« Antigone est la première
dans l’Histoire à avoir osé
dire : NON » (André Brink)
dans l’Histoire à avoir osé
dire : NON » (André Brink)
André Brink est né dans une famille afrikaner descendant de colons boers, arrivés en Afrique depuis trois siècles, son père était magistrat et sa mère institutrice. En 1960, le jeune étudiant sud-africain André Brink, découvre, à la Sorbonne … qu’il existe des Noirs. Il avait vécu jusque-là dans son pays natal, ne fréquentant que des Blancs, au sein d’une famille de farouches partisans de l’apartheid. C’est alors qu’il ose dire : NON, et qu’il rompt avec le régime raciste. Puis il rejoint les « Sestigers » (« Ceux des années 60 »), un groupe d’écrivains compatriotes hostiles à la ségrégation : Alan Paton, Breyten Breytenbach, Nadine Gordimer, John Coetzee.
Après L'Ambassadeur en 1964, il engage le
combat par le roman en 1973, il publie Au plus noir de la nuit, qui relate
les amours réciproques entre une Blanche et un acteur noir, lequel est torturé,
puis condamné à mort, sous l’accusation du meurtre … de celle qu’il aime. Il
fut le premier écrivain afrikaneer frappé par la censure en Afrique du Sud pour
ce roman qualifié de «pornographique».
Suivent Un instant dans le vent (1976) et Rumeurs
de pluie (1978), puis en 1979, Une Saison blanche et sèche est
structuré autour d’une triple enquête, dans le cadre du massacre de Soweto
(1976). Un jardinier noir enquête sur la disparition de son fils, qui est allé
manifester. Le jeune homme mourra en prison. Puis le père disparaît à son tour
: trop curieux. Il mourra sous la torture. Un professeur blanc, jusque-là
partisan du gouvernement, reprend l’enquête du jardinier de son école, et l’étend
aux deux morts : il est écrasé par une voiture. Un 3e enquêteur prend le relais
: un journaliste, ami de l’enseignant, dont on nous laisse entendre que sa
dernière heure a sonné.
Un turbulent silence, en 1982, évoque une révolte d’esclaves de
1824, puis un roman en France, Le Mur de la peste (1983) où l’on
reconnaît l’influence d’Albert Camus, son auteur préféré.
États d’urgence (1988) puis, Un acte de terreur en 2 tomes (1991),
qui est une réflexion sur le terrorisme : la bombe jetée sur un chef d’Etat
épargne sa cible, et tue des innocents.
Adamastor (1993), Tout au contraire (1994), Les
Imaginations du sable (1995), Le Vallon du Diable (2000), Les Droits du désir (2000). Dans Au-delà
du silence (2003), voilà que les femmes s’en mêlent : elles se révoltent
à leur tour, et font entendre leur voix, au-delà du silence imposé par
l’oppression.
L'Insecte missionnaire, 2006, L'amour et l'oubli, 2006,
La
porte bleue, 2007, Dans le miroir suivi de Appassionata
, 2009.
En 2007, il publie ses mémoires d’Afrikaner, sous le titre
de Mes
Bifurcations : il revendique ses liens avec Nelson Mandela et la
bourgeoisie noire. Il critique le gouvernement tripartite, et notamment les
dirigeants de l’ANC, incapables et corrompus, le tout dans un mélange de
déception et de résignation.
Malgré quelques positions devenues ambiguës, André Brink est
resté fidèle au combat de sa vie contre les préjugés ancestraux
entretenus par le colonialisme, selon lesquels « les Noirs sont
des porteurs d’eau et des coupeurs de bois » (Hendrik Verwoerd, ministre
afrikaner « aux affaires indigènes », créateur de l’apartheid) ou
bien « les races supérieures ont le devoir de civiliser les races
inférieures » (Jules Ferry, Président du conseil, organisateur de
l’expansion coloniale française).
Un grand écrivain et un grand combattant antiraciste nous a quitté le 6
février 2015, n’hésitez surtout pas à plonger dans sa littérature qui m’a, et
qui vous passionnera.
A bientôt.