Sur
les chaînes d’information en continu du matin au soir, et sur les autres, les
mêmes images tournent en boucle, mettant en scène invariablement des «
violences » commises dans des manifestations par des « gilets jaunes ». Un
flot ininterrompu propice à alimenter un climat de tension permanente, que le
gouvernement, qui l’a créé, exploite pour renforcer l’arsenal répressif.
Répression,
mais aussi, manifestations de « fermeté », provocations, le compte y
est, pour provoquer des réactions brutales chez les manifestants tempérés. Dans
les années 60, sous De Gaulle, cette même politique était menée et a abouti à
68. En1970, Raymond Marcellin, le ministre de l’Intérieur honni des
manifestants, avait de la même manière fait passer une loi anticasseurs. Aujourd’hui,
de même, la violence policière n'incite pas au dialogue, mais à la haine.
Rappelons
aussi la violence que représentent la politique du gouvernement et son refus de
répondre aux revendications ainsi que les très nombreux blessés et mutilés
parmi les « gilets jaunes » ces dernières semaines.
Et
Macron à l’occasion des vœux a annoncé son intention de maintenir le cap des
réformes en 2019. Assurance chômage, fonction publique, retraites, réforme
constitutionnelle…sont les réformes prioritaires. La liquidation des conquêtes
sociales au compte du capital financier. Les « gilets jaunes » ne sont même pas
cités. À leur sujet, Macron parle de « foule haineuse ». Pour complémenter les
voeux du président, le 30 décembre, est publié un décret honteux contre les
chômeurs.(1)
Voilà
qui suffit à qualifier et à donner le contenu du « grand débat national » qui
doit débuter mi-janvier. Une imposture pour tenter d’offrir une sortie à
Macron. Lui, est exempté d’efforts.
(1) Le 30 décembre dernier,
des mesures durcissant le contrôle des chômeurs ont été publiées au Journal
officiel. Disparaît notamment la référence au salaire antérieurement perçu,
qui servait jusqu’ici de critère pour déterminer l’« offre raisonnable d’emploi ».
En cas de refus successifs de ces « offres
raisonnables », la loi prévoit
désormais la suppression d’un mois ou plus d’allocation, et non plus seulement
sa suspension comme prévu initialement. Le fait d’insister sur les « efforts »
que devraient accomplir les allocataires sociaux pour « réussir »
relève de la doctrine du workfare, visant à accroître la différence de
niveau de vie entre travailleurs et privés d’emploi : il faut que le
travail paie et, pour cela, rogner sur les allocations des chômeurs, suspectés
de se tourner les pouces alors que du travail les attendrait de l’autre côté de
la rue. Comme si la France était assise sur d’immenses gisements de travail salarié.