Eric me propose une réflexion :
« faut-il que les "démocraties" occidentales
soient tombées bien bas pour que Villepin soit aussi remarquable et que Poutine
puisse jouer les Moïse... Je te laisse le soin du développement ! ».
Vaste réflexion !
Le constat, que l’on confirme tous les jours, est
effectivement la déliquescence des "démocraties" occidentales. La
dernière et la plus significative, est l’abandon du rôle de gendarme du monde
par l’impérialisme américain sur le problème de la Syrie, après les retraits
d’Irak et d’Afghanistan, au grand dam de notre François Hollande qui s’est
imprudemment avancé. Cette déliquescence est due à la crise du système
capitaliste lui-même. Force est de constater que la résistance grandit et les
soulèvements populaires sur tous les continents sont dirigés contre cet ordre
mondial.
En fait tout repose dans les choix politiques, aujourd’hui
comme hier.
Quels choix ? va-t-on me répondre.
Il y a toujours chez l’être humain des choix possibles,
encore faut-il en être conscient et le vouloir !
Il y a possibilité de choix entre le consensus que l’on nous
distille dans tous les médias :
-
il n’y aurait pas d’alternative au capitalisme, nous ne
pouvons que l’améliorer, car tel le phénix il ressuscite à chaque crise,
ou le droit d’avoir des opinions différentes :
-
il y a des alternatives au capitalisme pourrissant,
d’autres systèmes existent, l’histoire est une éternelle évolution.
C’est fondamental. On va encore me dire non, il y a la
réalité. Je répète la réponse est : l’histoire nous apporte les preuves
qu’un système engendre une réalité qui n’est pas éternelle mais en perpétuelle
évolution avec un début et une fin parfois flous. La première option est,
contrairement aux idées reçues, une raison de changement car elle ne satisfait
pas la majorité humaine, mais bien une minorité qui amasse sur le dos des
autres. Quand une minorité dirige sans partage, quand elle explique à longueur
de journée qu’il n’y a qu’une issue, c’est une dictature ! Quand il n’y
« aurait » pas de choix possible, il n’y a plus démocratie dans les
faits, et on prépare le lit des « populistes » tel Hitler et son
national-socialisme. Voilà pourquoi les "démocraties" occidentales sont
tombées bien bas. La création de plus value par la spéculation, la
financiarisation de l’économie et de tous les services publics, la
mondialisation qui exonère les grandes entreprises des impôts dans leur ancien
état-nation, rapprochent le système de l’abîme. Finalement, l’analyse de Marx
et Engels s’avère vraie sur l’évolution du système. Il est facile alors pour
des régimes comme celui exercé par Poutine de tenter de prendre le « leadership »
puisque cette possibilité lui est offerte. Que fera la Chine ? Quant à
l’Europe on voit bien que c’est un vassal des Etats-Unis, à la solde des multinationales
( voir dernièrement le fleuron finlandais Nokia). Plus aucune influence !
Au Japon, en bien plus mauvais état que nous à tout point de
vue, mais dans notre conception actuelle encore « état souverain »,
donc avec un avantage capitalistique (une dette à taux réduit envers sa banque
centrale et une possibilité de dévaluation de sa monnaie) sur nous qui
dépendons de la communauté européenne (une dette envers des banques privées à
taux décidé par elles, pas de possibilité de dévaluation de la monnaie, un
budget contrôlé par la communauté) , le philosophe Tatsuru Uchida déplore la
situation dans le journal Asahi Shimbun et pose des questions qui
s’avèrent générales:
A quoi ressemblera notre pays dans l’avenir ?” Voilà une question
que l’on me pose souvent. A quoi je réponds : “Il y a une bonne et une
mauvaise nouvelle. Par laquelle voulez-vous que je commence ?” Malgré son
apparence simpliste, cette phrase me semble adaptée au contexte puisqu’il
existe bel et bien un constat pessimiste concernant le Japon.
