Et maintenant ?... Où est le problème ?
La « crise économique ».
Elle entraîne (et ce n’est pas fini) l’appauvrissement d’une partie de la population et rends précaires nombre de garanties sociales. Ces dernières décennies ont été marquées par les processus suivants :
1. Appauvrissement massif d’une classe sociale.
2. Précarisation d’une grande partie des travailleurs qui, même avec un emploi, redoutent l’avenir.
3. Accroissement démesuré des inégalités au profit de la classe dirigeante.
4. Régression des services publics et de solidarité : école, services de santé, retraites, etc…
5 Discrimination raciste grandissante (selon le Bureau International du Travail, on ne peut pas dire que c’est une organisation militante radicale, quatre employeurs sur cinq font de la discrimination à l’embauche).
Est-ce l’échec de la politique d’immigration ?
La politique d’immigration est très simple : assurer une force de travail moins chère que la force de travail nationale. Cette mise en concurrence des travailleurs permet de niveler par le bas les coûts du travail. Par conséquent, au-delà des beaux discours idéologiques sur l’intégration, il y a toujours eu une politique très simple qui visait à assigner les immigrés et leurs enfants, français, à des places sur le marché du travail moins bien payées. L’immigré est alors pour les populistes le bouc-émissaire.
Ici rien de nouveau, ce fut le cas pour la politique d’immigration européenne, polacs, ritals, portugais, lors de l’essor de l’industrie. Assigner systématiquement des personnes à des places subalternes ne peut entraîner que des frustrations, des revendications, des révoltes et des réaffirmations identitaires. Ce type de revendications perturbe donc l’ordre établi, elles vont donner de l’eau au moulin de l’extrême-droite en particulier et, de manière générale, vont être utilisées par les politiciens pour dire : « vous voyez, ils ne sont pas assimilables ». Ce qui s’est passé pour les enfants de l’immigration européenne, mais les fameux acquis sociaux et le travail ont permis un gommage des problèmes.
Pour l’immigration suivante, entièrement engagés dans les politiques de dérégulation imposées par l’UE, les gouvernements de gauche comme de droite tentent d’éviter les colères sociales en diffusant sur la délinquance, sur l’insécurité, etc.. Au sein des classes populaires, la composante issue de l’immigration des anciennes colonies est celle qui est la plus touchée par la crise en même temps qu’elle est désignée comme responsable des maux sociaux. Le colonialisme déplace la cible de l’immigré vers le musulman.
Processus d’humiliation dans les quartiers (ghettos) populaires avec des contrôles de police permanents, pas de travail + discrimination à l’embauche. A cause de la « crise économique », l’immigré passe du modèle de bouc-émissaire, modèle historique qui a toujours existé en Europe, à celui de l’ennemi de l’intérieur, bien connu aussi des Européens, l’exemple le plus flagrant les juifs « allemands ».
Et les médias ?
Différence dans le traitement médiatique des affaires Breivik et Merah ? Le premier est qualifié de fou, le second est étiqueté terroriste musulman… les médias ont directement écarté les explications de type pathologique : on l’a présenté comme un homme stable, faisant des choix politiques rationnels qui seraient compatibles avec ses mœurs… Par contre, quand le tueur n’est pas musulman, on dit généralement que ça ne peut être qu’un malade mental. A force de diaboliser les musulmans, on crée des islamophobes. Comme si l’islam était une entité uniforme. Qu’une organisation comme Amnesty International puisse aujourd’hui objectiver les faits et conclure même à l’existence de législations islamophobes dans certains pays européens, c’est une étape positive. Ca nous sort du champ idéologique.
Alors ?
Opposer la haine à la haine serait une défaite collective.
Eradiquer le terrorisme par la violence, l’expérience et l’Histoire nous apprennent que c’est impossible. Il ne faudrait quand même pas oublier que dans une époque, que j’ai vécue, nous avons connu un terrorisme entre français (où certains leaders d’extrême droite d’aujourd’hui ont participé activement) avec l’OAS, où l’ETA en Espagne, l’IRA en Irlande, la fraction armée rouge en Allemagne, qui n’avaient rien à envier au djihad. Ce sont des actes que nos jeunes ne connaissent pas car nous les avons refoulés.
Restreindre les libertés au nom des libertés serait un manquement à la République, comme l’a fait l’illuminé Bush avec le Patriot Act et Guantanamo, qui n’ont fait qu’envenimer les choses par leur illégalité et leur bestialité.
Il ne faut pas permettre aux terroristes de nous obliger à leur ressembler. Les fous furieux qui sont morts sont des enfants perdus du système qui nous régit, le sang d’un assassin est encore le sang d’un homme.
Un système qui pour survivre s’appuie sur une coalition
militaire chargée de maintenir « l'ordre »
impérialiste à l'échelle mondiale, sous la direction des Etats-Unis sous
couvert de lutte contre un terrorisme que cette coalition a elle-même armé et
souvent soutenu, qui se fixe de terminer le travail de désintégration des
peuples et des nations du Moyen-orient, dans une guerre qui n'est pas
« une guerre de civilisations » mais une guerre pour le contrôle des
marchés et des matières premières ; cicatrices de guerres coloniales,
ghettos de quartiers sacrifiés, génération grandie entre deux cultures,
services publics délaissés, échec scolaire, chômage, il faut s’estimer heureux
que tout n’est pas pris feu, mais le désespoir et l’humiliation ne conduisent
pas toujours au suicide, loin de là..
La laïcité contenue dans la loi de 1905, loi de séparation des Eglises et de l'Etat (après des années de discussions et de combats) ne doit pas être rénovée comme on peut l’entendre trop souvent, mais appliquée. Opposer et servir les religions comme le font les Médias et les Politiques, finirait par un bain de sang. La loi de 1905 nous a préservé de cela depuis 110 ans. C'est une loi de concorde, pour une République qui reconnaît aux citoyens la liberté de conscience, la liberté de culte, la liberté de croyance et de non croyance dans le cercle privé, et la laïcité dans les sphères de l’Etat. Fonds publics au public, fonds privés au privé.
Il faut en finir avec l’austérité pour les peuples qui détruit la solidarité. Les peuples ne doivent rien à personne. Si l’on en croit le milliardaire Warren Buffet : « Il y a une lutte des classes. C’est ma classe, les riches, qui a déclaré cette guerre et qui est en train de la gagner. »
Donnons lui tort sur l’issue !
A bientôt