dimanche 17 mars 2013

Nouvelles d’Espagne

El fracaso de la reforma laboral.

Je rentre du séjour hivernal en Espagne, et je reprends un titre du journal El Pais, relatif à plusieurs articles analysant « l’échec de la réforme du marché du travail ». C’était une des réformes de base qui doivent résoudre « la crise » européenne selon la troïka (Commission Européenne, BCE, FMI) et qui est rabachée par les « experts nationaux » à longueur de temps dans les médias.

Plus d’un an après la destruction du Code du Travail par le gouvernement PP (sur ordre de la troïka) l’étude publiée par El Pais démontre que la destruction d’emploi (qui devait diminuer et s’arrêter) ne cesse d’augmenter et que la situation ne s’améliore pas. Qui plus est, la condition des travailleurs s’est considérablement dégradée à cause de ces mesures. ‘La ciudadania rechaza hoy la reforma’, les citoyens rejettent aujourd’hui en bloc cette réforme qui les a appauvris. La crise du bâtiment, la culpabilité espagnole, expliquerait la dureté des réformes. Mais la frénésie de la construction a commencé et continué sous l’impulsion européenne. Aujourd’hui TOUS les travailleurs payent ce qui n’est pas leur erreur. Si il y a eu erreur; car certains ont bien profité de la situation. Seuls les riches (riche selon El Pais : plus de 30 millions d’euros d’actifs) les banquiers et financiers ne sont pas touchés et même voient leurs actifs progresser en moyenne de 7%.

Les travaux de plusieurs hôpitaux en construction sont arrêtés, ou certains terminés et prêts à ouvrir restent fermés faute de pouvoir débloquer l’argent public, celui-ci par ailleurs disponibles pour les banques afin de résoudre leurs problèmes de fusion. Ces banques qui « jouent » dans leur comptabilité avec les stocks de logements, gagnant de l’argent en reprenant les faillites de l’immobilier, et en recevant en même temps des fonds publics. Spéculation et jeux d’écritures qui permettent de gagner de l’argent sans rien vendre. Ces banques qui expulsent les espagnols en appliquant des lois obsolètes, les « desahucios » qui se retrouvent à la rue. Après une majorité de juges qui rendent raison aux « desahucios », aujourd’hui un arrêt de la Cour européenne va peut-être limiter ce problème. Il faut noter le silence du PP gouvernemental sur le sujet.

On peut lire pourtant dans le supplément dominical « Economie », d’El Pais, toute les semaines, des articles de Stiglitz ou Krugman, (dangereux révolutionnaires !), prix Nobel d’économie, faisant référence à Roosevelt ou Keynes, critiquant ce qu’ils appellent une politique suicidaire de l’Europe en Espagne et en général.

La colère des travailleurs.


Toutes les semaines, en Espagne, il y a des manifestations :
- contre les expulsions de logement, à l'appel du mouvement des victimes des hypothèques, avec le soutien des syndicats,
- les travailleurs, médecins, et infirmiers du système de santé contre les coupes budgétaires, ou les projets de privatisation des hôpitaux.
- les syndicats ont appelé à soutenir les manifestations prévues le 20 février contre les reformes envisagées au sein du ministère de la justice. Ils ont appelé aussi, le 23 février, â de nouvelles manifestations dans tout le pays contre la corruption et pour la régénération démocratique.

Au même moment, au Portugal, une vingtaine de manifestations rassemblaient des dizaines de milliers de travailleurs dans les principales villes du pays, à l'appel de la Confédération générale des travailleurs portugais (CGTP); contre la politique économique du gouvernementale. Le secrétaire général de la CGTP Arménio Carlos, a annoncé à la fin de la manifestation â Lisbonne que son syndicat appellerait à des manifestations et des grèves pendant tout le mois de mars. L’hymne, « Grandola Vila Morena », de la révolution des œillets (contre Salazar) refleurit et est utilisé pour interrompre les discours des dirigeants, dont celui du Premier Ministre au Parlement.

Et ailleurs …

L’Italie.

