Pourquoi à certaines périodes les peuples, français ou
autres, ressentent une hostilité démesurée contre une partie de la population,
présentée comme des fraudeurs vivant à nos crochets, qui auraient tous les
droits, qui seraient cause de tous nos problèmes, alors que 80% de la fraude
est d'origine économique ?
L’Histoire nous apprend que dès qu'une difficulté économique
survient, la xénophobie, le racisme et le nationalisme font surface dans les
médias, toujours à l’affût du petit fait divers supplémentaire, comme dans
l’imaginaire collectif de ceux qui font « la majorité silencieuse ». Disons
tout de suite que ceux-ci deviennent alors une majorité bruyante. Toujours la
même obsession anti-étrangers, alors que 1 français sur 3 a au moins un
grand-parent immigré. Toujours la même démagogie, les mêmes bobards qui
circulent.
La société est multiculturelle, c’est un fait d’évidence. Il
faudrait de curieuses lunettes pour ne pas s’apercevoir que nous ne sommes pas
tous blonds aux yeux bleus, aimant la choucroute et la bière, ou bruns aux yeux
foncés dégustant couscous et cornes de gazelles. La société résulte de
l’histoire, par les différentes époques qui l’ont façonnée et par la diversité
des habitants qui la composent. Par contre je mesure les risques de
communautarisme et surtout les conséquences de celui-ci, il porte en lui le
risque de guerre civile. Les exemples proches ne manquent pas.
Reprenons les définitions des mots xénophobie et racisme car
l’utilisation est parfois inconvenante ou brouillée, même si nous savons que la
notion de race est un héritage inexact d’un passé colonial encore très proche:
Racisme :
sentiment de supériorité d’une race par rapport à une autre.
Xénophobie :
sentiment d’hostilité par rapport à l’étranger, ou ce qui parait être un
étranger.
On voit déjà, par exemple, que le « racisme
antiblanc » n’existe pas. Il n’y a pas de sentiment de race supérieure
dans cette expression, mais ceux qui
subissent (ou se rendent solidaires de ceux
qui subissent) le racisme, la xénophobie ou la discrimination
développent de la haine envers ceux qu’ils rendent responsables de cet état de
fait. On peut voir qu’il y a trente ans la « marche des beurs » qui
voulaient s’intégrer, n’ayant récolté aucun écho favorable, a abouti à un
communautarisme exacerbé.
Ces maux sont permanents, mais sont largement minoritaires
quand notre système vit une période de relatif équilibre social. La peur du présent et de l’avenir dans les
moments que l’on qualifie de crise, développe un sentiment exacerbé (et les
gouvernements et les médias attisent cet affolement hors de raison) contre tout
ce qui est « étranger », en fait différent.
Un exemple parmi d’autres : lors de la Grande
Dépression des années 1930 : les Polonais sont alors désignés comme des
concurrents pour les travailleurs français, des personnes inassimilables en raison de leur langue, de leur religion ou de
leurs habitudes de vie, ou encore des populations dangereuses dénoncées tour à tour
comme délinquantes, alcooliques ou trop religieuses.
Le terreau sur lequel se développe ces idéologies sont les
politiques d’austérité, le développement des inégalités, le libéralisme
débridé. Les poncifs, les clichés, les lieux communs, l’imagination sont dans
ces périodes au pouvoir, contre les chiffres, la réalité.
Exemple :
La France, paradis des migrants accueille toute la
« misère du monde » !
La France est le pays "le plus attractif socialement en
Europe pour les immigrés" (Jean-François Copé, AFP, 22 octobre).
On devrait s'interroger : si la France est le pays le plus
"attractif socialement", pourquoi reçoit-il moins de migrants que
d'autres ?
Ceci est confirmé par l'organisme européen Eurostat. En
2010, la France est loin d'être le pays qui accueille le plus de migrants : 149
500 étrangers, contre 497 000 au Royaume-Uni, 430 400 en Espagne, ou 317 200 en
Allemagne. La population non nationale vivant sur le sol français représentait,
toujours en 2010, 5,9 % de la population totale, contre 7,2 % au Royaume-Uni, 7.5%
en Italie, 8,8 % en Allemagne, 12,3 % en Espagne. Les immigrants font la queue
à Calais pour rejoindre le Royaume Uni, pas pour rester en France. Je n’irais
pas plus loin, même si l’ami intime de la femme du frère qui connaît
personnellement un immigré (au minimum clandestin) a une Audi et même un avion
personnel. Mais oui, je l’ai entendu ! Je me refuse ici à détailler les soi
disants « privilèges » auxquels ont « droit » ces
« étrangers » en France. Je pourrais. Il suffit de se documenter, au
lieu de prendre des loupes sur un cas particulier. Je l’ai fait.
Lisez les statistiques Eurostat et les lois européennes, la
France n’est pas le paradis que certains imaginent. Cela est la réalité !
Quand à la ''préférence nationale '' c'est toujours le rêve
absurde d'une France ''blanche''. C’est une discrimination illégale. Aujourd’hui
le discours de Valls ne dépare pas
beaucoup de celui de Sarkozy et de sa bande dans l’approfondissement du propos
xénophobe.
Alors doit on combattre le racisme et la xénophobie ou ses
origines ?
L’histoire témoigne que cette mauvaise graine fleurit et
prospère sur le terreau de la décomposition sociale. Le racisme et la
xénophobie exploitent politiquement des préjugés fondés sur l'ignorance pour
tenter d'opposer les exploités entre eux. Ce qu’on appelle
« populisme ». Et la tendance européenne est de les porter au
pouvoir.
Hors si l'un et l'autre se développent aujourd'hui, c'est en
conséquence directe de la politique du gouvernement Hollande-Ayrault, qui
poursuivent les politiques de Sarkozy-Fillon, répondant aux injonctions de
l'Union européenne et du capital financier.
Ce n'est pas « le
racisme » qui organise, avec les patrons, les plans de licenciements,
qui fait voter les contre-réformes des retraites, la « baisse du coût du
travail » donc de vos salaires, la dévaluation des services de santé, la
réforme Peillon qui liquide l’Ecole Républicaine en la dénationalisant, l’intégration
aux décisions des organisations ouvrières, ou l'acte III de la
décentralisation, qui menace dans tous les domaines les droits de la classe
ouvrière et qui impose l'austérité et la division de la République. C'est le gouvernement sur injonction ou
recommandation de l’UE. (*)
Aujourd’hui dans la rhétorique dominante l’intérêt général, ou
l'union nationale, quel que soit le nom qu'on lui donne, c'est la voie royale
du corporatisme qui divise, c’est l’inverse de la démocratie. Le fait qu’il n’y
ait qu’UNE seule politique possible sans discussion est l’inverse de la
démocratie.
La démocratie, c’est le choix entre plusieurs solutions
effectué en toute indépendance par le peuple, c'est la défense de la lutte de
classe contre la classe des exploiteurs pour défendre pied à pied les intérêts des
exploités et bloquer les politiques meurtrières du gouvernement. N’en déplaise
aux « modernistes » du « dialogue social » où seuls ont
raison les financiers. Le soi disant impossible est toujours possible,
l’Histoire nous l’a toujours prouvé.
Il faut se refuser à prendre place dans quelque combinaison
que ce soit, dont l'objectif ne soit pas d'aider à réaliser l’unité des
travailleurs et de leurs organisations dans le combat de classe, sur une ligne
de rupture avec le gouvernement, sa politique et l’Union européenne.
Il ne faut pas se tromper « d’ennemi ».
(*) pour les développements sur ces politiques lire les
articles précédents.
A bientôt.