce à la télémédecine, au big data, à l’intelligence artificielle, à la médecine 3P (prédictive, préventive, personnalisée), la France va résoudre l’ensemble des problèmes chroniques de son système de soins tout en devenant un leader mondial de l’économie de la santé ». « Doubles dividendes », diraient les membres de l’inspection générale des finances, dont est issu M. Macron. Pour y répondre, les élites proposent plus de technologie et plus de privatisation. Selon elles, toute crise, économique ou sanitaire, peut trouver sa solution dans la technique. Il y a de nombreuses raisons légitimes d’en douter. D’une part, plus un système de santé est privatisé, plus il est coûteux, l’exemple américain le démontre de manière éclatante. D’autre part, des décennies de recherches en sociologie et en histoire des sciences et des techniques nous ont appris à ne pas céder au déterminisme technologique, forme de paresse intellectuelle. 
Finalement, le « trou de la Sécu » est précisément creusé par l’Innovation Macronnienne, tandis que les moyens de la recherche publique ne cessent d’être revus à la baisse, accentuant la dépendance du système public de soins au capitalisme sanitaire. Par exemple : le fameux médicament contre l’hépatite C, le sofosbuvir, coûtait à l’origine 41 000 euros pour une cure de douze semaines. Malgré un accord entre le ministère de la santé et le laboratoire américain qui le fabrique, son prix est encore de 28 700 euros. Autant de remèdes qui risquent de faire sauter la banque publique qu’est la Sécu au bénéfice de laboratoires privés. Jupiter vend du rêve ! Mais n’oublie pas pour qui il travaille.
Vous vous souvenez des quelques mesures « gilets jaunes » lâchées début décembre 2018 par Emmanuel Macron, alors que le pouvoir vacillait ? Presque un an après, surprise ! : alors que le budget de la Sécu est voté (septembre) à l’assemblée, on découvre que c’est la Sécu qui va payer 3 milliards de ces mesures ! Autrement dit, Macron se sert dans nos salaires et de notre santé pour payer ses mesures d’urgence... Mais il accentue les cadeaux aux actionnaires et patrons !

À des services au bord de l’implosion Agnès Buzyn propose une enveloppe rachitique, ponctionnée sur d’autres secteurs, eux-mêmes en difficulté. Faut-il dès lors parler de « crise » de l’hôpital ou de « casse » — un projet visant à livrer une institution emblématique au privé. 
Les soignants ne veulent pas de rêves, mais juste pouvoir bien soigner leurs patients. En culpabilisant les grévistes, la majorité attise la colère et la gauche s’indigne des réquisitions de soignants par les forces de l’ordre. Agnès Buzyn est aussi critiquée pour avoir fustigé l'attitude de soignants mécontents qui se sont mis en arrêt maladie.
La grève des médecins, des infirmières, aides-soignantes, agents hospitaliers, paramédicaux, du 14 novembre a surpris tout le monde par sa puissance. Mme Buzyn, à l’instar de Macron- Delevoye sur la question des retraites, n’a qu’un seul souci : tenter d’enfermer le personnel médical et non médical, ses organisations syndicales, dans un pseudo dialogue « pour des états généraux de la médecine, de la santé, des hôpitaux publics » visant à élaborer ensemble des solutions « d’organisation et de restructuration des services » prises en commun avec toute la communauté hospitalière. Mais la masse des manifestants et grévistes du 14 novembre a dit autre chose, que l’on peut résumer ainsi : « Il faut mettre un coup d’arrêt à cette casse de l’hôpital public et de son personnel. Nous sommes médecins et hospitaliers, nous n’acceptons pas que les gouvernements veuillent nous empêcher de soigner.» Justement ce soulèvement du personnel hospitalier, avec les médecins hospitaliers, a pour racine les mesures de réorganisation et de restructuration des services et des établissements. Le personnel, tout le personnel médical et non médical, n’en peut plus de ces réorganisations. Car à chaque réorganisation ou restructuration, il voit ses conditions de travail empirer chaque fois un peu plus. Il le vit tous les jours. Il le sait.

Et il constate avec les cheminots, les traminots, le personnel enseignant,  les agents des Finances, les Pompiers, etc… que cette offensive est générale dans tous les services publics.