Le boomerang Monti.
Colère contre l'austérité, rejet de l'Union européenne : le message du peuple italien n'échappe à personne.
Celui qui « rassurait les marchés » Monti, ce banquier installé par les commissaires de Bruxelles à la tête de l’Italie, vient de leur être renvoyé comme un boomerang avec, inscrite sur son front, leur cote de popularité : 10 %.

La Grèce.

Souriez : L’émir du Qatar vient d’acheter six îles grecques de la mer ionienne pour la modeste somme de 8.5 millions d’euros.

"Les Grecs" trichaient, ne payaient pas d’impôts. Quels grecs ? Les armateurs (qui ne payent toujours pas), les professions libérales, les chefs d’entreprise, et les artisans et commerçants qui « s’oubliaient sur la tva et le chiffre d’affaires ». Aujourd’hui les travailleurs payent ce qui n’est pas leur dette. Les malades du cancer dans le secteur public, le cas le plus commun (dans le secteur privé il faut payer) ne sont plus soignés faute de médicaments non livrés par les grands labos. La pauvreté et la précarité touchent 30 % des enfants.

Selon une étude de l'Office statistique de l'Union européenne (Eurostat), 27 % des jeunes de moins de 18 ans sont menacés de pauvreté ou d'exclusion sociale dans l'Union européenne.
Sans surprise, l'étude démontre que plus le niveau social des parents est faible, plus le risque de pauvreté est grand pour leurs enfants. Le pays où le " risque " de pauvreté des enfants est le plus important est la Bulgarie, avec 52 %, suivi de la Roumanie (49 %), la Hongrie (40 %) et l'Irlande (38 %). En France et en Allemagne, ce risque est respectivement de l'ordre de 23 % et 20 %. Le commissaire à l'Emploi et aux Affaires sociales de l'Union européenne, Laslzo Andor, a publié une recommandation écrite dans laquelle il prône de développer, par exemple, la scolarité très tôt comme en France, pour laisser la possibilité aux femmes seules de travailler. A condition, faudrait-il ajouter. qu'elles trouvent du travail.

Rappelons qu'en Bulgarie, c'est l'ouverture à la concurrence édictée par l'Union européenne pour la culture du tabac qui a jeté des dizaines de milliers d'enfants dans les champs de tabac en lieu et place de leurs parents, pour un coût moindre, au compte des grandes entreprises internationales.

D'un côté, l'Union européenne s'alarme de la précarité des enfants, et de l'autre, elle l'organise.

Alors !...

Comme Monti, le gouvernement français a approuvé le traité d'austérité. Comme lui, il s'attaque au pouvoir d'achat, à la protection sociale en un mot "au coût dut ravail". Comme lui, il est dépendant des marchés qui financent sa dette publique. Observations pertinentes…
Assumant le reniement de leurs promesses, en quelques mois, président et ministres français continuent à vouloir porter la hache de l'austérité dans les hôpitaux, les retraites, la fonction publique, et raturer disloquer le Code du travail.

Une chose est claire : les travailleurs et la majorité de la population en Espagne, au Portugal et dans tous les pays d'Europe sont opposés aux différents plans d'austérité dictés par la troïka.
Les travailleurs et les jeunes, la majorité de la population sont disposés, comme le montrent ces grèves et manifestations, à combattre pour le retrait de ces plans.

Question :

- peut-on faire reculer les gouvernements par un carrousel de manifestations sans objectif précis ? Peut-on porter un coup d'arrêt à la politique dictée par la troïka sans oeuvrer à unifier en un seul mouvement, sur des objectifs précis, tous les travailleurs des villes et des campagnes ? Les 15, 16 et 17 mars prochains se tiendra à Tarragone une conférence ouvrière européenne. Mais on ne vous le dira pas à la télé !

A Madrid, Athènes, Lisbonne, … et donc Paris, les gouvernements, sous le joug du capital financier restent sourds aux avertissements des peuples, ils ne font que préparer pour LEUR union européenne « une chute sans fin, dans une nuit sans fond » selon les mots de Victor Hugo comparant la situation de l’époque à l’Enfer de Dante.
(Avec mes remerciements pour la réutilisation de cette conclusion)

A bientôt