Commençons par la mauvaise nouvelle. Le Japon, de fait, est entré dans un processus de déclin en tant qu’Etat-nation. En effet, plutôt que d’agir pour son peuple, l’Etat tend de plus en plus à privilégier autre chose. Pour être clair, j’entends par “autre chose que le peuple” l’ensemble des multinationales. Bien que ces entreprises aient été fondées au Japon par des personnes de nationalité japonaise, cela remonte à longtemps. Aujourd’hui, non seulement celles-ci délocalisent leur production à l’étranger, mais les actionnaires, les salariés et les gérants sont de nationalités diverses, ce qui fait d’elles des entreprises sans patrie. Or “le Japon ne pourrait se maintenir dans la concurrence mondiale qu’à la seule condition d’obéir à cette forme d’entrepreneuriat” (du moins, c’est ce que clament haut et fort les médias).
Prenons l’exemple du constructeur automobile Toyota. Bien qu’il ait toujours mis un point d’honneur à produire 3 millions de ses automobiles dans les usines de l’archipel, il a dû récemment abandonner cette ligne de conduite. L’explication serait la suivante : s’il favorise l’emploi local et paie donc les charges sociales au Trésor public, il peut certes contribuer à l’enrichissement national, mais ne saurait être compétitif à l’échelle internationale. Les actionnaires étrangers considèrent comme absurde que les patrons concentrent l’emploi et la richesse dans un pays en particulier. Une bonne gestion d’entreprise consiste à employer une main-d’œuvre qualifiée au moindre coût, à repérer les pays où réglementations économiques et restrictions environnementales sont peu sévères et à s’implanter dans les régions où les infrastructures sont bonnes. C’est là une logique tout à fait rationnelle pour les investisseurs. Ainsi, les grandes entreprises japonaises se sont “globalisées” – ou sont en train de l’être – et, à terme, aucune entreprise n’échappera à cette évolution. J’insiste sur le fait que cette mondialisation générale est un choix tout à fait logique pour les actionnaires. Cependant, que le gouvernement d’un Etat-nation soit en faveur d’une telle évolution en dépit de son peuple, voilà qui est incohérent.
Après l’accident de Fukushima [en mars 2011], lorsqu’il a été question pour la première fois de redémarrer la centrale nucléaire d’Ohi [située dans le centre-ouest du Japon, mise à l’arrêt pour inspection après la catastrophe], les multinationales et les médias ont argumenté en faveur de cette décision de la façon suivante : “Faute d’avoir puisé dans l’énergie thermique après la fermeture des centrales nucléaires, on a vu le prix de l’énergie augmenter et les coûts de production en conséquence, mettant ainsi à mal la compétitivité du Japon sur la scène internationale. Si vous voulez que le Japon gagne dans la concurrence mondiale, redémarrez les réacteurs.” De plus, les entreprises se sont enhardies à menacer le gouvernement de délocaliser leur production à l’étranger, en faisant mine de déplorer qu’il s’ensuivrait une perte massive de l’emploi, un appauvrissement des finances de l’Etat et une crise économique profonde. A la suite de cette véritable intimidation, le gouvernement du Parti démocrate [centre gauche, au pouvoir de 2009 à 2012] a fléchi en autorisant la réouverture de ladite centrale [en juillet 2012].
Mais il suffit d’un peu d’imagination pour se rendre compte que ce discours est quelque peu étrange. Supposons qu’un accident nucléaire se reproduise dans l’archipel. Que feront ces entreprises qui brandissent leur intention de quitter le Japon si les coûts énergétiques venaient à augmenter ? Accepteraient-elles de supporter en partie les coûts de décontamination parce qu’elles auraient exigé la remise en service des réacteurs ? S’engageraient-elles à œuvrer pour la reconstruction de la région, à participer à l’effort national et à garantir l’emploi ? Il me semble évident qu’elles n’assumeraient pas la responsabilité d’avoir été à l’origine d’un nouveau désastre. Je suis persuadé qu’elles refuseraient en toute conscience de maintenir leurs activités sur un territoire si dangereux, soulignant qu’il est improbable que des produits contaminés puissent se vendre. Alors, les entreprises quitteraient l’archipel sans même hésiter.
