dimanche 15 juin 2014

Les bonnes nouvelles des marchés.



Le résultat des Européennes : pas une surprise pour les marchés financiers.

Pas de panique sur les marchés financiers au lendemain des élections européennes. Les bourses sont au mieux. Les investisseurs n’ont pas d’inquiétude pour l’avenir, et l’indice CAC 40 s’offre un nouveau « plus haut » de 2014, des sommets qu’on n’attendait soi disant plus. Satisfaction d’autant plus grande qu’un « bouc émissaire » est à l’Elysée. 

Guillaume de Calignon dans les Echos du 30/05 nous annonce même que :
« Le PIB a retrouvé son niveau d’avant-crise deux ans plus tôt qu’annoncé. »
Que du bonheur !
Le journal nous explique : « Grâce un changement de mode de calcul, le PIB a renoué fin 2011 et non fin 2013 avec son niveau d’avant-crise. La croissance avait été sous-estimée de 1% sur cinq ans.
La crise a été moins forte en France que ce que l’on pensait. C’est l’Insee qui le dit. Pas en raison d’un recul inespéré du chômage, d’un rebond inattendu du pouvoir d’achat ou d’un envol de la production industrielle. Mais simplement parce que le PIB a augmenté plus vite depuis 2008. Alors que l’Insee estimait jusqu’à présent que l’Hexagone avait retrouvé son niveau de richesse produite d’avant-crise au quatrième trimestre 2013, il l’a en fait dépassé dès le troisième trimestre de 2011. Deux ans de crise en moins ! »
Croyez-vous çà ! Un effet d’optique, non, un changement statistique !
Evidemment, personne ne s’en est aperçu puisqu’il s’agit d’un changement statistique. Les dépenses de R&D (Recherches et développements) ne sont plus considérées comme des consommations intermédiaires mais comme des investissements.
« A ce titre, elles viennent donc grossir le PIB. Elles ont représenté 41 milliards d’euros en 2010, soit 2,1% de la richesse nationale. Ce changement n’aurait pas dû avoir d’impact sur le taux de croissance mais seulement sur la richesse. Mais les économistes de l’Insee ont eu la surprise de découvrir que ce n’était pas le cas. La croissance du PIB a été sous-estimée d’environ 1% sur les cinq dernières années. »
«Les dépenses de R&D croissent en moyenne plus vite que le PIB et sont relativement inertes en cas de baisse de l’activité», explique Laurent Clavel, économiste à l’Insee. « Les entreprises ont tendance à licencier les salariés dont l’activité est directement liée à la production lorsque la demande baisse brutalement et à garder les chercheurs. D’abord parce que ces derniers travaillent à un horizon long, de trois à cinq ans. Ensuite parce que les crises sont aussi souvent des moments d’accélération de la mutation d’un secteur ou d’un produit», décrypte-t-il. Ainsi, les dépenses de R & D ont grimpé plus vite que le PIB depuis 2008 dans l’Hexagone.
« Ce changement statistique ne change toutefois pas l’histoire économique de la France au XXIe siècle : la révision à la hausse de la croissance depuis 2008 est somme toute relativement faible puisqu’elle n’est que de 1% étalé sur cinq ans ». «Il ne faut pas sur interpréter ce chiffre», estime Laurent Clavel.
« En revanche, le fait que la crise a été «raccourcie» par rapport aux précédentes estimations, alors que les Français n’en ont pas moins supporté les difficultés, vient rappeler la fragilité des statistiques, dépendant de conventions, et surtout, leur caractère partiel et partial. C’est l’effet réverbère. Dans la nuit, il est possible de distinguer les bâtiments d’une ville alors que, sous un réverbère, l’homme voit très bien mais est incapable de voir les bâtiments, plongés dans la pénombre.L’indicateur est un réverbère. Il éclaire une problématique, mais n’explique pas la totalité des problèmes», conclut Laurent Clavel.

Ne croyez pas que ceci change un iota à la politique d’austérité pour le peuple français. Les lois ne sont pas immuables, particulièrement les règles comptables. Vous verrez que quand vos salaires seront au niveau espéré par le patronat et votre protection sociale amputée on vous dira que la dette était correcte, et que celle-ci est bien un élément constitutif du système capitaliste !
Actuellement en France, la loi organique relative aux lois de finances (abrégée en LOLF) n°2001-692 du 1er août 2001 est le texte déterminant le cadre juridique des lois de finances. Mais tout ceci peut changer au gré des événements, les règles même obligatoires sont modifiables.
Mieux !
Les activités illégales devraient être prise en compte dans le PIB, selon la Commission européenne. Mais l’Insee s’y refuse pour l’instant.
« Faut-il intégrer le trafic de drogue, la prostitution et les autres activités illégales dans le calcul du PIB  ? La question peut paraître incongrue. Elle est pourtant légitime, au moins d’un point de vue européen. L’an dernier, Eurostat, l’institut statistique communautaire, a demandé, en effet, aux Etats membres de l’Union européenne de tenir compte des activités illicites qui créent de la richesse dans leurs statistiques », explique Guillaume de Calignon toujours dans les Echos.
Les Pays-Bas comptabilisent par exemple déjà le trafic de drogue et la prostitution. Le commerce de cannabis étant permis dans ce pays, l’institut national de statistiques néerlandais a une bonne connaissance de cette activité. La consommation des autres drogues interdites comme l’héroïne, la cocaïne ou l’ecstasy, est, elle, désormais prise en compte, comme le demande Bruxelles. Elle est estimée en multipliant le nombre d’utilisateurs dans le pays par les doses annuelles nécessaires à un consommateur et le cours de la drogue en question dans les grandes villes. Quant à la prostitution, elle est légale et donc, les prostitués déclarent leur rémunération au fisc
L’Italie s’apprête à prendre en compte ces activités illicites, qui pourraient gonfler le PIB du pays de plus de 10 %. De quoi justifier une contribution plus élevée au budget européen, mais le pays dirigé par Matteo Renzi y verrait aussi un avantage  : un tel changement permettra à l’Italie, très endetté, de réduire le ratio de dette nette sur PIB, suivi à la loupe par Bruxelles.

Comme quoi les « experocrates » officiels qui nous serinent quotidiennement leur appréciation de la situation devraient parfois se documenter au lieu de mijoter dans leurs discours d’agents publicitaires du capital financier. Les règles de comptabilité, même nationale, sont fluctuantes au gré des évènements.

Je termine cet article le 5 juin après un nouveau « plus haut » depuis six ans pour le CAC 40, alors que Francfort culmine à plus de 10 000 points ! Tout va très bien … pour les financiers ! Pour vous pain sec et eau ! Et toujours baisse des salaires (en particulier par la baisse des cotisations patronales) et des budgets sociaux.

A bientôt