Le résultat des
Européennes : pas une surprise pour les marchés financiers.
Pas de panique sur les marchés financiers au lendemain des
élections européennes. Les bourses sont au mieux. Les investisseurs n’ont pas
d’inquiétude pour l’avenir, et l’indice CAC 40 s’offre un nouveau « plus
haut » de 2014, des sommets qu’on n’attendait soi disant plus. Satisfaction
d’autant plus grande qu’un « bouc émissaire » est à l’Elysée.
Guillaume de Calignon dans les Echos du 30/05 nous annonce
même que :
« Le PIB a retrouvé son niveau d’avant-crise deux ans plus tôt
qu’annoncé. »
Que du bonheur !
Le journal nous explique : « Grâce un changement de mode de calcul, le PIB a renoué fin 2011
et non fin 2013 avec son niveau d’avant-crise. La croissance avait été
sous-estimée de 1% sur cinq ans.
La crise a été moins
forte en France que ce que l’on pensait. C’est l’Insee qui le dit. Pas en
raison d’un recul inespéré du chômage, d’un rebond inattendu du pouvoir d’achat
ou d’un envol de la production industrielle. Mais simplement parce que le PIB a
augmenté plus vite depuis 2008. Alors que l’Insee estimait jusqu’à présent que
l’Hexagone avait retrouvé son niveau de richesse produite d’avant-crise au
quatrième trimestre 2013, il l’a en fait dépassé dès le troisième trimestre de
2011. Deux ans de crise en moins ! »
Croyez-vous çà ! Un effet d’optique, non, un changement
statistique !
Evidemment, personne ne s’en est aperçu puisqu’il s’agit
d’un changement statistique. Les dépenses de R&D (Recherches et
développements) ne sont plus considérées comme des consommations intermédiaires
mais comme des investissements.
« A ce titre,
elles viennent donc grossir le PIB. Elles ont représenté 41 milliards
d’euros en 2010, soit 2,1% de la richesse nationale. Ce changement n’aurait pas
dû avoir d’impact sur le taux de croissance mais seulement sur la richesse.
Mais les économistes de l’Insee ont eu la surprise de découvrir que ce n’était
pas le cas. La croissance du PIB a été sous-estimée d’environ 1% sur les cinq
dernières années. »
«Les dépenses de
R&D croissent en moyenne plus vite que le PIB et sont relativement inertes
en cas de baisse de l’activité», explique Laurent Clavel, économiste à
l’Insee. « Les entreprises ont tendance à
licencier les salariés dont l’activité est directement liée à la production
lorsque la demande baisse brutalement et à garder les chercheurs. D’abord parce
que ces derniers travaillent à un horizon long, de trois à cinq ans. Ensuite
parce que les crises sont aussi souvent des moments d’accélération de la
mutation d’un secteur ou d’un produit», décrypte-t-il. Ainsi, les dépenses
de R & D ont grimpé plus vite que le PIB depuis 2008 dans l’Hexagone.
« Ce changement
statistique ne change toutefois pas l’histoire économique de la France au
XXIe siècle : la révision à la hausse de la croissance depuis 2008 est
somme toute relativement faible puisqu’elle n’est que de 1% étalé sur cinq ans ».
«Il ne faut pas sur interpréter ce chiffre», estime Laurent Clavel.
« En revanche, le
fait que la crise a été «raccourcie» par rapport aux précédentes estimations,
alors que les Français n’en ont pas moins supporté les difficultés, vient
rappeler la fragilité des statistiques, dépendant
de conventions, et surtout, leur caractère partiel et partial. C’est
l’effet réverbère. Dans la nuit, il est possible de distinguer les bâtiments
d’une ville alors que, sous un réverbère, l’homme voit très bien mais est
incapable de voir les bâtiments, plongés dans la pénombre.L’indicateur est un
réverbère. Il éclaire une problématique, mais n’explique pas la totalité des
problèmes», conclut Laurent Clavel.
Ne croyez pas que ceci change un iota à la politique d’austérité pour le peuple français. Les lois ne sont pas immuables, particulièrement les règles comptables. Vous verrez que quand vos salaires seront au niveau espéré par le patronat et votre protection sociale amputée on vous dira que la dette était correcte, et que celle-ci est bien un élément constitutif du système capitaliste !
Actuellement en France, la loi organique relative aux lois
de finances (abrégée en LOLF) n°2001-692 du 1er août 2001 est le texte
déterminant le cadre juridique des lois de finances. Mais tout ceci peut
changer au gré des événements, les règles même obligatoires sont modifiables.
Mieux !
Les activités
illégales devraient être prise en compte dans le PIB, selon la Commission
européenne. Mais l’Insee s’y refuse pour l’instant.
« Faut-il
intégrer le trafic de drogue, la prostitution et les autres activités illégales
dans le calcul du PIB ? La question peut paraître incongrue. Elle est
pourtant légitime, au moins d’un point de vue européen. L’an dernier, Eurostat,
l’institut statistique communautaire, a demandé, en effet, aux Etats membres de
l’Union européenne de tenir compte des activités illicites qui créent de la
richesse dans leurs statistiques », explique Guillaume de Calignon
toujours dans les Echos.
Les Pays-Bas comptabilisent par exemple déjà le trafic de
drogue et la prostitution. Le commerce de cannabis étant permis dans ce pays,
l’institut national de statistiques néerlandais a une bonne connaissance de
cette activité. La consommation des autres drogues interdites comme l’héroïne,
la cocaïne ou l’ecstasy, est, elle, désormais prise en compte, comme le demande
Bruxelles. Elle est estimée en multipliant le nombre d’utilisateurs dans le
pays par les doses annuelles nécessaires à un consommateur et le cours de la
drogue en question dans les grandes villes. Quant à la prostitution, elle est
légale et donc, les prostitués déclarent leur rémunération au fisc
L’Italie s’apprête à prendre en compte ces activités
illicites, qui pourraient gonfler le PIB du pays de plus de 10 %. De quoi
justifier une contribution plus élevée au budget européen, mais le pays dirigé
par Matteo Renzi y verrait aussi un avantage : un tel changement
permettra à l’Italie, très endetté, de réduire le ratio de dette nette sur PIB,
suivi à la loupe par Bruxelles.
Comme quoi les « experocrates » officiels qui nous
serinent quotidiennement leur appréciation de la situation devraient parfois se
documenter au lieu de mijoter dans leurs discours d’agents publicitaires du
capital financier. Les règles de comptabilité, même nationale, sont fluctuantes
au gré des évènements.
Je termine cet article le 5 juin après un nouveau
« plus haut » depuis six ans pour le CAC 40, alors que Francfort
culmine à plus de 10 000 points ! Tout va très bien … pour les
financiers ! Pour vous pain sec et eau ! Et toujours baisse des
salaires (en particulier par la baisse des cotisations patronales) et des budgets
sociaux.
A bientôt