Personnellement, j’éprouve une forte réticence à considérer comme japonaises ces entreprises qui ne ratent pas une occasion de soutirer les faveurs de l’Etat en menaçant de quitter le pays. Elles ne considèrent ce pays que comme une réserve exploitable à volonté, jusqu’à épuisement. Lorsqu’une entreprise privée s’exonère des coûts de décontamination et se sert des impôts pour nettoyer ce qu’elle a pollué, elle externalise le coût environnemental (Tepco, la compagnie d’électricité gestionnaire de la centrale de Fukushima, profite d’ailleurs grandement de cette logique). Réduire le coût de l’électricité en exigeant le redémarrage des réacteurs revient à “externaliser le coût de fabrication”.
Faire construire des rails de Shinkansen et des autoroutes pour faciliter l’accès à ses usines, c’est aussi “externaliser” le coût de la distribution. En incitant les universités à former “un contingent de travailleurs anglophones, durs en affaires mais également dociles, de sorte qu’ils acceptent de travailler trois cents heures par mois et de s’expatrier du jour au lendemain”, les entreprises s’exonèrent des frais de formation de leurs salariés. En somme, la stratégie fondamentale des multinationales consiste à imposer à l’Etat-nation des dépenses qu’elles devraient assumer, tout en accaparant les bénéfices.
Il ne s’agit pas là de dire que ces entreprises sont mauvaises ou de porter un quelconque jugement de valeur. Somme toute, elles ne font qu’adopter un comportement justifié et rationnel : atteindre un maximum de bénéfices. Cependant, considérer qu’il est légitime d’imposer des dépenses à l’Etat et à son peuple en invoquant le prétexte qu’elles sont “japonaises” est tout à fait inacceptable.
Pourquoi les multinationales ne renoncent-elles pas à leur appartenance japonaise, alors même qu’elles sont apatrides ? Certainement pour justifier le transfert des dépenses en proclamant que la maximisation de leurs profits génère la richesse nationale. L’appartenance nationale est leur unique argument pour profiter du portefeuille de l’Etat. C’est pourquoi les entreprises multinationales et leurs partisans s’obstinent à interpeller le peuple japonais sur les moyens par lesquels le Japon pourrait “gagner dans la concurrence mondiale”.
Comme si le profit des entreprises et la hausse des cours de la Bourse allaient de pair avec la valeur même du peuple japonais – et qu’il s’agisse là d’une évidence ne nécessitant aucune argumentation. Leur propos se réduit très vite à une question purement utilitaire telle que : “Combien êtes-vous prêts à prendre en charge pour nous aider à nous exonérer de nos coûts et à maximiser nos profits ?” Si l’on empruntait les termes du fameux discours de J. F. Kennedy, cela reviendrait à dire : “Ne vous demandez pas ce que les entreprises peuvent faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour elles.” Je remarque, non sans être offusqué, que les médias japonais rabâchent à outrance ce genre de sophisme sans aucun sens critique.
Par ailleurs, il est important de se rendre compte que l’amalgame entre profit des entreprises et richesse de la nation requiert une solidarité nationale exacerbée afin de dissimuler son imposture. A première vue, il semble que la mondialisation et le nationalisme xénophobe soient incompatibles ; en réalité, ce sont les deux faces de la même médaille. Aujourd’hui, le discours ambiant est que le peuple japonais doit à tout prix soutenir les multinationales, compétitives internationalement, car elles sont le “navire amiral de l’économie japonaise”.
Les compromis imposés sont pourtant nombreux : accepter de faire des heures supplémentaires gratuites et de gagner un salaire minimal, reconnaître l’anglais comme langue officielle dans les entreprises, accepter la hausse des taxes sur la consommation, fermer les yeux sur l’écroulement de l’économie locale et le déclin de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche dans le pays, pour entrer dans l’accord de Partenariat transpacifique [PTP, en cours de négociation] et accepter le redémarrage des centrales. Publié le 18 mai 2013.
