Jeudi 18 avril : catastrophe
industrielle au Texas, 15 morts,
60 disparus, 200 blessés.
Vendredi 19 avril : attentat
terroriste à Boston 3 morts, 130
blessés
Eclipsé par la folle chasse
à l’homme de Boston, « l’accident » a quitté la une des journaux
américains (et des nôtres) le jour même.
Réalités.
Une correspondante du
journal Le Monde écrit à propos du Texas
« j’ai eu l’impression surréaliste de vivre dans un monde où tout le monde
il est beau et gentil, où les entreprises se doivent de prendre des risques
pour rester rentables et assurer l’emploi des travailleurs, où les victimes
sont courageuses, pas chochottes, et toutes prêtes à retourner vite au boulot.
Aux Etats-Unis, si pas de travail, pas d’indemnité de chômage (ou très peu),
pas d’assurance médicale, perte de sa maison… ».
Pourtant
l’historique des infractions à la réglementation, des amendes distribuées par
les gendarmes fédéraux ou locaux, imputées à cette usine, est impressionnant. La
dernière inspection des autorités fédérales sanitaires aurait été conduite il y
a 28 ans. Le directeur de la Texas Commission on Environmental Quality
explique que la boîte, créée en 1962, bénéficiait du système
« grand-father » (grand-père), qui dispense les vieilles
usines de respecter toutes les normes en vigueur.
Observons
qu’AZF n’accumulait pas au départ autant d’infractions à la loi que
l’entreprise texane, et que l’administration française avait moins de
négligences à se reprocher que les différentes autorités de régulation aux EU. La
correspondante du journal Le Monde remarque « Même lorsqu’ils sont conscients des risques, les gens n’ont
parfois pas d’autre choix que d’habiter en pleine pollution, au milieu des
usines et dans une atmosphère pourrie écœurante, comme je l’avais constaté avec
horreur dans les villes pétrochimiques de Texas City et Pasadena : les
cours des maisons donnaient sur les tuyaux des raffineries ».
Il est de bon ton de récriminer
sur la Chine qui ne respecte rien, mais les EU (le pays des libertés dit-on)
n’ont pas l’air en meilleure posture. Les accidents technologiques sont un peu
considérés comme des fatalités inhérentes à l’activité économique, alors qu’on
pourrait dénoncer l’incurie, la négligence et/ou la rapacité des exploitants de
l’installation fautive.
Irrationalité.
Le
lendemain l’attentat de Boston avait pris la « une »des médias. La
correspondante du journal Le Monde précisait «J’ai écouté les radios américaines toute la journée, elles ont à peine
reparlé de l’accident de West au Texas ».
La
raison, faculté propre à l'esprit humain, devrait normalement nous amener à
réfléchir, pour évaluer les degrés de dangerosité et de sécurité, de fixer des
critères de vérité et d'erreur, et aussi de mettre en œuvre des moyens en vue
d'une fin donnée. Hors l’irrationnel domine les médias, et apparemment nos
esprits. La psychose de l’attentat (amplifiée par les médias) submerge la
raison. On va pleurer à chaque marathon, et on continuera de passer et de
travailler dans des « pétaudières » cent fois plus dangereuses. On a
peur de prendre l’avion, et on roule en voiture avec cent fois plus de risques.
Accidents
du travail : 2 morts par jour en France, 5 000 dans le monde.
Regardons
la réalité :
Aujourd’hui,
en France,
selon les chiffres de l’assurance maladie et du ministère du Travail,
le
travail tue,
blesse et rend malade, à raison de deux morts par jour dus à des accidents
du travail, de huit morts par jour dus à l’amiante, de deux millions
et demi de salariés exposés chaque jour dans leur travail à des cocktails
cancérogènes.
Le Bureau international du travail (BIT) a publié un
rapport, la Sécurité au travail en chiffres qui montre que 5.000 personnes
par jour dans le monde meurent dans le cadre de leur travail.
Ce sont des millions d’hommes et de femmes
constamment poussés aux limites de ce qu’un être humain peut supporter,
moralement et physiquement.
Tout cela est le fait d’un
système qui privilégie le profit, la finance, aux dépens de l’exploité.Un
système en crise, à bout de souffle, qui génère, comme dans toute dépression, des
terrorismes, mais qui tue directement dans une proportion inégalée et cela dans
un silence de … mort. Zola redevient actuel. « Heureusement »
l’Europe se désindustrialise pourrait-on dire.
Jusqu’où la barbarie
peut-elle continuer ?
A bientöt