George Stinney avait 14 ans ce 16 juin 1944 quand les
gardiens sont venus le chercher à l'aube dans sa cellule pour le conduire dans
le couloir de la mort vers la chaise électrique.
Sa petite taille les obligea à mettre un annuaire sur cette
chaise. Le masque noir mis sur son visage avant l'exécution étant trop grand
pour lui, il tomba, si bien que lors des premières décharges électriques, les
cris et le visage de l'enfant qui se tordait de douleur resteront gravés à
jamais dans la mémoire des témoins.
Un tribunal l'avait condamné, le 24 avril de cette même
année, à la peine de mort pour le meurtre de deux adolescentes blanches (en
Caroline du Sud la majorité pénale était de 14 ans).
George était noir.
George, enfant noir, était le coupable idéal. Il était le
dernier à avoir parlé aux deux adolescentes, qui lui avaient demandé un
renseignement. A l'annonce de leur disparition, il était allé voir la police
pour lui signaler ce fait. La police en avait conclu qu'il était le meurtrier.
Le procès dura à peine trois heures. Il suffira de dix minutes au jury, composé
de douze hommes blancs, pour le déclarer coupable. Son avocat, un Blanc, ne fit
pas son métier, ne convoquant quasiment pas de témoins, n'engageant pas de recherches.
Et quand l'enfant fut condamné à mort il ne fit pas appel de la décision, ce
qui aurait permis de suspendre l'exécution et de contester les « preuves »
avancées.
Le 17 décembre 2014, soixante-dix ans après de longues
procédures, un juge vient de casser ce jugement. Il a démontré, sur la base
d'une étude minutieuse du dossier, que la police avait fabriqué l'accusation, extorqué
des aveux, que le procès n'avait été qu'un simulacre, et que rien, rien ne
permettait un quelconque soupçon sur sa responsabilité. Soixante-dix ans après,
le procès est donc cassé. Mais un enfant de 14 ans a été exécuté.
George n'avait qu'un tort, comme beaucoup d'autres après
lui, y compris en 2014, celui d'être un Noir aux Etats Unis.