Commençons par la mauvaise nouvelle. Le Japon, de fait, est entré dans un processus de déclin en tant qu’Etat-nation. En effet, plutôt que d’agir pour son peuple, l’Etat tend de plus en plus à privilégier autre chose. Pour être clair, j’entends par “autre chose que le peuple” l’ensemble des multinationales. Bien que ces entreprises aient été fondées au Japon par des personnes de nationalité japonaise, cela remonte à longtemps. Aujourd’hui, non seulement celles-ci délocalisent leur production à l’étranger, mais les actionnaires, les salariés et les gérants sont de nationalités diverses, ce qui fait d’elles des entreprises sans patrie. Or “le Japon ne pourrait se maintenir dans la concurrence mondiale qu’à la seule condition d’obéir à cette forme d’entrepreneuriat” (du moins, c’est ce que clament haut et fort les médias).
Prenons l’exemple du constructeur automobile Toyota. Bien qu’il ait toujours mis un point d’honneur à produire 3 millions de ses automobiles dans les usines de l’archipel, il a dû récemment abandonner cette ligne de conduite. L’explication serait la suivante : s’il favorise l’emploi local et paie donc les charges sociales au Trésor public, il peut certes contribuer à l’enrichissement national, mais ne saurait être compétitif à l’échelle internationale. Les actionnaires étrangers considèrent comme absurde que les patrons concentrent l’emploi et la richesse dans un pays en particulier. Une bonne gestion d’entreprise consiste à employer une main-d’œuvre qualifiée au moindre coût, à repérer les pays où réglementations économiques et restrictions environnementales sont peu sévères et à s’implanter dans les régions où les infrastructures sont bonnes. C’est là une logique tout à fait rationnelle pour les investisseurs. Ainsi, les grandes entreprises japonaises se sont “globalisées” – ou sont en train de l’être – et, à terme, aucune entreprise n’échappera à cette évolution. J’insiste sur le fait que cette mondialisation générale est un choix tout à fait logique pour les actionnaires. Cependant, que le gouvernement d’un Etat-nation soit en faveur d’une telle évolution en dépit de son peuple, voilà qui est incohérent.
Après l’accident de Fukushima [en mars 2011], lorsqu’il a été question pour la première fois de redémarrer la centrale nucléaire d’Ohi [située dans le centre-ouest du Japon, mise à l’arrêt pour inspection après la catastrophe], les multinationales et les médias ont argumenté en faveur de cette décision de la façon suivante : “Faute d’avoir puisé dans l’énergie thermique après la fermeture des centrales nucléaires, on a vu le prix de l’énergie augmenter et les coûts de production en conséquence, mettant ainsi à mal la compétitivité du Japon sur la scène internationale. Si vous voulez que le Japon gagne dans la concurrence mondiale, redémarrez les réacteurs.” De plus, les entreprises se sont enhardies à menacer le gouvernement de délocaliser leur production à l’étranger, en faisant mine de déplorer qu’il s’ensuivrait une perte massive de l’emploi, un appauvrissement des finances de l’Etat et une crise économique profonde. A la suite de cette véritable intimidation, le gouvernement du Parti démocrate [centre gauche, au pouvoir de 2009 à 2012] a fléchi en autorisant la réouverture de ladite centrale [en juillet 2012].
Mais il suffit d’un peu d’imagination pour se rendre compte que ce discours est quelque peu étrange. Supposons qu’un accident nucléaire se reproduise dans l’archipel. Que feront ces entreprises qui brandissent leur intention de quitter le Japon si les coûts énergétiques venaient à augmenter ? Accepteraient-elles de supporter en partie les coûts de décontamination parce qu’elles auraient exigé la remise en service des réacteurs ? S’engageraient-elles à œuvrer pour la reconstruction de la région, à participer à l’effort national et à garantir l’emploi ? Il me semble évident qu’elles n’assumeraient pas la responsabilité d’avoir été à l’origine d’un nouveau désastre. Je suis persuadé qu’elles refuseraient en toute conscience de maintenir leurs activités sur un territoire si dangereux, soulignant qu’il est improbable que des produits contaminés puissent se vendre. Alors, les entreprises quitteraient l’archipel sans même hésiter.
