mercredi 15 janvier 2014

Xénophobie, politique, solutions.



Pourquoi à certaines périodes les peuples, français ou autres, ressentent une hostilité démesurée contre une partie de la population, présentée comme des fraudeurs vivant à nos crochets, qui auraient tous les droits, qui seraient cause de tous nos problèmes, alors que 80% de la fraude est d'origine économique ?

L’Histoire nous apprend que dès qu'une difficulté économique survient, la xénophobie, le racisme et le nationalisme font surface dans les médias, toujours à l’affût du petit fait divers supplémentaire, comme dans l’imaginaire collectif de ceux qui font « la majorité silencieuse ». Disons tout de suite que ceux-ci deviennent alors une majorité bruyante. Toujours la même obsession anti-étrangers, alors que 1 français sur 3 a au moins un grand-parent immigré. Toujours la même démagogie, les mêmes bobards qui circulent.
La société est multiculturelle, c’est un fait d’évidence. Il faudrait de curieuses lunettes pour ne pas s’apercevoir que nous ne sommes pas tous blonds aux yeux bleus, aimant la choucroute et la bière, ou bruns aux yeux foncés dégustant couscous et cornes de gazelles. La société résulte de l’histoire, par les différentes époques qui l’ont façonnée et par la diversité des habitants qui la composent. Par contre je mesure les risques de communautarisme et surtout les conséquences de celui-ci, il porte en lui le risque de guerre civile. Les exemples proches ne manquent pas.

Reprenons les définitions des mots xénophobie et racisme car l’utilisation est parfois inconvenante ou brouillée, même si nous savons que la notion de race est un héritage inexact d’un passé colonial encore très proche:
Racisme : sentiment de supériorité d’une race par rapport à une autre.
Xénophobie : sentiment d’hostilité par rapport à l’étranger, ou ce qui parait être un étranger.
On voit déjà, par exemple, que le « racisme antiblanc » n’existe pas. Il n’y a pas de sentiment de race supérieure dans cette expression, mais ceux  qui subissent (ou se rendent solidaires de ceux  qui subissent) le racisme, la xénophobie ou la discrimination développent de la haine envers ceux qu’ils rendent responsables de cet état de fait. On peut voir qu’il y a trente ans la « marche des beurs » qui voulaient s’intégrer, n’ayant récolté aucun écho favorable, a abouti à un communautarisme exacerbé.
Ces maux sont permanents, mais sont largement minoritaires quand notre système vit une période de relatif équilibre social. La peur du présent et de l’avenir dans les moments que l’on qualifie de crise, développe un sentiment exacerbé (et les gouvernements et les médias attisent cet affolement hors de raison) contre tout ce qui est « étranger », en fait différent.
Un exemple parmi d’autres : lors de la Grande Dépression des années 1930 : les Polonais sont alors désignés comme des concurrents pour les travailleurs français, des personnes inassimilables en raison de leur langue, de leur religion ou de leurs habitudes de vie, ou encore des populations dangereuses dénoncées tour à tour comme délinquantes, alcooliques ou trop religieuses.

Pourcentage d'immigrants par pays UE

Le terreau sur lequel se développe ces idéologies sont les politiques d’austérité, le développement des inégalités, le libéralisme débridé. Les poncifs, les clichés, les lieux communs, l’imagination sont dans ces périodes au pouvoir, contre les chiffres, la réalité.
Exemple :
La France, paradis des migrants accueille toute la « misère du monde » !
La France est le pays "le plus attractif socialement en Europe pour les immigrés" (Jean-François Copé, AFP, 22 octobre).
On devrait s'interroger : si la France est le pays le plus "attractif socialement", pourquoi reçoit-il moins de migrants que d'autres ?
Ceci est confirmé par l'organisme européen Eurostat. En 2010, la France est loin d'être le pays qui accueille le plus de migrants : 149 500 étrangers, contre 497 000 au Royaume-Uni, 430 400 en Espagne, ou 317 200 en Allemagne. La population non nationale vivant sur le sol français représentait, toujours en 2010, 5,9 % de la population totale, contre 7,2 % au Royaume-Uni, 7.5% en Italie, 8,8 % en Allemagne, 12,3 % en Espagne. Les immigrants font la queue à Calais pour rejoindre le Royaume Uni, pas pour rester en France. Je n’irais pas plus loin, même si l’ami intime de la femme du frère qui connaît personnellement un immigré (au minimum clandestin) a une Audi et même un avion personnel. Mais oui, je l’ai entendu ! Je me refuse ici à détailler les soi disants « privilèges » auxquels ont « droit » ces « étrangers » en France. Je pourrais. Il suffit de se documenter, au lieu de prendre des loupes sur un cas particulier. Je l’ai fait.
Lisez les statistiques Eurostat et les lois européennes, la France n’est pas le paradis que certains imaginent. Cela est la réalité !
Quand à la ''préférence nationale '' c'est toujours le rêve absurde d'une France ''blanche''. C’est une discrimination illégale. Aujourd’hui le discours de Valls  ne dépare pas beaucoup de celui de Sarkozy et de sa bande dans l’approfondissement du propos xénophobe.

Alors doit on combattre le racisme et la xénophobie ou ses origines ?
L’histoire témoigne que cette mauvaise graine fleurit et prospère sur le terreau de la décomposition sociale. Le racisme et la xénophobie exploitent politiquement des préjugés fondés sur l'ignorance pour tenter d'opposer les exploités entre eux. Ce qu’on appelle « populisme ». Et la tendance européenne est de les porter au pouvoir.
Hors si l'un et l'autre se développent aujourd'hui, c'est en conséquence directe de la politique du gouvernement Hollande-Ayrault, qui poursuivent les politiques de Sarkozy-Fillon, répondant aux injonctions de l'Union européenne et du capital financier.

Ce n'est pas « le racisme » qui organise, avec les patrons, les plans de licenciements, qui fait voter les contre-réformes des retraites, la « baisse du coût du travail » donc de vos salaires, la dévaluation des services de santé, la réforme Peillon qui liquide l’Ecole Républicaine en la dénationalisant, l’intégration aux décisions des organisations ouvrières, ou l'acte III de la décentralisation, qui menace dans tous les domaines les droits de la classe ouvrière et qui impose l'austérité et la division de la République. C'est le gouvernement sur injonction ou recommandation de l’UE. (*)
Aujourd’hui dans la rhétorique dominante l’intérêt général, ou l'union nationale, quel que soit le nom qu'on lui donne, c'est la voie royale du corporatisme qui divise, c’est l’inverse de la démocratie. Le fait qu’il n’y ait qu’UNE seule politique possible sans discussion est l’inverse de la démocratie.
La démocratie, c’est le choix entre plusieurs solutions effectué en toute indépendance par le peuple, c'est la défense de la lutte de classe contre la classe des exploiteurs pour défendre pied à pied les intérêts des exploités et bloquer les politiques meurtrières du gouvernement. N’en déplaise aux « modernistes » du « dialogue social » où seuls ont raison les financiers. Le soi disant impossible est toujours possible, l’Histoire nous l’a toujours prouvé.
Il faut se refuser à prendre place dans quelque combinaison que ce soit, dont l'objectif ne soit pas d'aider à réaliser l’unité des travailleurs et de leurs organisations dans le combat de classe, sur une ligne de rupture avec le gouvernement, sa politique et l’Union européenne.
Il ne faut pas se tromper « d’ennemi ».

(*) pour les développements sur ces politiques lire les articles précédents.

A bientôt.