samedi 27 avril 2013

LE TRAVAIL TUE : MEME PAS PEUR !






Jeudi 18 avril : catastrophe industrielle au Texas, 15 morts, 60 disparus, 200 blessés.
Vendredi 19 avril : attentat terroriste à Boston 3 morts, 130 blessés

Eclipsé par la folle chasse à l’homme de Boston, « l’accident » a quitté la une des journaux américains (et des nôtres) le jour même.

Réalités.
Une correspondante du journal Le Monde écrit à propos du Texas « j’ai eu l’impression surréaliste de vivre dans un monde où tout le monde il est beau et gentil, où les entreprises se doivent de prendre des risques pour rester rentables et assurer l’emploi des travailleurs, où les victimes sont courageuses, pas chochottes, et toutes prêtes à retourner vite au boulot. Aux Etats-Unis, si pas de travail, pas d’indemnité de chômage (ou très peu), pas d’assurance médicale, perte de sa maison… ».
Pourtant l’historique des infractions à la réglementation, des amendes distribuées par les gendarmes fédéraux ou locaux, imputées à cette usine, est impressionnant. La dernière inspection des autorités fédérales sanitaires aurait été conduite il y a 28 ans. Le directeur de la Texas Commission on Environmental Quality explique que la boîte, créée en 1962, bénéficiait du système «  grand-father  » (grand-père), qui dispense les vieilles usines de respecter toutes les normes en vigueur.
Observons qu’AZF n’accumulait pas au départ autant d’infractions à la loi que l’entreprise texane, et que l’administration française avait moins de négligences à se reprocher que les différentes autorités de régulation aux EU. La correspondante du journal Le Monde remarque  « Même lorsqu’ils sont conscients des risques, les gens n’ont parfois pas d’autre choix que d’habiter en pleine pollution, au milieu des usines et dans une atmosphère pourrie écœurante, comme je l’avais constaté avec horreur dans les villes pétrochimiques de Texas City et Pasadena : les cours des maisons donnaient sur les tuyaux des raffineries ».
Il est de bon ton de récriminer sur la Chine qui ne respecte rien, mais les EU (le pays des libertés dit-on) n’ont pas l’air en meilleure posture. Les accidents technologiques sont un peu considérés comme des fatalités inhérentes à l’activité économique, alors qu’on pourrait dénoncer l’incurie, la négligence et/ou la rapacité des exploitants de l’installation fautive.



Irrationalité.
Le lendemain l’attentat de Boston avait pris la « une »des médias. La correspondante du journal Le Monde précisait «J’ai écouté les radios américaines toute la journée, elles ont à peine reparlé de l’accident de West au Texas ». 
La raison, faculté propre à l'esprit humain, devrait normalement nous amener à réfléchir, pour évaluer les degrés de dangerosité et de sécurité, de fixer des critères de vérité et d'erreur, et aussi de mettre en œuvre des moyens en vue d'une fin donnée. Hors l’irrationnel domine les médias, et apparemment nos esprits. La psychose de l’attentat (amplifiée par les médias) submerge la raison. On va pleurer à chaque marathon, et on continuera de passer et de travailler dans des « pétaudières » cent fois plus dangereuses. On a peur de prendre l’avion, et on roule en voiture avec cent fois plus de risques.

Accidents du travail : 2 morts par jour en France, 5 000 dans le monde.


Regardons la réalité :

Aujourd’hui, en France, selon les chiffres de l’assurance maladie et du ministère du Travail,
le travail tue, blesse et rend malade, à raison de deux morts par jour dus à des accidents du travail, de huit morts par jour dus à l’amiante, de deux millions et demi de salariés exposés chaque jour dans leur travail à des cocktails cancérogènes.
Le Bureau international du travail (BIT) a publié un rapport, la Sécurité au travail en chiffres qui montre que 5.000 personnes par jour dans le monde meurent dans le cadre de leur travail.
Ce sont des millions d’hommes et de femmes constamment poussés aux limites de ce qu’un être humain peut supporter, moralement et physiquement.

Tout cela est le fait d’un système qui privilégie le profit, la finance, aux dépens de l’exploité.Un système en crise, à bout de souffle, qui génère, comme dans toute dépression, des terrorismes, mais qui tue directement dans une proportion inégalée et cela dans un silence de … mort. Zola redevient actuel. « Heureusement » l’Europe se désindustrialise pourrait-on dire.

Jusqu’où la barbarie peut-elle continuer ?


A bientöt