Personnellement, j’éprouve une forte réticence à considérer comme japonaises ces entreprises qui ne ratent pas une occasion de soutirer les faveurs de l’Etat en menaçant de quitter le pays. Elles ne considèrent ce pays que comme une réserve exploitable à volonté, jusqu’à épuisement. Lorsqu’une entreprise privée s’exonère des coûts de décontamination et se sert des impôts pour nettoyer ce qu’elle a pollué, elle externalise le coût environnemental (Tepco, la compagnie d’électricité gestionnaire de la centrale de Fukushima, profite d’ailleurs grandement de cette logique). Réduire le coût de l’électricité en exigeant le redémarrage des réacteurs revient à “externaliser le coût de fabrication”.
Faire construire des rails de Shinkansen et des autoroutes pour faciliter l’accès à ses usines, c’est aussi “externaliser” le coût de la distribution. En incitant les universités à former “un contingent de travailleurs anglophones, durs en affaires mais également dociles, de sorte qu’ils acceptent de travailler trois cents heures par mois et de s’expatrier du jour au lendemain”, les entreprises s’exonèrent des frais de formation de leurs salariés. En somme, la stratégie fondamentale des multinationales consiste à imposer à l’Etat-nation des dépenses qu’elles devraient assumer, tout en accaparant les bénéfices.
Il ne s’agit pas là de dire que ces entreprises sont mauvaises ou de porter un quelconque jugement de valeur. Somme toute, elles ne font qu’adopter un comportement justifié et rationnel : atteindre un maximum de bénéfices. Cependant, considérer qu’il est légitime d’imposer des dépenses à l’Etat et à son peuple en invoquant le prétexte qu’elles sont “japonaises” est tout à fait inacceptable.
Pourquoi les multinationales ne renoncent-elles pas à leur appartenance japonaise, alors même qu’elles sont apatrides ? Certainement pour justifier le transfert des dépenses en proclamant que la maximisation de leurs profits génère la richesse nationale. L’appartenance nationale est leur unique argument pour profiter du portefeuille de l’Etat. C’est pourquoi les entreprises multinationales et leurs partisans s’obstinent à interpeller le peuple japonais sur les moyens par lesquels le Japon pourrait “gagner dans la concurrence mondiale”.
Comme si le profit des entreprises et la hausse des cours de la Bourse allaient de pair avec la valeur même du peuple japonais – et qu’il s’agisse là d’une évidence ne nécessitant aucune argumentation. Leur propos se réduit très vite à une question purement utilitaire telle que : “Combien êtes-vous prêts à prendre en charge pour nous aider à nous exonérer de nos coûts et à maximiser nos profits ?” Si l’on empruntait les termes du fameux discours de J. F. Kennedy, cela reviendrait à dire : “Ne vous demandez pas ce que les entreprises peuvent faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour elles.” Je remarque, non sans être offusqué, que les médias japonais rabâchent à outrance ce genre de sophisme sans aucun sens critique.
Par ailleurs, il est important de se rendre compte que l’amalgame entre profit des entreprises et richesse de la nation requiert une solidarité nationale exacerbée afin de dissimuler son imposture. A première vue, il semble que la mondialisation et le nationalisme xénophobe soient incompatibles ; en réalité, ce sont les deux faces de la même médaille. Aujourd’hui, le discours ambiant est que le peuple japonais doit à tout prix soutenir les multinationales, compétitives internationalement, car elles sont le “navire amiral de l’économie japonaise”.
Les compromis imposés sont pourtant nombreux : accepter de faire des heures supplémentaires gratuites et de gagner un salaire minimal, reconnaître l’anglais comme langue officielle dans les entreprises, accepter la hausse des taxes sur la consommation, fermer les yeux sur l’écroulement de l’économie locale et le déclin de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche dans le pays, pour entrer dans l’accord de Partenariat transpacifique [PTP, en cours de négociation] et accepter le redémarrage des centrales. Publié le 18 mai 2013.
Les questions posées demandent des réponses, et elles ne
peuvent être données que dans le cadre d’une vraie démocratie, avec des
représentants du peuple élus avec mandat et non payés pour faire un métier,
qu’ils font d’ailleurs très bien, à la solde du système à des degrés divers !
Les réponses sont à trouver dans le cadre du respect des droits de tous les
hommes et de la justice. Quand on constate la situation elle ne peut passer par
des améliorations et demande un changement de système. Ces choix doivent
pouvoir s’exprimer librement ce qui n’est pas le cas sans qu’on vous rie au
nez. Rira bien qui rira le dernier. Mais pour le moment des variations voient
le jour. Je prends l'édito de Eric Chol
Classes moyennes : picotements et ébullition
Karl Marx l’avait
juré : les classes moyennes n’existent pas. Seul problème, elles rassemblent
déjà des centaines de millions d’individus à travers la planète. Alors imaginez
le penseur, avec sa longue crinière blanche et sa barbe, en train de réviser
son postulat d’hier, et de twitter, un siècle et demi après son Manifeste du Parti
communiste, “Classes moyennes de tous les pays, révoltez-vous #révolution”. Le message, adressé par @Kmarx2013,
poursuivrait son tour du monde, en Chine, au Brésil, en Turquie ou en
Indonésie. Lutter, oui, mais pour quoi et contre qui ? C’est vrai, les classes
moyennes des pays émergents ont des fourmis dans les jambes. C’est vrai aussi,
leurs démangeaisons risquent de mettre la planète en ébullition. Mais il manque
encore à ces nouveaux contestataires un projet politique.
Dans ce grand basculement du monde, il n’y a pas que des gagnants. En Europe ou aux Etats-Unis, les classes moyennes traditionnelles sont à la peine. Dans les années 1960, leurs parents avaient cru à la fable de l’ascenseur social. C’était avant la mondialisation, avant la crise. Ces catégories sont en voie de désagrégation. En haut, les rescapés : primes confortables, pavillons cossus, 4 x 4 hybrides et vacances exotiques. En bas, les déclassés : salaires rabougris, avenirs précaires et clients potentiels de l’agence locale de Pôle emploi. Entre ces deux univers, la cognée de la mondialisation fait son travail d’éclatement. Les anciennes classes moyennes pourraient, elles aussi, avoir des picotements dans les jambes. Une envie de révolte, avec ou sans projet politique. Courrier International n°1185 18 juillet 2013.
Dans ce grand basculement du monde, il n’y a pas que des gagnants. En Europe ou aux Etats-Unis, les classes moyennes traditionnelles sont à la peine. Dans les années 1960, leurs parents avaient cru à la fable de l’ascenseur social. C’était avant la mondialisation, avant la crise. Ces catégories sont en voie de désagrégation. En haut, les rescapés : primes confortables, pavillons cossus, 4 x 4 hybrides et vacances exotiques. En bas, les déclassés : salaires rabougris, avenirs précaires et clients potentiels de l’agence locale de Pôle emploi. Entre ces deux univers, la cognée de la mondialisation fait son travail d’éclatement. Les anciennes classes moyennes pourraient, elles aussi, avoir des picotements dans les jambes. Une envie de révolte, avec ou sans projet politique. Courrier International n°1185 18 juillet 2013.
Oui il s’agira d’un combat de
classes sociales. Mais la fameuse « classe moyenne »
existe-t-elle en tant que classe ? Non, elles n’ont que très peu
d’intérêts communs factuels. Non, elle ne sciera pas la branche sur laquelle
elle vit, c’est un groupe contestataire pas révolutionnaire. Seule la classe
ayant des intérêts communs, conscients ou inconscients, mais n’ayant rien à
perdre peut engendrer un changement révolutionnaire. Marx et Engels avaient
donc raison, n’en déplaise aux modernes qui cherchent à inventer des nouveautés
pour le plaisir de changer les mots. Que certaines parties de la « classe
moyenne » accompagne le changement c’est probable.
Oui, les "démocraties"
occidentales sont tombées bien bas.
A bientôt.